2012/08/08

765 : le nombre de blogs « actifs » hébergés par Lemonde

ept cent soixante-cinq. Question : que représente ce chiffre ?

Voilà comment Pascal Galinier commence sa chronique de médiateur dans Le Monde.
Sept cent soixante-cinq ? La réponse est facile à trouver. D'un clic. C'est le nombre de blogs « actifs » hébergés par Lemonde.fr. Actifs, c'est-à-dire mis à jour au moins une fois tous les deux mois. 765 blogueurs actifs, donc. Deux fois la rédaction du Monde... Certes, près de 10 % de ces blogueurs y sont journalistes, au Monde... Tous services confondus. Donc 90 % sont... des lecteurs ! Autant de « journalistes participatifs », comme on disait naguère - l'adjectif « citoyen » est banni, car tous nos journalistes sont des citoyens, faut-il le rappeler - dont une quarantaine d'« experts » de toutes sortes. Au hasard : Jean-Pierre Rosencveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny (« Droits des enfants ») ; Georges Ugeux, banquier d'affaires (« Démystifier la finance ») ; Cécile Traverse, psychologue du sport (« Fortes têtes ») ; Sébastien Naeco, consultant (« Le Comptoir de la BD ») ; Matthieu Auzaneau, spécialiste de l'énergie (« Oil Man ») ; Georges Moreas, commissaire principal honoraire (« Police etcetera »)... Sans oublier nos « incontournables » : Francis Pisani, qui, dans « Winch 5 », traque « innovations et médias sociaux aux cinq coins du monde », ou Pierre Assouline et sa sérénissime « République des livres »...

Des blogs comme s'il en pleuvait, donc. Blogs éphémères (sur les Jeux olympiques de Londres, le Tour de France, le Festival de Cannes...) et blogs « durables ». Comment s'y retrouver ? Un clic encore et voici les « blogs sélectionnés par Lemonde.fr » : quatre-vingt-sept au dernier pointage ! Les plus fous, les plus drôles, les plus pertinents, les plus impertinents...

… Mais que vient faire le médiateur dans cette affaire, direz-vous ? Eh bien, il a cédé lui-aussi à la « bloguitude »... « Le Monde des lecteurs » fêtera le 1er octobre son premier anniversaire. Le courrier des lecteurs y a trouvé refuge, en ces temps de restriction papetière...

2012/08/07

"You mean to say that you chased me through the village and are treating me like a terrorist because I did not stop at a white line?!"

Une Anglaise dans une Golf se fait arrêter par les gendarmes dans un… village du Midi, est incrédule de se faire traiter "comme une terroriste" (lire aussi — si vous comprenez l'anglais — les témoignages dans les commentaires)
As I drive out of the square, a blue gendarmerie van appears, as if out of nowhere, in my rear view mirror, its blue light flashing and siren wailing
writes Karen Wheeler in the Telegraph.
"Must be pretty serious," I think, slowing down – there is nowhere to pull over – and wondering why it doesn’t overtake, despite the lack of oncoming traffic.

Eager to get out of its way, I turn right for the petrol station and am irritated when it does likewise, driving close enough to pluck the GB sticker from my bumper.

I turn into the petrol station, hoping to lose the screaming blue vehicle. But no, it follows me there too. The police van, I realise to my horror, is chasing me.

… Terrified, I get out to face the French cops, while Biff, my dog, cowers behind the driver’s seat.
"Madame," says one of two robustly built female cops, barely out of their teens. "You have just committed a serious offence."

"Really? What?" I say, incredulous.

"You did not stop at a white line."

"Yes, it’s true, because I could see that there was no traffic coming in any direction," I reply in French, realising that she is referring to a minor junction off the village square.

… from the expressions on the gendarmes’ faces, you’d think I’d been caught sneaking into the Louvre with a large incendiary device.

Suddenly, I’m struck by the absurdity of the situation and I start to laugh. "You mean to say that you chased me through the village and are treating me like a terrorist because I did not stop at a white line?" I find myself saying.

Now it’s the gendarmes’ turn to look incredulous. The golden rule when dealing with les flics, as most expats know, is to smile apologetically and be as obsequious as possible.

When I tell friends about my latest run-in with the gendarmes, they shake their heads knowingly. It seems that most of them, French and anglais alike, have at some point, fallen foul of the unbroken white line.

"Ah yes, white lines," says my French mayor friend, knowingly. "The gendarmes take them very seriously." Using a handheld phone while driving, on the other hand, is not taken at all seriously, it seems, since the penalty starts at a mere €35.

