2005/10/08

George W Bush sur la définition du courage et de la lâcheté

"Ben Laden déclare que sa mission est de dire aux musulmans ce qui est bon pour eux et ce qui ne l'est pas. Cet homme né dans la richesse et les privilèges considère bon pour les musulmans pauvres de devenir des tueurs et des kamikazes. Il leur promet que c'est le chemin du paradis, mais il n'a jamais proposé de le prendre."
Ainsi s'est exprimé le président des États-Unis, jeudi 6 octobre, devant le National Endowment for Democracy (Fondation nationale pour la démocratie). Eric Leser dans Le Monde:
"Contre un tel ennemi, il n'y a qu'une seule réponse efficace. Nous ne devons jamais reculer, jamais abandonner et ne jamais accepter autre chose qu'une victoire totale." Afin de retrouver l'image du commandant en chef résolu, qui lui a permis d'être réélu il y a moins d'un an, et de contrer l'opposition grandissante, y compris au sein de son parti, au maintien des troupes américaines en Irak, George Bush a prononcé … son discours le plus argumenté et le plus sévère contre l'islamisme radical.

… Evoquant au moins dix attentats déjoués dans le monde depuis le 11 septembre 2001 dont trois aux Etats-Unis et les récentes attaques à Londres, Charm el-Cheikh et Bali, le président des Etats-Unis a mis en garde contre "un ensemble de croyances qui sont mauvaises mais pas folles". Selon lui, l'islamisme radical est soutenu par des "éléments dans les médias arabes qui incitent à la haine et à l'antisémitisme". Ceux qui "l'aident et lui facilitent la tâche" ont été "abrités par des régimes autoritaires, alliés de circonstances, comme la Syrie et l'Iran, qui partagent l'objectif de faire du mal à l'Amérique et aux régimes musulmans modérés et utilise la propagande terroriste pour reprocher leurs propres échecs à l'Occident, l'Amérique et aux juifs."

Le sujet central du discours était l'Irak, et la dénonciation du terrorisme islamiste sert de principal argument pour convaincre de la nécessité de continuer le combat dans ce pays. A quelques jours du référendum du 15 octobre sur la Constitution irakienne et avec des sondages au plus bas aux Etats-Unis ­ seulement 32 % des Américains approuvant la façon dont la guerre est menée , George Bush cherche à redevenir crédible. Il a répété que l'Irak était pour "les terroristes le front principal de la guerre contre l'humanité. Ils croient, en contrôlant ce pays, qu'ils pourront rallier les masses musulmanes et leur permettre de renverser les gouvernements modérés de la région et établir un empire islamique de l'Espagne à l'Indonésie. Après chaque attentat au hasard, après chaque enterrement d'un enfant, il devient plus clair que les extrémistes ne sont pas des patriotes ou des résistants. Ce sont des meurtriers en guerre avec le peuple irakien lui-même."

M. Bush a même répondu directement à Abou Moussab Al-Zarkaoui, le numéro un d'Al-Qaida en Irak, et à ses propos sur les Américains, "les plus lâches des créatures de Dieu". "Soyons clair, a rétorqué George Bush. La lâcheté est de chercher à tuer des enfants et des personnes âgées avec des voitures piégées, de couper la gorge d'un captif attaché et de viser les croyants à la sortie d'une mosquée. Mais le courage est de libérer plus de 50 millions de personnes."

Le président a cherché aussi à répondre à ceux qui estiment que la présence militaire américaine en Irak alimente le terrorisme. Il a rappelé qu'aucun soldat américain ne se trouvait dans ce pays le 11 septembre 2001 au moment des attaques contre New York et Washington. Il a aussi souligné que la Russie, opposée à l'invasion, a subi en 2004 une attaque à Beslan au cours de laquelle plus de 300 enfants ont été tués.

M. Bush s'en est pris enfin aux opposants à la guerre, aux Etats-Unis, qui préfèrent, d'après lui, la facilité. "Il y a toujours la tentation au milieu d'une longue lutte de chercher une vie tranquille, d'échapper à ses devoirs et aux problèmes du monde et d'espérer que l'ennemi se lasse du fanatisme et des meurtres. Nous allons conserver notre sang-froid et remporter cette victoire." …

2005/10/05

Les réflexions, absurdes — "c'est mieux comme ça" — ou abjectes — "on devrait euthanasier les dépressifs"

Chaque année, plus de 10 000 personnes mettent fin à leurs jours en France ; 2 000 ont moins de 34 ans, 600 moins de 24
écrit Benoît Hopquin.
Dans cette catégorie d'âge, le suicide est la deuxième cause de mortalité, après les accidents de voiture. Le nombre de décès diminue légèrement depuis 1986.

L'amélioration des techniques d'urgence explique en partie cette baisse. "Nous intervenons plus vite et mieux" , affirme Jean-Yves Bassetti, médecin colonel des pompiers. Selon lui, les médicaments ont aussi une toxicité moindre, même utilisés à haute dose. Dans l'Aude, où il travaille, M. Bassetti assure qu'il ne se passe pas une journée sans qu'une équipe soit appelée pour de tels cas. Les tentatives de suicide grimpent en flèche, surtout chez les jeunes. Le chiffre officiel, 50 000 chez les moins de 24 ans, semble au-dessous de la réalité. Selon une étude épidémiologique conduite en Gironde en 2001, 7 % des élèves affirment avoir effectué une tentative qui, dans 9 cas sur 10, n'a fait l'objet d'aucun suivi. Le passage à l'acte est, en outre, de plus en plus précoce. En 2000, un enfant de moins de 10 ans s'est donné la mort.

… Elle dépeint "des parents abandonnés à eux-mêmes", plongés dans une immense solitude. Les amis qui s'éloignent, "parce qu'on ne peut passer son temps à remonter le moral" , ou qu'on éloigne, parce qu'on n'a plus rien en commun. Et puis les réflexions, absurdes ­ "c'est mieux comme ça" ­ ou abjectes ­ "on devrait euthanasier les dépressifs." La mère de Solène exprime sa colère contre une société qui n'a pas totalement levé le tabou sur le suicide. On n'en est plus à refuser les obsèques religieuses aux morts outrageants. Mais les mentalités sont encore dans le déni. Ainsi ce professeur de Solène, prenant à témoin une autre élève, atteinte d'un cancer : "Elle, au moins, elle se bat." "Preuve qu'il y a toujours les maladies nobles et les maladies honteuses" , constate la mère.

… La majorité des suicides surviennent au domicile familial, renforçant la culpabilité qui torture les parents, et que la société les laisse assumer seuls. Les "histoires de famille" ne sont pourtant pas toujours à l'origine du geste fatal.

… On le lui reprochera. "Il paraît que ça ne se fait pas" de révéler publiquement le suicide d'un fils. Mme Ferrand dénonce à présent un système psychiatrique qui n'a pas su comprendre la douleur de son enfant. … "Les médicaments éteignaient la flamme au lieu de la rallumer." Elle dénonce l'isolement, l'"absence d'écoute", "le manque d'humilité des psys", leur volonté de la tenir à l'écart.

… Policiers et urgentistes ont souvent appris, par empirisme, à trouver les mots, et à interdire la scène aux familles. …

… En 1991, Mme Hannier a créé l'association Phare, avec un double objectif : accompagner les familles endeuillées et aider les adolescents en difficulté et leurs parents. La structure a un numéro d'appel, le 0810-810-987. Elle organise chaque mois des groupes de parole.

2005/10/02

L'Europe s'est retrouvée dans une position humiliante, un régime totalitaire lui donnant une leçon de libre-échange

Il y a deux raisons pour lesquelles l'élaboration d'une politique étrangère européenne commune s'est révélée beaucoup plus difficile qu'attendu
écrit Chris Patten.
La première se nomme Jacques Chirac et la seconde Gerhard Schröder. Cela est particulièrement vrai pour les relations que l'Europe entretient avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Si les dirigeants français et allemands ont eu raison de s'opposer à l'invasion de l'Irak menée par les Etats-Unis, leur attitude dans l'ensemble, entre rivalité improbable et servilité obséquieuse, a rendu difficile la construction de relations avec Washington sur des bases indépendantes.

Au sujet de la Russie, M. Schröder, le chancelier allemand, a semblé se mettre en avant, fasciné par la maîtrise de la langue allemande du président Vladimir Poutine ˇ – acquise, il n'est pas inutile de le rappeler, dans l'objectif d'espionner l'Allemagne – ˇ et attiré par les ressources énergétiques contrôlées par Moscou. Les sensibilités et les intérêts de la Pologne, de l'Ukraine et des Etats baltes ont été ignorés.

Bien sûr, l'Europe a besoin de ces ressources russes mais la Russie a, elle-même, besoin de vendre du pétrole et du gaz à ses voisins occidentaux. Elle n'a que peu d'autres choses précieuses à offrir à l'Union européenne (UE). En revanche, on ne peut oublier que Moscou cherche à se bâtir une sphère d'influence autour de ses frontières, avec des alliés affaiblis. La France et l'Allemagne sont-elles heureuses de ce qui se passe, par exemple, dans le sud du Caucase, en Moldavie et dans les républiques d'Asie centrale ?

