L’État crache sur l'automobile puis se plaint que les Français n'en achètent plus
note, médusé,
Vincent Bénard (merci à Jean-Philippe Casoni).
L'automobile
française se meurt, se lamente-t-on dans la presse et dans les
ministères. L’année 2012 a vu les ventes reculer au niveau de 1997 sur
notre marché, alors que la population a entretemps gagné 5 millions
d’âmes. Et 2013 promet d’être encore pire. Les dégâts économiques et
sociaux de cette débandade font peur.
… voyons ce qui attend l’automobiliste nouveau en 2013. Il sera traqué
comme au coin d’un bois dès qu’il dépassera de 5km/h une limite fixée
dans les années 70 et toujours poussée à la baisse par l’alliance des
politiciens et de la technostructure qui les conseille. La justice, si
lente à juger le cambrioleur et l’escroc (sans parler du politicien
véreux), aura envers lui une efficacité toute particulière, qui ferait
presque honneur au service public.
S’il veut aller en ville, l’espace viaire lui sera un peu plus
grignoté chaque année au profit de bus à la circulation irrégulière et
de vélos dont Mao Zedong aimait déjà vanter le côté populaire. Le
stationnement de rue, qu’il a pourtant financé par ses impôts, lui sera
toujours plus chichement mesuré mais de plus en plus largement facturé :
il faut bien drainer les fous qui se hasardent en ville vers les
parkings gérés par les grands groupes spécialisés dans leur gestion, qui
tirent parti de nombreuses délégations de service publics que leurs
octroient les politiques. Connivence, connivence, quand tu nous tiens.
Il sera dénoncé comme un fauteur d’embouteillages, vous savez, ceux
qui empêchent les élites qui ne prennent jamais les transports en commun
d’arriver à l’heure à leurs rendez-vous. Alors on lui martèlera qu’il
doit prendre les transports collectifs, fussent-ils sales et peu sûrs,
mais par ailleurs très fortement subventionnés, malgré un rapport
coût-efficacité dramatiquement faible mais soigneusement caché au
public.
Il sera dénoncé par la vulgate comme fauteur de réchauffement
climatique, quand bien même les vrais scientifiques sont de plus en plus
nombreux à affirmer que la farce du CO2
calorifère a assez duré. Mais "le CO2 qui chauffe", c’est de la taxe
qui rentre, mon bon monsieur ! Les gros "malus écologiques", autrefois
réservés aux grosses automobiles de luxe, rattrapent les petites
familiales ou certains modèles low cost qui sont tout ce que
certains peuvent encore s’offrir. Après quoi, les taxes sur le carburant
n’épargneront pas son budget, sans parler du prix du pétrole aux
humeurs capricieuses.
Et alors qu’autrefois, l’on pouvait rêver de grandes berlines et de
multi-soupapes vrombissantes sans passer pour un dangereux écocide,
aujourd’hui, la voiture qu’on présente comme l’avenir est infichue de
parcourir plus de 150 kilomètres, et coûte un bras, au point que l’État
se croit obligé de la subventionner fortement pour la faire vendre. Vous
parlez d’un rêve ! Alors l’on préfère tirer sur son vieux Diesel, qui
tourne encore comme une horloge, malgré ses 300 000 kilomètres.
Diesel
? Mais voilà que ce mode de propulsion autrefois favorisé par l’État
devient le nouvel ennemi à abattre : à partir de chiffres hautement douteux de
l’OMS, cet organisme officiel qui prévoyait que la grippe aviaire
ferait des millions de morts, l’on affirme que "les particules tuent" !
De fauteur d’embouteillages, vous voilà promu au rang d’assassin de
masse, et qu’importe si les moteurs modernes, équipés de filtres ad hoc,
rejettent un gaz d’échappement relativement inoffensif. Naturellement,
les ministres concernés ne s’en cachent même pas : puisque 80% des
automobilistes, orientés par les choix fiscaux du gouvernement, ont
choisi le méchant diesel tueur, ils seront désormais plus taxés !
Bref, entre discours culpabilisants, taxes expansionnistes,
aménagements de voirie punitifs, et attentions particulières de la
justice, l’automobiliste moyen est traité comme un ennemi de classe par
le politicien et le haut technocrate. Lesquels voudraient pourtant que
nous nous pressions dans les concessions pour sauver Peugeot et Renault.
Vous avez dit "schizophrènes" ?
Il y a plus grave. La mobilité de point à point, pour laquelle la
voiture est aujourd’hui imbattable, n’a pas pour seul enjeu les ventes
de nos grands groupes. L’auto-mobilité, c’est ce qui nous permet de
mettre en concurrence un plus grand nombre d’employeurs, de rationaliser
nos approvisionnements, de diversifier nos loisirs... L’auto-mobilité a
été l’un des déterminants majeurs de l’accroissement de notre richesse
au XXème siècle. En s’attaquant à cette mobilité, les Don Quichotte
anti-bagnole qui sévissent dans les mairies et les ministères ne
menacent pas que les emplois de la principale filière industrielle du
pays. Ils menacent les fondements même de notre prospérité.
• Lire aussi : Bruno Bertez sur Atlantico :
Le politiciens veulent casser l’usage de la voiture, mais ils jouent les pucelles effarouchées lorsque ladite industrie supprime 8000 postes
• Sophie Landrin dans Le Monde :
Les politiciens se félicitent que leur politique ait entraîné l'abandon, par 40% des Parisiens, de la voiture et puis sont scandalisés par la suppression, par Peugeot, de 8000 postes
• Hashtable :
Pris pour un mouton, l’automobiliste est tondu, retondu et culpabilisé sans arrêt pour ses prétendus excès (d’alcool, de vitesse, de pollution…)