Devant la Turquie, l'Europe [béni-oui-oui] dit s'il vous plaît. Deux exemples : le Parlement européen voyait naguère, dans le refus d'Ankara de reconnaître le génocide arménien, «un obstacle incontournable à l'examen d'une éventuelle adhésion de la Turquie à la Communauté». Aujourd'hui, face au négationnisme du premier ministre turc, l'Union lui souffle juste de faire un geste, pour dépasser «l'expérience tragique du passé». Pareillement, elle n'ose exiger de l'inflexible Recep Erdogan la reconnaissance préalable de Chypre, membre de l'UE, partiellement occupée par l'armée turque depuis 1974. Surtout ne pas fâcher le chatouilleux invité.
Les faits sont là : l'Europe, qui devrait confirmer aujourd'hui son accord à l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie, s'est soumise aux humeurs d'Erdogan. … Quelque chose ne tourne pas rond dans cette Union subjuguée, prête à brader sa culture et son histoire pour se rendre agréable à un partenaire économique ne faisant pas mystère de son «islamisme modéré» … L'historien devra, demain, démonter les mécanismes de cette suggestion collective, qui aura converti les plus hauts dirigeants européens. Au point d'en oublier les invasions ottomanes qui terrorisèrent l'Europe et de laisser dire, en revanche, que, «pendant deux siècles, les Européens ont envahi et colonisé l'Orient avec des canons».
Relire Victor Hugo. Il rappelle, dans Les Orientales, ce que furent les massacres des Turcs commis à Chios (Grèce) en 1822. … Pourquoi vouloir à tout prix réécrire une histoire irénique, où nous serions tous, selon Jacques Chirac, «enfants de Byzance» ?
Les étourdis s'enchantent de ces fiançailles imposées avec ce grand pays d'Asie (près de 100 millions d'habitants en 2050). Ils sont persuadés qu'il se pliera aux règles des démocraties occidentales, et notamment celles qui garantissent la liberté de penser et l'égalité devant la loi. … Au nom du «respect de l'autre», l'Europe bonasse ne se pose pas ces questions.
Un insidieux endoctrinement, appuyé par la vision inoffensive d'un libre marché élargi, veut faire croire que l'islam, force de paix, sauvera l'Europe menacée. A condition que celle-ci s'associe à une Turquie «rempart contre l'islamisme» et s'ouvre plus généralement à la culture musulmane. … La réalité peut être vue ainsi : l'Europe est disposée à vendre son âme pour avoir la paix. Au nom du sympathique dialogue entre les cultures et de l'émouvante réconciliation entre les peuples, ses dirigeants parient les yeux fermés sur une laïcisation des valeurs, des modes de vie et des règles de la Turquie au contact de l'Occident, alors qu'ils n'en savent strictement rien. Et la France, par l'intermédiaire de Jacques Chirac, participe à cette prise de risque en poursuivant son même souci, déjà apparu lors du conflit irakien, de consolider les liens avec le monde arabo-musulman.
Cependant, les Français ne suivent plus leur président. La connivence apparue sur le dos des Américains est rompue. … Certes, le président de la République a redit, mercredi soir sur TF 1, que l'ouverture des négociations ne signifiait pas l'adhésion automatique. Mais il n'est pas certain que les citoyens, tenus à l'écart, se rassurent à si bon compte. Même le Libyen Kadhafi a admis hier que la Turquie sera «le cheval de Troie» du monde islamique dans l'Union. Si l'Europe devait confirmer aujourd'hui son feu vert en se pliant ainsi aux menaces de rupture d'Erdogan, ce qui semble plus que probable, les électeurs n'auront plus que le référendum de 2005 sur la Constitution européenne pour faire entendre leur déception.
Mises en garde
«Propagande islamiste» : c'est par cette expression que le grand intellectuel protestant Jacques Ellul désignait, dès 1983, «la création de mosquées partout, même en URSS, la diffusion de la littérature et de la culture arabes, la récupération d'une histoire». «L'islam, notait-il, se glorifie maintenant d'avoir été le berceau de toutes les civilisations (...) L'islam, origine de toutes les sciences et de tous les arts, c'est un discours que nous entendons constamment.» Ce texte avait été écrit en préface à un livre de Bat Ye'or, spécialiste des minorités religieuses dans les pays d'islam. A Paris cette semaine – elle vit en Suisse – Bat Ye'or estime que nous assistons, au-delà du problème turc, à l'harmonisation d'une politique européenne «suicidaire» visant à faire entrer les pays arabes dans la future «Eurabia», sans que l'opinion en soit tenue informée. Selon l'historienne, le but recherché par la Commission européenne, singulièrement depuis la présidence de Romano Prodi, est le «changement de la culture européenne», afin qu'elle puisse assimiler l'islam. Cette création d'un ensemble euro-arabe passerait, comme le démontrent des documents, par l'affirmation de l'antiaméricanisme européen et par la lutte contre Israël.
… Il faudrait faire l'inventaire des erreurs, imprécisions, faux scoops, rapprochements tendancieux, calomnies, qui auront été trop souvent publiés à cause d'enquêtes journalistiques trop rapides, exploitant des rumeurs, des silences, des informations partielles. … Oui, les médias doivent aussi savoir se taire. …
Révélations sur le politiquement correct, les partis pris et le refus de mettre en doute les grandiloquences auto-congratulatoires des autorités (avec preuves à l'appui) qui sévissent dans le journal de référence, Le Monde, et dans d'autres médias français…….Bilingual Documenting and Exposing of the Biased Character of French Media, Including its Newspaper of Reference, Le Monde
2004/12/18
Une Union subjuguée, prête à brader sa culture et son histoire pour se rendre agréable à un partenaire économique
Ivan Rioufol dans son bloc-notes :
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