2024/03/09

La Guerre Culturelle de Évelyne Joslain restera un livre incontournable dans tout débat sur la société moderne comme ancienne


Ce n'est pas tous les jours qu'on ouvre un livre qui est "le produit de plus de vingt-cinq ans de réflexion er d'archives personnelles collectées quotidiennement". Or, c'est le cas avec le dernier opus d'Évelyne Joslain, qui restera, parions-le, l'œuvre maîtresse de toute une vie.

Après avoir écrit des livres incontournables sur Donald Trump, Barack Obama, la Tea Party, et l'Amérique des Think Tanks, Evelyne Joslain s'avère être une femme imbattable sur le sujet des États-Unis, et, comme on va s'en apercevoir avant même d'avoir terminé le premier chapitre de La Guerre Culturelle, sur un éventail de sujets, depuis les anciens Grecs jusqu'aux serial killers belges.

On est frappé par les connaissances de Évelyne Joslain, invitée régulière chez Dreuz, qui, page après page, semble produire révélation après révélation, que ce soit expliquer l'influence d'Épicure sur Thomas Jefferson, la différence historique entre Whigs et Tories (que même la majorité des Anglo-Saxons connaissent à peine), ou encore le contraste entre l'humanisme au cœur de la Renaissance et l'écologisme actuel.

Je me souviens que Gorbatchev avait, lors d'un speech il y a une quarantaine d'années, décidé de louer les révolutions de l'Histoire ; or, le leader de l'URSS n'avait cité que la révolution française et la révolution russe, mais point la révolution américaine, ce qui avait soulevé un tollé (entièrement justifié) aux USA (même parmi les journaux de gauche — "Gorbi" était après tout leur coqueluche, ce qui a contribué à faire que le "supertsar" russe, mais point son partenaire américain, Ronald Reagan, a seul reçu le Prix Nobel de la Paix).

On peut compter sur Évelyne Joslain pour se jeter au cœur du problème et trouver l'explication : 

La Révolution française, sanglante et génocidaire, tourne le dos à la Renaissance et fait table rase du passé. C'est l'exemple à fuir et pourtant celui qui a été imité tandis que la Révolution américaine qui a tout pour inspirer reste sans copie et devient l'objet des haines néomarxistes. La première, notre révolution sanguinaire, est donc une révolution véritable, à 180º, alors que la seconde, la Révolution américaine, est une révolution à 360º, autrement dit qui revient à la norme anglaise traditionnelle issue de la Grande Charte de 1215. Elle restaure les droits des Anglais d'Amérique, bafoués par George III.

Suite au "bras de fer politico-religieux" ("d'une sauvagerie brutale") et de la Glorieuse Révolution (également — tiens donc! — ignorée par Gorbatchev; en effet, il s'agit, là aussi, d'une "semi-révolution … sans une goutte de sang versé") dans le demi-siècle ans entre les années 1640 et les années 1690, la monarchie anglaise avait compris qu'il était plus prudent de s'abstenir de bafouer les droits des Anglais. Or, George III n'avait pas compris que la Charte des Droits de 1689 devait s'appliquer aussi aux sujets anglais dans les colonies d'Amérique (et d'ailleurs) et y traitait ses sujets avec l'absolutisme des ancêtres. 

Revenant sur la devise de la République française, par contre Évelyne Joslain tranche sans ménagement : 

Liberté et Égalité, s'excluent mutuellement [tandis que la] Fraternité … ne se décrète pas

Cet ouvrage tente de remonter aux sources de la gauche culturelle et d'en analyser tous les aspects, et il y a tellement à digérer que l'article présent ne considérera que le premier chapitre (Les Racines Anciennes de la Guerre Culturelle).

En effet, il s'avère que le conflit moderne entre droite et gauche "existe depuis la nuit des temps" — "leurs racines dans les temps immémoriaux et dans les mythes antiques" — et dès le premier chapitre, nous voilå aux côtés de Ovide, Socrate et Cicéron.

