2018/12/01

Fake News et Gilets Jaunes : Ce qu'on vous cache sur la révolte

Devant le blocus de la Rue Arsène Houssaye, un Gilet Jaune essaie d'ouvir le dialogue avec des forces de l'ordre
De toutes les tyrannies, une tyrannie exercée pour le bien
de ses victimes est sans doute la plus opprimante. Il est
préférable de vivre sous des capitalistes véreux que sous
des corps moraux omnipotents. La cruauté du requin de la finance
peut parfois dormir, sa cupidité peut être rassasiée
à un moment donné; mais ceux qui nous tourmentent pour
notre propre bien nous tourmenteront sans fin, car ils le font
avec l'approbation de leur propre conscience.
— C.S. Lewis
Le Ouebmaistre de Le Monde Watch avait presque l'impression d'être visé personnellement alors qu'autour de lui, les grenades de gaz lacrymogène tombaient de part et d'autre (voir vidéo). C'était sur la foule de gilets jaunes rassemblés sur l'Avenue de Friedland, l'une des avenues desservant la Place Charles de Gaulle l'Étoile, déjà couverte non par le brouillard mais par la fumée des projectiles et le départ d'incendies ça et là.

Était-ce tout simplement une coincidence ? C'est quand la foule a commencé à scander "Macron ! Démission !" que les grenades se sont mises à pleuvoir et que l'Avenue de Friedland a commencé à ressembler à la bataille du même nom entre l'Empéreur Napoléon I et le Tsar Alexandre I.





Quoi qu'il en soit : L'avez-vous remarqué ? Le mouvement des Gilets Jaunes est criblé de "Fake News".  Tant les médias francaises que les médias internationales répètent inlassablement que ces manifestations sont une protestation contre la hausse des taxes sur le carburant.

Que font les médias, exactement ? Ils mettent les deux camps plus ou moins à égalité. (Ce qui semble a priori logique et, avouons-le, louable.) Les uns (les dirigeants de l'État) veulent plus d'impôts — ce que tout le monde s'accorde est nécessaire — et les autres (les citoyens) n'en veulent pas.

C'est ce qui, du coup, donne lieu à des incompréhensions, en France ou ailleurs : pourquoi tant de mélodrame — surtout, pourquoi tant de violences — quand tout le monde sait que, oui, on peut se plaindre des taxes, mais bon, après tout, les impôts ne sont-ils pas nécessaires ?!

Et c'est ce qui permet aux cyniques de hausser les sourcils et d'ironiser sur les irresponsables et les hystériques qui forcent la France entière à se mettre à l'arrêt pour "quelques centimes de plus" aux stations-essence — en ajoutant parfois des messages laconiques sur les problèmes humanitaires bien plus graves dans le reste du monde (l'équivalent de "Mange ta soupe, Toto; en Chine, les enfants meurent de faim!").

Ce n’est pas faux de dire que les manifestations sont une protestation contre la hausse des taxes sur le carburant, mais les Fake News, ce ne sont que rarement des mensonges outranciers ; les Fake News, c’est ce qu’on omet de dire, c'est ce qu'on ne dit pas.

En fait, les hausses des prix ne sont que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase (ou, plutôt, la goutte d'essence qui a fait déborder le réservoir …du trop-plein fiscal), le dernier exemple de répression, de persécution, et de matraquage des conducteurs depuis cinq mois. (De ce fait, le mouvement des Gilets Jaunes n'est guère si différente de la révolution américaine des Minutemen — quoique moins violent (pour l'instant) — dans les années 1770 après une douzaine années de taxes punitives et d'exactions du gouvernement anglais de George III…)

Récapitulons :

• D’abord Édouard Philippe a fait passer une loi en juillet, ce qu’aucun gouvernement d’Europe ou de l'Occident (ou de la planète) n'a fait — sur la baisse de la limite de lenteur (pardon, de la limite de vitesse)

