2012/06/13

Royal et Trierweiler, les femmes du président

Entre film muet et soap opera…

… Tout au long de la campagne électorale, les équipes de François Hollande, les collaborateurs de Ségolène Royal, se concertent sans cesse pour éviter que les deux femmes ne se croisent dans les meetings.
Article superbe de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin sur Royal et Trierweiler, les femmes du président.
CRUELLE

Quand il arrive … à Paris, place de la Bastille, le nouveau président salue la foule, et applaudit en compagnie des figures socialistes le succès de la gauche. Puis quitte soudainement sa place pour embrasser affectueusement sur les deux joues Ségolène Royal, l'ancienne candidate malheureuse de 2007, la mère de ses enfants. Lorsque le nouveau chef de l'Etat revient à sa place, Valérie Trierweiler se glisse près de lui et le presse : "Embrasse-moi sur la bouche."

Quelques jours plus tard, elle mettra les choses au point pour les Français : "Elle est la femme politique, je suis la femme du politique." Et, cruelle, à l'attention du monde entier, dans le quotidien britannique The Times : "Il n'y a plus d'histoire sentimentale entre eux depuis sept ans." Autant dire depuis 2005, deux ans avant la séparation officielle du couple Hollande-Royal.

"CONFUSION"

Il faut se méfier des soirs d'élection présidentielle : ils sont souvent comme les scènes d'exposition des années à venir. Ce 6 mai 2012 sera-t-il le générique d'un mauvais vaudeville où François Hollande devrait s'accommoder de la rivalité de ces deux femmes, l'une compagne de son histoire passée, l'autre de sa vie présente ?

"Président normal", avait annoncé le candidat du PS. Sa promesse résonnait comme une rupture avec son prédécesseur - son ultraprésidence, la surexposition de son intimité et de sa famille. "Il y a des trucs que Sarkozy a tués, notamment l'affichage permanent du conjoint. Les Français ne supportent plus cette confusion du privé et du public", confiait-il au Point le 24 février 2011. Un an et quelques tweets plus tard, le pari est déjà raté.

Lire : Le conflit entre Trierweiler et Royal trouble la présidence Hollande

Lire aussi : Le tweet de Trierweiler "nous ramène à certains errements du sarkozysme"

Pour comprendre l'intrigue du petit drame politico-sentimental qui se noue, il faut remonter l'histoire politique sept ans en arrière. Nous sommes en 2005, quelques mois avant la première primaire socialiste. Ségolène Royal appelle les uns après les autres les plus proches amis du couple qu'elle forme, depuis leurs années étudiantes à l'ENA, avec François Hollande. "Tu as vu les sondages ? Ceux de François ? Les miens ?", demande-t-elle à Jean-Pierre Jouyet et à d'autres, qui finissent par comprendre qu'elle les somme de choisir entre eux lequel sera le candidat à la présidentielle. Voilà que s'enclenche ce qui restera l'un des secrets les mieux gardés de la campagne de 2007 : si Ségolène se présente, c'est aussi pour se venger d'un François Hollande qui l'a trahie.

Fin d'un couple, début d'une haine ordinaire. Les deux femmes ont pourtant bien des choses en commun. Une beauté classique à la française, des racines provinciales et un caractère autoritaire. Mais il y a, d'un côté, une femme blessée, qui n'entend pas tout perdre, y compris ce qu'elle croit être son destin politique. De l'autre, une compagne qui considère que Ségolène Royal a empêché, en le devançant, François Hollande de se présenter à l'élection présidentielle de 2007. "Vous n'avez aucune idée de tout ce qu'elle m'a fait !", répète la journaliste pour justifier ses préventions à l'égard de "l'ex".

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