e libéralisme, on le sait, n'est pas aimé en France
écrivait
Mathieu Laine sur la page
Débats du journal
Le Monde avant le premier tour de l'élection présidentielle, et ce pour lequel il était, évidemment, honni par
les lecteurs du quotidien. (Le directeur du cabinet de conseil Altermind répond aussi aux questions d'
Atlantico.)
… Cette campagne fait … figure d'exception. Non seulement par l'unanimité et la violence de son hostilité aux idées libérales, mais également parce qu'il n'y a guère plus qu'en France que l'on raisonne encore sur le seul axe « droite-gauche » et non sur une opposition « croyance dans l'Etat-confiance dans l'individu ». Nos représentants politiques, tous bords confondus, demeurent en effet rivés aux anciennes recettes, aux vieilles querelles, et rivalisent, tous, de promesses d'interventions publiques quand le reste du monde teste des solutions nouvelles.
Cette campagne fait cependant figure d'exception. Non seulement par l'unanimité et la violence de son hostilité aux idées libérales, mais également parce qu'il n'y a guère plus qu'en France que l'on raisonne encore sur le seul axe « droite-gauche » et non sur une opposition « croyance dans l'Etat-confiance dans l'individu ». Nos représentants politiques, tous bords confondus, demeurent en effet rivés aux anciennes recettes, aux vieilles querelles, et rivalisent, tous, de promesses d'interventions publiques quand le reste du monde teste des solutions nouvelles.
Alors que les autres courants de pensée entendent changer l'homme, il souhaite, lui, le respecter et dénonce les conséquences néfastes des excès de l'interventionnisme, notamment le fameux « too big to fail » (« trop gros pour faire faillite ») suivi du terrifiant « too public to fail », qui ont institutionnalisé l'irresponsabilité et nous ont poussés dans la crise. Le libéralisme n'en est pas pour autant un catéchisme, car il déduit son modèle sociétal d'une compréhension fine et vérifiable de la façon dont l'homme agit.
Face à cela, la France, avec ses 54 % de dépenses publiques, contre 43 % en moyenne parmi les pays membres de l'OCDE, semble « en plein déni », comme le titrait récemment et très justement l'hebdomadaire The Economist... Ailleurs, pourtant, tout se met en place : le premier ministre britannique, David Cameron, vient en effet d'engager, en parallèle de sa politique de réduction drastique des dépenses publiques, un vaste plan de diminution de la pression fiscale pour favoriser l'esprit d'entreprise et d'innovation, la croissance et l'emploi. Le président du conseil italien, Mario Monti, s'attaque aux privilèges et entreprend de flexibiliser fortement le marché du travail pour recréer des incitations à l'embauche. De nombreux pays émergents ont compris qu'en accroissant le degré de liberté, c'est tout un mouvement civilisationnel qui se mettait en place.
En France, à l'inverse, les plus bas instincts sont flattés. L'envie et la peur sont les deux mamelles auxquelles viennent s'abreuver les marchands de protections. Des 75 % délibérément punitifs de François Hollande aux ambitions protectionnistes de Nicolas Sarkozy, sans oublier les débats à mille lieues des exigences contemporaines sur la viande halal ou l'espace Schengen, les vrais sujets sont évacués et la démagogie vit ses plus belles heures.
Pourtant, la pensée libérale (ou plutôt les pensées libérales, car le libéralisme se subdivise en de multiples familles, qu'il est urgent de connaître pour éviter les idées reçues), qui fait reposer les relations sociales sur le primat de la liberté individuelle, et donc sur la responsabilité, a fait largement ses preuves et constitue un réservoir d'idées et d'innovations pertinentes pour qui veut, notamment en économie ouverte, relancer un pays, recréer de la croissance, restaurer le plein-emploi et assurer l'épanouissement humain.
La littérature économique sur le développement montre, par exemple, que la qualité des institutions, surtout en ce qui concerne la protection du droit de propriété et la protection contre la prédation publique (taxation excessive, privilèges commerciaux, etc.), est le facteur le plus important dans le développement des pays occidentaux dans les 250 dernières années. Dans le même esprit, l'Index of Economic Freedom révèle la corrélation existant entre la liberté économique et le revenu par habitant. Moins il y a de liberté, plus il y a de pauvreté, viennent expliquer les libéraux, qui déplorent, comme Terra Nova, la croissance plus qu'inquiétante des outsiders d'un système à bout de souffle.
« Il n'est rien de plus fécond que l'art d'être libre, mais il n'est rien de plus dur que l'apprentissage de la liberté. » La prophétie de Tocqueville n'a jamais été aussi vraie dans un pays où l'égalitarisme et l'obsession sécuritaire priment sur la liberté et où « entrepreneur » semble être devenu un gros mot. La véritable alternance est pourtant libérale. Sans elle, le mal de crâne du futur locataire de l'Elysée n'en sera que plus redoutable.