… if you’ve ever wondered why French drivers seem reluctant to exit supermarket car parks, yet are happy to tailgate at 120 km per hour on dual carriageways, while cheerfully chatting on a handheld phone, you can probably now figure out why.
Read also the testimony in the comments section, including this one:
I warn against the STOP cash cow in France on http://streetwise-france.com/travel-france-driving.htm#driving:
"French junctions are littered with over-zealous STOP signs where other countries use YIELD signs. The difference is, as you would know, that you have to mark the stop during a couple of seconds when there is a STOP sign. The trap is that police have found out that spying on STOP signs is an easy way of making money, since most of the junctions don't require stopping completely for safe passage. Hence, many motorists just drive slowly past the STOP signs without stopping completely. To prevent annoying fines, one needs to STOP completely and sit and look around for a couple of seconds, whether it seems useful or not, whenever there is a STOP sign. The strange thing is that on dangerous junctions with fast traffic, one mostly finds YIELD signs only, whereas it is indeed required for safety to stop completely to avoid being torpedoed by a French driver going 120 kph (75 mph) on a national road where the limit is 90 kph (56 mph)."
As with so many other things in France, it is ridiculous, but it's unlikely to change.

2012/08/06

Il est temps de réenchanter le rêve France 24

l y a maintenant plus de six ans, nous étions micros et caméras à la main, poussés par un beau rêve
raconte Jean Lesieur dans Le Monde.
En français, en anglais, en arabe, nous allions raconter la France au monde, le monde à la France, le monde au monde. Nous allions créer une entreprise d'information en phase avec le « soft power » de notre pays, « nation universelle », porteuse, donc, d'une voix universaliste.

Dans ce qui n'était encore qu'un chantier, nous avons bâti ce qui constitue le rêve France 24, ce grand élan impulsé par François Mitterrand, concrétisé par Jacques Chirac, confirmé par Nicolas Sarkozy. Nous avons réuni une exceptionnelle équipe de journalistes venus d'horizons et de pays différents qui incarnaient la modernité de la France mondialisée.

Dans les semaines précédant notre lancement, la presse anglaise se gaussait de la grenouille française qui voulait se faire aussi grosse que le « beef » anglo-saxon, ou faire concurrence aux riches émirs du Golfe. « La voix de la France », disait-on avec morgue, serait celle du Quai d'Orsay ou de l'Elysée. France 24 resterait à jamais lilliputienne à côté de la BBC, de CNN, d'Al-Jazira. Mauvais pronostic !

[Et pourtant, des] questions sérieuses se posent, sur des modes de management, des alliances et des retournements bizarres, voire suspects, des investissements sur des personnages toujours à l'affût d'un statut, de pouvoir, d'influence, d'argent. Là où elle s'était créée dans la fièvre et l'enthousiasme des « start-up », France 24 finit par incarner ce qu'il y a de pire dans le « service public à la française » : peureuse et paralysée comme un mammouth en fin de vie.

Des questions sur la vision éditoriale que doit incarner France 24 se posent aussi. Sur l'universalisme, qui est son ADN, sa raison d'exister dans le monde d'aujourd'hui. Ou la chronique traditionnellement plan-plan de la « Françarabie » et de la « Françafrique ». Naturellement, se pose enfin la question des moyens et de la structure du véhicule. Fusionner ou pas, avec RFI ou d'autres ?

2012/08/05

Vivre dans un arbre-cathédrale aux Etats-Unis

David Walter Banks ramène des photos du Tennessee, où Horace Burgess a consacré vingt ans de sa vie à construire un bâtiment dans un arbre. En fait,
La Maison dans l'arbre englobe sept arbres, dont un énorme chêne comme en compte cette région du Tennessee. Crossville est dans les contreforts des Appalaches. La forêt a été admirablement conservée.

Horace récupère toutes sortes de planches sur les chantiers. Plutôt que de les voir voués à la destruction, il récupère les morceaux de bois et les ajoute à l'édifice.

Le dimanche, Horace prêche devant les visiteurs de passage.

Horace Burgess avait vécu une vie d'errance après son retour du Vietnam. Un jour il a "rencontré" Dieu. Chrétien "born again", il a voué sa maison dans l'arbre à Jésus.


Jeunes, ultraviolents et surarmés : l'ère des caïds

Dans M le magazine du Monde, Yves Bordenave et Jacques Follorou nous apportent un article sur l'ère des caïds…

Le crime paie toujours, mais la grande criminalité n'est plus tout à fait ce qu'elle a été. Aux parrains corses et marseillais s'ajoutent les voyous issus des cités. Les deux mondes se rencontrent peu. Ils se croisent parfois au hasard des prisons mais ne mêlent pas leurs affaires. Antonio Ferrara, alias Nino, célèbre malfrat originaire de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) reste une exception. Ce petit roi de la cavale, auteur en mars 2003 de l'évasion la plus spectaculaire de la prison de Fresnes – un commando armé de mitraillettes et d'un bazooka avait attaqué l'établissement pénitentiaire pour le faire sortir – a fait ses classes dans le trafic de cannabis, dans sa cité. Puis il est "monté au braquo", où ses talents de perceur de coffres-forts à l'explosif lui ont permis de gagner ses galons dans le gratin du grand banditisme. Si Nino, qui purge une longue peine de prison, n'a rien perdu de son aura, son parcours ne semble pas avoir fait beaucoup d'émules dans les cités. Désormais, les "minots" marseillais comme les "z'y va" de la banlieue parisienne tracent leur route seuls et sans chaperon.

