2018/09/05

La police française sous l'Occupation, précieuse alliée du IIIe Reich


Les 16 et 17 juillet 1942, 9 000 policiers et gendarmes français montrent aux autorités allemandes de quoi ils sont capables lors de la rafle du Vél d'Hiv. Durant l'Occupation, du simple gardien de la paix au préfet, les fonctionnaires français vont appliquer avec zèle la politique des Allemands, devançant même parfois leurs exigences.
Dans GEO du 1 septembre 2011, Cyril Guinet nous parle de La police française sous l'Occupation, "précieuse alliée du IIIe Reich" :
Et les autres, l'immense majorité des policiers français ? Pour la plupart, ils restent en place, dans l'expectative, attendant leurs nouveaux ordres. Ceux-ci ne vont pas tarder.Concrètement, le policier de base change très vite de métier : on ne lui demande plus de régler la circulation. En revanche, il doit désormais mettre en œuvre les mesures décidées par l'Etat français, sous la pression ou non des occupants. Il apprend à confisquer les postes de radio, faire respecter le couvre-feu et appliquer les lois anti-juives du régime de Vichy, édictées à l'automne 1940. Dans le métro, il s'assure que les juifs montent bien dans le wagon de queue qui leur est réservé. Dans les commissariats, il tient des permanences pour les enregistrer...

René Bousquet … qui concentre entre ses mains la quasi-totalité de la machine policière, veut montrer aux Allemands que son administration peut être moderne et efficace. Il inaugure des écoles où sont enseignées l'identification d'un suspect de face ou de profil, les filatures, les planques... Il augmente aussi les recrutements. La police attire de nombreux chômeurs mais aussi, à partir de février 1943, tous ceux qui souhaitent éviter le STO puisque cette administration offre une dispense automatique aux personnes qui la rejoignent. Au plus fort de la collaboration, les effectifs atteignent 120 000 hommes. Du jamais vu. Dans le même temps, on compte moins de 3000 policiers allemands sur le territoire.

Cette main-d'œuvre fraîchement embauchée peut rêver de promotions rapides. Car l'époque et le contexte sont propices aux carrières fulgurantes. Si on ne s'embarrasse pas trop de scrupules et qu'on choisit le bon service, on peut facilement sauter les échelons. …

Les Groupes mobiles de réserve s'occupent des sales besognes

Le travail de police devient presque entièrement politique. Dans les rues, les enquêteurs des RG se mêlent à la population. En civil, ils font la queue devant les magasins d'alimentation, espionnant les propos anti-allemands. Déguisés en postiers, en employés du gaz ou en ouvriers, ils organisent des filatures qui durent des semaines, parfois des mois, avant de déclencher un coup de filet. …

Gare à ceux qui tentent de camoufler leur étoile jaune!

Mais c'est dans la mise en œuvre de la politique anti-juive que la police française va se montrer la plus redoutable. La machine infernale se met en branle en mai 1941.
 … Et tout le monde collabore en vue de la plus grande efficacité possible. …

. LES ROUAGES D'UN ÉTAT POLICIER

A l'automne 1940, le gouvernement de Vichy procède à une légère épuration administrative, écartant les fonctionnaires qui ne collaborent pas efficacement. En avril 1941, les effectifs des polices municipales sont intégrés dans la police nationale. Ils échappent ainsi au contrôle des maires, et la police nationale devient un puissant organisme d'Etat. …

. UN ÂGE D'OR POUR LE MILIEU

Tandis que les agents sont occupés à traquer les juifs, les résistants et les francs-maçons, criminels et délinquants ont la belle vie. Ces années comptent parmi les plus belles de la pègre française. …

2018/09/04

1944 : Pourquoi le général allemand épargna Paris


Par rapport à d’autres villes, la capitale est sortie quasi intacte des combats de la Libération. Pourtant, elle aurait pu payer cher sa fronde contre l’occupant. Décryptage.
Dans GEO Histoire du Vendredi 24 août 2018, Volker Saux explique pourquoi von Choltitz décida d'épargner Paris pendant les 10 jours de la libération fin 1944
Hitler n’avait aucune intention de préserver la Ville lumière, ni de la déclarer "ouverte" – c’est à dire rendue sans combats –, comme Rome en juin 1944. Le général von Choltitz, dernier gouverneur militaire du Paris occupé, reçut des ordres sans nuance, dont celui du 22 août :
"Paris est à transformer en un monceau de ruines. Le général doit défendre la ville jusqu’au dernier homme et périra s’il le faut sous les décombres." 
Pourquoi alors la capitale fut-elle épargnée ? L’explication réside d’abord chez von Choltitz lui-même, qui n’appliqua pas les ordres de son Führer. Non pas que l’homme soit porté à la mansuétude. Mais le général ne voyait pas la logique d’une telle destruction. La bataille de Normandie était perdue, les troupes allemandes se repliaient, les maigres contingents stationnés dans Paris évacuaient la ville. Ravager la capitale aurait été coûteux en vies humaines – y compris allemandes –, inutile d’un point de vue militaire et gênant pour la circulation des soldats du Reich se repliant depuis la Normandie.
Volker Saux nous apprend que le consul suédois n'était pas aussi neutre et désintéressé qu'on nous l'a présenté :