Les dirigeants européens évoquent des valeurs qu'ils partagent avec la Russie, alors que celle-ci ˇ – où liberté d'expression et démocratie sont en repli – ˇ serait justement l'endroit idéal pour commencer à défendre ces valeurs.

Mais c'est avec la Chine qu'il y a eu probablement le plus de dégâts. Contrairement à de nombreux stratèges américains, les Européens n'ont pas considéré l'ascension de la Chine comme une menace, même si cette dynamique est une véritable accélération du cours de l'histoire.

… Quant au nationalisme croissant de Pékin, il pourrait devenir inquiétant s'il venait à échapper à tout contrôle, comme cela s'est produit pour le Japon dans les années 1930. … l'Union européenne a fait tant d'efforts pour faire entrer la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce et discuté avec Pékin des conséquences de la fin du protectionnisme des pays riches face au textile. C'est aussi pour cela que nous avons insisté en faveur d'un dialogue à propos des droits de l'homme.

Cette stratégie réfléchie a échoué en raison de deux événements. Premièrement, la gestion lamentablement incompétente de l'embargo de l'UE sur les armes mis en place après les massacres de Tiananmen, en 1989. La position européenne était alors claire. Elle liait officieusement l'embargo aux progrès en matière de droits de l'homme, ce qui renvoyait essentiellement à la ratification et à la signature de la Convention sur les droits civiques et politiques des Nations unies (ONU). M. Chirac et M. Schröder ont sonné le glas de cette politique : le premier pour obtenir davantage de sourires de la part du président Hu Jintao lors de sa première visite officielle à Paris ; le second en croyant bêtement que les Chinois étaient différents des autres dès lors qu'il s'agissait de faire des affaires et qu'ils achèteraient du matériel ferroviaire allemand si Berlin se mettait au diapason de Pékin.

C'est alors que les Etats-Unis ont tapé du poing sur la table en soutenant, ce qui n'avait rien d'incongru, qu'ils méritaient, au moins, d'être consultés quant à un tel changement de politique. Sans compter qu'une bonne part de l'industrie de l'armement européenne est dépendante du savoir-faire américain ou des ventes aux Etats-Unis. Au bout de quelques mois, l'Europe est donc rentrée dans le rang. Elle est revenue à sa position de départ, celle d'avant cette équipée embarrassante – non sans perdre de la crédibilité, à Washington, et la face, en Chine.

… [L'acord des mesures protectionnistes afin de bloquer les exportations chinoises bon marché] a été salué par le premier ministre français, Dominique de Villepin, comme un grand moment pour l'Europe. En vérité, c'est tout l'inverse d'un grand moment. Le message a été donné aux Chinois que nous privilégiions les règles de la négociation pour la gestion des politiques économiques uniquement lorsqu'elles nous convenaient. Une fois qu'elles se révélaient inadaptées – pénalisant, dans le cas présent, les entrepreneurs qui n'avaient pas réussi à restructurer leur entreprise –, nous pouvions décider unilatéralement de les abandonner. L'Europe s'est donc retrouvée dans une position humiliante, un régime totalitaire lui donnant une leçon de libre-échange.

Il nous faut maintenant ramasser les morceaux et tenter de reconstruire une stratégie cohérente. Prions pour que le type de diplomatie pratiquée par les dirigeants français et allemands ne façonne pas nos futures approches de la question.

2005/09/30

Une certaine autosuffisance, aussi en Europe du nord: Vous pensez tellement être une norme pour le monde entier que vous en devenez très égocentriques

"La Norvège se fait une assez haute idée de l'éthique, constate Henrik Syse. C'est une vieille attitude missionnaire très norvégienne qui veut que l'on sache mieux que les autres ce qui est bon pour le monde." Mais qui va de pair avec une certaine autosuffisance. "Vous pensez tellement être une norme pour le monde entier que vous en devenez très égocentriques."
Les paroles recueillies par Olivier Truc dans Le Monde sont d'un jeune philosophe norvégien de 39 ans, chargé de réfléchir au sein de la Banque centrale de Norvège à la gestion éthique de la formidable manne pétrolière qui se déverse sur le royaume. Ne semblerait-il pas qu'elles puissent s'appliquer à bien d'autres peuplades de par la Scandinavie et le reste de l'Europe?…

2005/09/25

France's fabled "social model" assumes that companies should operate like nonprofit organizations or charities

France's staggering jobless rate is largely the result of a fundamental misunderstanding of capitalism
writes The Wall Street Journal (merci à Hervé).
Somehow, the country's fabled "social model" assumes that companies should operate like nonprofit organizations. But neither do entrepreneurs create jobs out of charity nor do they lay off people out of malice -- despite French Employment Minister Gerard Larcher's calling Hewlett-Packard's plan "brutal."

It is the much-maligned drive for profit that creates growth and jobs. Labor laws that make it costly to lay off workers are not "social"; they discourage companies from hiring. And when not even unprofitable plants can be shut down, it will hardly prompt investors, foreign or domestic, to open new ones.

France isn't very investor-friendly to begin with. Rumors in July that Pepsi might take over dairy food company Danone put Mr. Chirac into protectionist overdrive. The government is drawing up a list of industries to keep out of foreign hands. Even Paris will have difficulty though arguing yogurt production is a matter of national security. And yet, despite renewed speculation this week, a Pepsi-Danone deal is in doubt. As one analyst told Reuters Wednesday: "If I put myself in Pepsi's shoes, do I want to invest $30 billion in buying a company in France with President Chirac, the chairman, unions and farmers hostile to the move? You'd be insane."

Smart investors rarely are insane, as France's unemployment rate demonstrates.
Read also Cristina Losada's It’s Expensive To Keep Them Poor!

2005/09/23

"Je ne vous ai pas oubliés"

Les nazis l'alignent avec trois douzaines d'autres juifs et les exécutent un par un, d'une balle dans la nuque. C'est son tour. Mais le soldat, a raconté [Simon] Wiesenthal, fait une pause pour avaler une vodka. Puis les cloches d'une église voisine se mettent à sonner pour la messe du soir, et le soldat s'en va prier : Simon Wiesenthal échappe à la mort, une première fois.
raconte Franck Johannès dans Le Monde.
… le 12 avril 1943, les SS ramènent Wiesenthal à Janoswka, avec 40 autres juifs. On les conduit près d'une fosse, on leur ordonne de se déshabiller. Cette fois, c'est la fin. Et à nouveau, le miracle : un sous-officier SS le sort de là, le renvoie au camp des chemins de fer : on le cherchait partout, c'était le 54e anniversaire de Hitler, et le commandant du camp avait besoin de lui pour dessiner une belle pancarte, "Wir danken unserem Führer" ("Nous remercions notre Führer").

… Mais les Alliés approchent. Et à nouveau, on aligne Simon Wiesenthal avec 33 déportés ­ ils étaient à l'origine 100 000 dans le camp, les autres sont morts ou ont été transférés. Le commandant du camp se ravise : s'il a des prisonniers à garder, il évitera le front de l'Est. "Nous étions 34 juifs, a raconté Wiesenthal, devenus l'assurance-vie de 200 SS."

La petite troupe part vers l'ouest. Quelques déportés sont tués en cours de route. Un sous-officier lui demande un jour ce qu'il dirait des camps de concentration s'il arrivait jamais jusqu'à New York. Il répond qu'il raconterait sûrement la vérité. "On ne te croira pas, a rigolé l'Allemand. On dira que tu es fou." Simon Wiesenthal s'est bien juré ce jour-là qu'il survivrait, et qu'il témoignerait.

…Wiesenthal, qui est ramassé par un camion qui rapporte les cadavres. On découvre qu'il n'est pas mort, un garde lui donne un bol de soupe, et un Polonais compatissant lui apporte parfois un morceau de pain. Mais c'est l'enfer. "Le dernier jour à Mauthausen, a expliqué Wiesenthal au New York Times en juillet 2000, j'ai dit à mes amis que je voudrais vivre un quart d'heure de plus, pour voir la tête des nazis quand les Américains arriveront." Ils arrivent le 5 mai 1945.

Simon, qui a survécu à douze camps nazis, n'est plus qu'un petit paquet d'os. Il voit un char avec l'étoile blanche, rêve de la toucher ­ "J'avais survécu pour voir ce jour" ­ mais il est incapable de faire un pas. On le porte, il ne peut plus ouvrir la bouche, montre l'étoile du doigt. On l'amène jusqu'au char. Il touche l'étoile et s'évanouit.
Lire aussi : The Long Ballad of Tibor 'Ted' Rubin

2005/09/20

Une "inhumanité totale" pendant les "jours d’épouvante" : une perle de suffisance et d'anti-américanisme

On atteint les limites du surrealisme [avec] cette "perle" de suffisance et d'anti-américanisme
nous écrit Julien Regnard à propos de textes comme l'édito du 8 septembre dans Paris Match.
Un hélicoptère de l’armée américaine se pose au milieu de la cour de récréation [de la Louisiane]. Le vacarme est assourdissant. La caméra montre les visages effrayés, les femmes serrant leurs enfants dans les bras. Des soldats jaillissent de l’hélicoptère, fusil d’assaut à l’épaule. Prennent position. Comme en Irak. … Une scène d’une inhumanité totale. … Même [si les Noirs] souffrent, s’ils meurent, comme ces jours d’épouvante en Louisiane, la première réponse n’est pas humanitaire. Mais militaire. L’Amérique de Bush reproduit, par réflexe, sur son propre sol, ce qu’elle entend faire partout dans le monde, en Irak, ailleurs : sécuriser de force un territoire sans respect pour les peuples. Y compris le sien, quand il est de couleur. Elle ne sait pas aimer, aider les plus pauvres, leur tendre la main. Elle parle sans cesse de la Bible et du Bien mais « évangélise » avec ses soldats qui patrouillent pour rassurer les « bons citoyens », contre les autres.
Si ca continue comme-ca, les pays d'Europe de l'Est vont devoir creer une nouvelle "radio free europa" pour envoyer des infos a l'ouest pour lutter contre la propagande officielle. Avec la difference cette fois ci que les peuples d'Europe de l'ouest veulent croire aveuglement dans cette propagande.