• Ensuite, il y a eu la multiplication des radars, des radars de plus en plus sournois, notamment les radars mobiles qui sont maintenant, tant sur les autoroutes que dans les villes, la responsabilité de sociétés privées en recherche de gains

En fait, c’est durant l’été, à la suite de ces mesures, que les protestations ont commencé :
par des actions de résistance dans tout l'Hexagone : la destruction sauvage de radars sur le bas-côté de la route

• Puis, le gouvernement a renforcé, de façon gratuite, le permis à points, avec des punitions grotesques pour des actions tout à fait subjectives (la perte de 6 points (!) pour ne pas laisser la priorité aux piétons?!)

• Enfin, la hausse des prix de l’essence

Qu’est la démocratie si ce n’est
le pouvoir de dire aux autorités :
Nous ne sommes pas des vaches à lait !

Depuis l'Argentine, selon Le Figaro, où il participait au G20, Emmanuel Macron a réagi aux violences qui ont éclaté en France en marge de la mobilisation des «gilets jaunes».
«Ce qui s'est passé [samedi] à Paris n'a rien à voir avec l'expression pacifique d'une colère légitime», a lâché le président de la République lors d'une déclaration à la presse.

«Aucune cause ne justifie que les forces de l'ordre soient attaquées, que des commerces soient pillés, que des bâtiments publics ou privés soient incendiés, que des passants ou des journalistes soient menacés ou que l'Arc de Triomphe soit souillé», a poursuivi Emmanuel Macron.

 … «Je respecterai toujours les contestations, j'entendrai toujours les oppositions. Mais je n'accepterai jamais la violence», a ajouté Emmanuel Macron.
Effectivement, il serait facile de dire qu'idéalement, il faut toujours agir dans le calme et la paix. (Et qui ne regrette pas les dégâts, totalement injustifiables, sur l'Arc de Triomphe ?! nous y reviendrons à la fin de cet article…)

Trop facile.

Reprenons les termes, et les arguments, du gouvernement, point par point :

Emmanuel Macron n'acceptera «jamais la violence» nous dit-il.

N'est-ce pas un exemple de violence faite aux Français (sinon de façon physique, du moins de façon morale), cette manie depuis six mois de tenter de devenir le numéro 1 européen du radar et d'ajouter punition sur punition sur les conducteurs (voir leur énumération ci-haut) en leur prenant leur argent durement gagné ?

Tandis que Patrick Aulnas évoque la folle fiscalité environnementale et que Arnaud Bezard Falgas décrit l'Hexagone comme une "théocratie fiscale", Brice Gloux dénonce "le taux de prélèvement le plus élevé d’Europe" alors que Damien Theillier, lui, a dressé une liste (non exhaustive) des taxes nécessaires en France pour « rendre la société moins injuste ».

Dans Le Point, Jean Nouailhac s'indigne :
En 2017, les automobilistes auront supporté quelque 67 milliards de taxes et amendes diverses, presque autant que l'impôt sur le revenu !
 … Pour mieux comprendre le ras-le-bol fiscal des automobilistes, il faut entrer un peu dans le détail de ces 36 milliards d'euros de taxes sur les carburants, l'essentiel provenant de la TICPE, la « taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques », laquelle est elle-même taxée d'une TVA à 20 % ! La surtaxe de la taxe. Le comble du vice fiscal !
Comme le dit le général Bertrand Soubelet dans Le Figaro,
La grande méprise de nos «élites» est de perdre de vue, consciemment ou pas, la quintessence de leur statut: être au service [du] service public, être au service du bien commun.
À propos de la décision de baisser les limites de vitesse (sic) de 10 km/h, Paul de Métairy en conclut que l'attitude du gouvernement n'est rien de moins que hallucinante de cynisme :
Outre "l'abus de droit de prendre les usagers pour des cobayes d'une expérimentation purement vexatoire" [il y a le fait que] "Même à 90 km/h on a l'impression de se traîner", ce qui provoque "une déconcentration considérablement accrue à 80 km/h, au détriment de la  sécurité, comme aussi le phénomène inverse : une frustration et une agressivité en hausse."
… "Obliger les conducteurs à avoir l'œil rivé sur leur compteur comme sur un écran de TV est insensé" [et] "va engendrer une dangereuse exaspération".
"Une dangereuse exaspération" couplée à "une frustration et une agressivité en hausse" : voilà, Monsieur le Président de la République ; voilà, Monsieur le Premier Ministre ; voilà, Monsieur le Ministre de l'Intérieur ; voilà, Monsieur Barbe et Madame Perrichon et tous les autres, ce qui explique tant le mouvement des gilets jaunes que les actions extrêmes qui s'en découlent.

