La perte de l'intérêt commun venait de hautnote Ivan Rioufol dans son bloc-notes, en évoquant une "incohérente mobilisation des cheminots", "une énième manifestation de «profs» qui ne savent plus pourquoi ils défilent", "un fils de président de la République, Jean-Christophe Mitterrand, condamné à trente mois de prison avec sursis pour fraude fiscale", et — last but not least — "le procès des écoutes de l'Elysée [qui] dévoile chaque jour un peu plus comment son père a pu s'égarer à ce point dans ses préoccupations personnelles et y entraîner l'Etat."
En ce qui concerne la pensée unique, les
ratonnades insulaires [des Corses] sont une aubaine pour les apôtres de l'universalisme, qui assurent que les préservations culturelles ne peuvent conduire qu'à ces intolérances. Ces démagogues tiers-mondistes interdisent d'aborder l'immigration autrement qu'en faisant applaudir la France terre d'accueil. Mais la société cosmopolite qu'ils préconisent est-elle meilleure garante de la paix civile ? Les Pays-Bas viennent de démontrer le contraire, après le meurtre de Theo Van Gogh par un islamiste. Le pays de la tolérance risque de se couper en deux. …Pour ce qu'il en est de l'Ukraine, Rioufol ajoute :
Ne rien faire qui puisse affaiblir les démocraties européennes. Telles qu'elles sont, elles restent l'exemple qui fait espérer les Ukrainiens menacés par la guerre civile. C'est en référence aux valeurs occidentales que les partisans de Viktor Iouchtchenko ont trouvé l'énergie, ces dernières semaines, pour tenir tête aux pressions de la Russie de Vladimir Poutine. Ce dernier aura tenté vainement d'imposer — par la fraude, la menace, les coups tordus — son candidat Viktor Ianoukovitch, faussement élu à la présidence le 21 novembre.
L'Occident comme on l'aime : intraitable devant les régimes brutaux, corrompus, antidémocratiques. La Russie est encore de ceux-là : elle ignore les droits de l'homme, bourre les urnes, empoisonne ses adversaires (Iouchtchenko, aujourd'hui défiguré, en sait probablement quelque chose). Parce que l'Europe nous avait habitués à faire sa révérence à la Turquie aux semblables travers et à des Etats infréquentables ...
L'Europe démocratique doit être à la hauteur de l'admiration qu'elle suscite à l'est, en restant exemplaire. Elle a déjà réussi à faire tomber le masque du président Russe — cet allié encensé par la France et l'Allemagne durant le conflit irakien — qui a déclaré cette semaine : «Nous, en Russie, nous ne pouvons appuyer un tel développement de la situation (en Ukraine), même si quelqu'un le qualifie de démocratie.» …