2005/09/15

Les Américains aveuglés, leurs médias aussi…

Les médias américains montrent encore une fois leur aveuglement, leur statut de zombies, et leur inféodation à Bush

A Typical Week at Le Monde

On Monday, France 3 showed Phil Craig's outstanding docudrama, The Flight That Fought Back. Le Monde's Dominique Dhombres agrees the story of UA 93 on 9-11 is good, but bemoans, in the usual patronizing way that is the bane of la France laïque louée aux Cieux, "the religious and patriotic parts", suggesting religion and patriotism are outdated blinders worthy of nothing but scorn, and that because co-producer Brian Lapping is a Briton, that content means that a lucid European like him must have been forced to compromise his integrity and sell out.

In a letter to the editor on September 14 (no link available), a Swiss reader pointed out how partisan Le Monde is: An article four days earlier read "The Swiss …have retained their autonomy and still haven't become members of the European Union (EU)". Before slicing up the rest of the indigest article, Pierre Boskovitz points out that the Swiss have not "retained" their "autonomy", but "form until further notice an independent, free, and democratic country." He adds that "the term 'still' is unacceptable, because it suggests that Switzerland ought to be a member of the EU, but that it is shuffling its feet although entering is its duty. Unless I am mistaken, Switzerland and Norway are countries whose democratic character is not in doubt and who have decided, freely and democratically, not to enter the EU."

Speaking of multinational organisations: Philippe Bolopion approaches the Oil-for-Food scandal (and others at the United Nations) through the reactions of the UN's (anonymous) employees. The result: lots of whining and pointing fingers (at Uncle Sam, natch) and tears about the unfairness of it all, not to mention anger (the "objective" journalist's) at the "raging" neo-cons unfairly wanting to punish the UN just like they did with poor little France.

Eric Leser paints a heroic portrait of Mayor Ray Nagin (saying "the Democrat African-American may become the hero America has been desperately seeking since Hurricane Katrina hit"), while Denis Lacorne's online chat shows the usual haughty and patronizing tone of all Frenchmen (himself included) and the afore-mentioned Dhombres intimates that the BBC is honest and objective while he wags his finger at Dubya:

Des propos, impensables jusqu'ici, sont tenus. "S'il dit encore une fois que c'est la faute des autorités locales, je lui mets ma main sur la figure", s'écrie, exaspérée, une sénatrice démocrate de Louisiane.

…Il n'en est pas encore au point d'admettre ce que les témoins répètent pourtant à satiété devant les caméras : dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone, le pouvoir fédéral avait tout simplement déserté.

Of course, the above criticism couldn't be due a tendency to shift away blame, could it?

Speaking of racism, real, alleged, or other, Benoît Hopquin details how when French authorities were faced with a lack of manpower in rural zones 40 years ago, they sent for 1,600 children in La Réunion, establishing the "transfer" of the Indian Ocean youngsters to l'Hexagone.

This, of course, is to be denounced by Frenchmen of all colors, albeit briefly and never in a tone that suggests, as with any American lapse or sin, big or small, real or other, that this is typical and that the country is beyond salvation.

2005/09/11

Armorique Amérique, même combat

Fascinante histoire, celle de Bécassine, l'ancêtre de BD qui fête ses 100 ans cette annee. La petite bretonne devait son succés au fait que (dans les mots de Bernard Lehembre) elle incarnait "un type de sotte peu futée, ignorante, et d'une naïveté deconcertante."

En d'autres mots, elle devait son succés au fait qu'elle etait l'objet de mépris de la part du Français moyen et que celui-ci pouvait, avec facilité, se doter d'un sentiment de supériorité suffisant.

Cela vous rappelle-t'il quelque chose? (Hint hint).

("Ah non, ce ne sont pas les Breton(ne)s que nous sommes contre, ce sont juste leurs bonnes…")

On appréciera la suite de l'article de Yves-Marie Labé :

La publicité (la Chicorée Leroux) et les journaux satiriques (L'Assiette au beurre, Le Journal amusant, Le Rire) s'emparent de l'image de la villageoise bretonne, empotée ou naïvement servile. Quand les seconds ne brocardent pas violemment la province et son catholicisme au nom du combat anticlérical. « Il n'est pas de meilleurs chrétiens que cette crapule de Bretagne ; il n'en est pas de plus réfractaire à la civilisation, éditorialise L'Assiette au beurre du 3 octobre 1903. Idolâtre, fesse-mathieu, lâche, sournois, alcoolique et patriote, le cagot armoricain (…) ne raisonne pas, il prie, et, porté par la prière, tombe au dernier degré de l'abjection. »
Bien que le mot utilisé ait été "armoricain" (et non "américain"), on reconnaitra tant l'attitude suffisante que le vocabulaire méprisant.

2005/09/07

Le témoignage d'un Louisianais qui ne partage pas le cynisme des élites françaises

Un lecteur de Louisiane d'origine française écrit comme suit :
Aujourd’hui 6 septembre, reprise des cours interrompus par Katrina. Je m’assure que tous mes étudiants et leurs familles sont en sécurité. Je m’étais promis de ne pas parler de l’ouragan, mais pour finir je ressors un condensé de ce que vous avez lu précédemment. À la fin du cours, un étudiant un peu intimidé vient me reprendre et me dit en substance : « N’effrayez pas, ne désespérez pas les étudiants ! Dès mardi, le lendemain du passage de l’ouragan, j’ai été volontaire pour une organisation de santé, les gens arrivaient on leur donnait les premiers soins, tout marchait à merveille ! Nous devons être optimistes ! ».

J’ai vu aussi les exemples extraordinaires de dévouement partout, les gens de toutes classes et toutes couleurs donnent sans jamais penser à s’épargner personnellement, sans mesquinerie, sans chipoter sur rien : un don total par des millions d’inconnus de leur personne, de leurs ressources, de leur intelligence et de leurs aptitudes, une générosité et un dévouement à l’autre quel qu’il soit SANS LIMITES, jusqu’à mon assistante française qui a fait du volontariat que personne ne lui avait demandé.

Ce qui m’amène à ma conclusion: J'AI UNE CONFIANCE INÉBRANBLABLE DANS LE PEUPLE AMÉRICAIN ; IL REBÂTIRA CE QUI A ÉTÉ DÉTRUIT ET IL FERA CE QU'IL AURAIT FALLU, FAUT ET FAUDRA FAIRE, comme , la plupart du temps dans son histoire, il l’a fait. Et, grâce à mon assistante, je suis aussi optimiste pour l’ensemble de l’humanité !

2005/09/05

Hurricane Katrina

Arthur Chrenkoff offers a plethora of tasteless quotes about Hurricane Katrina, along with interesting food for thought, the most powerful of which comes perhaps from Americans for Freedom
Global warming and hurricanes - The hurricanes aren’t historically on the increase, and the number of the most serious – category 4 and 5 – is down compared to previous decades (EU Rota has some nice tables). Hurricanes are also a part of a natural decades-long cycle of changing temperature of the Atlantic Ocean.

Bush diverted the money away from flood-proofing New Orleans - Two problems with that – New Orleans has been on notice since the previous devastating hurricane Betsy in 1965. Bush has been in the White House for only the last five of these past 40 years, so one might as well blame every other President since LBJ for not doing enough – and then ask, why should all the blame be laid at the feet of the feds, instead of sharing it with state and local authorities?

Dans son courrier à la Minute du Sablier, un témoin (qui veut préserver son anonymat) de la catastrophe cyclonique (anti-Bush s'abstenir) ne mâche pas ses mots :
Trois gangs de pillards (gens qui n'ont pas été aimé par papa maman et opprimés par l'homme blanc, donc ils sont excusables) ont pris contrôle de la Nouvelle Orléans. Ils tiraient sur les hélicoptères et les embarcations de secours, mettaient le feu aux supermarchés et pillaient les armureries. Ils prenaient d'assaut les hôpitaux pour la came. 8 ont été abattus, d'après les nouvelles. L'ordre commence seulement à se rétablir, 4 jours après la catastrophe. La question qu’il faut poser à propos des pillards et violeurs et meurtriers qui ont fait surface à la suite de l’inondation : cette lie était connue de la police et terrorisait les quartiers pauvres depuis des années ; pourquoi la police noire en majorité sous des maires noirs depuis des décennies ne s’en sont jamais occupés ? Parce qu’ils sont racistes et se fichent du limpenproletariat. La corruption est plus grasse quand on s’occupe des touristes riches, qu’on la pègre faire ses bénéfices sur le dos des plus pauvres et qu’on prend son pourcentage au passage. La police de la Nouvelle-Orléans est la pire, la plus corrumpue du pays. Parmi les mille policiers qui ne se sont pas présentés au rapport, il y avait certes des victimes de la catastrophe ; mais aussi des policiers qui avaient peur de la situation qu’ils connaissaient parce qu’ils l’ont laissée se développer.