Cela s'appelle le réveil du citoyen.

Quand on comprend que le problème principal des Français, c’est l’État, on ne s'étonne plus des décisions et des actions des Gilets Jaunes (pour la vaste majorité d'entre eux, par ailleurs, ils demeurent pacifiques).

On pourrait dire que le mot d'ordre du mouvement a été renforcé :
Nous ne sommes ni des cobayes ni des vaches à lait.

Pour Jean-Pierre Le Goff, guère surpris par le mouvement et sa révolte contre les taxes sur le carburant,
la France des «gilets jaunes» n'est autre que la France périphérique sortie depuis trop longtemps des écrans radars médiatique et politique. Elle rejette la politique d'Emmanuel Macron mais plus largement quatre décennies de libéralisme culturel et d'«adaptation» économique à marche forcée voulus par les élites.
Revenons au discours du Président de la République :
«Ce qui s'est passé [samedi] à Paris n'a rien à voir avec l'expression pacifique d'une colère légitime» … a poursuivi Emmanuel Macron.
Mais quand les autorités excluent tout changement de cap et ignorent donc toutes vos protestations pour mener à bien leur objectif (plus ou moins) avoué "d'emmerder les Français", voilà le résultat !

En fait, ce que demandent MM Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Christophe Castaner, et al, c'est de la dignité, du respect. Mais qu'en est-il des membres du gouvernement ? "[Emmanuel Macron ne respecte pas] les contestations, [Emmanuel Macron n'entend pas] les oppositions." Au contraire : Il les ignore allégrement.

Comme je l'ai écrit dans un précédent article sur le site Contrepoints,
    Le respect n'est-ce pas plutôt quelque chose de mutuel, de réciproque ?

     … les politiciens et les bureaucrates qui "l'édifient", ce code de la route, respectent-ils, eux, les conducteurs ?

    … Les politiciens font-ils preuve de respect envers les conducteurs en [baissant la limite de vitesse (sic)], en augmentant les prix de l'essence, en triplant le montant des PVs et en évoquant des péages à l'entrée des villes ?

     … En quoi fait-on preuve de respect envers les conducteurs quand ils sont réprimés, persécutés et matraqués ?

    En quoi fait-on preuve de respect envers les Français quand ils sont traités comme des cobayes et comme des vaches à lait ?
N'est-on pas, par ailleurs, en droit d'être sceptique ? Depuis 50 ans, voire tout un siècle (ou plus), les élites, les politiques, les leaders culturels couvrent d'éloges, tant au niveau personnel et culturel (Luke. Don't give in to hate. That leads to the Dark Side … of the Force), tant au niveau national qu'international, les vertus tels que la compassion, la tolérance, la lucidité, l'esprit Zen, le pacifisme, la paix etc… Des valeurs qui semblent certes — et comment ! — ô combien admirables.

Mais est-on en droit de se poser des questions ? Se pourrait-il qu'en fait, tout ce cirque soit finalement une astuce cynique pour effeminiser ou châtrer le peuple et ainsi l'amener sur la route de la servitude en validant l'ensemble des décisions unilatérales des élites, tout en évitant un trop grand nombre de protestations et de révoltes, contre les autorités ?

