Le Monde publie une interview de Piotr Smolar avec Andrzej Wajda, le réalisateur de Katyn, film que critique Jean-Luc Douin (en misant sur l'ambiguïté — "Il faut savoir toutefois que, évoquant des sujets sensibles, Katyn encourt deux types de critiques") pour… son "renvoi dos à dos des nazis et des Soviétiques comme prédateurs du territoire national" !
Les Russes assassinent 12 000 personnes d'une balle dans la nuque — sans parler de leurs (innombrables) autres crimes, à l'intérieur comme à l'extérieur de la Russie — et on n'a pas le droit d'assimiler les Soviétiques aux Nazis ?! Un cinéaste n'aurait pas le droit de concevoir "une bombe antisoviétique" ?! C'est une blague, ou quoi ?! Les Ricains ont été fustigés — et combien de fois?! — pour bien moins que ça !
Evidemment, je vais aller voir Katyn, cette histoire tragique, au dessein hallucinant : faire disparaître la Pologne en supprimant ses élites. C'est le projet de Staline et d'Hitler dans un accord secret.Heureusement que Michel Guerrin a recueilli les paroles de l'historien Stéphane Courtois pour remettre les pendules un peu à l'heure.
Ce film peut aussi jouer son rôle sur la question de la mémoire, qui divise l'Europe : à l'Ouest, on garde une image positive du communisme pendant la guerre ; à l'Est, on a le sentiment d'avoir été abandonné et enfermé pendant quarante-cinq ans ; et dans une Russie hypernationaliste, le communisme redevient une période glorieuse.Mise à jour : Adam Michnik a été "fortement surpris de lire la critique [que Le Monde] a faite de Katyn, le dernier film d'Andrzej Wajda" et de la "troublante ignorance" qu'on trouve dans ladite critique…