Pour prolonger l’angle racial, pourquoi toutes ces mères célibataires parmi les réfugiés. A-t-on jamais entendu parler d’une recherche en paternité pour forcer les pères noirs à assumer leurs responsabilités paternelles ? Hé bien non, la plupart des politiques sociales ont concouru à détruire la cellule familiale noire.

La garde nationale est enfin présente en force, et l'évacuation totale est enfin en bon cours, quoiqu'on ne sache pas où mettre tous ces gens qui ont tout perdu, y compris beaucoup sans nouvelles de leurs proches. Faillite totale des autorités locales, le maire bafouille, la gouverneure pleure à la télé; secours fédéraux très lents à s'organiser, il est vrai que la tâche est colossale. J'étais enragé de voir des gens secourus par hélicoptère abandonnés au bord de l'autoroute sans information, sans nourriture, sans eau. Enragé bien évidemment aussi par les pillards.

Baton Rouge a doublé sa population en une semaine de 350.000 à 700.000 habitants, et avec l'agglomération, est soudainement devenue la plus grande ville de Louisiane. Les hôpitaux sont débordés. Il y a recrudescence de la criminalité, la vermine étant arrivée avec le bon grain.

70% de NO est noire et pauvre, ce serait étonnant si les victimes étaient blanches et riches.

Ceci dit, je suis aussi indigné par l'incompétence des services de secours, mais ça n'a rien à faire avec la couleur de la peau.

Rappellez-vous aussi que la structure politique de NO est noire...la gouverneure est blanche, l'armée est de couleur arc-en-ciel. L'affaire est prise en main par des démagogues (Jesse Jackson, Al Sharpton) dont le fond de commerce — littéralement — est l'incitation à la haine raciale et qui ont tout intérêt à maintenir le lumpenproletariat noir dans des conditions abjectes (c'est la clientèle dont ils tirent leurs gras revenus). Les victimes doivent être maintenues dans l’irresponsabilité et la dépendance totale à tous les niveaux, sinon elles n’auront plus besoin de leurs prétendus « sauveurs ». Ces sont les clients des sénateurs romains. Il y a quelques années, j'avais vu Jackson déclarer tranquillement que les noirs américains ne pourraient jamais dépasser leur condition. Rien de plus raciste qu'une telle pensée.

Quant à la gauche (peut-être extrême) américaine, elle fait son foin en mettant absolument tout sur le dos de Bush, alors qu'en ce moment de crise, l'unité nationale devrait être leur première préoccupation. Le problème est qu'il y a ici une cinquième colonne qui se réjouit de voir l'Amérique humiliée.

Pour mémoire les ouragans n'ont rien à faire avec le protocole de Kyoto; tout d'abord, leur intensité a diminué par rapport à la moyenne historique. Secondo, Clinton eût-il fait ratifier le traité par le Congrès (ce qu'il s'est bien garder de faire), la réduction de CO2 eût été de 0.14 % au terme de son application.

Bush a supplié Blanco (gouverneure démocrate de Louisiane) et Nagin (maire noir et démocrate) d’évacuer la ville en totalité et immédiatement un jour avant l’atterrisage de Katrina.

En résumé, la fin du monde pour 2 millions de personnes, sur une

étendue de territoire égale à la moitié de la France. Beaucoup d'endroits sont des trous noirs du point de vue de l'information, mon avis est qu’on n’a pas du tout encore pris la mesure de la catastrophe. On peut objecter au style de JC Durbant (personnellement... ses points de suspension et d'exclamation... je n'aime pas trop!!!). Quant au fond, qui s'écarte du consensus et de la pensée unique, il est immédiatement qualifié de "haineux" pour cette raison même.

Ce qui me frappe dans la presse américaine de gauche, et la presse européenne, c'est que Bush est la source de tous les maux du monde, un bouc émissaire commode pour éviter de penser aux problèmes.

Ainsi, dans le cas de Katrina,
1. L'ouragan, c'est sa faute, il n'a pas signé le protocole de Kyoto (en fait c'est Clinton qui ne l'a pas fait ratifier). De plus ce protocole n'aurait amené qu'une réduction absolument ridicule du CO2.

2. La gabegie hallucinante après l'atterissage de Katrina, c'est sa faute: il ne se préoccupe pas assez des pauvres, victimes majoritaires, ce sont des noirs, donc il s'en fiche (c'est le président le plus aveugle à la couleur de la peau de toute l'histoire des USA). Je lui reproche cependant sa lenteur à réagir et à mettre de l'ordre dans l'aide fédérale. Je l'ai vu plusieurs fois à la télé: mon impression est positive. Bon, ce n'est pas un Démosthène, mais il a rassénéré, rassuré, redonné de l'espoir pour le futur, contrairement à beaucoup de responsables politiques écrasés par la catastrophe.

3. Les autorités de Louisiane portent une responsabilité énorme dans le fiasco (qui, comme je suis humain, m'a enragé; il était insupportable de voir des gens sauvés laissés 4 jours sur une autorout accessibles sans instructions, sans eau, sans nourriture). La gouverneure n'a pas écouté Bush qui avait déclaré l'état de zone sinistrée deux jours avant Katrina. Elle a refusé d'harmoniser le commandement de l'opération sous l'égide fédéral.

Le maire a laisser inonder 350 bus qui auraient pu évacuer les plus démunis. Je l'ai vu ressortir d'un entretien avec Bush visiblement rasséréné, mais posant une question hallucinante 4 jours après la catastrophe: "Quelle est la chaîne de commandement?"

4. Les digues qui ont lâché, c'est la faute à Bush aussi. Hé bien non, elles étaient prévues pour un ouragan de catégorie 3, au dessus on s'en remettait à Dieu. Les sections qui ont pété avaient été vérifiés et certifiées comme saines, récemment. Ça dure depuis vingt ans et 4 présidents, cette histoire; pour rendre les digues capables de résister à une autre Katrina, c'est vingt ans de travaux et 1000 milliards — donc il faut tout remettre à plat en ce qui concerne la Nouvelle-Orléans, et décider d'un périmètre à sauver en toutes circonstances; pour le rester, il faut interdire l'habitation en zone dangereuse, réétablir les marais qui font office de tampon, etc.) Les dépenses de l'Irak n'ont rien à voir; ce qui s'est passé est un problème depuis la fondation de NO par un français, contre l'avis de ses propres ingénieurs. La garde nationale mise en oeuvre était bien suffisante en nombre et matériel, seule sa lenteur à agir peut être mise en cause et ça, c'était le boulot des autorités locales. Un vétéran de la garde national, revenu d'Iraq, a dit par ailleurs qu'il aurait préféré être à Bagdad, ça donne une idée de la situtation.

5. Sur le plan domestique, Bush dépense comme un démocrate saoûl (extension très coûteuse du Medicare, par exemple) ; le problème est que c’est incontrôlé et politique (comme toute décision budgétaire au niveau fédétal). La Louisiane reçoit 530 millions ; où sont-ils ? …

En conclusion, il ne s'agit pas d'excuser Bush à tout prix, mais de remettre les choses en perspective: il porte certes une part de responsabilité (lenteur de la réaction fédérale, invraisemblable fouillis de bureaucraties où la chaine de commandement se perd dans un marécage). Le reste, c'est du fantasme et de la haine.

Baton Rouge est passée de 350 à 700 mille habitants en une nuit; tu connais l'infrastructure, déjà insuffisante en temps normal, et tu vois le problème... Enfin, ce n'est rien quand c'est recadré par l'ampleur de la catastrophe. Le bruit de fond ici, c'est maintenant le vrombissement des hélicoptères et les sirènes des ambulances. Pénurie d'essence, les épiceries dévalisées. Je suis soulagé que l'évacuation se soit terminée, c'était terriblement déprimant et angoissant de voir tous ces pauvres gens totalement abandonnés à eux-mêmes. Je pense qu'il y aura 50.000 morts au total, et peu, au fond, dûs aux forces de la nature (exemples: au Superdome, un garçon de sept ans sodomisé et tué, une fille de quatorze ans violées jusqu'à la mort).

Sur le plan positif, l'élan de générosité et de dévouement partout dans le peuple est absolument extraordinaire. Je ferai ma part financière pour la Croix Rouge. Pour l'ensemble de l'opération, le sauvetage fédéral compris, grille 500 millions de dollars PAR JOUR, donc il faut aider.

