Lorsque Barack Obama a été élu, en 2008, l'Europe a été saisie d'un furieux accès d'Obamania
écrit
Sylvie Kauffmann dans
Le Monde.
Longtemps, le président américain a conservé de l'autre côté de
l'Atlantique une popularité bien supérieure à celle de la moyenne des
dirigeants européens, même lorsque sa cote s'effondrait auprès de ses
propres concitoyens. Obama ne ressemblait ni à Angela Merkel ni à
Nicolas Sarkozy. Obama était un président cool.
Cet été, l'image a basculé. Le président du « yes we can » est devenu
celui du « yes we scan ». Sur les dessins de presse, de grandes
oreilles lui ont poussé. Ce n'est pas - pas encore - la répulsion qu'a
pu inspirer son prédécesseur, George W. Bush, mais le charme s'est
évaporé. Privé du talent d'Hillary Clinton, Barack Obama n'est plus
cool, il est froid.
… Sommé de se justifier par les chefs d'Etat et de gouvernement du
Brésil, du Mexique, de France ou d'Allemagne, tous des pays amis, le
président cool n'a cherché ni à s'excuser ni même à s'expliquer.
CONFIANCE « GRAVEMENT TROMPÉE »
A vrai dire, Barack Obama ne compte plus les dirigeants amis qu'il
s'est mis à dos. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, est
furieux de sa politique iranienne et le fait savoir à Washington.
Egalement inquiets de l'ouverture vers l'Iran, les Saoudiens sont
furieux de la politique syrienne des Etats-Unis et boudent sérieusement
sous la ghutrah blanche. Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, est
furieuse d'avoir été mise sur écoute et a annulé sa visite à Washington.
Cruellement déçus par la défection de Barack Obama au sommet de Bali
il y a deux semaines, les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est n'ont
toujours pas compris comment le président du pays le plus puissant de la
planète, qui leur chante le retour de l'Amérique dans l'Asie-Pacifique
depuis quatre ans, renonce à une tournée de la première importance à
cause de problèmes budgétaires.
David Cameron et François Hollande ont beaucoup de mal à digérer la
désinvolture avec laquelle Barack Obama les a traités dans la crise
syrienne, eux qui sont bravement montés au créneau mais ont compris un
peu tard que les Etats-Unis préféraient traiter directement, et
seuls-s'il-vous-plaît, avec Vladimir Poutine. Et voilà maintenant Angela
Merkel, l'alliée la plus placide, la première de la classe, qui se met
en colère.
… la déception n'en est que plus profonde. Elle ne fait plus confiance à Barack Obama.
… politiquement et commercialement, la perte de confiance provoquée par la
gestion du dossier NSA par l'administration Obama fera plus de dégâts
que le dernier Conseil européen.