… Avant d'être arrêté et incarcéré en juin 2011, Redoine Faïd, 39 ans, avait déjà purgé une dizaine d'années de prison. Braquages, trafics, Redoine est un bandit de haut vol, accusé du meurtre d'une policière municipale, lors d'une fusillade survenue à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), en mai 2010. Il a grandi à Creil (Oise) où il est très vite devenu le caïd du Plateau, une cité réputée pour être l'une des plaques tournantes du trafic de drogue au nord de Paris. Crâne rasé de près, costume de jeune cadre dynamique, chemise blanche immaculée, Redoine a même écrit un livre en 2010, dans lequel il raconte ses faits de guerre dans la voyoucratie. Attaques de "tirelires à roulettes" (les fourgons blindés) à la kalachnikov, adrénaline garantie, Redoine incarne cette catégorie de criminels apparus sur la scène du banditisme au début des années 1990. Ils ont inventé les go fast, transport de drogue entre l'Espagne et la France à bord de grosses cylindrées conduites à toute vitesse sur les autoroutes. Ils sont fans de Neil McCauley, le personnage joué par Robert De Niro dans Heat. Ont pour héros Al Pacino dans le Scarface de Brian de Palma et confondent la vraie vie avec les jeux vidéo qui ont rythmé leur adolescence.
… Changement aussi de méthodes et de mentalité. Les comptes se règlent toujours à coups de feu, mais le calibre a changé. L'AK 47, la fameuse kalachnikov, remplace de plus en plus souvent le colt 45, l'arme mythique de la pègre. Moins précise mais plus impressionnante, elle est devenue l'arme fétiche des cités. Les tueurs sont moins professionnels, souvent plus jeunes, mais tout aussi efficaces. Violents, audacieux, sans peur et sans scrupule, ils agissent au sein de petites bandes formées au bas des barres d'immeubles. Le sentiment d'appartenance à un territoire domine. Leur fonds de commerce : l'importation et la vente de cannabis. Un business "facile", plus facile que nombre d'activités traditionnelles du banditisme. La prostitution et les jeux, pas assez rémunérateurs, ne les intéressent pas. Ils laissent ça à d'autres, maquereaux originaires des Balkans, de Russie ou d'Europe de l'Est. Les sommes engrangées grâce au deal se comptent en centaines de milliers d'euros. Alors, dans le business, l'assassinat a force de loi.
Comme à Marseille où, depuis trois ou quatre ans, les cités sont devenues le théâtre macabre d'une série de règlements de compte. Là, au cœur de la cité phocéenne et un peu plus qu'ailleurs, les meurtres appellent les meurtres. Le tacatac des rafales de kalachnikov résonne aux oreilles des habitants de la cité Font-Vert, du Clos-la-Rose ou de la Castellane. Autant de cités du nord de la ville connues pour être des hauts lieux du trafic de cannabis. C'est là, dans le dédale des caves et au pied des cages d'escaliers, que s'épanouit ce que les policiers appellent le "néobanditisme". Là que s'affranchissent ceux qui, à 20 ans et parfois moins, rêvent de devenir caïds. Là que des petits délinquants, encore adolescents, tombent sous les balles de bandes rivales, tel Jean-Michel Gomez, 16 ans, fauché au pied de chez lui, au Clos-la-Rose, le 19 novembre 2010.
… La famille Houmani régnait en maître sur la cité [des 4 000, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis)] après avoir neutralisé le clan concurrent des Ben Faiza.

A CHAQUE FOIS, LE SCÉNARIO EST LE MÊME : échanges de coups de feu, enlèvements, violences et intimidations. Les butins amassés sont écoulés dans des lieux comme Puerto Banus. Les trafiquants de drogue ont élu ce bout de côte espagnole comme refuge. Porte d'entrée de l'Europe du Sud, c'est sur les plages alentour que se font, toutes les nuits ou presque, les livraisons de cannabis. De là, "l'or gris", l'herbe cultivée au Maroc, remonte à bord de voitures pilotées par des chauffeurs chevronnés payés entre 4 000 et 10 000 euros selon le chargement. Une nuit d'autoroute pour atteindre le sud de la France et la marchandise file vers Toulouse, Marseille, Lyon, Paris, Metz, Nancy, Mulhouse, Lille, etc.