Au printemps 2003, en signe de vengeance et de mépris, les Irakiens frappaient de leurs chaussures les statues monumentales de Saddam Hussein jetées à terre par les troupes américaines. Cinq ans plus tard, ils les jettent à la figure du chef de la coalition venue les libérer d'une sanglante dictature, en le traitant de "chien".
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Dominique Dhombres renchérit en affirmant — in so many words (et à la grande joie des lecteurs du Monde) — que le mot de la fin de la guerre d'Irak, ce n'est autre que
ce lancer de chaussures à Bagdad.Le Monde (et ses lecteurs) ignorent allègrement 1) les condamnations du geste par de nombreux Irakiens, tout comme ils ignorent allègrement 2) que si un journaliste avait été l'auteur d'un geste similaire contre Saddam Hussein (ou contre, mettons, Assad ou contre les Mollahs, pays dans lesquels ce geste a été loué "spontanément"), il aurait eu (au minimum) les bras arrachés.
Enfin, 3) tant Le Monde que ses lecteurs présentent (à travers leur correspondante, Mouna Naïm) Mountazer Al-Zaïdi comme un Irakien type, alors que jamais, ô grand jamais, il n'aurait jeté une chaussure ou quoi que ce soit sur Saddam Hussein, vu que le dictateur était son héros et que — justement — le journaliste de Al-Baghdadiya travaille pour une télévision pro-saddamite ; sa "protestation" tient donc à peu près autant du symbolique que si, après le printemps 1945, un journaliste allemand, de tendance nazie, avait jeté ses bottes sur Franklin Delano Roosevelt ou Churchill pour tous les morts que les Américains et/ou les Anglais — et non Adolf Hitler — avaient causé durant la 2nde Guerre Mondiale.
Update: Ralph Peters agrees…