2014/07/01

Réjouissez-vous, les Français : vous l'avez, ce président américain dont vous rêviez—celui qui s'attaque aux sales capitalistes et aux banquiers véreux


Dans un éditorial intitulé "BNP Paribas face au dollar roi", Le Monde, pourtant de gauche, ne semble pas être heureux de voir des banquiers être punis d'avoir triché avec l'argent dans leurs coffres. Il faut dire que la banque est française et que l'amende est une amende record de près de 9 milliards de dollars.
Il ne sert à rien de dénoncer sur le mode incantatoire l’impérialisme monétaire américain. Il faut avoir la volonté politique – notamment en Europe – de lui faire pièce, si l’on peut dire. 
Ailleurs dans le quotidien de référence, Anne Michel nous apporte son papier, "La première banque française se met de fait sous tutelle des Etats-Unis" :
LOIS AMÉRICAINES EXTRATERRITORIALES

 Il s'agit d'un assujettissement, de fait, de BNP Paribas à la supervision américaine et, au-delà, de la reconnaissance explicite du caractère extraterritorial des lois américaines, qui s'appliquent à tous, y compris à travers l'utilisation du dollar. Un point qui fait l'objet de critiques de la part des dirigeants politiques européens, inquiets des conséquences juridiques pour les grandes entreprises européennes, qui manipulent quotidiennement la devise américaine.

Dans "Le dollar, tyran indétrônable de la scène internationale", Isabelle Chaperon ajoute :
Ce déchaînement de la justice américaine, sur fond de tensions géopolitiques, fait apparaître le billet vert comme le cheval de Troie de l'Oncle Sam. « Cette affaire va laisser des traces », pronostiquait Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, sur BFM TV le 10 juin ; « les entreprises vont avoir un intérêt à réaliser le plus possible d'opérations dans d'autres monnaies » que le dollar.

« J'étais récemment en Asie et en Amérique latine. Beaucoup de clients se demandent s'ils doivent basculer leurs transactions dans une autre devise que le dollar et comment faire. C'est le grand sujet de conversation », dit Régis Monfront, directeur général délégué de Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Cacib).
Dites donc, Messieurs et Mesdames les Français, ce n'est pas l'Amérique (ou le ministère de justice) de Bush qui fait cela ("accélérer son enquête sur les autres banques européennes soupçonnées d'avoir violé les embargos américains"), c'est l'Amérique d'Obama.

Comme dit le dicton, il faut se méfier de ce que l'on souhaite, on risque de l'obtenir.

Les Français voulaient un président américain ultra-respectueux des lois, ils l'ont eu.

Les Français voulaient une Amérique gentille (comme eux) et non interventionniste, ils l'ont eu — comme en témoignent la Crimée, la Syrie, la mer de Chine, etc… (Poutine, Assad, Téhéran, et Pékin se félicitient eux aussi, croyez-moi (et comment!), de la présence d'Obama à la Maison Blanche.)

Les Français voulaient un président anti-capitaliste, qui augmente tant les dépenses de la sécu que les armées de bureaucrates aux États-Unis, tout en se battant contre les affreux capitalistes et les banquiers véreux. Eh bien, ils l'ont eu aussi.

Cela dit, les partis pris meurent difficilement : On notera que nulle part l'édito du Monde ou Anne Michel évoquent le nom de cet "ami" de la France inestimable, Barack Obama.