Ce qui fait mal, c'est l'affaire Marleix, fils de l'ancien ministre, longtemps conseiller à l'Elysée, maire (SE) d'une petite commune du département, qui s'est "fait pincer" en voiture par les gendarmes 50 km/h au-dessus de la vitesse autorisée mais n'a pas été sanctionné. "Comment voulez-vous que les gens aillent voter après ce genre d'histoire ?", lance un électeur en colère, au cours d'une réunion publique du candidat UMP. "Un pour tous, tous pourris", résume un futur électeur du Front national, déclenchant l'acquiescement de ses camarades de café.Dans Le Monde, Luc Bronner essaie d'expliquer le succès du "vote FN [qui] s'est déplacé [des] quartiers populaires de la ville [de Dreux, pour basculer] dans les villages aux alentours."
Dans les villages, le sentiment du deux poids, deux mesures fait des ravages. C'est le syndrome de la file d'attente. L'expression de leur colère lorsque les "Français" voient passer des familles issues de l'immigration devant eux à l'hôpital ou à la CAF. "Je vais me faire naturaliser marocain", plaisante un artisan en buvant un café à Tréon. Son voisin de comptoir, également artisan dans le BTP, refuse de dire s'il votera Marine Le Pen, mais donne les clés de son succès dans les sondages : "Ceux que Sarkozy voulait arrêter ne paient jamais. Nous, il suffit d'un excès de vitesse pour avoir une amende, alors que, eux, ils font des rallyes dans les quartiers et ne sont jamais poursuivis", explique le quadragénaire d'origine portugaise.C'est un ras-le-bol similaire qui a fait sortir les Tea Partiers dans les rues des États-Unis, mais comme je l'ai déjà écrit, ce n'est pas pour se tourner vers le Front National ou un équivalent, mais vers un système où le contribuable n'est pas une vache à lait, et où il survit en dépit du (prétendu) besoin d'État fort (cf Marine Le Pen)…
Plus que du racisme ou le rejet des étrangers, c'est le sentiment de ne pas exister qui prédomine. L'impression d'être transparent. De ne pas compter. D'être les derniers dans la file d'attente des préoccupations publiques.
Pour reprendre les mots de Lucien Oulahbib, les Tea Parties sont une révolte de la société contre l'élite étatiste qui pense que manipuler des modèles mathématiques permet de saisir le réel humain ; "Le mouvement a donc pour origine la révolte des contribuables" ajoute Évelyne Joslain, "C’est la révolte des classes moyennes contre la gauche soixante-huitarde au pouvoir [et] contre … l’esprit de caste." Contre un esprit de caste, qu'il soit de gauche, de droite, d'extrême-gauche, ou d'extrême-droite. Pour les droits de l'individu. Pour qu'il ne soit pas emm--dé — par la gauche, par la droite, par l'extrême-gauche, par l'extrême-droite. Par personne.