Quelle est l’inspiration politique et économique de la formation d’extrême-droite ?demande Frédéric Gardel sur le site de Contrepoints, qui valide ainsi mes nombreux posts montrant que le parti de Marie Le Pen — la femme qui a dit que "Obama est loin à droite de nous" — ne serait pas un parti de droite, voire d'extrême-droite, et surtout pas un parti de droite à l'américaine, mais un parti interventionniste, soit (presque) un parti typique de gauche. (Pour Gaspard Koenig dans Les Échos, le FN serait carrément la réincarnation du parti communiste!)
Étudions le projet pour la France et les Français de Marine Le Pen, accessible sur le site internet du Front National. Celui-ci détaille un certain nombre des mesures économiques phare qu’elle mettrait en œuvre si elle était chef du gouvernement et avait une majorité à l’Assemblée Nationale. …
Fixation des prix par l’État
On peut lire dans le projet que « tous les salaires jusqu’à 1 500 € bénéficieront d’une augmentation de 200 € nets. Cette mesure sera notamment financée par l’instauration d’une Contribution sociale aux importations de 3 % sur la valeur des biens importés. »
L’État augmentera donc le SMIC de 200 euros. Pour les salaires supérieurs au SMIC, on se demande quelle méthode sera utilisée pour réaliser cette promesse.
Comme toute augmentation du SMIC, celle-ci entraînerait une destruction d’emplois non-qualifiés et diminuera la création de nouveaux emplois non qualifiés. Par ailleurs, elle diminuera encore ces écarts de rémunération entre bas salaires qui permettent de récompenser l’expérience ou les aptitudes. Au contraire, le marché du travail a besoin de plus de flexibilité et d’un État qui impose moins de charges sur le secteur productif.
Par ailleurs, une taxe sur les importations nécessitera de renégocier les traités de libre échange et les traités bilatéraux dont la France est signataire, les partenaires économiques de la France pénaliseront donc les exportations de biens français en représailles.
Une autre mesure du projet détaille que « les tarifs du gaz, de l’électricité et du train seront immédiatement baissés de 5 %. » On retrouve ici la légende de l’État qui croit mieux connaître le prix optimum que le marché. Rappelons que la fixation étatique des prix engendre des distorsions de marché, des sous-investissements ou des surprofits, et l’impossibilité pour les prix d’atteindre l’optimum. …
Le flou sur les dépenses publiques et les taxes
Le projet de Marine Le Pen donne des indications sur la politique fiscale souhaitée par le FN.
Le document révèle que « la revalorisation des pensions de retraite sera effectuée, de même que les pensions de réversion versées au conjoint de la personne décédée, et actuellement fixées à 18 720 € par an, seront rehaussées à 30 000 €. Le point d’indice sera revalorisé pour les petits salaires de la fonction publique. »
Ces dépenses seront financées par de l’impôt ou de la dette ; la dette, c’est de l’impôt futur ou bien de l’inflation différée qui pèse sur le pouvoir d’achat.
Le texte poursuit en prévenant que « les petits commerces seront défendus contre la grande distribution : une action sera engagée par l’État au niveau des centrales d’achat pour rétablir un équilibre entre le commerce indépendant et la grande distribution. Les liens d’exclusivité entre centrales d’achat et grands distributeurs seront interdits. » Cette intervention étatique déséquilibrera un marché en instruisant le procès de la grande distribution dont les marges sont déjà très basses.
On voudrait voir des promesses de réduction drastique des dépenses, de simplification de la fiscalité à défaut d’une annonce de saigner la fonction publique.À lire aussi :
… Sur la retraite, beaucoup de points communs existent entre le programme du Front de Gauche et du FN.
En effet le projet explique que « la retraite pleine à 40 annuités sera restaurée et l’âge légal de départ en retraite sera ramené à 60 ans. » Cette mesure entraînera un déséquilibre des comptes de retraites, celui-ci devra être compensé par une augmentation des cotisations, par les taxes ou par de la création monétaire qui appauvrira ceux qui les subiront.
Il faut au contraire reculer l’âge du départ à la retraite. Idéalement, les cotisations devraient être épargnées par les salariés afin qu’ils aient des droits réels plutôt que simplement une promesse de recevoir une retraite.
Enfin, en matière de fiscalité, Marine Le Pen soutient que « les produits de première nécessité continueront à bénéficier du taux réduit de TVA à 5,5 % » et elle préconise un impôt plus progressif et prévient que la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu sera portée à 46 %. On ne peut que s’inquiéter de cette annonce d’augmentation des impôts qui est dans la droite ligne du reste du programme économique.
L’exercice du pouvoir et la réalité économique pousseraient sans doute le FN à modifier sa politique économique une fois arrivé aux commandes mais peut-on voter pour des démagogues économiques ? Et la France a-t-elle les moyens de perdre du temps pour essayer des recettes impossibles car totalement antiéconomiques ?
• Aux USA, avec sa politique économique, Marine Le Pen serait une politicienne de gauche,
dit le New York Times ; elle confirme que "Obama (!) est loin à droite de nous"
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