2005/09/23

"Je ne vous ai pas oubliés"

Les nazis l'alignent avec trois douzaines d'autres juifs et les exécutent un par un, d'une balle dans la nuque. C'est son tour. Mais le soldat, a raconté [Simon] Wiesenthal, fait une pause pour avaler une vodka. Puis les cloches d'une église voisine se mettent à sonner pour la messe du soir, et le soldat s'en va prier : Simon Wiesenthal échappe à la mort, une première fois.
raconte Franck Johannès dans Le Monde.
… le 12 avril 1943, les SS ramènent Wiesenthal à Janoswka, avec 40 autres juifs. On les conduit près d'une fosse, on leur ordonne de se déshabiller. Cette fois, c'est la fin. Et à nouveau, le miracle : un sous-officier SS le sort de là, le renvoie au camp des chemins de fer : on le cherchait partout, c'était le 54e anniversaire de Hitler, et le commandant du camp avait besoin de lui pour dessiner une belle pancarte, "Wir danken unserem Führer" ("Nous remercions notre Führer").

… Mais les Alliés approchent. Et à nouveau, on aligne Simon Wiesenthal avec 33 déportés ­ ils étaient à l'origine 100 000 dans le camp, les autres sont morts ou ont été transférés. Le commandant du camp se ravise : s'il a des prisonniers à garder, il évitera le front de l'Est. "Nous étions 34 juifs, a raconté Wiesenthal, devenus l'assurance-vie de 200 SS."

La petite troupe part vers l'ouest. Quelques déportés sont tués en cours de route. Un sous-officier lui demande un jour ce qu'il dirait des camps de concentration s'il arrivait jamais jusqu'à New York. Il répond qu'il raconterait sûrement la vérité. "On ne te croira pas, a rigolé l'Allemand. On dira que tu es fou." Simon Wiesenthal s'est bien juré ce jour-là qu'il survivrait, et qu'il témoignerait.

…Wiesenthal, qui est ramassé par un camion qui rapporte les cadavres. On découvre qu'il n'est pas mort, un garde lui donne un bol de soupe, et un Polonais compatissant lui apporte parfois un morceau de pain. Mais c'est l'enfer. "Le dernier jour à Mauthausen, a expliqué Wiesenthal au New York Times en juillet 2000, j'ai dit à mes amis que je voudrais vivre un quart d'heure de plus, pour voir la tête des nazis quand les Américains arriveront." Ils arrivent le 5 mai 1945.

Simon, qui a survécu à douze camps nazis, n'est plus qu'un petit paquet d'os. Il voit un char avec l'étoile blanche, rêve de la toucher ­ "J'avais survécu pour voir ce jour" ­ mais il est incapable de faire un pas. On le porte, il ne peut plus ouvrir la bouche, montre l'étoile du doigt. On l'amène jusqu'au char. Il touche l'étoile et s'évanouit.
Lire aussi : The Long Ballad of Tibor 'Ted' Rubin

2005/09/20

Une "inhumanité totale" pendant les "jours d’épouvante" : une perle de suffisance et d'anti-américanisme

On atteint les limites du surrealisme [avec] cette "perle" de suffisance et d'anti-américanisme
nous écrit Julien Regnard à propos de textes comme l'édito du 8 septembre dans Paris Match.
Un hélicoptère de l’armée américaine se pose au milieu de la cour de récréation [de la Louisiane]. Le vacarme est assourdissant. La caméra montre les visages effrayés, les femmes serrant leurs enfants dans les bras. Des soldats jaillissent de l’hélicoptère, fusil d’assaut à l’épaule. Prennent position. Comme en Irak. … Une scène d’une inhumanité totale. … Même [si les Noirs] souffrent, s’ils meurent, comme ces jours d’épouvante en Louisiane, la première réponse n’est pas humanitaire. Mais militaire. L’Amérique de Bush reproduit, par réflexe, sur son propre sol, ce qu’elle entend faire partout dans le monde, en Irak, ailleurs : sécuriser de force un territoire sans respect pour les peuples. Y compris le sien, quand il est de couleur. Elle ne sait pas aimer, aider les plus pauvres, leur tendre la main. Elle parle sans cesse de la Bible et du Bien mais « évangélise » avec ses soldats qui patrouillent pour rassurer les « bons citoyens », contre les autres.
Si ca continue comme-ca, les pays d'Europe de l'Est vont devoir creer une nouvelle "radio free europa" pour envoyer des infos a l'ouest pour lutter contre la propagande officielle. Avec la difference cette fois ci que les peuples d'Europe de l'ouest veulent croire aveuglement dans cette propagande.