2012/11/06

Les Français semblent trop souvent considérer le candidat républicain comme le diable en personne


Sur le site Atlantico,Jacques Portes et Marjorie Paillon évoquent Ces clichés qu’on nous ressort tous les 4 ans sur les Américains, la politique et leurs élections :

Les personnes issues des minorités ne votent pas toutes pour le candidat démocrate

Jacques Portes : Il est vrai qu’une majorité d’entre eux vont voter cette année pour Barack Obama. Il ne faut cependant pas oublier qu’à l’intérieur de ces minorités, beaucoup de noirs américains vont voter républicain (10 à 15%). C’est également le cas pour le vote latino – environ 20% d’entre eux seront derrière la cause républicaine. Du coté des candidats aussi, les minorités sont représentées dans le camp conservateur. Je pense notamment à Herman Cain, ex candidat afro américain à la primaire républicaine et propriétaire d’une grande chaîne de pizza, qui a connu son heure de gloire au début de la campagne. …

Le candidat républicain n’est pas forcément un imbécile

Jacques Portes : Les Français ont trop tendance à penser qu’il ne faut pas être un intellectuel pour être président des Etats-Unis. Quel que soit la tendance idéologique qu’on représente, personne n’arrive à ce niveau-là en étant un con fini. On a beaucoup ridiculisé Ronald Reagan à tort, George W. Bush n’était pas un imbécile et Mitt Romney est tout à fait compétent. Cela ne veut pas dire qu’ils soient forcément cultivés, c’est tout à fait autre chose…
Marjorie Paillon : Le candidat républicain n’est pas forcément l’idiot du village. Mitt Romney n’est pas né de la dernière pluie. Il est diplômé de Stanford, de Bringham et d’Harvard. La caricature qui est faite de lui dans une émission comme Les Guignols est loin d’etre la réalité. Il est montré comme un homme qui se trompe sur chaque mot. Certes il a fait des gaffes durant la campagne mais de là à le caricaturer comme un imbécile notoire, je ne franchirai pas ce pas. Il y a ici une certaine forme de snobisme à la française.

Barack Obama n’est ni le président du monde ni le Messie

Marjorie Paillon : Je me souviens de beaucoup d’articles pendant les midterms dans lesquels on découvrait que les deux premières années du mandat de Barack Obama n’étaient pas aussi prometteuses qu’escomptées. Les téléspectateurs francophones avaient du mal à comprendre qu’il existait autant de ressentiment envers le président Obama. L’Obamania perfusée à longueur de journée par les médias français (mais aussi américains) était une erreur fondamentale de jugement. Un candidat qui suscitait autant d’espoirs sur ses épaules ne peut que décevoir une fois à l’épreuve du pouvoir.
Barack Obama a été élu président des Etats-Unis et non pas du monde. Je vois aujourd’hui des sondages qui paraissent sur le vote des Français ou des Suédois à l’élection américaine, c’est tout à fait ridicule, ça lui fait surement une belle jambe ! Barack Obama protègera les intérêts américains avant toute chose. D’ailleurs, à moins de 24h du scrutin, le vote français lui ferait perdre plus de points qu’autre chose…

L’élection présidentielle américaine n’est pas un affrontement gauche-droite

Jacques Portes : Les partis aux Etats-Unis sont des regroupements de sensibilités différentes. On trouve chez les démocrates des gens de gauche, mais pas seulement. De la même manière que les républicains ne sont pas tous d’extrême droite. Cette impression est faussée notamment par le fait qu’on entend moins les modérés au sein du parti républicain. Le parti est devenu nettement conservateur. En face de cela, Barack Obama est devenu nécessairement de centre gauche. En d’autres termes, la droitisation du parti républicain pousse le président de plus en plus vers le centre.

Marjorie Paillon : Nous avons trop tendance à transposer le paysage politique français sur le paysage politique américain. On associe trop souvent le parti démocrate au Parti socialiste et le parti républicain à une frange droitière de l'UMP. En réalité, le parti démocrate est plus proche de l’UMP qu’autre chose. Il est difficile de classer le parti républicain car il englobe énormément de courants différents, particulièrement depuis les années Bush.

En 2008, Barack Obama était venu en France pendant la campagne présidentielle. Les dirigeants du Parti socialiste essayaient désespérément d’organiser une rencontre avec lui. C’est mal connaitre la politique américaine : jamais il n’aurait commis la faute de s’afficher publiquement avec un socialiste. De plus, les Français semblent trop souvent considérer le candidat républicain comme le diable en personne. Je trouve certaines prises de position du gouvernement français en faveur de Barack Obama hasardeuses, voire dangereuses. Comment allons-nous faire demain matin si on se réveille avec un Mitt Romney président ? Allons-nous l'ignorer lors des conférences internationales ?

L’argent des démocrates n’est pas forcément plus propre que celui des républicains et l’inflation des fonds de campagne n’est pas survenue du jour au lendemain

Marjorie Paillon : C’est un démocrate, Barack Obama, qui a refusé les financements publics en 2008 face à John McCain. En rejetant ces financements de campagne publics, il est évident que la campagne de Barack Obama laissait la voix à une inflation des fonds de campagne pour les échéances à venir. Les Super PACs (comités d’action politique) sont autorisés depuis 2010. Ils financent des campagnes de publicité contre tel ou tel candidat et attendent logiquement un retour sur investissement. Le cliché est de croire que cet « argent sale » n’existe que du côté républicain. C’est absolument faux, il y a également des Super PACs du côté démocrate qui attendent eux aussi un retour sur investissement.

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