2012/11/15

Les « ultra » devant chaque concept évoqué : Il faut à tout prix effrayer le lecteur et diaboliser les républicains

"Quand il s’agit de s’opposer à un républicain, tous les moyens sont bons"
Les primaires républicaines et les élections américaines ont été l’occasion pour les correspondants de presse français aux États-Unis de publier de nombreux articles 
écrit Jeff Belmont.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces journalistes (pour la plupart des groupies de Barack Obama) détestent tout ce qui est de près ou de loin républicain en Amérique. Leurs articles sont des brûlots sans nuance, mélanges d’attaques personnelles, de railleries, de caricature des opinions, et surtout, de contresens graves, signe d’une grande ignorance et d’une grande pauvreté de l’analyse. Il est certain que les républicains ont de nombreux défauts et on peut tout à fait écrire des articles critiques à leur sujet. Mais il faut pour cela se cantonner aux faits et garder un vocabulaire approprié, conserver une cohérence dans son analyse critique, vérifier ses informations… bref, faire son travail de journaliste.

On sent que nos journalistes ont beaucoup de difficultés à argumenter leur rejet des républicains. Quand les arguments rationnels ne viennent pas, on se rabat sur la peur : il faut à tout prix effrayer le lecteur et diaboliser les républicains sans vraiment d’explication ni d’analyse. Tous multiplient les « ultra » devant chaque concept évoqué. La grande championne de l’exercice est Corine Lesnes du Monde. Pour elle, tout ce qui est républicain est« ultra » : les « ultra conservateurs » évidemment (terme plébiscité par la presse française pour qualifier les républicains, il n’est jamais employé par la presse américaine, même de gauche et est donc un apport venant purement de nos journalistes), l’« ultra droite » (on utilise en général ce terme pour évoquer les groupuscules terroristes néo-nazis, mais ça serait dommage de faire dans la nuance), les « ultra-thatchériens » ou même encore les « ultra-chrétiens » (là on a un peu de mal à comprendre…). Parfois, Anne Bernais de RFI s’ultra-emmêle les pinceaux en évoquant la jeunesse du candidat à la vice-présidence Paul Ryan : « Cette tragique expérience construit le jeune garçon, lui enseigne « l’autosuffisance ». Concept que l’on retrouve dans sa politique économique ultralibérale qui séduit tant les ultraconservateurs du Tea Party. » Les ultra-conservateurs séduits par une politique ultralibérale, on n’y comprend plus rien, mais qu’à cela ne tienne, on a pu caser deux « ultra » dans la phrase. Vous avez peur ?

Viennent ensuite les affirmations purement et simplement fausses.

Corine Lesnes étiquetant des économistes qu’elle ne connait visiblement pas : « Tout de suite, il s'est intéressé aux économistes conservateurs : Friedrich Hayek, Ludwig Von Mises, Milton Friedman ». Mises et Hayek ont toujours rejeté l’étiquette de conservateurs et ont même écrit de nombreuses fois contre le conservatisme. Hayek a carrément consacré un chapitre de son livre La Constitution de la Liberté au sujet, qu’il a intitulé Pourquoi je ne suis pas conservateur

… Quand il s’agit de s’opposer à un républicain, tous les moyens sont bons

… Dans leur aveuglement à s’opposer à tout ce qui est républicain, les journalistes français n’ont pas hésité à aller puiser dans l’argumentaire de mauvaise foi des néoconservateurs…

… Mais le contraste est saisissant lorsque les correspondants de presse français aux États-Unis parlent de Barack Obama. Tout de suite, finis les brûlots, leurs articles ressemblent plus au skyblog d’une ado en adoration devant sa star. Ainsi Les Inrocks titrent « Obama le mec le plus cool du monde » , Corine Lesnes se fend d’un « L’anniversaire de Barack, c’est bientôt » ou encore des articles très objectifs comme :  « Obama: je préfère profondément la paix »...

Plutôt que de reconnaitre qu'Obama a été mauvais [dans le premier débat qui l'opposait à son adversaire républicain Mitt Romney], Laurence Haïm rejette la faute sur le reste du monde : les journalistes, les citoyens... qui sont des gens brutaux et méchants qui n'écoutent pas les autres, alors que Barack, il a des beaux projets et pas des phrases chic et choc...
Pascale réagit ainsi :
Avec la gauche (et donc avec les journalistes) on est toujours dans le pathos : ultra (pour faire peur), cool (pour séduire). Jamais dans le rationnel.
Mise à jour : How the French Use the Word "Extremist" and the Prefix "Ultra-" to Demonize Everything Conservative