2011/05/30

Trois leçons de l'affaire DSK

Le déferlement de l'affaire DSK des deux côtés de l'Atlantique a fait voler en éclats quelques solides tabous et révélé au grand jour ce que le public perçoit comme des codes tacites en vigueur dans l'univers des élites politiques françaises, avec la bénédiction des médias
Ainsi commence l'analyse de Sylvie Kauffmann dans Le Monde (tandis que Irène Théry lance un appel pour un féminisme à la française).
… trois leçons peuvent déjà être tirées.

Le retour du différend transatlantique Dans les médias américains, les Français sont à nouveau à la fête, peuple de "hot rabbits" dirigé par des politiciens prédateurs, qui prétend avoir fait la Révolution en 1789, mais ne supporte pas de voir ses élites traitées comme le commun des mortels. Au mieux, de manière générale, nous préférons fermer les yeux sur les comportements délictueux de notre classe dirigeante : c'est une question de culture. …

L'hypocrisie française C'est un fait difficilement contestable : en considérant le comportement privé de la classe politique comme hors sujet, même lorsqu'il jette une ombre évidente sur la personnalité de l'élu ou du ministre, la presse ne fait pas son travail. Déjà soupçonnés de collusion avec les élites, les journalistes font aujourd'hui figure d'accusés, coresponsables d'une omerta que découvre le grand public. …

Nous avons une loi interdisant l'atteinte à la vie privée, mais nous n'avons pas de loi sur la liberté de l'information sur le modèle de celle qui, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, force l'administration à s'ouvrir. Lorsqu'il y a évolution en la matière, c'est sous l'effet de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Les fameux "communicants", officines de contrôle de l'image des hommes politiques et des PDG, ont acquis en France un pouvoir inégalé dans les pays occidentaux, court-circuitant les classiques directions de la communication. Ils ont créé des règles du jeu toujours plus restrictives et les journalistes s'y sont pliés. …

L'hypocrisie française, c'est aussi une façon de ridiculiser l'intégrisme américain sur les relations hommes-femmes, l'égalitarisme forcené, les procédures mises en place pour décourager le harcèlement sexuel, puis de se scandaliser que l'on ait passé sous silence les mauvaises habitudes de nos hommes de pouvoir. Pourquoi Tristane Banon n'a-t-elle pas porté plainte après sa violente rencontre avec DSK, en 2002 ? Parce qu'elle ne voulait pas être "la fille qui a eu un problème avec un homme politique ". Le message est clair : notre société réprouve ceux — et surtout celles — qui détruisent l'image des hommes de pouvoir.

L'exigence de la parité Soudain, les langues se délient. Journalistes et collaboratrices des hommes politiques racontent la "séduction" masculine au quotidien, et surtout ses dérives. Sans tomber dans le puritanisme, il existe un remède à ces dérives : la parité hommes-femmes.

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