2009/07/20

Scandale ! Les Républicains misérables ôôôsent s'opposer à une nominée démocrate ! Seulement, les oppositions des Démocrates sont passées sous silence

Depuis [que la juge Sotomayor] a été nommée à la Cour suprême par Barack Obama, les conservateurs la poursuivent de leur vindicte
écrit Corine Lesnes dans Le Monde, ne semblant pas réaliser (tout en le sachant indéniablement) que ces auditoires ne sont pas seulement monnaie courante aux USA, c'est le produit de la loi ! Qui les exige ! Quel genre de questions faudrait-il, dès alors, poser ? Que des questions gentillettes qui ne puissent en aucun cas blesser les nominé(e)s (ou Barack Obama) ?!

Alors que Corine Lesnes multiplie le nombre de déclarations de mépris pour les républicains — "la droite populiste a déniché 62 mots qu'elle agite comme un chiffon rouge" — la majorité des combats vraiment vindictifs ces dernières années (le cas de Robert Bork est le premier qui vient à l'esprit), ce sont les gauchistes plus-droit-de-l'hommiste-que-moi-tu-meurs qui en sont responsables.

Précisément, le seul noir de la Cour Suprême est dépeint par Corine Lesnes — par extension, en ne pas intervenant dans les détails — comme (autre) victime (ou quasi-victime) des Américains de droite, alors que Clarence Thomas fut le nominé de Républicains (du premier George H. W. Bush) et que ce fut par les Démocrates qu'il fut laminé (y compris par une histoire de fesses bidon) lors de son accession en 1991.
Le juge Clarence Thomas, renversé dans son fauteuil, ne dit jamais un mot. Il a remplacé Thurgood Marshall à ce qui est devenu le siège « africain-américain » à la cour. Sa nomination en 1991 a fait l’objet d’une violente bataille droite-gauche au Sénat. Depuis, il s’est enfermé dans le mutisme public le plus complet.
Clarence Thomas s’est enfermé dans le mutisme public le plus complet… mis à part le fait, évidemment, qu'il a fait paraître son autobiographie (dans laquelle il raconte comment il est monté de la pauvreté la plus abjecte jusqu'au siège de juge sur la SCOTUS, ce qui explique qu'il soit devenu conservateur et Républican).

On voit que l'on ne crie au scandale en sortant des termes et des expressions comme vindicte, chiffons rouges, et manque de gentillesse habituelle que si les victimes sont des pauvres droit-de-l'hommistes de gauche. Là, on a des bourreaux et des victimes. Quand c'est la gauche, par contre, qui est impliquée, on se sert d'expressions et de phrases beaucoup plus neutres, beaucoup plus passives, beaucoup plus du genre "nous sommes tous coupables" ("une violente bataille droite-gauche au Sénat").

Entretemps, ces mêmes droit-de-l'hommistes américains ont le droit à l'incarnation du "rêve américain tel que Barack Obama l'a ressuscité." (Le véritable rêve américain, tel que l'a vécu Clarence Thomas — montée depuis la pauvreté abjecte dans l'arrière-pays de Georgie contre vie dans la classe moyenne urbaine pour Obama avec la toute-puissante machine démocrate de Chicago qui le soutient complètement dans sa carrière politique — les sympathisants de la gauche préfèrent l'ignorer.) Pendant ce temps, les conservateurs continuent à être dépeints comme des "blaireaux" :
Avec sa gentillesse habituelle, l'animateur de radio Rush Limbaugh a formé des voeux pour Mme Sotomayor : "J'espère qu'elle trouvera une docteur latino avisée pour la soigner, a-t-il persiflé, plutôt qu'un typique docteur blanc qui n'a pas connu la richesse d'expériences d'une étudiante en médecine latino..."
Corine Lesnes dépeint aussi la Lilly Ledbetter Act comme une affaire de bien et de mal sans évoquer les véritables raisons de l'opposition à cette loi. (Six mois pour protester contre une tentative supposée de discrimination, ce n'est pas assez ?! il faut non 20 mois mais… 20 ans ?! ne se pourrait-il pas que ce soient les confrèries des avocats — supporters traditionnels des démocrates — qui soient derrière cette loi ?!)

En fin de compte, selon les membres (ou les sympathisants) de la gauche, les conservateurs "feraient mieux de se taire" et ne pas avoir le toupet de mettre en doute les déclarations auto-congratulatoires des membres (et des sympathisants) sus-nommés de cette même gauche.