2011/05/21

Un (premier) martyr dans la lutte contre la répression de plus en plus impitoyable contre les automobilistes ?!

Est-ce qu'on peut dire que la lutte contre "une répression de plus en plus impitoyable" contre les automobilistes aurait besoin de martyrs ? Ce serait tragique, mais si c'est le cas, Stanley Bargas pourrait être le premier d'entre eux…
…vers 13 heures, un motard a été grièvement blessé sur la route départementale 905 … le pilote du deux roues, qui circulait en direction d’Auxonne, aurait été déstabilisé lors d’une manœuvre de freinage à hauteur du radar fixe …
En effet, la lutte contre la vitesse, et le matraquage des conducteurs qui s'ensuit, ignore les accidents que causent les radars. Durant une réunion du groupe UMP de l'Assemblée nationale, plusieurs "élus se sont élevés pour se faire [le porte-parole des automobilistes] et fustiger les « mesures des technocrates parisiens » ainsi que l'« absence de concertation » qui avait présidé à leur adoption", explique Patrick Roger dans Le Monde.
« Vous ne savez plus quoi inventer », s'est plaint Yves Albarello, élu de Seine-et-Marne, pour qui les images télévisées des premiers panneaux démontés ont eu un effet « désastreux ». « Pendant tout le week-end je me suis fait insulter », a relaté l'élu de Seine-et-Marne.

…Chacune de ces interventions a été ponctuée par une salve d'applaudissements, pendant que M. Fillon, à la tribune, rongeait son frein sans dissimuler son exaspération.
Jeanne Bourdillon réalise une interview de Jean-Luc Nobleaux (auteur du livre Radars, le grand mensonge) pour le compte de Riposte Laïque. On se demande si on n'est pas forcé d'être d'accord avec l'un de leurs éditeurs quand celui-ci s'exprime ainsi (mettant en garde contre une prise du pouvoir possible du Front National — quand son leader, Marine Le Pen, semble être l'une des seules à défendre les automobilistes — si les autres partis ne commencent pas à prendre en compte la légitime exaspération vis-à-vis de la répression outrancière contre des citoyens honnêtes) :
Je suis héberlué que la férocité de cette agression que subissent les automobilistes – dont je suis – depuis sept ans ne soient condamnée que par de rares hommes politiques … et surtout totalement occultée par la gauche, alors que ce sont les classes populaires qui en sont les principales victimes.

[Dans un stage de rattrapage, Paul a] rencontré la réalité d’une France maltraitée, des commerciaux, des artisans, des livreurs, des entrepreneurs, des salariés, qui avaient besoin de leur voiture pour gagner leur vie. Ils racontaient les circonstances dans lesquelles ils avaient perdu 5, 6, 7, 8 ou 10 points, et leur angoisse de perdre leur travail. Un livreur, qui venait de se mettre à son compte, avait dû travailler toute la nuit, entre le premier jour et le deuxième, pour assurer le travail qu’il n’avait pu accomplir, pour cause de stage. [On peut assumer que ce monsieur a dû être très vigilant au volant le second jour — ni les jours qui ont suivi !] Je peux donc dire, sans exagérer, que je dois en être à pas loin de 1.000 euros qui ont quitté ma poche, pour enrichir l’Etat, sans que je n’ai, une seule fois, eu l’impression de mettre la vie d’autrui en danger.

Ce scandale n’a jamais ému les représentants de la gauche, dont on croyait que le travail consistait à protéger les classes populaires et le monde du travail. … Il est cocasse de constater la pugnacité de cette gauche à défendre son idole déchue, DSK, et son indifférence devant le sort de millions de Français, victimes de la politique répressive de Sarkozy et de ses radars. Preuve encore une fois, s’il le fallait, qu’ils ne sont que les deux faces d’un même miroir.

