2010/07/16

Les Médiateurs : Ni des juges, ni des défenseurs, ni des procureurs, mais « Des veilleurs, des balises qui signalent comment les vents se présentent »

Dans l'article principal (et de couverture) du quotidien Le Monde Télévision, sur les médiateurs (Médiateurs Mal-Aimés), Jean-Baptiste de Montvalon écrit que :
Il est symptomatique que les médiateurs se définissent d'abord par ce qu'ils ne sont pas. « Il ne faut pas se prendre pour un procureur », explique la médiatrice de France 3, -Marie-Laure Augry. « Je ne suis pas un juge. Ni un défenseur de la télévision, ni un procureur », ajoute Alain Le Garrec, médiateur des programmes à France Télévisions. Alors quoi ? « Des veilleurs, des balises qui signalent comment les vents se présentent », avance Marie-Laure Augry.

Ces phares sont généralement érigés après la tempête : comme le rappelle le sociologue Jean-Marie Charon dans l'entretien qu'il nous a accordé, ce sont des crises de confiance qui ont incité l'Etat à instaurer cette fonction dans l'audiovisuel public. La nomination d'un médiateur est d'abord une réponse au désaveu du public, avant d'être l'anticipation d'éventuels malentendus.

[À TF1,] Jean-Marc Pillas … reconnaît les limites de sa fonction. « Je ne suis pas au-dessus des lois de l'entreprise. Je ne suis pas payé pour mettre en danger l'image de la chaîne », dit-il.
Dans un entretien avec Jean-Baptiste de Montvalon, Jean-Marie Charon ajoute que
Les médiateurs sont exposés à deux risques principaux : se heurter jusqu'à une sorte de point de non-retour avec la hiérarchie de la rédaction ou, à l'inverse, se transformer en porte-parole de leur média, trop proches du marketing. … Il y a … eu des médiateurs trop discrets ou trop soucieux d'expliquer le travail de leurs collègues.
"France 2 a choisi, en 2008, d'interrompre la diffusion de « L'hebdo du médiateur ». Une telle fonction a-t-elle un sens si elle ne dispose pas de visibilité à l'antenne ?"
La disparition du médiateur de l'antenne de France 2 est une véritable régression. En faisant preuve d'une telle frilosité, les directions de l'audiovisuel public vont à contresens de l'histoire des médias, de leurs médias, au moment où sur Internet le public manifeste un vif engouement pour une prise de parole, qu'il s'agisse de commentaires des contenus proposés, de recommandations, de classements, de propositions de contenus.
"Un médiateur qui s'efforce d'assumer sa fonction risque de déranger une direction et d'agacer une rédaction, sans pour autant satisfaire les auditeurs ou les téléspectateurs. Ne s'agit-il pas d'une mission impossible ?"
La presse américaine a dégagé depuis longtemps quelques pistes qui me paraissent toujours valables. Un médiateur ne peut jouer utilement son rôle que dans une durée limitée et définie dès le départ. Il doit être hors hiérarchie rédactionnelle et dépendre directement de la direction du média. Ce doit être un senior, reconnu dans sa compétence, son expérience, sans ambition de carrière. Nombre de journaux américains préféraient appeler quelqu'un d'extérieur, n'ayant pas de passif ou d'amitiés au sein de la rédaction. La question peut se discuter, la plupart des médias français ayant préféré faire appel à l'un des leurs. C'est une mission difficile, mais plus nécessaire que jamais !

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