2012/05/19

Les journalistes ont été l'une des grandes indignations de la campagne, presque une colère

Chez les lecteurs, les téléspectateurs et les électeurs, les journalistes ont été l'une des grandes indignations de la campagne, presque une colère
racontent Florence Aubenas, Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Benoît Hopquin et Vanessa Schneider qui présentent "un florilège de quelques scènes de la vie politique et médiatique qui ont scandé la présidentielle."
Au sein de la presse, la plupart des journaux s'insurgent aussi. Jusqu'à Alain Duhamel qui convient : "C'est une amie d'Anne Sinclair et une amie d'Anne Sinclair ne devrait pas interroger Dominique Strauss-Kahn..."
… C'est une des vidéos qui fascine tout Internet, avec connexions en rafale, déchaînement de commentaires et bravos virtuels. Vendredi 13 avril, Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidentielle sous l'étiquette Debout la République, est invité au "Grand Journal"" sur Canal+ : en trois minutes cinquante-sept secondes, il va produire un concentré de "tout ce qu'on pense des journalistes", estime un internaute, et "donner un coup de pied dans cette saloperie de fourmilière".

Ce soir-là, donc, Nicolas Dupont-Aignan monte au créneau, assez vite : "Je sais pourquoi les Français ne lisent plus les journaux. Ils vont sur Internet, et heureusement qu'il y a Internet. Parce que tous ces éditorialistes de bazar, qui vivent ensemble, qui font tout le temps les mêmes articles, qui sont totalement coupés des réalités, qui gagnent un argent fou, et qui croient connaître les Français, on va s'en débarrasser un jour."

Sur le plateau, face à lui, Ariane Massenet, qui mène l'interview, reprend en souriant : "Vous vous mélenchonisez !" A vrai dire, elle aurait pu aussi bien dire "vous vous lepénisez", ou "vous vous sarkozissez", voire "vous vous évajolisez" tant les critiques contre les médias ont, cette année, fait partie intégrante des discours de campagne. Nicolas Dupont-Aignan, lui, est lancé : "Madame, venez avec moi une fois sur le terrain, venez voir les Français qui souffrent. On ne vit pas dans le même monde."

Cette fois, c'est Michel Denisot, le patron de l'émission, qui reprend, calme : "Mais si, Monsieur. On ne vit pas sur la lune. Vous ne savez pas où je vis." A partir de là, l'émission s'échappe, les rôles s'inversent et l'interrogé interroge : "Donnez-nous votre salaire, combien vous gagnez ?", demande Nicolas Dupont-Aignan. "Dites-le aux Français ! Vous n'oserez pas le dire." Michel Denisot refuse "de polémiquer", mais le candidat est lancé : "Vous ne pouvez pas dire droit dans les yeux aux Français combien vous gagnez, car c'est une somme tellement extravagante (...). Tous ces gens qui s'en mettent plein les poches, qui donnent des leçons à la terre entière (...)."

Voir aussi : Le Monde a-t-il contribué à la chute de Nicolas Sarkozy ?

2012/05/18

"Engagement partisan" : Le Monde a-t-il contribué à la chute de Nicolas Sarkozy ?

Le Monde a-t-il contribué à la chute de Nicolas Sarkozy ?
demande Pascal Galinier, le Médiateur du quotidien de référence dont la chronique note des descriptions de François Hollande pour le moins discutables, comme par exemple la «tonalité churchillienne» du candidat socialiste.
"Le despote, le chef de la peste brune, l'hydre de la droite a été mis à terre et terrassé par «saint Georges Hollande», avec l'aide de votre corporation en général, par votre résistance opiniâtre et soutenue contre l'empire du mal..." L'ironie de Maurice Guyader (Toulon) est amère. Elle donne le ton du courrier de nos lecteurs depuis l'élection d'un président de gauche à l'Elysée.

Le Monde a-t-il contribué à la chute de Nicolas Sarkozy ?

… En janvier, Dominique Brun notait que "l'engouement des éditorialistes et journalistes du Monde pour le candidat Hollande (...) ne constitue pas une totale surprise pour un vieux lecteur". Cela n'empêchait pas ce "vieux lecteur" de Neuilly (Hauts-de-Seine) d'épingler "le lyrisme des commentaires à propos du candidat ou de son programme : «volonté de réalisme et de sérieux» dans Le Monde du 24 janvier, «tonalité churchillienne» (pas moins !) dans Le Monde du 27 janvier..." Peut-on conclure comme lui que cela "relève de l'engagement partisan » ?