Quant à Jean-Luc Nobleaux, qui vient "d’une famille fortement ancrée à gauche", il se déclare être "le premier sidéré par cette incroyable désertion du terrain, de la part du PS notamment", et par le fait que (pour citer Jeanne Bourdillon) "depuis des années, la seule force politique qui paraisse défendre les automobilistes soit le Front national". L'auteur du livre Radars : le grand mensonge s'exprime ainsi :
Le verbalisé paie à tous les étages pour sauver ou récupérer son permis. Et c’est aussi un moyen pour le gouvernement de faire profiter les « acteurs de la route » du fantastique pactole généré par le mitraillage des radars. Auto-écoles, Prévention routière, Automobiles clubs, etc. tous s’engraissent grâce aux stages de récupérations de points, ce qui dissout en même temps une bonne partie de la contestation éventuelle.

…Cette sur-répression engendre une sur-délinquance : conduite sans permis, fausses plaques, trafic de points ou de papiers, délits de fuite, mais aussi insolences ou agressions envers les forces de l’ordre. Car le policier de base est désormais méprisé ; devenu auxiliaire fiscal, il est détourné de sa mission première, la protection du citoyen. La conséquence la plus grave de cette mobilisation des FDO sur le bord des routes (avec quotas de PV à remplir) est la flambée parallèle de l’insécurité, réelle celle-ci. Les policiers ne peuvent être partout, d’autant qu’on réduit leurs effectifs. Quant on aperçoit 4 pandores occupés à traquer les automobilistes à la jumelle à l’entrée de Corbeil-Essonnes, alors que ces mêmes pandores sont interdits de séjour par des petits caïds de 18 piges dans la fameuse cité des Tarterêts juste derrière, on ne peut qu’être estomaqué par la façon dont fonctionne notre République.

2011/05/20

Après l'affaire Enron, la justice américaine voulait montrer que nul n'est au-dessus des lois, quels que soient sa fortune ou son nom

Certaines associations ont protesté contre une pratique qui va à l'encontre de la présomption d'innocence, estimant contradictoire que l'accusé ait le droit de se taire (en vertu du 5e amendement) mais pas d'interdire que son image soit utilisée contre lui, avant même qu'il ait comparu devant un jury.
Pourtant, explique Corine Lesnes dans Le Monde, le traitement réservé à Dominique Strauss-Kahn est habituel dans les procès américains.
Mais les tribunaux ont autorisé les perp walk à condition qu'elles servent un but légitime : dissuader d'éventuels criminels ou éduquer sur le travail des forces de l'ordre.

…Après l'affaire Enron, la justice voulait montrer que nul n'est au-dessus des lois, quels que soient sa fortune ou son nom. Il arrive aussi que les procureurs proposent de surseoir au perp walk si le suspect accepte de coopérer. Le prévenu décide de se livrer et il arrive au palais de justice de son plein gré.
En outre, continue Corine Lesnes dans Le Monde, depuis l'affaire Polanski, les Américains se méfient de la justice française :

« Imaginez le cirque juridique, médiatique et diplomatique si Strauss-Kahn avait réussi à retourner en France, qui, comme on le sait depuis l'affaire Polanski refuse d'extrader ses ressortissants », écrit Richard Brody, éditeur au journal New Yorker. « Voilà un pays qui, après tout, a accueilli à bras ouverts Roman Polanski quand il s'est enfui après avoir plaidé coupable de viol de mineure en Californie », ajoute Philip Gourevitch, du même magazine.

La France est jugée complaisante pour ce qui est des scandales de moeurs. Et la justice - des non-lieux contre les hommes politiques à la remise en liberté du chanteur Bernard Cantat - n'inspire pas une confiance absolue. « On peut se demander si nous aurions même eu vent des accusations contre DSK si les faits s'étaient déroulés à Paris. Les pressions qui auraient été exercées sur une immigrée africaine et mère célibataire s'efforçant de joindre les deux bouts l'auraient convaincue qu'il était dans son intérêt de se taire », écrit Judah Grunstein sur le blog World Politics Review.