La triste vérité — on peut très certainement le regretter — c'est que parfois il est nécessaire de se révolter. Il ne faut pas toujours forcément prendre les armes, il ne faut pas toujours forcément avoir recours à la pendaison, il ne faut pas toujours forcément avoir recours à la guillotine, mais… parfois un peu de goudron et de plumes peuvent faire le plus grand bien…

À propos de cynisme, est-on en droit de se demander pourquoi l'Arc de Triomphe n'a pas été protégé, et si les autorités ne voyaient pas d'un bon œil la réputation du mouvement des Gilets Jaunes tout entier en prendre un coup, en s'abstenant de s'opposer aux casseurs, aux blacks blocs et à la racaille ?

C'est en tout cas ce que pense Jean-Paul Garraud :
Jamais depuis le début de sa construction en 1806, l’arc de triomphe n’avait été vandalisé, saccagé, ravagé.

Hier, il a été décidé d’évacuer le cordon de CRS qui le protégeait et ainsi de l’abandonner [aux] mains des casseurs, des voyous, des criminels.

Hier, le combat à mener, celui qui aurait été à l’honneur de nos représentants et de nos forces de l’ordre, c’était de défendre ce haut symbole de l’histoire et de la gloire de la France.

Hier, il fallait protéger ce monument et la tombe du soldat inconnu.

C’était un honneur et un devoir.

Concentrer nos forces, se battre pied à pied, ne rien lâcher.

Mais un ordre contraire a été donné.

Le 1er ministre et le ministre de l’intérieur supervisaient sur place les opérations.
Ce sont les donneurs d’ordres, ils doivent être démis de leurs fonctions.

C’est la première des décisions que le président doit prendre aujourd’hui.

As I wrote last week, in How Fake News Has Misrepresented the Yellow Vest Revolt in France:

There is nary a single media report about the Yellow Vest demonstrations in Paris and France that I’ve read or watched that has not been slanted by Fake News.

It has (usually) not been deliberate, I gather, and nobody has said anything factually wrong; what is the problem is the fact that (very) important stuff has been omitted.

It is not wrong to say that the demonstrations were caused by the government's decision to raise gas prices. What is missing is that this is just one of several draconian measures dating back half a year, i.e., ‘tis the proverbial straw that broke the camel’s back.

For the past four to five months, the French government has done nothing but double down on bringing more and more gratuitous oppression and more and more unwarranted persecution measures down on the necks the nation's drivers and motorcycle riders.

In fact, the imposition of ever harsher rules has been going on for the past decade and a half or so — whether the government was on the right or on the left …/…

 …/… What has been most irksome for les Français since the turn of the century has been the ubiquitous radars, which, like red-light cameras in the United States, are accused of having (far) more to do with bringing revenue to the state than with road safety.

And just like the arms industry in the Soviet Union, if there was one area of France where the technology was always moving forward, it was the radar business.

Over the years, the radars have become evermore stealthy and insidious. …/… What has happened since shows the Deep State at work in Europe just as much as, if not more than, in North America — and this leftist statism is the kind of news that has been ignored by the mainstream media, in France itself as much as abroad. …/…

WE ARE NOT MILCH COWS!

All of which brings us to 2018. This year, as mentioned, Emmanuel Macron's government has doubled down on the repressive measures.

• On July 1, Prime Minister Édouard Philippe did what no other country in Europe or in the West (or, as far as I  know, on the planet) has done: go against the march of progress and lower the slowness limit (sorry, the speed limit) on secondary (country) roads by 10 km/h, decreasing the limit from 90 km/h (56 mph) to 80 km/h (50 mph).
.
• At about the same time came the contracts that the government decided to write with private corporations, handing the business of the state's (plainclothes) gendarmes over to their company employees, to take over the business of the mobile radars in their shiny new fleets of vehicles. (Meanwhile, other private companies have been getting similar contracts from city governments, meaning wage earners doing mostly nothing but driving up and down the city streets, while a license plate reader decides which cars' owners will be getting automatically-generated fines.)