2005/08/27

Le profond manque d'intérêt des universités françaises envers les étudiants étrangers

Votre article sur des étudiants étrangers en France m'a rendu heureux car, en ce moment, j'essaie de suivre cette même piste
écrit Shadrock Roberts, un Américain de Austin, Texas, avec un diplôme de niveau maîtrise qui souhaiterait poursuivre ses études de troisième cycle en France.
Malheureusement, le profond manque d'intérêt que je perçois de la part des universités françaises m'étonne. … du côté des service de la scolarité c'est le laxisme : jamais de réponse à mes demandes de renseignements et impossibilité d'obtenir les documents nécessaires à mon inscription. …

Venir en France, s'installer dans la société et s'adapter à cette vie étudiante serait plus facile si l'on se sentait désiré. Je conseille aux universités d'améliorer, surtout, leur accueil. Sans lui, s'il n'est pas dynamique, c'est tout le système éducatif qui donne l'impression d'être apathique.

C'est pas d'hier

La France tuera la politique ou la politique tuera la France.

A. Tournier (merci à J. Costagliola)

Quiconque fait des affaires et contribue à la prospérité du pays est suspect et toute entreprise qui ne se ruine pas est tenue pour criminelle.

Yves Guyot (Illustration, janvier 1896)

2005/08/05

"Les trois cent mille morts d'Hiroshima ont épargné bien davantage de Japonais, qui auraient été écrasés sous des bombes ordinaires"

Il faut juger tout ça à l'échelle de l'Histoire. Les bombardements de Dresde et de Leipzig ont fait plus de morts que les deux bombes atomiques. Les trois cent mille morts d'Hiroshima ont épargné bien davantage de Japonais, qui auraient été écrasés sous des bombes ordinaires. Et surtout, ils ont épargné les dizaines de millions de morts d'une autre guerre mondiale, qui n'aurait pas manqué de suivre de peu la précédente. Les morts par bombardements classiques auraient été des morts inutiles. Les morts d'Hiroshima ont été des morts… nécessaires.

Charles de Gaulle
(C'était de Gaulle,
Alain Peyrefitte)

2005/08/03

The bogus distinction between civil or human rights on the one hand and property rights on the other

My computer is my property
notes Walter E. Williams as he examines the bogus distinction between civil or human rights on the one hand and property rights on the other, saying it reflects little understanding.
Does it have any rights -- like the rights to life, liberty and the pursuit of happiness? Are there any constitutional guarantees held by my computer? Anyone, except maybe a lawyer, would agree that to think of property as possessing rights is unadulterated nonsense.

So where do property rights come in? Property rights are human rights to use economic goods and services. Private property rights contain your right to use, transfer, trade and exclude others from use of property deemed yours. The supposition that there's a conflict or difference between human rights to use property and civil rights is bogus and misguided.

2005/07/19

La BAF plante sa tente au salon de la fonction publique

When a government laden with bureaucrats (the highest rate in Europe) decides to use taxpayer money to hold a salon to attract more people to the civil service, and get more citizens interested in helping bloat the various ministries and services, it was only natural that a couple of clear-headed taxpayers would say Enough! and decide to take matters into their hands, and make their way to the salon in order to demonstrate what exactly would be the main functions of the coming legions


Ze advencheurs of Marcel an' French Fry

2005/07/16

July 4: An Occasion to Lambaste America While (Conveniently) Overlooking Europe's Sins

The editors of Le Monde could not resist celebrating the Fourth of July with a generous frontpage helping of anti-American incitement from its star cartoonist Plantu
writes John Rosenthal, who goes on to detail how the Kyoto Protocol not only was loaded in favor of the Europeans from the beginning, but how, even so, the latter are in no way being successful in following it directives; a fact little known and (strangely enough) little-made-a-big-deal-about (as we have recently pointed out) among the European populace. But then again, a rather normal fact, as you must understand that they are occupied, like Plantu, with far more important matters, such as castigating Uncle Sam for the world's troubles, environmental and other.

La sorte d'infos qu'on ne verra ni sur France 2 ni dans Le Monde

La vidéo (des "résistants"!) est là pour confirmer l'article dans Army Times (merci à Gregory) :

During a routine patrol in Baghdad June 2, Army Pfc. Stephen Tschiderer, a medic, was shot in the chest by an enemy sniper, hiding in a van just 75 yards away. The incident was filmed by the insurgents.

Tschiderer, with E Troop, 101st “Saber” Cavalry Division, attached to 3rd Battalion, 156th Infantry Regiment, 256th Brigade Combat Team, 3rd Infantry Division, was knocked to the ground from the impact, but he popped right back up, took cover and located the enemy’s position.

After tracking down the now-wounded sniper with a team from B Company, 4th Battalion, 1st Iraqi Army Brigade, Tschiderer secured the terrorist with a pair of handcuffs and gave medical aid to the terrorist who’d tried to kill him just minutes before.

2005/07/15

Navire de guerre US détourné pour la seule raison d'aller à la rescousse d'un adolescent français? Non, cela n'intéresse personne en France…

Étrangement, les rédacteurs du quotidien de référence, si rapides et si habiles à décrire les moindres faux pas et "erreurs" de l'armée américaine, ou de leurs leaders — pour ne pas dire leurs crimes (et de dépeindre les Ricains, ou leurs leaders, comme l'ennemi public numéro 1 de toutes les élites bien-pensantes et en fait de toute l'humanité) —, ne semblent pas avoir trouvé grand intérêt dans ce reportage de James Taranto dans le Wall Street Journal (merci à Frank Hart):

Remember the USS Cole? It is the American destroyer that was hit by an al Qaeda bomb in Yemen in October 2000, killing 17. Damaged but not destroyed, the Cole returned to service in December 2003. Columnist Michael Smerconish writes in the Philadelphia Daily News about the Cole's most recent mission:

Before arriving in Philadelphia, the Cole participated in the annual Baltic Sea operations, a joint exercise of 11 nations. But the Cole took an unexpected detour on the way here, for reasons that offer a symbolic story about the U.S. military, one which hasn't been told until now. Here is the way [Cmdr. Brian] Solo spelled out the itinerary in an e-mail to me:
"At 2300 hours on 27 June, COLE received word via the Coast Guard regarding a medical emergency aboard a civilian sailboat in the middle of the Atlantic Ocean... more than 300 [nautical miles] to the southeast of COLE's position. The patient was initially reported to have appendicitis. Due in Philadelphia, COLE nevertheless turned and headed, at best speed (30+ knots) towards the position of the sailboat. Simultaneously, the merchant vessel CHIQUITA NEDERLAND, who was in the vicinity of the sailing vessel, took the patient, a 16-year-old French national, on board, and then headed at best speed to the northwest to meet COLE."
Yes, one of the Navy's finest--in the midst of the war on terror--changed course to save a French teenager. (This isn't a picture of the military the mainstream media is anxious to portray. It's far too sympathetic.)
Hey France, de rien.

Tuer 3000 hommes, femmes, et enfants, quand il s'agit des Ricains, ce n'est rien de plus que de "contester la puissance américaine"

Sujet du Bac Histoire Géographie à Créteil (merci à RV):

L'éducation (sic) nationale nous apprend que la situation du monde actuel est entièrement la faute des Américains mesquins et tricheurs et en aucune façon liée à d'éventuels prises de décisions ou à des politiques sans lendemain — ne fussent-elles qu'hypothétiques — dans les pays du reste du monde (ce qui est souligné l'est par moi).

Ce mélange américain -université/recherche/entreprise/bourse- attire les meilleurs étudiants du monde, il explique que les Etats-Unis monopolisent plus de la moitié des prix nobel distribués chaque année.
Oui, et au lieu de vous en plaindre, une réaction plus logique serait peut-être d'essayer d'examiner, voire (oserais-je le dire?) d'imiter, le modèle américain. Mais dans ce sujet du bac Histoire Géographie il y a pire:
Document 1 :
1) Comment la puissance militaire des Etats-Unis se manifeste- t-elle dans le monde ?

Document 1 et 2 :
2) Relevez quatre indicateurs de la puissance économique américaine et donnez deux preuves de la puissance culturelle américaine. (4 points)

Document 3 :
3) Comment la puissance américaine a-t-elle été contestée le 11 septembre 2001 ? (1 point)
Tuer 3000 hommes, femmes, et enfants, quand il s'agit des Ricains dans les esprits des "humanistes" et des "plus-généreux-et-pacifiste-que-moi-tu-meurs", ce n'est rien de plus que de "contester la puissance américaine"

2005/07/01

Le dernier livre de Yves Roucaute

Peut-on ignorer la pensée qui anime la politique de la première puissance mondiale ? Et qui peut être mieux placé qu'un néo-conservateur pour expliquer ce qu'est le néo-conservatisme ? Yves Roucaute ne dissimule pas son propre itinéraire. Comment avoir été à la direction de l'UNEF, président de l'Institut Gramsci, et devenir néo-conservateur ? Le philosophe raconte sa recherche des valeurs perdues, l'histoire de la montée d'un doute qui le rongeait lors des soirées avec Louis Althusser, l'ami de la famille, Félix Guattari, le copain des combats marginaux, au cours des discussions informelles avec Jean-François Lyotard ou Michel Foucault, des rencontres plus cérémoniales avec Gilles Deleuze ou Jacques Derrida... Ce livre est celui des valeurs retrouvées contre le relativisme de la gauche intellectuelle et de la droite archaïque. Le néo-conservatisme est né en proclamant " plus jamais Auschwitz " : il a détruit l'URSS du goulag et ne détermine pas sans raisons la politique des États-Unis face au nouveau défi barbare et aux tyrans. Contre le relativisme, donc, et au nom de l'humanité de l'homme, le néo-conservatisme exige le respect des droits naturels inaliénables. Contre le laxisme, il affirme une philosophie des devoirs respecter les anciens, défendre la grande culture, obéir au droit, punir avec sévérité, instruire des mœurs policées. Ni Dieu État, ni Dieu Marché, ni maternage, ni irresponsabilité, mais " dynamique de la liberté ", sur les chemins ouverts par John Locke et les Pères fondateurs des États-Unis. L'auteur place le néo-conservatisme sous le principe espérance : une philosophie de la recherche du bonheur, appelée " singularisme ", qui exige la construction des " Cités de la compassion ", pour répondre à la souffrance et vivre dans le respect du " Vieil Homme " ; qui exige aussi une nouvelle conception de la prudence et de la guerre juste, dont la finalité est la liberté et le traité de paix universelle.