« Ce que les Américains nous disent c'est : vous les Français, vous êtes coulants avec les puissants, explique le juriste de Washington. En ce moment, ils nous donnent une leçon de justice. »

2011/05/19

Le Monde Magazine's Cover Article on Picasso Lauds the Painter's Communist Convictions and His Far Left Contacts

In his cover article on Pablo Picasso, Michel Guerrin manages to plunge us back into the 1950s love affair with communism, lauding the Communist painter to the heavens for his "generosity" with his "political gifts" for fellow communists, all the while conspicuously avoiding any mention (or study) of over half a century of history — for instance the 1990s opening of the Soviet archives and the disclosure of the Verona program, not to mention the tens of millions of citizens murdered under the likes of Stalin and Mao.

Thus we have the Rosenbergs as "martyrs of McCarthyism" while Michel Guerrin is in awe of Picasso's (communist) convictions and waxes poetic about his "political gifts" which form "another major chapter of the painter's generosity". Meanwhile, his support for a communist periodical is one "the most emotional aspects of his generosity" (the editor and the painter "go swimming together" and they "remain friends until Picasso's death"):
Les cadeaux politiques sont un autre gros chapitre de la générosité du peintre, qui est resté jusqu'à sa mort membre du Parti communiste. Il donne au Parti, à sa presse, au Mouvement pour la paix, dessine pour les époux Rosenberg, martyrs du maccartisme …

Le soutien de Picasso au journal communiste Le Patriote, à Nice, de 1957 à 1967, est un des aspects les plus émouvants de la générosité. … Il le fait par conviction communiste.

2011/05/18

"Le racket, ça suffit!" "Les Français en ont assez d'un système de sanction automatique, impersonnel voire sadique"

Une semaine après avoir appris que la répression culpabilisatrice des automobilistes s'empire , un article dans Le Monde faisant savoir que le gouvernement ne reculerait plus en matière de "sécurité routière" (sic) témoigne ainsi des réactions dans les rangs de la majorité :
Excédés, de nombreux députés UMP présents à la réunion de mercredi ont quitté la salle. "Les Français en ont assez d'un système de sanction automatique, impersonnel voire sadique", tempête Jacques Myard, député UMP des Yvelines, qui reste convaincu de pouvoir faire reculer le gouvernement. "Ça ne nous convient pas ! Nous n'en resterons pas là", a prévenu Alfred Trassy-Paillogues, député UMP de Seine-Maritime en promettant des "actions". "Le racket, ça suffit!", a lancé Bernard Depierre, député UMP de Côte-d'Or.

"On est foutus ! Vos mesures, c'est une catastrophe électorale. Avec ça, on a perdu les élections", a lâché Jean Auclair, député UMP de la Creuse, au cours de la réunion…

Sarkozy et les intellectuels : la rupture

Au cours de la campagne pour l'élection présidentielle de 2007, quelques-uns parmi les plus médiatiques des intellectuels dits "de gauche", ayant en commun la rupture avec le marxisme, l'attention aux dissidents de l'ancien bloc communiste, la dénonciation des totalitarismes, le désir d'une France active contre les dictatures et les massacres, se ralliaient plus ou moins explicitement à ce candidat de droite atypique.
Ainsi commence le papier de Marion Van Renterghem dans Le Monde sur le "petit groupe informel d'intellectuels de gauche qui, en 2007, avaient affiché ou laissé entendre leur sympathie politique pour le candidat [Nicolas] Sarkozy, [et qui] partage aujourd'hui un autre point commun : de diverses manières et à différents degrés, le président les a déçus."
Nicolas Sarkozy, contre toute attente, parlait soudain leur langage. Il promettait "la rupture" avec les vieilleries idéologiques comme avec une diplomatie française mâtinée d'antiaméricanisme, mécaniquement critique d'Israël, en empathie avec les régimes arabes, complaisante avec la Russie nationaliste, insouciante des droits de l'homme au nom de la Realpolitik. …

Le plus sarkozyste des intellos de gauche [André Glucksmann persifle qu'à l'époque de son premier soutien à Sarkozy, il passait "en procès devant le comité central des anciens de 68"] est aujourd'hui le premier à se rétracter. Dans son nouveau livre, La République, la pantoufle et les petits lapins (éd. Desclée de Brouwer, 150 p., 17,90 euros), André Glucksmann revendique l'athéisme en politique : liberté d'approuver, liberté de contester. "Voter n'est pas entrer en religion", avait-il prévenu dans sa tribune du Monde.

