Depuis vingt ans, [Rayma Suprani] publie ses caricatures chaque jour dans le quotidien vénézuélien El Universal. Ses dessins dénoncent la pauvreté, le manque de justice sociale et de liberté d'expression dans un pays où caricaturer le président peut être puni de trente mois de prison. Rayma Suprani fait l'objet d'un harcèlement de la part du pouvoir qui l'oblige à se déplacer protégée par des gardes du corps.
Au Venezuela, les médias ne doivent pas "susciter l'angoisse dans la population". Pour avoir enfreint cette règle, la chaîne de télévision Globovision vient de payer une amende de 1,7 million d'euros. Parmi les sujets "anxiogènes" qui ont provoqué les foudres du pouvoir figurent les émeutes dans les prisons surpeuplées, la lenteur des secours après un séisme, des affaires de pollution et, bien entendu, l'explosion de la criminalité. Ainsi, il ne faut pas raconter à quel point la morgue de Caracas est débordée les weekends. Ni la douleur des familles obligées de soudoyer des employés pour récupérer le corps de leurs proches dans des délais raisonnables.Cette dérive autoritaire du régime Chavez est décrite minutieusement dans un rapport de 133 pages de Human Rights Watch publié mardi 17 juillet, en espagnol en anglais.
Si le registre de la gravité est encadré et surveillé, la volonté de détendre le public grâce à la satire et à l'humour peut aussi s'avérer dangereuse. Des textes manifestement comiques et des caricatures ont été sanctionnés durement par le régime du lieutenant colonel Hugo Chavez. De mémoire caribéenne, on ne se souvient pas d'un président aussi susceptible. A croire que l'usage abusif de l'uniforme, alors qu'il est passé depuis longtemps au cadre de réserve, raidit le comportement et la parole. Prenant des allures de prédicateur télé, Hugo Chavez prétend bannir l'irrévérence traditionnelle des Vénézuéliens, leur méfiance à l'égard de tous ceux qui se prennent trop au sérieux, leur refus de l'intolérance.
… Ce contexte permet de mieux apprécier le courage des dessinateurs de presse comme Rayma Suprani, collaboratrice du quotidien El Universal. Une caricature du président est passible de trente mois de prison. A Caracas, le harcèlement du pouvoir l'oblige à se déplacer protégée par des gardes du corps. L'association Cartooning for peace, créée par Plantu, a adopté Rayma Suprani.
Voir le portfolio "Les caricatures de Rayma, une lutte pour la liberté d'expression"