l'Europe ne croit pas au mal : elle ne connaît que des malentendus à résoudre par la compréhension, la concertation

L'histoire ne se divise pas entre nations pécheresses et nations innocentes, mais entre démocraties qui reconnaissent leurs forfaits et dictatures qui les dissimulent en se drapant dans les oripeaux du martyr
nous explique Pascal Bruckner.
Depuis un demi-siècle … l'Europe est irréconciliée, habitée par les tourments du repentir. Ruminant ses crimes passés, l'esclavage, le colonialisme, le fascisme, le communisme, elle ne voit dans sa longue histoire qu'une continuité de tueries et de pillages. Spontanément elle donne raison à ses ennemis dans le jugement qu'elle porte sur elle-même. On l'a constaté le 11 mars 2004 à Madrid : au terrible attentat qui l'a frappée, l'Espagne a immédiatement réagi par un mea culpa collectif et le retrait des troupes d'Irak, oubliant que la plupart des terroristes visaient moins la présence espagnole à Bagdad que la reconquête de l'Andalousie musulmane perdue depuis le XVe siècle.

N'en doutons pas : le même raisonnement prévaudrait si demain des poseurs de bombes détruisaient la tour Eiffel ou Notre-Dame. Les bonnes âmes de droite et de gauche nous intimeraient immédiatement de nous flageller : on nous frappe, donc nous sommes coupables alors que nos agresseurs sont en réalité des misérables qui protestent contre notre richesse insolente, notre mode de vie. L'Europe se constitue à l'intérieur du doute qui la nie et porte sur soi le regard d'un accusateur intransigeant.

… "Fichez-nous la paix", demandaient les manifestants contre la guerre en Irak en 2003. On ne saurait mieux dire.

La démocratie européenne évoque cette convalescence que des peuples jadis turbulents s'imposent après avoir perdu le goût des batailles. Elle devient ce qui reste quand tous les autres rêves ont été abandonnés : un espace d'une grande diversité où il fait bon vivre dans le voisinage de chefs-d'oeuvre culturels. Admirable projet certes, puisqu'il fait l'économie de la violence. Mais ce calme serait parfait dans un temps de grande sérénité, dans un globe enfin gagné à "la paix perpétuelle" (Kant). Or le contraste est saisissant entre l'idylle que se racontent les Européens le droit, le dialogue, le respect, la tolérance et la tragédie que vit le monde alentour : la Russie plus agressive que jamais, l'Iran devenu puissance nucléaire, le Moyen-Orient déchiré, l'Afrique instable.

Mais l'Europe ne croit pas au mal : elle ne connaît que des malentendus à résoudre par la compréhension, la concertation. Elle n'aime pas plus l'Histoire : celle-ci est un terrain miné dont elle est sortie à grand-peine en 1945 et en 1989. Elle laisse à d'autres le soin d'en prendre charge, quitte à les critiquer violemment pour leur archaïsme. Les Européens croient avoir tout dit en érigeant le "plus jamais la guerre" en dogme intangible. …

La défiance qui pèse sur nos réussites les plus éclatantes risque toujours de dégénérer en haine de soi, en défaitisme facile. …

L'Europe de l'Ouest préfère globalement la culpabilité à la responsabilité : la contrition ne coûte rien et nous laisse les mains blanches. Prendre en charge le poids du monde aux côtés de nos alliés serait une autre paire de manches. Nous assumons en paroles tous les malheurs de la terre, du réchauffement climatique au tsunami : mais nous nous délectons de notre impuissance tranquille. Si demain Vladimir Poutine posait sa grosse patte sur les pays baltes, envahissait la Géorgie ou la Moldavie, l'Europe occidentale d'un seul souffle s'exclamerait : "Servez-vous." Comment sortir des pièges de la mauvaise conscience ? En rappelant que … Pas plus qu'il n'y a transmission héréditaire du statut de victime, il n'y a transmission du statut de bourreau : le devoir de mémoire n'implique pas la pureté ou la faute automatiques des descendants. Nous ne sommes pas coupables des atrocités commises par nos ancêtres mais de celles que nous laissons faire aujourd'hui par indifférence, passivité, complaisance aux tyrannies.

L'attention obsessionnelle aux abominations d'autrefois nous rend aveugles à celles du présent. Le crime de masse est la chose du monde la mieux partagée, même si la plupart des régimes se refusent à l'admettre. L'histoire ne se divise pas entre nations pécheresses et nations innocentes, mais entre démocraties qui reconnaissent leurs forfaits et dictatures qui les dissimulent en se drapant dans les oripeaux du martyr. …

… C'est à une véritable révolution mentale que nous devons consentir. Faute de quoi l'Europe se réduirait à un camp de vacances, à un sanatorium de luxe toujours prêt à abdiquer son indépendance pour un peu plus de calme et de confort avant le dépeçage final.

2005/06/12

Tous les points de l'argumentation avaient en commun un gallo-centrisme d'autant plus gênant qu'il était soit inavoué, soit totalement inconscient

En rejetant cette Constitution, les Français semblent exprimer la nostalgie d'une époque où leur influence dominante et leur identité au sein de cette Europe étaient garanties
écrit Philip Gordon dans Le Monde. Sur la même page des débats, Erhard Friedberg décrit Le gallo-centrisme, tare si française.
…n'est pas vrai tout ce qui se dit ! Le débat n'était pas exemplaire, il n'a pas amélioré le niveau de connaissances des Français sur l'Europe et certainement pas servi la cause de l'Europe en France.

C'est d'abord, naturellement, un reproche qui s'adresse aux partisans du non. Ils n'ont pas fait preuve d'information, mais de désinformation systématique. … C'était, au mieux, des erreurs ou des demi-vérités, au pire des mensonges purs et simples, inventés avec le seul souci de faire peur, et ainsi de faire gagner des voix à la cause sacrée du non.

Ces contributions n'ont pas favorisé un débat éclairé ; elles n'ont d'ailleurs pas cherché à le faire. Dans leur diversité, tous les partisans du non (de gauche, souverainiste et anti-étranger d'extrême droite) ont joué sur la peur, sur les réflexes de retrait sur l'Hexagone, sur la nostalgie du cadre étatique national.

Mais l'Autrichien francisé, professeur des universités et directeur du Centre de sociologie des organisations à l'Institut d'études politiques de Paris, fait valoir qu'en aucun cas la prise de position française "ne démontre une connaissance des réalités européennes"
Quant aux partisans du oui, ils n'ont pas davantage amélioré le niveau d'information des Français ni fait avancer la cause de l'Europe. Ce, pour la simple raison qu'ils ont centré toute leur argumentation autour de deux points, modulés différemment par les uns et les autres, mais qui avaient en commun un gallo-centrisme d'autant plus gênant qu'il était soit inavoué, soit totalement inconscient. Le premier de ces points a développé l'idée que la Constitution reflétait les conceptions françaises, qu'elle était en fait "française" et, à ce titre, acceptable et bonne.

Le second a porté l'idée que, par un vote positif, on "renforcerait la position française au sein de l'Europe" afin d'éviter que ne l'emportent les forces malignes du libéralisme et du marché (version du oui de gauche) ou les tentatives de nos partenaires de grignoter les avantages que la France retirerait de l'UE (version plus cynique du oui de droite).

Le message transporté par cette argumentation était bien gallo-centriste : il considérait comme acquise la supériorité des conceptions constitutionnelles et politiques de la France et impliquait une vision quelque peu dédaigneuse des discussions qui avaient permis le compromis final. Mais, derrière cette argumentation gallo-centriste, se développait une vision bien plus pernicieuse, dans la mesure où elle suggérait que l'Europe était un champ de bataille hostile, où la France devait constamment se défendre.

Le moins que l'on puisse dire est qu'une telle argumentation n'est pas propice à développer une image positive de l'Europe, à entretenir l'idéal de la construction européenne, dont les bienfaits l'emportent largement sur les contraintes. Les discussions, indispensables à la construction de positions communes et acceptables pour tous les participants, ne sont jamais présentées en France comme un enrichissement : on s'y réfère de manière dédaigneuse, comme s'il s'agissait d'un appauvrissement, voire d'un avilissement de la pureté et de la logique impeccable d'une proposition initiale.