Il s'adresse dans son livre, sarcastique, aux "croyants" de gauche, tranquillisés par le culte de Mitterrand et leur appropriation du meilleur de l'Histoire : "Main basse sur l'affaire Dreyfus, le Front populaire, la Résistance, l'anticolonialisme, tant de prestiges monopolisés panthéonisent votre parti à l'abri de tout soupçon."

Il ironise sur la droite, sa "suffisance décontractée" de l'après-de-Gaulle, ses "humeurs intermittentes, européennes, antieuropéennes, nationales, libérales, étatistes, mondialistes" pour qui "les références historiques vont et viennent, réformistes ou révolutionnaires par ci, bonapartistes, légitimistes ou orléanistes par là." Vous avez la foi ? demande Glucksmann aux uns et aux autres. "Moi pas."

Ni repentance ni regrets, donc. Mais une déception. Nicolas Sarkozy, qu'il avait convaincu d'instituer un secrétariat d'Etat aux droits de l'homme, confié à Rama Yade, n'a pas tardé à le dissoudre après avoir reçu pompeusement le colonel Kadhafi à Paris. Le président qui, imaginait le philosophe, aurait pu épouser sa grande cause du moment (la Tchétchénie), a certes accordé "des centaines de visas aux Tchétchènes", mais n'a pas résisté au réalisme politique et à Vladimir Poutine.

En novembre 2009, le projet de vente de navires de guerre Mistral par la France à la Russie est, pour Glucksmann, un premier désenchantement : "Fournissant à Poutine les armes d'un débarquement rapide en Géorgie, en Crimée, voire dans les pays baltes, notre message est clair : allez-y !", lance-t-il au chef de l'Etat français et à son vieil ami et ministre des affaires étrangères, l'ancien médecin humanitaire Bernard Kouchner. Qu'est devenu, se demande-t-il, ce président si fermement opposé à "une Realpolitik qui brade nos principes d'humanité pour d'hypothétiques contrats" ?

… Le "sarkozysme de gauche" venait en effet de germer autour du Meilleur des mondes, une revue ainsi baptisée par Alain Finkielkraut en hommage à Aldous Huxley et à l'anti-utopisme. La revue, elle-même issue du Cercle de l'oratoire, le think tank de Michel Taubmann, naît au printemps 2006 chez Denoël. "Finky", qui n'aime pas les bandes, s'en éloigne vite. Les signataires se réclament des grands apostats comme l'écrivain hongrois Arthur Koestler, capable d'avoir rompu avec l'idéal stalinien de sa jeunesse.

La revue Meilleur des mondes est d'esprit orwellien (antitotalitaire) et néoconservateur : atlantiste, s'alarmant des manifestations mêlant l'extrême gauche et les militants islamistes, pointant le danger d'un "fascisme vert" et favorable, après les attentats du 11 septembre 2001, à l'intervention armée en Afghanistan. Sur la pertinence de la guerre en Irak (défendue par Glucksmann, Goupil, Bruckner, Kouchner ou Taguieff, contestée par Finkielkraut ou Olivier Rolin), les contributeurs sont divisés. Sur le candidat Sarkozy aussi.

"La revue a suscité tout de suite la haine, raconte Olivier Rubinstein, directeur des éditions Denoël. On nous a étiquetés néoréacs." Le deuxième numéro, à l'automne 2006, n'y est pas pour rien : l'entretien avec le socialiste Dominique Strauss-Kahn passe inaperçu mais celui avec le ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, range définitivement Le Meilleur des mondes du côté des traîtres à la gauche.