Jamais, peut-être, on n'a aussi bien illustré à quel point les écrits de Socrate et Aristote décrivent le conflit de nos jours. Jamais, peut-être, on n'a aussi bien illustré à quel point Diogène ("cynisme") et Héraclite (Hédonisme) d'Éphèse sont les ancêtres des gauchistes d'aujourd'hui 

Ce sont les plaisirs malsains et cyniques du même type … le plaisir de salir le sacré … le plaisir de salir la beauté … et le plaisir de salir l'enfance

 … ce schéma autodestructif se répète aujourd'hui de l'Europe au Pacifique, ou les éléments décadents qui constituent l'ennemi intérieur, œuvrent de concert avec les ennemis extérieurs

Patron d'émission du Libre journal du Nouveau Monde à Radio Courtoisie (où j'ai souvent été invité) depuis de nombreuses années, Évelyne Joslain continue avec un refus de participer aux louanges habituelles de figures aussi disparates que Napoléon et Voltaire, tant "l'athéisme haineux" de ce dernier et celui de ses émules que celui de Marx.

Comme Paul Johnson, Évelyne Joslain voit le recul de la religion comme un désastre :

Le christianisme reste le culte le plus fréquemment moqué, ridiculisé, couvert de blasphèmes parce qu'il réaffirme quelques principes dérangeants comme le libre arbitre de chacun, la responsabilité, les devoirs, et parce qu'il place l'homme au centre de la nature.

En même temps, Évelyne Joslain parvient — alors qu'on ne lui avait rien demandé ;) — à expliquer en une seule phrase le point différentiel entre chrétienneté occidentale et chrétienneté orientale et, par extension, la guerre en Ukraine :

Le christianisme d'Occident fait la part entre ce qui est à Dieu, comme la nature, et ce qui est à César, au contraire du christianisme d'Orient, dans lequel l'Église orthodoxe ne distingue pas le régalien du spirituel.

On comprend mieux les louanges pour la présidence de Poutine énoncées par le patriarche de l'Église orthodoxe russe.

Évelyne Joslain n'a guère plus de respect et de patience pour "le Philosophe" générique qui n'est pas sans rappeller le livre de Paul Johnson, Intellectuals (From Marx and Tolstoy to Sartre and Chomsky). Ce philosophe générique, cet intellectuel, "illuminé au contact des Idées (la vérité absolue), est donc tout désigné pour imposer au magma humain qui grouille en bas les règles qui les gouvernent."

L'imposture intellectuelle ne peut être de droite. C'est le fait de l'esprit de gauche. Alors et aujourd'hui.

Chroniqueuse aux 4 Vérités (qui a publié une version raccourcie) depuis de nombreuses années, Évelyne Joslain passe sans effort de Charlemagne à Descartes en passant par Marc Dutroux, assassin d'enfants notoire oublié (délibérément?) par tous de nos jours. (J'étais étonné d'apprendre, également il y a une trentaine d'années, que l'un des parents de l'une des fillettes assassinées avait tenté d'entrer en politique, juste pour se faire saborder la carrière en herbe par les élites politiques belges. Encore un point d'interrogation de ma jeunesse dont la remarquable Évelyne Joslain fournit la réponse)

Ce premier chapitre couvre 2000 à 3000 ans et l'autrice de l'un des rares livres en français qui raconte la vérité sur Barack Obama nous transporte au 20ème et au 21ème siècle.

On arrive en effet à Saul Alinsky et à son œuvre maîtresse, Rules for Radicals, qui est le livre-clé pour des personalités tels que Hillary Clinton et Barack Obama. C'est 

[leur] bible et Alinsky, [leur] mentor ; le maître de l'inversion de tout, valeurs, concepts, vocabulaire, excellent à enfumer le peuple de droite non méfiant.

On ne peut qu'espérer que les Américains se dépêcheront de faire traduire cet ouvrage indispensable…

Plus de détails la semaine prochaine…