… Certains de nos lecteurs ont, eux, déjà aiguisé leur plume... L'ère du soupçon a-t-elle commencé ? L'air du soupçon trotte en tout cas dans leurs lettres... "S'il est une profession qui doit se réjouir de la victoire de Hollande, c'est celle de journaliste", affirme Roger Saint-Pierre (La Rochelle). Il a son explication : "Les niches fiscales qui concernent les journalistes étaient menacées d'être réduites ou supprimées en cas de réélection de Sarkozy. Avec Hollande, il n'y a rien à craindre !" "Le Monde, second gros perdant de la présidentielle", tranche au contraire Daniel Boéri, de Monaco : "Avançant masqué, telle une pythie, distribuant comme toujours ses leçons de morale aux uns et aux autres, il vient de tomber de son piédestal. C'est sans doute l'échec le plus retentissant de toute la presse."

Caroline Madec pense utile de nous rappeler que "le rôle d'un journal n'est pas de convaincre ses lecteurs de croire en quelque chose mais de les informer, afin de leur permettre de prendre la meilleure décision, en connaissance de cause". Une belle et bonne définition de notre métier, tel que nous nous efforçons de le pratiquer jour après jour, croyez-le bien, chère "fervente lectrice" de Quimper ! … De Hambourg, en Allemagne, une certaine... France (qui souhaite rester anonyme) nous dit son "malaise" de lectrice : "l'objectivité n'existe pas, pas plus que l'impartialité. Cependant, Le Monde m'avait habituée à plus de rigueur, d'équité et à moins d'ambiguïté dans le traitement des informations. Je peux très bien comprendre, admettre, partager votre rejet de tel ou tel comportement, de tel ou tel candidat, mais je souhaiterais que vous les traitiez sur un pied d'égalité".

2012/05/15

Au sein de l'UE, les 20 % les plus riches ont des revenus 5 fois plus élevés que les 20 % les plus pauvres

Pendant que les Européens font la morale aux Américains sur les "ravages" de leur système "ultra-libéral" et "ultra-capitaliste" et "sauvage", Le Monde nous apprend qu'au sein de l'UE, les inégalités de revenus vont du simple au double.
En moyenne, au sein de l'UE, les 20 % les plus riches ont des revenus cinq fois plus élevés que les 20 % les plus pauvres, mais les niveaux d'inégalité peuvent différer du simple au double entre pays.

Depuis 2007 et le déclenchement de la crise, les plus fortes hausses ont été enregistrées en Espagne et en Lituanie. La moyenne européenne est, elle, restée stable.

Les inégalités se sont également creusées en France (+ 0,6) depuis 2007. Après une baisse dans les années 1990, l'écart est reparti à la hausse au cours de la dernière décennie, notait un rapport de l'OCDE en décembre 2011. Selon l'organisation, le système de redistribution (à travers les prestations sociales et les impôts), qui permet de réduire les inégalités de 30 % en moyenne, est devenu moins efficace.

2012/05/14

The "Beauty of Siberia's Nature": For a Number of Prisoners, Writes Le Monde, the Soviet Gulag Was a Positive Learning Experience

Pour tous ceux qui sont arrivés enfants au goulag et y sont devenus adultes, ce fut un épisode douloureux mais aussi un moment de formation, une école.
After the first moment of satisfaction of learning that a book (Déportés en URSS) has been published concerning the Soviet gulag (in conjunction with the setup of an EU website), your eyes kind of, how to say this, pop open when you read in Julie Clarini's book review that the Le Monde reporter thinks nothing of describing the communist horrors in a perfectly lackadaisical fashion:
Let us remember that a large number did not survive. The others managed to adapt and the majority was freed in the middle of the 1950s.
A "large number did not survive", she writes; not "a large number were mercilessly assassinated." Later, you will notice, she mentions the (passive) "dead" and not the (actively) "murdered."

From that insouciant description — although it is not clear whether the laid-back tone of the review reflects that in Marta Craveri and Alain Blum's book — it does not take long to learn about "the insignificant amount of hatred felt by the prisoners towards the Russians" and how
Amongst the dead [not "the murdered"], the cold, the mud, and the insects, one runs into a girl who would never forget the beauty of the Siberian nature, or a boy who was proud to drive a tractor. For all those who arrived in the gulag as children and who grew up there, it was a painful episode, but also a learning experience, a sort of school.
We are then told it was a "bitter school", but the question remains, Would any reviewer have been so casual in describing the Nazis' concentration camps?! Can you imagine any reviewer thus speaking about… Guantánamo Bay?!
Au milieu des morts, du froid, de la boue et des insectes, on croise ici une fillette à jamais marquée par la beauté de la nature sibérienne, là un jeune garçon tout à sa fierté de conduire un tracteur. Pour tous ceux qui sont arrivés enfants au goulag et y sont devenus adultes, ce fut un épisode douloureux mais aussi un moment de formation, une école.