2012/02/03

Citant Karl Marx et Bertolt Brecht, Marine Le Pen prouve encore une fois que le FN n'a rien à voir avec les Tea Parties et les conservateurs U.S.

Karl Marx ? Bertolt Brecht ? Résistance au mondialisme ?
Dans un retournement de notions, Marine Le Pen se fait le héraut de cette « Nouvelle résistance » au « mondialisme ». Un mondialisme — terme qui, en soi, est un marqueur politique à l'extrême droite — présenté comme un « Léviathan » qui dirigerait le monde, l'Union européenne et la France. Avec — même si elle s'en défend — une grille de lecture complotiste décrivant « une guerre des élites contre le peuple ».
Dans leur revue pour Le Monde du livre de la fille de Jean-Marie Le Pen (Pour que vive la France), Abel Mestre et Caroline Monnot laissent transposer que les thèses de la cheftaine du Front National n'ont rien à voir avec celles des conservateurs américains ou des Tea Parties.
Pour appuyer son raisonnement, elle n'hésite pas à citer des personnages appartenant à la gauche, que son mouvement a toujours récusés. Karl Marx est cité, mais aussi Bertolt Brecht, Victor Schoelcher, George Orwell, le journaliste Serge Halimi, ou des ouvrages comme le Manifeste d'économistes atterrés (Les Liens qui libèrent, 2010). Même dans les têtes de chapitre, les références sont claires : « Le sarkozysme, stade suprême du mondialisme », rappelle l'ouvrage de Lénine : L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Pierre Mendès France est aussi appelé à la rescousse par deux fois. Une figure dont, en 1958, Jean-Marie Le Pen estimait pourtant qu'elle cristallisait « un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques ».

2012/02/02

Un idéal issu de la révolution d'Octobre qui a fait rêver — et broyer — des millions d'hommes et de femmes à travers le monde

… le 24 décembre 1991 … Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique et réformateur célébré par les Occidentaux … met un point final à soixante-quatorze ans de communisme. Un idéal issu de la révolution d'Octobre de 1917 en Russie et qui a fait rêver — et broyer — des millions d'hommes et de femmes à travers le monde.
C'est ainsi que Daniel Psenny commence son article sur la série d'Arte, Adieu camarades !, qui raconte la fin du communisme.
Vingt ans après cet effondrement historique qui ébranla le monde, Arte propose " Adieu camarades ! ", une vaste fresque en six épisodes qui raconte l'agonie du communisme. Tournée dans douze pays de l'ex-Europe de l'Est, écrite par l'essayiste français Jean-François Colosimo et l'écrivain hongrois György Dalos et réalisée par le Russe Andreï Nekrassov, cette production franco-allemande mêle les récits personnels à la grande Histoire collective. " Nous avons voulu nous démarquer des documentaires à l'anglo-saxonne et raconter l'histoire de l'intérieur ", explique le producteur Olivier Mille, qui a bénéficié d'un budget confortable de 2,4 millions d'euros grâce à la participation de nombreux partenaires européens.

Une cinquantaine de témoins qui, chacun de leur côté, ont joué un rôle important dans ce bouleversement racontent comment ils l'ont vécu. Ces récits sont illustrés par des archives exceptionnelles (privées et publiques) qui ont été retrouvées dans les différents pays de l'ancien bloc communiste.

Andreï Nekrassov a choisi de raconter cette histoire à travers un dialogue entre sa propre fille et lui-même qui a vécu sous le régime soviétique et en garde une certaine nostalgie. " J'ai voulu montrer d'abord la complexité de ce monde disparu, explique le réalisateur qui milite aujourd'hui à Solidarnost, un mouvement d'opposition à Vladimir Poutine. J'ai essayé de faire revivre notre histoire avec son atmosphère, ses chansons, ses émotions. Le communisme n'était pas seulement une idéologie, c'était un univers, la matière de notre vie. Comme tout le monde, j'étais conscient des mensonges et des dérives, mais cela ne m'empêchait pas de croire aux idéaux inculqués dans l'enfance ", poursuit-il.

DIALOGUE ENTRE SA PROPRE FILLE ET LUI-MÊME

Ce dialogue avec sa fille permet aussi au réalisateur d'aborder, à travers différents témoignages, toutes les atrocités du communisme. " De ton temps, on torturait encore les dissidents dans les hôpitaux psychiatriques, on abattait ceux qui voulaient fuir le paradis des travailleurs et on mentait à la population ", lui rappelle-t-elle.

Même si la série a été conçue comme un film, les six épisodes peuvent se regarder séparément. Déclinée en livre et en coffret de deux DVD (Arte éditions), la série est aussi jumelée avec un remarquable site interactif (Arte.tv/camarades) en cinq langues qui propose un voyage dans l'ex-bloc soviétique à travers les cartes postales que se sont envoyées une trentaine de personnages entre 1975 et 1981. Grâce à une exceptionnelle collection d'archives personnelles mises en ligne, les internautes peuvent (re)vivre de l'intérieur les grands moments de cette utopie historique jusqu'à son écroulement.