La tendance est à brocarder le byzantisme de la bureaucratie bruxelloise, sans comprendre que le processus politique européen, pour complexe et sinueux qu'il soit, est souvent infiniment plus ouvert à la délibération, plus riche et diversifié que ne l'est le processus administratif et législatif français.

Au fond, le non-dit de cette campagne, partagée par la grande majorité de la classe politique, est une vision étroitement instrumentaliste et gallo-centriste de l'Europe. Celle-ci doit servir les intérêts français et refléter les conceptions françaises : dans cette seule mesure, elle est intéressante, à cette condition seulement elle est acceptable.

Le soir du référendum, sur un plateau de télévision, il y eut une belle illustration de cette arrogance française : un certain nombre de participants développaient des arguments s'appuyant sur le non français pour suggérer qu'il était désormais inutile de poursuivre le processus de ratification à l'échelle des Vingt-Cinq. La France avait parlé, elle avait dit non, il était tout simplement superfétatoire de continuer la procédure.

Lorsque le président du Parlement européen a calmement répondu que "la procédure de ratification allait se poursuivre, que la France décidait pour la France, mais qu'en Europe il y avait 25 pays, donc 25 processus de ratification", les réactions furent édifiantes. A peu d'exception près, dont celle de l'ancien ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, qui connaît bien l'Europe, on pouvait lire sur les visages des présents (y compris du journaliste) une expression d'étonnement, de consternation incrédule, voire un début d'irritation.

Comment ? L'avis de la France n'était pas plus important que celui d'un autre pays ? On ne reconnaissait donc pas à la France la capacité de parler pour les autres peuples ni celle de leur montrer le chemin (hors de l'enfer"ultralibéral", vers lequel conduisait tout droit le projet Constitution) ?

Perçait là tout un non-dit de la position française face à l'Europe, mélange d'arrogance, de condescendance de donneur de leçons et d'instrumentalisation pure et simple, une position qui est partagée bien au-delà des partisans du non au référendum du 29 mai.

2005/06/05

La campagne anti-guerre de Chirac et Schröder ne semble pas avoir profité auprès des électeurs, contrairement à…

Il y a quelque chose de curieux
dit Charles Kupchan, professeur à l'université Georgetown à Washington et directeur des études européennes au Council on Foreign Relations, à Corine Lesnes.
Chirac et Schröder avaent fait campagne de manière très nette contre la guerre en Irak, ce qui correspondait à l'avis de leurs opinions publiques. Cela ne semble pas leur avoir profité auprès des électeurs, alors même que la situation est mauvaise en Irak. Le président Bush, lui, a été réélu. Et pas seulement lui, mais aussi le premier ministre danois, le premier ministre australien, et Tony Blair en Grande-Bretagne, alors que de l'avis générale la guerre a mal tourné.

2005/06/01

"Les Néerlandais reprochent généralement à la France ce qu'il estiment être un anti-américanisme primaire"

La prochaine fois que Néron voudra construire une alliance anti-américaine, le premier ministre fera mieux de consulter ses partenaires européens et de lire le chat avec Jean-Pierre Stroobants, envoyé spécial du Monde aux Pays-Bas, mercredi 1er juin 2005 (débat modéré par Célia Mériguet et Guillaume Pélissier-Combescure).
Coolbens : Quelles sont les relations entre les Pays-Bas et les Etats-Unis ? Quel impact ont-elles eu sur le débat durant la campagne référendaire ? Les Néerlandais craignent-ils de devoir s'éloigner du partenaire américain ?

Jean-Pierre Stroobants : Les relations Pays-Bas - Etats-Unis, et plus généralement avec le monde anglo-saxon, sont une priorité pour la plupart des partis politiques. Il faut rappeler que les Néerlandais ont envoyé des troupes en Irak. Cette question n'a toutefois joué qu'un rôle mineur. Et si l'on reparle de l'influence du non français, on peut souligner que les Néerlandais reprochent généralement à la France ce qu'il estiment être un anti-américanisme primaire.

2005/05/27

Union européenne : les contribuables doivent placer les technocrates sous contrôle

Quelle que soit l’issue du scrutin, les actions que [les Contribuables associés auront] à mener à l’avenir, au niveau européen, ne varieront pas d’un iota. Si le « oui » l’emporte, l’Europe ne se libérera pas pour autant de son carcan technocratique. Et si, au contraire, le «non» l’emporte, cela n’empêchera pas non plus les hauts fonctionnaires de Bruxelles, en « bons » bureaucrates, de tenter d’élargir leur pouvoir d’intervention.

2005/05/25

Politique Américaine

Politique Américaine est une revue consacrée aux affaires et contemporaines aux Etats-Unis. Publiée trois fois par an, la revue examine les enjeux intérieurs et de politique étrangère américaine.

Parmi les dix plus grands «think tanks » en France (selon L'Expansion), l'Institut Choiseul pour la politique internationale et la géoéconomie (anciennement Institut européen de géoéconomie) est un centre de recherche indépendant basé à Paris consacré à l'analyse des relations internationales, des stratégies et des rapports de force dans les domaines économiques, politiques et culturels internationaux.

Éditeur spécialisé dans les revues intellectuelles consacrées aux questions régionales et internationales, Choiseul éditions publie aussi les revues suivantes : Géoéconomie, Maghreb-Machrek, Problèmes d'Amérique latine, Nordiques, et Monde chinois.

(Thanks to e-Nough)

2005/05/10

Preuves de l'exigence d'un journaliste modèle du Monde qui défendait toutes les bonnes causes

Avec Claude Julien disparaît l'un de ces hommes de caractère et de conviction, l'un de ces journalistes incisifs et exigeants qui ont marqué l'histoire du Monde, puis du Monde diplomatique
writes Jean-Marie Colombani in person at the end of Claude Eveno's obituary of a Le Monde journalist which says a lot about the independent daily's values and orientation.
Homme de conviction et journaliste de talent, Claude Julien laisse le souvenir d'une forte personnalité, passionné par son métier et par les causes qu'il défendait.
Tout en respectant solennellement la mort d'un homme, sommes-nous autorisés à lire le papier le concernant avec un regard critique et à nous demander in what ways exactly, dans les yeux des pachas du Monde, was Monsieur Julien a man of conviction and a talented journalist, un journaliste incisif et exigeant?
Claude Julien s'impose comme le spécialiste de l'Amérique du Nord. Ses reportages aux Etats-Unis tiennent en haleine les lecteurs.

…Quand le temps lui reste, il accomplit lui-même des périples, comme celui qu'il fit à Cuba à l'occasion du premier anniversaire de la révolution castriste, "Cuba, ou la ferveur contagieuse" (Le Monde du 17 au 23 mars 1960), qu'il publie en 1961 sous le titre La Révolution cubaine.

Très intéressé par le Canada, qui lui apparaît comme un des bastions de résistance à l'impérialisme américain, il le parcourt pour Le Monde, ses reportages étant regroupés dans un livre, Le Canada, dernière chance pour l'Europe (1965). Mais son plus grand succès de librairie, Claude Julien le doit à sa parfaite connaissance des Etats-Unis dont il décrypte, en 1968, la volonté de puissance dans L'Empire américain

En 1969 … Claude Julien est tout naturellement nommé chef du service étranger. … il est nommé rédacteur en chef du Monde diplomatique en 1973.

…Claude Julien en fait un organe incisif qui offre à la fois des analyses fouillées des grands problèmes internationaux, sociaux, économiques et culturels, et des critiques qui n'épargnent personne.

Surtout, il est certain, il est indéniable qu'on pouvait compter sur le Monde diplomatique pour écrire des critiques qui n'épargnaient aucunement les nations comme l'Union Soviétique, la Chine populaire, et autres pays de l'Est, voire des pays comme le Vietnam du Nord ou… le Canada ou encore …Cuba…

2005/05/04

Bruce Willis, homme qui ne cède pas aux cris d'alarme des médias environnants

…l'acteur qui aime à se définir comme "un garçon simple du New Jersey" est un homme de valeurs. Des valeurs républicaines en l'occurrence
peut-on lire dans l'article d'Isabelle Regnier sur Bruce Willis, tout en se demandant pourquoi il semble que ce n'est que parmi les stars du show-biz à qui Le Monde veut bien donner la parole aux supporters de W.
En 2003, il était allé soutenir les soldats américains en Irak. "J'ai vu là-bas beaucoup de choses que les médias américains refusaient de montrer", confie-t-il, l'air grave. Par exemple ? "Le peuple irakien était heureux de l'arrivée des Américains. L'armée rétablissait l'eau, l'électricité, rouvrait les écoles... Quand on pense qu'Hitler a fait tant de désastres en imposant un régime terroriste pendant dix ans. Saddam, lui, est resté trente ans ! Il brutalisait son peuple, il le gazait aussi."

A l'exception de Fox News, "la seule chaîne qui ait eu le courage" de rendre compte de son témoignage, "les médias américains sont vraiment trop "libéraux"". Il leur en veut, beaucoup, de n'avoir pas rendu compte des "réelles motivations de cette guerre". "Ce n'est évidemment pas pour le pétrole que les Américains se sont battus. C'est pour apporter sur place l'économie de marché. Et, jusqu'à présent, tous les pays où l'on a apporté l'économie de marché prospèrent !"