Ils étaient revenus emballés de la place Beauvau. "Ce mec est formidable !", ont commenté en sortant les intervieweurs (Bruckner, Glucksmann, Michaël Prazan et Yasmina Reza). "Sarko avait admirablement réussi à dire tout ce qu'on voulait entendre", raconte Pascal Bruckner, le recul aidant.

Sur la situation au Proche-Orient, la crise avec l'Iran, le blocage de l'Europe, le candidat leur vend la politique internationale de leurs rêves, en rupture radicale avec la diplomatie chiraquienne. La Russie ? On peut signer des contrats et lui demander de s'expliquer sur la Tchétchénie. L'Amérique ? Une alliée. Israël ? Une démocratie et un pays francophone. L'Afrique ? Il faut en finir avec la vision postcoloniale de la France. Les droits de l'homme ? "La France doit porter des valeurs universelles, et les faire vivre", assurait le candidat.

Romain Goupil voyait venir d'un mauvais oeil le sarkozysme rampant de ses amis. …
L'antisarkozysme frénétique, en revanche, est de nature à susciter de la part de ces intellectuels un regain de solidarité pour le président de la République. "La violence grégaire de l'antisarkozysme me rendrait sarkozyste, dit Alain Finkielkraut, d'autant que dans le domaine de l'école ou de la sécurité, ce que la gauche propose est purement démagogique."

Pour Pierre-André Taguieff, "le discours haineux contre Sarkozy est devenu un genre littéraire dans le monde journalistique et militant. Je ne vois que deux exemples comparables : le discours anti-Blum, et le discours anti-Mendès France. Je ne réduis pas l'antisarkozysme à la judéophobie, mais il y a un fond d'antisémitisme dans cette violence contre lui."

"Sarkozy a rendu la gauche folle, renchérit Pascal Bruckner. Cette haine démesurée contre lui est la seule chose qui continue à me rendre indulgent. Il est devenu la poupée vaudou de la France. Il va nous manquer : qui va-t-on haïr ?"

2011/05/17

Selon Thierry Meyssan, la CIA en veut à sa vie ; mais il ne croit pas une seconde que l'Amérique vient de tuer Ben Laden

[En Syrie] ce n'est pas Bachar Al-Assad qui fait tirer sur la foule. [Thierry] Meyssan se demande si ces miliciens en voiture ne seraient pas plutôt des Américains . Il en est persuadé : la CIA en veut à sa vie. Mais ne croit pas une seconde que l'Amérique vient de tuer Ben Laden.
Voilà le genre de choses qu'on apprend sur Thierry Meyssan, grâce à la chronique de Caroline Fourest dans Le Monde, Ben Laden chez Elvis. Mais il y a plus — bien plus :
Grâce à son livre [L'Effroyable Imposture (Carnot), dont la couverture proclame : « Aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone ! »], Thierry Meyssan a connu une carrière internationale fulgurante. L'homme ne sait plus où donner de la tête, entre les invitations de son ami Hugo Chavez, les réceptions dans les ambassades iraniennes, les contacts avec la Chine, ses voyages en Syrie et surtout son nouveau job : conseiller en communication du Hezbollah à Beyrouth.

Drôle de trajectoire tout de même. Dans les années 1990, le même homme défendait la laïcité et la liberté d'expression contre l'intégrisme. A l'époque, il militait au Parti radical de gauche, au sein d'associations gays et se revendiquait franc-maçon. La gauche laïque raffolait de ses "billets" sur l'extrême droite catholique, bien que souvent faux ou romancés. Le Réseau Voltaire, sa petite agence d'information, prenait la suite du Projet Ornicar, une association défendant la liberté sexuelle contre la censure et l'ordre moral.

