2013/03/16

N'ayez crainte, la police veille sur vous !


Non, mais quand même, il faut quand que nous tous admettions que, quoi qu'il se passe, heureusement que la police veille sur nous !

(Et le fait que "l'un des brigadiers … est soupçonné de corruption lors de la verbalisation d'automobilistes" n'est que le moindre des maux…)

Comme l'écrit Laurent Borredon dans Le Monde :
Du jamais-vu. Sept policiers en délégation sont venus dénoncer les turpitudes de certains de leurs collègues – alcoolisme, vols, dégradations, voire corruption – directement auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la "police des polices"), à Paris.

Des membres de la brigade canine de Seine-et-Marne se sont résolus à mener cette action inhabituelle, le 19 novembre 2012. Ils ont ainsi outrepassé leur hiérarchie, qu'ils assurent avoir alertée sans résultat. Et ils l'ont payé cher : ces fonctionnaires bien notés et expérimentés ont dû quitter leurs postes.

 … Il y a l'alcool, d'abord, consommé et stocké sans gêne. Certains pots, durant les heures de service, dégénèrent. Le chef tire avec son arme de service sur un lapin qui passe sur le terrain – situé en bordure d'une zone d'activité et d'une route –, le formateur canarde le bungalow d'entraînement, criblé d'impacts. Ils s'amusent à mettre un fumigène dans la vieille Renault 25 qui sert à l'entraînement des chiens. La voiture s'enflamme... Un jour, le commissariat voisin appelle, inquiet : des riverains ont signalé un incendie. En réalité, pour se distraire, quelques policiers ont mis le feu à un touret en bois aspergé de carburant avant de le faire rouler jusqu'à la route.

Ce relâchement crée des tensions, aggravées par des faits plus graves, comme la découverte dans un véhicule du service de nombreuses pièces automobiles, dont certaines encore emballées. Elles ont été volées dans un hangar prêté à l'unité pour un entraînement, et elles finissent sur un site de vente en ligne, cédées par l'un des brigadiers. Ce même policier est soupçonné de corruption lors de la verbalisation d'automobilistes.

 … Les trois policiers dont les dérives ont été dénoncées sont immédiatement reçus par la directrice. Ils sont sanctionnés (blâmes ou avertissements), mais maintenus à leurs postes. Quelques minutes plus tard, les noms des fonctionnaires qui vont devoir quitter l'unité sont égrenés. Ils sont dix : les sept du 19 novembre et deux autres qui avaient pris fait et cause pour leurs chefs. Et puis une invitée surprise, qui fond en larmes. Son seul tort : avoir confirmé les accusations lors de son audition.

2013/03/13

L'Oncle Sam en fou des armes, assoiffé de sang, et sans amour pour ses prochains

Ça ne pouvait pas durer…

Même dans l'ère de Barack Obama — ou précisément, dans l'ère d'Obama (puisque cette espèce de messie à l'européenne était, et est, censé apporter la lucidité© et la tolérance™, toutes européennes, aux Ricains débiles) — Serguei se sent obligé de nous resservir la bonne vieille caricature de l'Oncle Sam en monstre violent, fou des armes, assoiffé de sang, et sans amour pour ses prochain…

2013/03/12

Soutien "pour le moins inattendu" à un ministre socialiste français par un gros symbole du capitaliste américain

Pas sûr qu'Arnaud Montebourg s'attendait à un tel renfort 
note, quasi-incrédule, Cédric Pietralunga.
Embarqué depuis quelques jours dans une violente polémique avec Maurice M. Taylor, le PDG du fabricant américain de pneus Titan International, qui accuse les ouvriers français de Goodyear d'être trop chers et de "ne travailler que trois heures" par jour, le ministre du redressement productif a reçu, vendredi 22 février, une lettre de soutien de... Coca-Cola.

