2012/06/27

Vivons-nous vraiment dans un monde dans lequel 11 gars qui encaissent 2 buts sont censés faire honte à tout un pays ?

« Honte », « humiliation », « défaite insupportable », « aucun amour-propre »... On pensait ces mots réservés à d'autres domaines. Vivons-nous vraiment dans un monde dans lequel onze gars qui encaissent deux buts sont censés faire honte à tout un pays ? Que s'est-il passé pour que nous placions tant de choses, dont notre honneur, sur le dos de quelques post-adolescents aux capacités sportives hors normes ?
Après vingt-trois matchs sans défaite, la France du foot a eu honte de son équipe, honte de joueurs censés représenter une cause dont ils n'ont jamais entendu parler. Deux ans après Knysna, la France du foot ne sait toujours pas perdre, et encore moins apprendre de ses défaites.

Dans un chat et un article pour Le Monde, Vikash Dhorasoo défend les Bleus.

A quel moment peut-on juger si le mec était impliqué, a mouillé le maillot, a bien représenté la France ? Et être en quart de finale, est-ce bien représenter la France ? Tout ça est très difficile à juger. A quel moment l'entraîneur est-il responsable, ou les joueurs ? Difficile à dire. Je n'ai pas envie d'accabler ni l'entraîneur ni les joueurs. Un match, on peut le perdre ou le gagner.

… Moi, je ne vois pas de différence entre 2002 et 2004, et 2010 et 2012, finalement, entre toutes ces périodes et les autres périodes où la France a gagné. La différence, c'est la gestion de la défaite. La France n'aime pas le foot finalement, on ne sait pas perdre et on ne sait pas apprendre de nos défaites. En France ou ailleurs, c'est pareil. En Italie, tout se passe bien, alors que Cassano est pire que Nasri. Evidemment, si on avait gagné, les mecs étaient prêts à s'enflammer pour cette équipe. Cette équipe n'a pas perdu pendant 23 matches, et après une défaite, le déferlement est incroyable.
… Je n'excuse à aucun moment les comportements excessifs, d'où qu'ils viennent. J'ai été footballeur, et je défends les footballeurs. J'ai croisé tous ces journalistes, et j'ai souvent eu envie de leur cracher à la figure. Ces gens ne nous aiment pas et ne nous aimeront jamais. Mais c'est dans toute l'opinion publique qu'il y a un mépris du footballeur. On ne comprend pas pourquoi ces gens gagnent autant d'argent, on ne les trouve pas légitimes à être des stars tout en n'étant pas instruits, moins cultivés. On leur envoie toujours ça dans la figure par rapport à leur salaire, comme si ce n'était pas mérité, d'une certaine manière.