2010/11/04

Les Tea Parties : une révolte de la société contre l'élite étatiste qui pense que manipuler des modèles mathématiques permet de saisir le réel humain

Il est inouï et au fond à la longue banal de constater à chaque fois (tel le lancinant mouvement d'une horloge à balancier) que les mêmes analyses étriquées et tronquées sont balancées sur ce qui se passe aux USA et aujourd'hui en Europe et que l'on peut résumer par deux mots fourre tout
dit Lucien Oulahbib (qui sera l'invité de l'institut Turgot le 15 novembre) : ultra conservatisme et populisme.
On aura donc tout entendu sur ces élections américaines : jusqu'à indiquer un retour ou le maintien du racisme qui expliquerait le revers ("la raclée" dit Obama, ce qui a dû faire rager un BHL qui ne cessait de minimiser l'échec) ; le Monde reprenant par exemple une dépêche de CNN:

MIDTERMS – Aucun Noir au Sénat américain

alors que sur Fox News on pouvait lire : "Two black Republican victories tonight mark the first time African-Americans will represent the GOP in Congress in seven years".

Curieux que les "racistes" républicains aient des candidats noirs non ? …

Combien de députés socialistes verts UMP de couleur mmh ?… Les Républicains ont nommé coup sur coup deux secrétaires d'Etat noirs aux affaires étrangères, qui s'en souvient ?…Une gouverneure républicaine est d'origine latino, Suzanna Martinez, et un sénateur Tea Party, Mark Rubio, a été élu grâce aux voix latino…

Qu'en dit Associated Press repris par Yahoo news ? Ceci : " Selon Richard Ivory, consultant républicain noir et fondateur du blog politique et musical Hip Hop Republican, c'est avant tout l'opposition à Barack Obama qui a compté, et non la "couleur de peau".

"Il fut un temps où l'électorat blanc voyait d'abord la race (du candidat) et fondait son jugement uniquement là-dessus. Quand les républicains noirs et Obama sont en désaccord idéologique, le message l'emporte sur la couleur de peau", analyse-t-il ".

… C'est justement ce que ne veut plus le Tea party… cette idée que le "changement", la modernité en un mot, rime avec dissolution, que la critique rime avec destruction, le pluralisme avec relativisme, la sexualité avec l'idéologie queer (à l'heure pourtant du développement "durable" mis à toutes les sauces).


Mais la cause semble entendue, du Figaro au Monde : tea party c'est "ultra" de chez ultra, point final. L'analyse est reposante. Et ces fins experts bien de chez nous (se référant aussi au mépris pour " L'Amérique profonde" de tel écrivain américain newyorkais en vogue de passage à Paris, Paris qui s'y connaît en mépris, celui, déjà ancien, de la "France profonde"…) n'ont pas la dent assez dure pour relever la position singulière de telle ou tel sur ses opinions religieuses et sexuelles (deux marqueurs essentiels on l'a dit plus haut des batailles spirituelles actuelles et qui ne vont que s'amplifier).

Pourtant, et comme il a été déjà noté ici, l'ancienne batteuse du groupe rock Velvet underground dit "Moe" ne pense pas avoir viré sa cutie lorsqu'elle justifie sa participation à une réunion du Tea Party en Georgie du Sud : " "Anyone who thinks I'm crazy about Sarah Palin, Bush, etc., has made quite the presumption. I have voted Democrat all my life, until I started listening to what Obama was promising and started wondering how the hell will this utopian dream be paid for?"

Nous touchons à l'essentiel, et ceci nous concerne aussi en France, en Europe et ailleurs : que dit cette femme (dont le passé parle pour elle en matière d'expérimentations sociétales) sinon qu'elle s'inquiète sur le fait que de plus en plus et ce au nom d'une connaissance supérieure "on" la somme de rogner sa liberté, de changer de conscience comme l'on change de chemise, et tout cela au nom du changement, du progrès, de la Terre, etc etc, alors que cette obligation d'amoindrir la liberté d'être pour accomplir une utopie appauvrit sape étouffe en réalité et la nécessité du changement et le hasard de la liberté, voilà le paradoxe : une idéologie, énième métamorphose du purisme hyper-rationaliste qui après avoir voulu changé de calendrier (Robespierre, remis à la mode par Badiou),changé l'homme avec des moyens institutionnels (Communisme, nazisme), prétend le changer en le rééduquant en lui interdisant ceci et cela. Tout en montrant du doigt le marché la liberté alors que ce sont par ces paramètres que les pays émergents sortent enfin la tête de l'eau enfoncée pendant des décennies par les mêmes qui veulent aujourd'hui finir le job en France et ailleurs. Ce n'est pas la liberté qui appauvrit mais l'étatisme et l'affairisme qu'il encourage (comme recevoir en grandes pompes le dictateur chinois parce que le marché public permettra de saupoudrer les miettes clientélistes…).

Certains Américains, de toutes tendances, se sont levés et disent "stop" ! Voilà l'âme du Tea Party : take our country back, rendez-moi la Constitution qui le fonde. Laissez-moi éduquer mes enfants comme je l'entends, laissez ma sexualité tranquille, ne parlez pas au nom de la science (que vous critiquez par ailleurs…) laissez-moi croire à ce que je veux. Ne dites pas que le refus de la dissolution des frontières c'est du racisme alors que l'on vante tel ou tel peuplade soucieuse de préserver sa vie privée jusqu'à refuser la présence d'étrangers.

insistons lourdement, lorsqu'il s'agit d'Occidentaux qui veulent préserver leur mode de vie on les traitera de (néo)réactionnaires.

Par exemple, l'on a fait un véritable procès en "sorcellerie" à Christine O'Donnell candidate battue du Tea Party dans le Delaware (elle avait, certes, donné dans le spiritisme, critiqué la masturbation avant le mariage, et sa campagne n'était pas nécessairement des plus marquantes: "je suis vous"…) sauf que ses opinions n'ont rien à voir avec ses positions sur la fiscalité, l'Etat minimum etc, elle a le droit de penser ce qu'elle veut, et on a le droit de ne pas être d'accord avec elle sans pour autant la déterminer de réactionnaire alors que les gens qui jugent ainsi refusent qu'on les étiquette par exemple de totalitaire… Cependant, sur un point tout de même, ses ennemis n'ont pas tort : il est sûr que si elle avait été élue sénatrice comme ses deux camarades du tea Party, elle se serait battue en effet pour que la santé l'éducation redeviennent des libertés de base. Non à la République de Platon, de Robespierre et de Lénine.

Et cela "nous" concerne aussi.

… On le voit : la poussée du Tea Party, la montée des mouvements critiques envers le multiculturalisme, signifient bien autre chose que le conservatisme en soi ou les effets de "la" crise économique.

En tout cas ce n'est pas par l'étatisme et la diabolisation que l'on arrivera à y répondre. Il s'agit d'une révolte de la société civile contre l'élite étatiste qui pense qu'il suffit de manipuler des modèles mathématiques pour saisir le réel humain. C'est là où ils se trompent, lourdement.

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