2005/11/24

Ce n'est pas dans les pays capitalistes que l'argent est le maître du jeu ; c'est dans les sociétés soi-disant solidaires et compassionels

Le socialisme est la société d'aliénés intégrale. L'homme y est un loup pour l'homme, c'est à celui qui tirera les plus beaux dividendes de l'oppression fiscale. L'argent est le maître du jeu, la valeur ultime : il se substitue aux liens naturels entre les hommes. Le socialisme n'apporte pas plus d'humanité, il en enlève. Il n'ajoute pas du spirituel au matériel, il transforme le spirituel en matériel. De sentiment, la solidarité devient argent ; de sentiment, la compassion devient argent.
écrit Citoyen Durable (thanks to Carine and RV).

Lire pourquoi

Deux poids, deux mesures

George Booze.

Julien.

Raoul.

Nero.

Rémi.

Mr M.

Bof.

Vous devriez tous avoir honte d'etre nés... Si vous aimez pas la France alors cassez vous et nous faites pas chier
Sommes-nous dans le pays cartésien du dialogue, du débat, et de l'ouverture, ou ne le sommes-nous pas?

Ou alors sommes-nous dans le pays où la seule règle qui vaille, le seul argument qui vaille, est celle ou celui qui dit, ipso facto, la culpabilité de l'Amérique est toujours le pire?

Sommes-nous dans le pays où l'on peut réfléchir, et dire, et croire, ce que l'on veut, mais seulement du moment qu'on arrive à la conclusion sine qua non que l'Amérique est le grand Satan et que, dans tous les cas, la France a la meilleure (ou la moins pire) des sociétés?

Sommes-nous aussi dans le pays ou l'ironie, la colère, ou le mépris font valeur d'arguments?

Quel est le message que tient la France (ou une grande partie de la France) par rapport aux États-Unis?

Que leur leaders sont fourbes, n'est-ce pas?

Que les sujets de ceux-ci sont aveugles, n'est-ce pas?

Que les dirigeants américains avaient des raisons inavouées pour leurs actions vis-à-vis du régime de Saddam Hussein, et si les pauvres Américains bornés (et bernés) avaient seulement voulu être ouverts et écouter les Français lucides, on aurait évité bien des problèmes.

Dans cet etat d'esprit, d'ailleurs, les Français sont descendus manifester dans la rue, et ils ont encensé leurs dirigeants par des phrases du genre

Chirac, au moins, il avait les couilles de s'opposer a Bush
Quant a nos posts dont le message était essentiellement qu'il fallait voir toute chose dans son contexte, et se poser des questions du genre "quelles etaient les vraies raisons de Paris pour s'opposer à l'Amérique (ou à Bush)", on nous les attribuait a un amour aveugle pour l'Amérique, à une inféodation totale pour Deubeliou, et à une haine non avouée pour la France.

Bien. Maintenant, nous apprenons que (pour être diplomates) les leaders français n'ont peut-etre pas été totalement honnêtes (tant avec leur propre population qu'avec leurs interlocuteurs étrangers), que les citoyens fiers de la politique d'opposition de ceux-ci ne connaissaient pas toute l'histoire, et, plutôt que de se référer à la guerre pour le pétrole (cet hyperlien date d'avril 2004), qu'il serait plus juste de parler de défense de dictateurs sanguinaires pour le pétrole.

Et comment réagissent les moqueurs, les cyniques, les visionnaires, les gens lucides, les cartésiens capables de raisonner calmement?

Font-ils ne serait-ce qu'une tentative minuscule de percevoir la situation dans le Moyen-Orient différemment? (Pas nécessairement sur ce blog, ni même sur le web, mais dans la société en général.)

Non, ils… continuent leur hargne sur l'Amérique de plus belle.

Comble du toupet, George Booze dit que c'est a nous de repondre aux attaques (toujours personnelles)!

George Booze, tu n'as rien compris.

Qu'avons-nous à prouver? Rien. Nous le savons : nous sommes fourbes, intolérants, haineux, aveugles, de mauvaise foi. C'est ce que vous disiez avant, c'est ce que vous dites maintenant, c'est ce que vous direz toujours.

C'est aux Français (ces êtres raisonnables, logiques, lucides, tolérants, solidaires, et pacifistes) de nous convaincre, nous (ainsi qu'à eux-mêmes et le reste du monde) à quel point ils l'étaient, justement, raisonnables, logiques, lucides, tolérants, solidaires, et pacifistes.

Dans le film Music Box de Costa-Gavras, une jeune avocate est appelée à défendre son père, injustement accusé de crimes contre l'humanité durant la Seconde Guerre Mondiale). Elle prépare une défense brillante contre les infâmes extrêmistes qui ont intenté le procès, sauf que le doute commence à s'installer dans son esprit au fur et à mesure de ses recherches pour le procès. Bientôt elle aura des choix très personnels à prendre…

Est-ce que tu crois tout ce qu'on te dit?!
me demande-t'on souvent. D'autres fois, des gens coléreux m'ont interpellé, en me crachant : "Je vais t'en apprendre, des choses, sur ton pays." Et de faire la liste des péchés de l'Oncle Sam… (Jamais les personnes de ce type ne semblent prendre conscience du fait que cette liste je la connais déjà et, surtout, du fait que si nous (tant moi que lui) connaissons cette liste de péchés, c'est précisément dû, en grande partie, à une certaine ouverture de la société américaine.)