This is actually the point at which the first protests started. During the summer, the country saw a huge increase in instances of destruction (or incapacitation) of radars on the roadside. Many were defaced with paint, others were set on fire, while still others were simply covered with something like a garbage bag (one man arrested while covering a radar was let free by a judge who decided that since the garbage bag hadn't actually brought any physical harm to the machine in any way, the defendant could not be accused of destroying it).

• More recently, the government added more gratuitous sanctions to the driver’s license point system, which is already far more punitive than that of most European countries, not least neighboring Germany's.

Finally, with the announcement of the gas prise rise, the French said "Enough is enough." And that was when the entire nation seemed to get together via the internet to mount the Yellow Vest revolt.

How Fake News Has Misrepresented the Yellow Vest Revolt in France


Demonstrating with the Yellow Jackets on the Champs Élysées against la répression du gouvernement. It was quite festive in the beginning; but cats are not partial to tear gas, so when the tear gas grenades started raining around us, the bicycle cats said Enough and we pedaled home.
There is nary a single media report about the Yellow Vest demonstrations in Paris and France that I’ve read or watched that has not been slanted by Fake News.
NOTE: The current post has been fully updated, markedly expanded, and, in the process, thoroughly rewritten, for an in-depth piece in the New English Review entitled The Truth About France's Yellow Vests.
 It has (usually) not been deliberate, I gather, and nobody has said anything factually wrong; what is the problem is the fact that (very) important stuff has been omitted. (Update: merci au Professeur Glenn Reynolds, à Monsieur Pierre le Tech Mec, et à Monsieur Francis Turner.)

It is not wrong to say that the demonstrations were caused by the government's decision to raise gas prices. What is missing is that this is just one of several draconian measures dating back half a year, i.e., ‘tis the proverbial straw that broke the camel’s back.

For the past four to five months, the French government has done nothing but double down on bringing more and more gratuitous oppression and more and more unwarranted persecution measures down on the necks the nation's drivers and motorcycle riders.

In fact, the imposition of ever harsher rules has been going on for the past decade and a half or so — whether the government was on the right or on the left — and that is why the choice of les gilets jaunes (the yellow jackets) by the demonstrators is particularly ironic.

The 2008 law (under the presidency of Nicolas Sarkozy) requiring the presence of high-visibility vests (gilets de haute visibilité) aka security vests (gilets de sécurité) in every vehicle — hardly an unreasonable rule, for sure, as similar ones exist throughout the continent — was just another example of the myriad of evermore-onerous rules for car and motorcycle owners over the past 15 years, and so the government in effect provided the 2018 rebels with their uniforms.

What has been most irksome for les Français since the turn of the century has been the ubiquitous radars, which, like red-light cameras in the United States, are accused of having (far) more to do with bringing revenue to the state than with road safety.

And just like the arms industry in the Soviet Union, if there was one area of France where the technology was always moving forward, it was the radar sector.

Call it the radar-industrial complex.

Over the years, the radars have become evermore stealthy and insidious. For instance, radars have gone from contraptions being able to photograph a single car on only one side on the road, in the lane closest to the machine (with a burst of white flash quite jolting to the driver at nighttime), to taking multiple pictures over the entire roadway simultaneously of several cars driving in both directions.

The first radars were installed in 2003 under President Jacques Chirac and his interior minister, Nicolas Sarkozy, and in the beginning, drivers were always warned beforehand when a radar could be expected ahead (which brought about what allegedly was the desired goal, to get French cars to slow down).

What has happened since shows the Deep State at work in Europe just as much as, if not more than, in North America — and this leftist statism is the kind of news that has been ignored by the mainstream media, in France itself as much as abroad.

Eventually — in spite of the insistent promises of then-interior minister Sarkozy — new radars were installed without the signs announcing their presence.