Le consul de Suède, un intérmédiaire clé

D’autres facteurs ont pu dissuader le haut-gradé allemand de passer à l’acte. Les pressions extérieures, d’abord. Celles du consul de Suède Raoul Nordling, intermédiaire clé entre von Choltitz et la Résistance, … aida à limiter la tension et les combats entre Allemands et résistants. "Francophile, de mère française et de père suédois, il avait à cœur de préserver la capitale, note Christine Levisse-Touzé, historienne et directrice du Mémorial du maréchal Leclerc à Paris. Il défendait aussi ses intérêts, puisqu’il possédait des parts dans l’entreprise de roulement à billes SKF en région parisienne – entreprise qui, par ailleurs, fournissait le Reich.
Voir aussi: Les premiers libérateurs de Paris en 1944 ne sont ni français ni américains, mais… espagnols

2018/09/03

Les premiers libérateurs de Paris en 1944 ne sont ni français ni américains, mais… espagnols


 … le 24 août 1944, les premiers soldats de l’Armée de la Libération furent ceux de la Nueve, un bataillon composé de combattants défaits par Franco
Dans GEO Histoire du Vendredi 24 août 2018, Frédéric Granier nous apprend l’odyssée des soldats oubliés dans la libération de Paris
Reste maintenant à remporter la plus symbolique des victoires : Paris. Le 23 août 1944, la compagnie se met en route avec l’ensemble de la 2e DB. Les ordres de de Gaulle sont clairs : la première unité qui entre dans Paris doit être française. Mais Leclerc piétine en banlieue sud.

A la fin de la journée du 24, devant la difficulté de vaincre la résistance allemande, et craignant que les forces américaines ne les devancent, il ordonne à [Raymond Dronne] de pénétrer dans la capitale, avec seulement quelques blindés. Le souhait de de Gaulle est exaucé : la section qui tire les premiers coups de feu sur la place de l’Hôtel de Ville est bien française. Mais son lieutenant s’appelle Amado Granell, ex-capitaine anarchiste. 

Une plaque sera posée en leur honneur… en 2004 

L’ensemble de la 2e DB les rejoint un jour plus tard. Cependant, dans les journaux qui annoncent la libération de la capitale, le half-track "Guadalajara" est devenu le char "Le Romilly". Pour consacrer le triomphe de la résistance française, on rejette dans l’ombre l’action des valeureux combattants espagnols…

 … La fin de la guerre laisse un goût amer aux survivants : les aléas de l’Histoire ont placé Franco dans le camp de l’Ouest, celui du monde anticommuniste. Le retour de la République d’Espagne n’est guère une priorité pour la France et ses alliés… La plupart des combattants espagnols ne reverront jamais leur pays, tandis que leurs faits d’armes tomberont dans l’oubli. Il faudra attendre 2004 pour qu’une plaque en leur honneur de la Nueve soit installée sur le quai Henri-IV. Quant aux célébrations de la libération de Paris, elles commencent toujours le 25 août, jamais le 24…

2018/09/02

La Libération de Paris en 1944 : Dix Jours qui Secouèrent la France


Eté 1944. Six mille soldats du Reich sont encore dans les murs quand l’insurrection éclate. Dix jours de combats incertains s’ensuivent, qui auraient pu se solder par un bain de sang. Retour sur ces journées mouvementées.
Dans GEO Histoire du Vendredi 24 août 2018, Frédéric Granier et Volker Saux racontent la Libération de Paris : le récit de dix jours mouvementés.
Difficile d’imaginer la Libération de la France sans les images des chars de Leclerc à la porte d’Orléans, ou celles de de Gaulle descendant les Champs-Elysées. Et pourtant, il s’en est fallu de peu pour que Paris rate le train de l’Histoire. 
"La ville n’avait plus aucune signification tactique. En dépit de sa gloire historique, Paris ne représentait qu’une tâche d’encre sur nos cartes ; il fallait l’éviter dans notre marche vers le Rhin"
raconte ainsi Omar Bradley dans ses mémoires. Au cœur de l’été 1944, l’avis de ce général américain est partagé par l’ensemble du commandement allié, pour qui la progression depuis la Normandie vers le front de l’est demeure la priorité absolue. Mais pour de Gaulle, Paris vaut bien une bataille…

Le chef de la France libre a compris que la force du symbole dépasse de très loin l’enjeu militaire. Non seulement la Ville lumière doit être prise, mais elle doit l’être par des troupes françaises ! De Gaulle s’en est soucié dès 1943, désignant le général Leclerc, chef de la 2e division blindée, pour libérer la capitale. Il a aussi fait nommer les préfets de police et de la Seine par le gouvernement provisoire d’Alger, et a chargé Alexandre Parodi de le représenter à Paris afin d’y préparer l’arrivée du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Reste encore, après le Débarquement, à convaincre les Alliés d’envoyer une division française. Récit d’un été brûlant. …
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"On peut estimer qu’au total la bataille de Paris se traduit sans doute par 3 400 morts et 5 500 blessés [ndlr : Allemands, FFI, forces alliées et civils confondus]", écrit Jean-François Muracciole dans son ouvrage "La Libération de Paris" (éd. Tallandier, 2013). On est très loin des hécatombes des batailles de Stalingrad ou de Berlin ! Enfin, rapportée à la puissance de l’opération Overlord (le Débarquement et la bataille de Normandie) qui s’achève au même moment, la libération de Paris n’est qu’un épiphénomène, qui pèse peu dans la défaite allemande à l’ouest. Mais la portée de l’événement est ailleurs. Dans le symbole, d’abord : les scènes de joie des Parisiens incarnent la fin du joug nazi en Europe de l’Ouest. Dans la politique, ensuite, par la victoire de la Résistance. Et par le sacre populaire de son chef, de Gaulle.
Voir aussi: Les premiers libérateurs de Paris en 1944 ne sont ni français ni américains, mais… espagnols