Ce qui est intéressant avec la question rhétorique, "Est-ce que tu crois tout ce qu'on te dit?!", c'est qu'elle s'applique toujours aux autres. Elle ne s'applique jamais à soi-même… Plus particulièrement, elle s'applique toujours à ceux qu'on méprise — pour les Français, les Américains. Elle s'applique beaucoup plus rarement aux Français eux-mêmes.

Une des raisons d'être de ce weblog est de donner des exemples du contraire — en d'autres mots, du fait qu'en France, il ne faudrait peut-être pas croire en tout ce que l'on vous dit (tant sur vous-mêmes que sur les Américains que sur le reste du monde). Or, quand nous faisons cela, on nous répond que c'est la haine qui nous pousse. Ou l'obsession. Ou le racisme. Ou l'inféodation à Washington. Ou la perte d'un boulot. Ou (c'est mon exemple préféré) l'échec des tentatives de ramener des filles au lit. Alors qu'à priori, ils n'en savent rien — pas plus que vous et moi. L'idée que cela puisse être la recherche du savoir (ne fût-ce que partiellement) est évidemment (sourires entendus) à écarter d'office.

Quand nous avons évoqué la divulgation de certains secrets français après la Seconde Guerre Mondiale, un internaute, par exemple, a défendu le fait qu'on en contrôle l'accés aux secrets, et cela, alors que l'importance de la divulgation était justement que c'était une info inconnue, et qui l'est, parce que le gouvernement l'avait (et les individus qui le composaient l'avaient) jusqu'alors tenu secret, tant pour les étrangers que pour ses propres concitoyens.

J'ajouterais que l'article vient du Guardian, qui n'est connu ni comme étant pro-guerre en Irak ni comme étant pro-Bush — bien au contraire, le quotidien suit tout à fait la France dans ce domaine-là. Or, il suffit que l'on écrive un article sur la France (j'ai failli écrire "contre" la France) qu'ils réagissent automatiquement — alors qu'à priori ils ne connaissent rien à l'affaire. Ils n'en savent pas plus que moi ou qu'un autre, et pour cause, puisqu'on le leur (puisqu'on le nous) l'aurait caché. Et cela, alors que les Français n'aiment rien de mieux que de dire qu'ils ne sont pas contre l'Amérique — au contraire, ils adorent les Américains — ce n'est que contre Bush et sa politique qu'ils sont. Et pourtant, nos détracteurs agissent ainsi par amour de leur pays.

Le fait — hypothétique — d'admettre, par exemple, les vues erronées ou les partis pris du quotidien de référence, n'implique pas nécessairement une attaque sur la France, sa culture, son histoire, sa civilisation, son existence même. Ce fait-là implique que des informations sur Charles de Gaulle sur (les membres de) son gouvernement, et sur Le Monde.

Ce fait-là implique, plus généralement, de "ne pas croire en tout ce que l'on dit" — la formule de base de toute personne voulant se gausser de l'Oncle Sam et des Américains et des capitalistes à tout bout de champ. C'est parfois accompagné d'une phrase rassurante comme quoi on n'est pas contre les Américains — nous n'avons que le plus profond respect pour "nos amis américains", nous assure-t'on — c'est seulement contre Bush.

Or, d'après nombre de commentaires ici, dans la France, et l'Europe, raisonnable, solidaire, et lucide — voilà une situation déjà établie —, il faut (en gros) faire confiance à ce qu'on vous dit ; dans l'Amerique fourbe, traître, et hypocrite, il ne faut pas faire confiance à ce que l'on vous dit. Et si, à contre-cœur, on prête à l'information positive sur l'Amérique une quelconque validité, il faut aussitôt le remettre en question.

Or, ce ne sont pas seulement les commentateurs des blogs, c'est quelque chose qui existe dans les journaux, à la télévision, dans les "débats", chez les politiciens et les ministres d'État…

Voilà un exemple fondamental des deux poids deux mesures.

Et c'est cela qui explique l'existence de ce blog.

J'ajouterais ceci : Dans la vie de tout homme, et de toute femme, il arrive un moment où il (elle) doit se demander, est-ce que je suis sur cette terre simplement pour répéter les platitudes de mon entourage (fussent-elles auto-congratulatoires) ou est-ce que je suis la pour faire preuve d'un tantinet de curiosité intellectuelle?

Après tout, Nero résume bien :

je ne peut pas supporter que l'on critique mon pays même quant il à tort , tu vois c'est drôle mais je suis patriote !!

2005/11/22

"Le Désespéré" est paru aux Éditions Underbahn

Dans Le Désespéré, Caïn Marchenoir, le personnage principal, ne semble pas regretter d'en révolter plus d'un. Bien au contraire : un sentiment de jubilation hérité de l'auteur, Léon Bloy, écrivain peu enclin aux sourires de façade et aux sentiments tièdes.

Léon Bloy est l'empêcheur de danser en rond. … Le Désespéré, autoportrait à peine maquillé d'un homme en procès contre l'infamie d'une élite baignant dans un trouble et poisseux mélange de conformité et de médiocrité. Les aficionados du genre autofictionnel, apprécieront de ne pas trouver ici la puanteur de poubelle qui rappelle l'âcre relent de certains romans d'aujourd'hui.
À paraître : La Bannière étalée