Recently came the news of mobile radars, meaning unmarked cars loaded with a radar-installed contraption driven by gendarmes dressed in civilian clothes. (Everywhere, young boys daydream of wearing a shiny uniform and fighting criminals; imagine, then, a policeman being asked to put on plainclothes to do nothing but drive back and forth in order to trick honest citizens who have done nothing but "violate" a rather arbitrary administrative rule, one that has barely changed, if at all, in almost 50 years).

Meanwhile, crony capitalism has given rise to a side economy, a side economy whose only purpose revolves around the punishment of citizens with cars or motorcycles — not least with blossoming (and very expensive) driving schools for drivers to regain some of the points they have lost on their driver's licenses (again, for violations of a rather arbitrary malum prohibitum rule). If that's impossible, they lose the driver's license itself, for a year or more, which leads in turn to job losses for some 80,000 Frenchmen every year, since they can no longer commute.

WE ARE NOT MILCH COWS!

All of which brings us to 2018. This year, as mentioned, Emmanuel Macron's government has doubled down on the repressive measures.

• On July 1, Prime Minister Édouard Philippe did what no other country in Europe or in the West (or, as far as I  know, on the planet) has done: go against the march of progress and lower the slowness limit (sorry, the speed limit) on secondary (country) roads by 10 km/h, decreasing the limit from 90 km/h (56 mph) to 80 km/h (50 mph).
.
• At about the same time came the contracts that the government decided to write with private corporations, handing the business of the state's (plainclothes) gendarmes over to their company employees, to take over the business of the mobile radars in their shiny new fleets of vehicles. (Meanwhile, other private companies have been getting similar contracts from city governments, meaning wage earners doing mostly nothing but driving up and down the city streets, while a license plate reader decides which cars' owners will be getting automatically-generated fines.)

This is actually the point at which the first protests started. During the summer, the country saw a huge increase in instances of destruction (or incapacitation) of radars on the roadside. Many were defaced with paint, others were set on fire, while still others were simply covered with something like a garbage bag (one man arrested while covering a radar was let free by a judge who decided that since the garbage bag hadn't actually brought any physical harm to the machine in any way, the defendant could not be accused of destroying it).

• More recently, the government added more gratuitous sanctions to the driver’s license point system, which is already far more punitive than that of most European countries, not least neighboring Germany's.

• Finally, with the announcement of the gas prise rise, the French said "Enough is enough." And that was when the entire nation seemed to get together via the internet to mount the Yellow Vest revolt.
Lire mes articles sur la répression, la persécution, et le matraquage des conducteurs :
https://www.contrepoints.org/author/erik-svane

Il y du Fake News ici — Les médias (francaises et internationales) rapportent que les manifestations sont contre la hausse des prix de l’essence.

Ce n’est pas faux, mais le Fake News, c’est ce qu’on ne dit pas.

En fait, ces hausses ne sont que la goutte qui fait déborder la vase, le dernier exemple de répression, de persécution, et de matraquage depuis 4-5 mois.

• D’abord Édouard Philippe a fait ce qu’aucun gouvernement d’Europe ou de l'Occident (ou de la planète) a fait — baisser la limite de lenteur (pardon, la limite de vitesse)

• Ensuite, il y a eu la multiplication des radars, des radars de plus en plus sournois

En fait, c’est durant l’été, à la suite de ces mesures, que les protestations ont commencé :
Par une hausse impressionnante des instances de destruction des radars sur le bas-côté de la route dans tout l'Hexagone

• Par la suite, le gouvernement a endurci le permis à points, de façon gratuite, avec des punitions grotesques

• Enfin, la hausse des prix de l’essence

Qu’est la démocratie si ce n’est
le pouvoir de dire aux autorités :
Nous ne sommes pas des vaches à lait !

2018/11/26

La grande méprise de nos «élites» est de perdre de vue, consciemment ou pas, la quintessence de leur statut: être au service du service public et du bien commun

Suite à l'affaire Carlos Ghosn (le PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi mis en cause par la justice japonaise pour soupçon de dissimulation de revenus), le général Bertrand Soubelet pond un papier dans Le Figaro qui aurait tout aussi bien pu s'adresser (peut-être plus) aux politiciens sortis de l'ENA.
Sans préjuger des suites judiciaires dans une affaire politico-industrielle aux enjeux considérables, ce nouvel épisode met en lumière deux questions importantes.