"Nous sommes heureux d'investir en France, cela depuis quatre-vingt-dix ans", écrit Tristan Farabet, PDG de Coca-Cola Entreprise, la société qui fabrique et commercialise en France le célèbre breuvage, dans une missive dont Le Monde s'est procuré une copie.
"Profondément convaincus de l'intérêt, de l'opportunité mais aussi de la responsabilité sociétale qu'implique le fait de produire en France, nous souhaitons aujourd'hui participer encore plus activement à la promotion de l'attractivité du territoire français auprès des entreprises étrangères", propose le groupe américain.

"ON NE PARLE PAS D'UN PAYS [...] DE LA SORTE"

Coca-Cola a investi "près de 400 millions d'euros au cours des cinq dernières années" dans l'Hexagone, rappelle M. Farabet, et compte dépenser 66 millions de plus en 2013, pour assurer le "développement industriel" de ses cinq usines tricolores.

Ce soutien pour le moins inattendu intervient après celui affiché la semaine dernière par Clara Gaymard, la présidente de General Electric France et responsable de la chambre de commerce américaine à Paris (AmCham France), qui a notamment fustigé le patron de Titan dans Les Echos du 21 février, estimant qu'"on ne parle pas d'un pays, d'un gouvernement, d'une personne en s'exprimant de la sorte".

"Si je suis intervenue, c'est surtout parce que je ne voulais pas qu'il y ait un amalgame entre les propos de M. Taylor et ce que vivent les 4 200 entreprises américaines présentes en France, qui emploient 500 000 personnes", explique-t-elle au Monde, en prenant bien soin de préciser qu'"il ne s'agit pas pour autant d'un plaidoyer pour la politique du gouvernement". Un soutien mais pas de blanc-seing...

2013/03/11

L'Etat-providence le plus cher du monde : La France a consacré beaucoup trop d'énergie, de temps et de subventions à sauver des secteurs en déclin


Interrogé par Jean-Baptiste Chastand, Bruno Palier, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la protection sociale au Centre d'études européennes de Sciences Po, revient sur la politique menée en France depuis trente ans pour tenter de sauver l'industrie.
La France fait-elle l'erreur de défendre une industrie vieillissante ?
Oui, la France a consacré beaucoup trop d'énergie, de temps et de subventions à sauver des secteurs en déclin, en perdant de vue les autres voies qui passent par le renouvellement ou la conquête de nouveaux secteurs industriels. Notre économie ne peut pas être tirée par une industrie qui a été conçue soit après la seconde guerre mondiale pour l'automobile, soit dans les années 1970 pour Airbus, le TGV ou le nucléaire. Les dirigeants de l'industrie automobile disent eux-mêmes que pour qu'elle survive, il faut supprimer des postes.

Comment expliquez-vous que la France persiste dans cette stratégie ?
Beaucoup de monde y trouve son intérêt. Le patronat et les syndicats sont enclins à défendre les industries vieillissantes. Le patronat semble n'avoir qu'une obsession : assouplir le droit du travail pour réduire toujours plus le coût de la main-d'oeuvre, et sauver ce qui peut l'être. Les syndicats sont surtout présents dans la vieille industrie et le secteur public. Ils défendent donc la survie de ces secteurs, sans suffisamment se préoccuper du sort de ceux qui sont précarisés, pour sauver l'industrie. Cependant, quand la demande de flexibilisation est trop forte, ils finissent généralement par céder, pas sur les droits de ceux qu'ils représentent, mais sur ceux des gens peu syndiqués, à savoir les non-diplômés, les femmes, les jeunes ou les migrants qui travaillent dans les services et pour qui les emplois atypiques se multiplient.

Tout le monde s'accorde pour dire que nous produisons trop cher. Mais nous pouvons en tirer deux conclusions : soit il faut améliorer ce que nous produisons, aligner la qualité de nos produits et services sur nos coûts, et donc monter en gamme, soit il faut produire la même chose mais pour moins cher. L'erreur a été de choisir la deuxième option. Cette stratégie de low cost, ce refus de produire mieux, tout cela a des conséquences rudes pour notre Etat-providence, qui se trouve être le plus cher du monde : en jouant le low cost, nous ne produisons pas suffisamment de richesse pour le financer.