Il croyait tellement à cette guerre qu'il aurait voulu s'y battre, soutient-il, mais son âge — 50 ans — l'en a "malheureusement" empêché. Depuis que George W. Bush l'a nommé ambassadeur de Foster Care, une association qui oeuvre en faveur de l'adoption d'orphelins, il se console. Parce que la famille, Bruce Willis ne le dira jamais assez, "c'est ce qui compte le plus".

2005/05/01

Un livre critique du Monde est cité dans le quotidien, mais pas dans la section des livres et ...un an après sa parution

Ce n'est pas pour rigoler que François Jourdier (Toulon) a envoyé depuis douze ans quelque... quatre cents lettres au Monde !
s'exclame Robert Solé dans sa chronique du médiateur, dont la citation du livre critique de ce même lecteur pourrait inciter à une certaine admiration, si cette mention du livre n'était pas la première, et la seule, à paraître dans le journal indépendant depuis la parution dudit livre il y a presque …un an. Et cela, dans la chronique du médiateur, et ni dans la section littéraire ni sur la page des médias.
N'ayant pas été souvent cité, il a fini par publier un recueil de ces textes, puis un vrai livre, préfacé par Wladimir Volkoff (La Désinformation et le journal Le Monde, Editions du Rocher, 2004). On est là dans un tout autre registre que les lecteurs précédents.

"Je lis Le Monde depuis des années, écrit M. Jourdier dans son livre. C'est un journal fort intéressant : on y trouve tout. On y trouve tout mais présenté, interprété, voire déformé en fonction d'a priori, de jugements, de condamnations fondés sur une conception du monde profondément marquée par le trotskisme et Mai-68. (...) Le Monde a toujours raison, ce sont les événements qui ont tort."

Que reste-t-il alors de nos amours européennes ? Sinon des lois, lois-cadres et des règlements…

Dira-t-on plus tard de l'Europe, comme le fit William Pitt à propos de la France de 1789, qu'elle a «traversé la liberté» ?
demande, dans Le Figaro, Yves Roucaute qui, contrairement à la majorité des Européens, semble avoir lu le texte intitulé Consitutution européenne. (Soyez gentils et adressez-lui vos sympathies…)
Il arrive que, perdus, nous n'ayons pas tant à trouver le bon chemin qu'à nous écarter du pire. Refuser la Constitution ? Voilà, je le sais, qui sera interprété par les courants anti-européens comme une victoire. Et beaucoup d'amis de la liberté s'inquiètent déjà de l'échec de cette Union qui, seule, paraît en mesure de secouer les archaïsmes français par le jeu de ses trois piliers : le technocrate, le juge et l'universitaire. Faudrait-il l'accepter, alors ? Je crains que le pari non démocratique d'hier ne soit forclos aujourd'hui.

Une victoire du oui annoncerait une déroute stratégique bien plus grave pour l'esprit qu'on ne l'imagine, et la certitude d'un grand désordre futur face à une Constitution rigide qui n'autorisera plus les populations qu'à se soumettre ou à se démettre. Disons-le sans fard : ce «traité établissant une Constitution européenne» n'oppose en aucune façon pro-européens et anti-européens. Encore moins libéraux et socialistes.

Nous reproduisons un débat qui vit s'affronter, lors de la construction des États-Unis, les partisans d'un centre politique et administratif fort, aux amis de Jefferson, favorables à la liberté des Etats et des individus. Peut-être devait-il un jour avoir lieu en raison de la force, jusqu'ici positive, du «parti technocratique».

Droits individuels ? Dès le préambule, le projet évoque vaguement les «héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe». Un peu plus loin, dans une confusion conceptuelle déroutante, la Constitution se réfère aux «valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme». Plus loin encore, perpétuant la confusion, sont évoqués droits fondamentaux et citoyenneté de l'Union.

L'esprit du Léviathan rôde. Il ne se lit pas seulement par son incroyable monstruosité, dépassée par la seule Constitution indienne. Il hante le texte dès la phrase d'exergue qui ouvre le projet : «Notre Constitution... est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d'une minorité mais d'un plus grand nombre.» Le droit de propriété (article 76) ? Certes, mais seulement «conformément au droit de l'Union et aux législations et pratiques nationales». Il suffit donc d'une majorité changeant sa législation nationale pour limiter ce droit naturel. Limiter ? Abroger aussi. L'article suivant précise : «Nul ne peut être privé de sa propriété si ce n'est pour cause d'utilité publique, dans des cas et conditions prévus par une loi.»

L'«utilité publique» ? Une belle idée qui avait naguère procuré des débouchés insoupçonnables aux spécialistes encartés de l'utilité publique en Europe de l'Est. Le droit de se réunir (article 72) ? Seulement si la réunion est jugée «pacifique» ; les communistes soviétisés qui interdisaient les réunions ne prétextaient pas autre chose. Le droit de se marier, de fonder une famille (article 69) ? Ils sont «garantis selon les lois nationales qui en régissent l'exercice», et les lois nationales variant bien fol qui s'y fie... Le droit à l'éducation, de créer des établissements libres (article 74) ? Seulement «selon les lois nationales qui en régissent l'exercice». Il suffira donc d'une majorité qui vote une loi pour imposer à tous un type d'école religieuse ou bien, à l'inverse, l'interdire à tous...

Incroyable recul de la liberté. Toute l'histoire contemporaine de l'Europe est d'avoir tenté de poser les droits naturels hors de portée des tyrannies individuelles ou majoritaires afin que plus jamais ne soient possibles la Shoah et le goulag, afin que nulle violation des droits individuels ne puisse se produire sous couvert d'une décision majoritaire. Nul n'a juridiquement raison parce qu'il est politiquement majoritaire.

Ce retour en arrière qui se lit jusque dans la prétention de ce projet de «constituer» des droits naturels. Jusque dans l'insensé projet de placer la charte des droits en partie II, après la définition des organes de pouvoir. Or, les droits ne se constituent pas, mais se déclarent. Ils sont déjà là, donnés avant nous, par la nature ou le Créateur. Ils sont un quelque chose qui était là de toute éternité, qu'il faut dé-couvrir. Aucun individu, aucune minorité, aucune majorité ne peut les discuter. Ils précèdent la Constitution et l'organisation des pouvoirs qu'ils contrôlent, comme l'ont toujours pensé les amis de la liberté, et cela depuis les premières «Déclarations» de droits, en passant par les «Déclarations» américaines ou celles qui ont été votées après la chute des forces brunes puis rouges dans l'Europe de l'Est.

On comprend mieux la confusion des droits naturels avec les droits politiques et sociaux qui, eux, se constituent. On saisit mieux l'absence de référence aux valeurs judéo-chrétiennes. … Au lieu de Locke ou Voltaire, de Jefferson ou Burlamaqui, le «parti technocrate» a choisi Hobbes et Rousseau. Au lieu d'un centre politique contrôlé, il a élu le contrôle du centre.

Conception cavalière des droits individuels d'un côté, renforcement jacobin des pouvoirs du centre de l'autre. Les compétences de l'Union, me dit-on, sont de trois ordres : compétences exclusives (politique monétaire, commerciale commune, union douanière...), celles qui sont du domaine apparemment exclusif des Etats (industrie, protection et amélioration de la santé, éducation, formation et jeunesse, sport, culture, protection civile) et, les plus importantes, les autres, dites «compétences partagées». Quel est le principe de la compétence partagée ? «Les Etats membres exercent leur compétence dans la mesure où l'Union n'a pas exercé la sienne ou a décidé de cesser de l'exercer.»

Ainsi, par un coup d'État européen non annoncé, seule l'Union décide. Marché intérieur, agriculture et pêche, espace de liberté, sécurité, transport, réseaux transeuropéens, énergie, politique sociale, emploi, cohésion sociale, cohésion économique, territoriale, environnement, protection des consommateurs... l'Union se donne en même temps (article 14) compétence pour coordonner la politique économique des Etats, offrir les «grandes orientations de ces politiques», les lignes directrices et la coordination des politiques de l'emploi des Etats membres...

Ajoutez à cela l'idée d'une majorité qualifiée, la possibilité d'une flexibilité sur les droits apparents des Etats et les «actions d'appui et de coordination» que l'Union pourra s'autoriser avec ses autres compétences, que reste-t-il alors de nos amours européennes ? Sinon des lois, lois-cadres et des règlements ?

Pourtant le parti technocratique lui-même serait bien inspiré de se méfier. Pour asseoir son pouvoir, il a ouvert une terrible boîte. Imaginez demain que du vote des urnes sorte une majorité tyrannique ? Impossible, dites-vous ? Priez alors car l'Europe est coutumière du fait. Je ne parierai pas ma liberté sur votre insouciance. Crise économique, crise sociale, crise morale, qui sait ce que demain sera ? Le pire n'est certes pas certain, mais prévoir l'incertain peut nous garantir du pire. Et n'est-ce pas là le premier rôle d'une Constitution ? Affaiblissement du centre, principe de subsidiarité et garantie des droits individuels, telles sont les conditions de l'Europe de la liberté. Je ne souhaite pas que l'Europe traverse la liberté mais qu'elle l'épouse. Ou la souveraineté des individus précède celle des Etats et des peuples ou la liberté n'est qu'un mot mis sur les fers.