La première concerne le modèle de «grands patrons» que produit la France, même si le cas de Carlos Ghosn est atypique, et la deuxième nous renvoie encore à l'éthique des élites de notre pays.

Finalement le profil et la formation des chefs d'entreprises français révèlent des constantes. Depuis au moins 20 ans beaucoup de nos fleurons industriels sont entre les mains de cadres et de patrons «hybrides» sortis de plusieurs grandes écoles à la fois: Polytechnique, École des Mines, HEC et parfois l'ENA.

Cette endogamie est frappante à l'étude du cursus des responsables de Thalès, Safran, Alstom, Renault, EDF, Airbus,Total, Engie, Air France notamment, de ces dix dernières années.

Leurs compétences et leur légitimité ne sont pas en cause et pour la plupart ils réussissent. Mais à quel prix?

Et quelle différence avec les patrons d'industries propriétaires de l'outil de production! Le rapport à l'entreprise, aux salariés et à la rémunération est fondamentalement différent. L'entreprise est un patrimoine à préserver et la vision à long terme l'emporte sur les dividendes à servir aux actionnaires.

J'ai beaucoup de respect pour ces entrepreneurs plutôt «familiaux» car ils sont en majorité, discrets, toujours dans la mesure et producteurs d'équilibre social dans la durée.

Cette différence avec les groupes précédemment cités est accentuée en raison du rôle de l'État actionnaire qui pèse très lourdement dans la nomination des PDG. Ils sont désignés de manière quasi-discrétionnaire et cette légitimité, donnée à la fois par une sorte d'esprit de caste et la tutelle de l'État, peut mener à des excès.

Ces excès résultent de la conception bien française d'hommes «providentiels» qui concentrent entre leurs mains des responsabilités écrasantes. La réussite s'évalue par des niveaux de rémunération qui deviennent un critère et une référence mais qui précipitent parfois les intéressés dans des comportements irrationnels savamment masqués.

 … Ma conviction est que ce modèle est dangereux, porteur d'un message social et sociétal pernicieux. Malgré les apparences, il favorise trop souvent la stratégie personnelle y compris pécuniaire plutôt que la réussite collective.
C'est la raison pour laquelle l'éthique des dirigeants est essentielle.

Et elle donne de sérieux signes de faiblesse. Certains parlent de «nos élites» mais très sincèrement nos élites ne se trouvent pas du côté des dirigeants qui sont capables d'exiger des sommes considérables pour faire leur métier en s'assurant toujours d'une porte de sortie confortable.

Elles ne se trouvent pas dans cette forme de mélange entre l'entrepreneur «haut fonctionnaire» et l'homme providentiel aux accents de mercenaire.

Elles ne se trouvent pas dans des hommes capables d'imaginer pouvoir contourner les règles au nom de leur réussite ou de leur notoriété.

Elles ne se trouvent pas non plus dans cette arrogance souvent dissimulée derrière de l'austérité ou de la bonhomie.

La grande méprise de nos «élites» est de perdre de vue, consciemment ou pas, la quintessence de leur statut: être au service des entreprises, et pour le service public, être au service du bien commun.

 … Le manque de ces deux vertus [celle de l'honnêteté et de l'exemplarité à la fois dans leur parcours de dirigeant et dans leur vie personnelle] mène aux dérives qui font la une des journaux et discrédite aussi, malheureusement, tous les dirigeants, chefs d'entreprises, de groupes familiaux discrets et producteurs de richesse économique et humaine.
Ceux-là aussi gagnent très bien leur vie ce qui est normal lorsqu'on exerce de hautes responsabilités.

Mais ils font généralement preuve d'une autre qualité essentielle que ne connaissent pas les «élites étatisées»: la modestie.