Une telle suggestion — les néoconservateurs auraient eu raison — ne peut susciter en France qu'ironie et indignation
écrit
Jacques Rollet dans
Le Monde.
Même si les néoconservateurs américains, comme le dit justement Justin Vaïsse, ont fait preuve d'arrogance et de paresse intellectuelle lors de la deuxième guerre d'Irak (voir son ouvrage : Histoire du néoconservatisme aux Etats-Unis, Odile Jacob, 2008), il n'en reste pas moins qu'ils ont déployé une authentique philosophie politique selon laquelle la démocratie est un bien qu'il faut propager sans arrière-pensées et sans réserves nées de la realpolitik.
On peut consulter sur le messianisme de cette vision les travaux d'universitaires (à titre d'exemple, Sébastien Fath) et de journalistes français. N'oublions pas que Bill Clinton déclarait en 1999 : "Les Etats-Unis ont l'opportunité, et je dirais, la responsabilité solennelle de modeler pour le XXIe siècle un monde plus paisible, plus prospère, plus démocratique." Les Américains, avec tous leurs défauts, ne sont pas seulement matérialistes comme le pense le cynisme français ; ils sont également idéalistes comme nous ne le sommes pas suffisamment.
[Par contraste, les] politologues français spécialistes des relations internationales se caractérisent souvent par une grande pauvreté en termes de théorie, pauvreté due à l'absence d'une véritable philosophie politique, exclue en France, de la science politique. La question n'est pas académique ou anecdotique. Les nombreux travaux de philosophie politique depuis une vingtaine d'années n'ont pas changé la vision sceptique de la classe politique française concernant la démocratie.
…Si donc la démocratie est le meilleur régime ou le moins mauvais, elle est valable pour tous les peuples et pas seulement pour les Occidentaux. Il est vrai qu'il faut analyser les conditions de son établissement selon l'état d'avancement des cultures et des économies, mais il faut vouloir cet établissement.
Après un tel refus de suivre la pensée unique, on se doute bien que Jacques Rollet se fait descendre en flammes par les lecteurs du Monde (dont l'un, sachant où trouver les vrais cerveaux de la politique internationale (sic), cite un sketch des… Guignols et un autre, faisant preuve d'une lucidité à toute épreuve (re-sic), trouve intéressant de comparer l'auteur (politologue à l'université de Rouen) avec le (avec l'anti-)héros de la série Dallas (tous deux ayant les initiales JR))…