Etonnante reconversion, déjà, puisque Meyssan avait milité dans sa jeunesse au Renouveau charismatique, un mouvement moraliste inspiré du pentecôtisme américain. A l'en croire, son mariage avait même été "annulé" par l'Eglise pour homosexualité. Désormais, le voilà aux côtés des gardiens de la Révolution islamique, qui pend les homosexuels. Qui peut encore le croire ?

Véritable Picasso du conspirationnisme, Meyssan n'a cessé de changer de style et de versions pour vendre ses complots en kit, selon ses inspirations et la tête du client. Longtemps, la marotte du Réseau Voltaire fut l'Opus Dei. Puis ce fut l'ère du grand « complot mitterrandien », qu'il voyait partout. Y compris derrière le DPS, le service d'ordre du Front national ! La preuve ? Son chef de l'époque, Bernard Courcelle, avait travaillé au musée d'Orsay... où travaillait également Anne Pingeot, la maîtresse cachée de Mitterrand. Mais c'est bien sûr !

Depuis, notre Sherlock Holmes a trouvé une « machine à fantasmes » qui se vend bien mieux, surtout à l'international : la CIA. D'après le Réseau Voltaire, c'est elle qui a orchestré le 11-Septembre, mais aussi la prise d'otages de Beslan (Ossétie du Nord). Elle encore qui manipule le « printemps arabe ». Les Arabes ne sont déjà pas capables de détourner des avions, alors penser une révolution...
Dans le même état d'esprit, la chronique suivante de Caroline Fourest dans Le Monde évoquerait les "dernières théories" de Jean-Marie Le Pen :
Ben Laden d'abord. "Je trouve que tout ça est très suspect, pour ne rien vous cacher." Le voilà lancé : "Je sais que les Américains ont l'habitude systématique de créer eux-mêmes les événements dont ils ont besoin pour déclencher leurs opérations. Ce n'est pas la première fois. Beaucoup de choses me paraissent suspectes." Mais encore ? "Dans ce domaine, je crois les Américains capables de tout. Par conséquent, je ne sais même pas si Ben Laden était vivant ou mort. Beaucoup de gens affirment qu'il était mort depuis longtemps."

Une théorie, effectivement relayée par le Réseau Voltaire, qui jadis disait n'importe quoi sur le Front national. Les grands esprits se rencontrent.

Et le 11-Septembre ? Le Pen en doute, vous vous en doutez... "Ecoutez, quand un troisième immeuble qui n'est pas touché par un avion s'effondre tout seul, je me dis qu'on a dû l'aider. Quand je vois des avions qui touchent un étage et que ça provoque l'effondrement de l'immeuble, ça me paraît bizarre aussi. Et il y a d'autres choses qui me paraissent bizarres..." Par exemple ? "Je tiens que Pearl Harbor est un coup monté." Sur quelles bases ? "Tout le monde le sait." Dans ce cas... Suit toute une hypothèse historique passionnante, mais sans la moindre preuve. Inutile, puisque les Américains sont "capables de tout"

Tout est à l'avenant. Rien n'est surprenant. Jean-Marie Le Pen a soutenu Saddam Hussein au moment de la guerre du Golfe, puis Ahmadinejad dans sa quête de l'arme atomique, mais il ne soutiendra pas les rebelles de Benghazi : "Tous islamistes."

2011/05/16

Bin Laden Depicted as "an Arab Clint Eastwood" and "a Muslim Robin Hood" Who Met His End at His "Fort Apache" Compound

Following Plantu's cartoon of Osama Bin Laden as the hapless victim of a brutal execution, you will be happy to learn that France's premier daily devotes 2/5 of an entire page in the daily to a conspiracy monger who calls the execution of Bin Laden "a perfect crime" (the title of Christian Salmon's column in Le Monde). (The rest of the page is devoted to an odd cartoon as well as to a piece by Adam Thirlwell praising Che Guevara's influence on the Arab Spring revolts…)

While his criticism of the White House's incompetence regarding the narrative of the Abbottabad operation has much to commend it, Christian Salmon suggests it is reminiscent of the odd "official version of the [2001] attack on the World Trade Center" (sigh), invokes the philosophy of Jean Baudrillard, and goes on to refer to Bin Laden as "an Arab Clint Eastwood" and "a Muslim Robin Hood" who "claims to be avenging the suffering of the Palestinian people". The founder of the Parlement international des Écrivains (International Parliament of Writers or IPW) then serves us the old canard of moral relativism that America's enemy and America itself are equally at fault.

