2005/01/05

Un artiste afghan qui n'est pas contre Bush ? C'est sans intérêt…

Dans le portrait que Florence Colombani esquisse d'un auteur et cinéaste afghan, c'est à peine si le mot Amérique, tous ses dérivés, ou le nom d'une quelconque personnalité américaine est prononcé, et cela alors que c'est précisément à un VIP afghan que la question devrait être posée ; le vaste appareil militaire américain étant présent dans le pays depuis plus de deux ans (après avoir fait tomber le joug totalitaire des talibans), ne serait-il pas parmi les premiers concernés ? (D'autant plus que Thomas Sotinel décrit le film comme "une représentation extraordinairement vivante d'un monde en guerre"…)

Tout au plus l'intervention US est mentionnée une seule fois, indirectement et au passif (!) :

Survient le 11 septembre 2001. Un mois après la chute des talibans, le romancier-cinéaste retourne en Afghanistan, après dix-huit ans d'exil.
Évidemment, comme Atiq Rahimi n'a pas dû accepter de faire de l'antiaméricanisme ou de parler contre Bush (c'est quand même grâce à Deubeliou — fût-ce indirectement — que, n'en déplaise à Florence Colombani, Atiq Rahimi a pu revenir dans son pays et y réaliser un film), le sujet n'est pas abordé du tout — exactement comme à l'accoutumée — dans son article…

La geôle de Fidel Castro équivaut aux "latrines d'une caserne" ou à "une porcherie"

Pendant que la France — et l'Europe, et le monde — s'indignent et se scandalisent devant les abus dans la prison américaine de Guantánamo (ainsi que des sévices d'Abou Ghraib — le dernier exemple, dans lequel Éric Fottorino invente le mot "Guantanamesque", datant de pas plus tard qu'aujourd'hui), rare est le document — à part tel ou tel article potiche, comme celui de Olivier Languepin — qui fait état des tourments dans la prison cubaine de Guantánamo. Un extrait sur "l'enfer" de Fidel Castro, la prison de Boniato :
Manuel Vazquez Portal [journaliste indépendant de 53 ans] témoigne : "Si je devais résumer cette épreuve en une phrase, je dirais que j'ai passé quinze mois dans les latrines d'une caserne, ou dans une porcherie. Les premiers mois ont été très durs, surtout avec le régime d'isolement total."

"La cellule s'inonde tous les jours avec les eaux résiduelles du couloir. Tension artérielle élevée. Ils m'emmènent à l'hôpital avec des fers aux pieds et des menottes aux mains. Matelas sale, déchiré, vieux, dur. Il pleut très fort. Je découvre des fuites sur le plafond de la cellule. Abondantes. Je reste en cellule d'isolement. Ils me tondent la tête et le visage. Ensuite je me rase. La nourriture, comme tous les jours, indescriptible."

"En prison, explique-t-il, c'est très important de se rappeler en permanence sa propre condition et de se projeter dans le futur pour éviter la folie. C'est difficile de se convaincre chaque jour que c'est toi qui a raison et qu'eux seront obligés de céder un jour. Et surtout, surtout, ne pas perdre le sens de l'humour."

… A son arrivée à Guantanamo, Jorge Olivera [journaliste de 43 ans] a d'abord été détenu pendant trois mois avec des prisonniers de droit commun. "Nous étions 18 dans la même cellule, et il y avait un seul WC attenant : un trou dans le sol. C'est un sous-monde dangereux avec des individus qui ont une histoire pénale très lourde. La plupart avaient été condamnés pour homicide ou trafic de drogue et certains avaient de gros problèmes de santé mentale. Tous étaient potentiellement très dangereux, et ça a été une punition supplémentaire de nous enfermer, nous les détenus politiques, avec ces gens-là. Il m'a fallu beaucoup de psychologie pour accepter ces conditions et éviter d'avoir des problèmes."

Avant cette épreuve, Jorge Olivera souffrait déjà d'une grave maladie intestinale provoquant des hémorragies internes. Son état s'est considérablement aggravé en prison. "Les conditions étaient infrahumaines, l'eau était contaminée, la nourriture souvent pourrie. Elle se résumait à une mixture de farine de maïs, de haricots écrasés avec de la farine de blé et mélangée avec de l'eau. Deux fois par mois, nous avions droit à un morceau de poulet. On me sortait une heure par jour, seul dans une cour, et selon l'heure il pouvait y avoir ou ne pas y avoir de soleil. Je n'étais pas bien soigné. Le stress et la mauvaise nourriture ont compliqué mes symptômes. J'ai aussi attrapé des parasites." …

How should the West reward Castro
for releasing prisoners from his "pigsty"?