Chez les lecteurs, les téléspectateurs et les électeurs, les journalistes ont été l'une des grandes indignations de la campagne, presque une colèreracontent Florence Aubenas, Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Benoît Hopquin et Vanessa Schneider qui présentent "un florilège de quelques scènes de la vie politique et médiatique qui ont scandé la présidentielle."
Au sein de la presse, la plupart des journaux s'insurgent aussi. Jusqu'à Alain Duhamel qui convient : "C'est une amie d'Anne Sinclair et une amie d'Anne Sinclair ne devrait pas interroger Dominique Strauss-Kahn..."
… C'est une des vidéos qui fascine tout Internet, avec connexions en rafale, déchaînement de commentaires et bravos virtuels. Vendredi 13 avril, Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidentielle sous l'étiquette Debout la République, est invité au "Grand Journal"" sur Canal+ : en trois minutes cinquante-sept secondes, il va produire un concentré de "tout ce qu'on pense des journalistes", estime un internaute, et "donner un coup de pied dans cette saloperie de fourmilière".Ce soir-là, donc, Nicolas Dupont-Aignan monte au créneau, assez vite : "Je sais pourquoi les Français ne lisent plus les journaux. Ils vont sur Internet, et heureusement qu'il y a Internet. Parce que tous ces éditorialistes de bazar, qui vivent ensemble, qui font tout le temps les mêmes articles, qui sont totalement coupés des réalités, qui gagnent un argent fou, et qui croient connaître les Français, on va s'en débarrasser un jour."
Sur le plateau, face à lui, Ariane Massenet, qui mène l'interview, reprend en souriant : "Vous vous mélenchonisez !" A vrai dire, elle aurait pu aussi bien dire "vous vous lepénisez", ou "vous vous sarkozissez", voire "vous vous évajolisez" tant les critiques contre les médias ont, cette année, fait partie intégrante des discours de campagne. Nicolas Dupont-Aignan, lui, est lancé : "Madame, venez avec moi une fois sur le terrain, venez voir les Français qui souffrent. On ne vit pas dans le même monde."
Cette fois, c'est Michel Denisot, le patron de l'émission, qui reprend, calme : "Mais si, Monsieur. On ne vit pas sur la lune. Vous ne savez pas où je vis." A partir de là, l'émission s'échappe, les rôles s'inversent et l'interrogé interroge : "Donnez-nous votre salaire, combien vous gagnez ?", demande Nicolas Dupont-Aignan. "Dites-le aux Français ! Vous n'oserez pas le dire." Michel Denisot refuse "de polémiquer", mais le candidat est lancé : "Vous ne pouvez pas dire droit dans les yeux aux Français combien vous gagnez, car c'est une somme tellement extravagante (...). Tous ces gens qui s'en mettent plein les poches, qui donnent des leçons à la terre entière (...)."
Voir aussi : Le Monde a-t-il contribué à la chute de Nicolas Sarkozy ?