Drawing his imagery from Hollywood films, and — explicitly — from Hollywood westerns, CNRS member Salmon claims the terrorism script was indeed written by teh Al Qaeda honcho but with the help of the United States. Bin Laden is a "solitary hero", we learn, one "who appears and disappears at will," "defying the world's superpower" in the process. "Geronimo" was finally bagged, it seems (didn't Salmon just put the White House's entire story in doubt?!), during the final attack on his "Fort Apache" compound in Abbottabad.

The Al Qaeda leader represents "the figure of the vigilante" who "draws on the stereotypes of the Hollywood western, a legend or a myth that Bin Laden could never have created without the help of the United States, who participated in the production, in the staging, and in the broadcasting of the legend."

(To their credit, a number of Le Monde readers mention mental masturbation and/or wonder what fishy stuff Salmon has been smoking…)
Depuis le 11-Septembre, Ben Laden incarne ce héros solitaire, qui apparaît et disparaît à sa guise, narguant la plus grande puissance mondiale, un Clint Eastwood arabe, un Robin des bois musulman qui prétend venger les souffrances du peuple palestinien. C'est la figure du justicier qui puise aux stéréotypes du western hollywoodien, une légende ou un mythe que Ben Laden n'aurait jamais pu créer sans l'aide des Etats-Unis, qui ont participé à la production, à la mise en scène et à la diffusion de cette légende ; de George W. Bush, lançant la traque de Ben Laden par un avis de recherche "mort ou vif" comme dans les westerns, jusqu'au choix malheureux du nom de code de l'opération, "Geronimo", pour désigner la charge finale contre le fort Apache de Ben Laden, le compound d'Abbottabad.

2011/05/15

FN : un Etat fort et interventionniste ainsi que le refus du libre-échange

Le programme du Front National est
un mélange de poujadisme, d'étatisme et de refus du libre-échange
apprend-t'on de la part de Abel Mestre dans Le Monde.
Apparaît ainsi un Etat fort et interventionniste qui peut "engager certaines dépenses publiques pour redresser le pouvoir d'achat".
Un jour plus tôt, Le Monde et l'AFP avaient résumé le programme de la dirigeante du FN ainsi :
"Capitalisme populaire" et suppression des stock-options, possible encadrement des prix alimentaires, baisse de la taxe pétrolière …

Encore une façon de dire que (mis à part la baisse de la taxe pétrolière ou d'un quelconque impôt quel qu'il soit) les membres — et l'idéologie — de l'extrême droite (française ou européenne) n'ont rien à voir avec les Tea Partiers ou les membres du Republican Party américain, voire tout simplement des habitants de l'Amérique profonde (qui eux prônent plutôt la devise Don't Tread on Me ou Laissez-moi (-nous) tranquille(s)) — surtout lorsqu'on se rend compte que parmi les économistes cités par Marine Le Pen s'en trouve un (Thomas Piketty) qui est "proche du PS".
Pour séduire les "classes moyennes déclassées " et les classes populaires qui ont le sentiment que les salaires ne progressent plus, elle préconise non seulement l'interdiction des stock-options, des parachutes dorés et des retraites chapeaux, mais aussi l'essor d'un "capitalisme populaire".
Mise à jour :
Jean-Marie Le Pen [a] appelé les jeunes à "se prendre en main", qu'ils "ne comptent pas sur l'aide de l'Etat ou des parents en s'inspirant de l'exemple de Jeanne". Il fait ainsi entendre un petite musique qui diffère du discours de Mme Le Pen, dans lequel le recours à l'Etat est souvent présenté comme une solution.