2007/06/14

L'antiaméricanisme de gamins de 11 ans témoigne-t'il de leurs propres "opinions" ou de celles d'adultes endoctrinés (à leur tour!) par l'EN ?

L'antiaméricanisme de gamins de 11 ans témoigne-t'il de leurs propres "opinions" ou de celles d'adultes endoctrinés (dans un premier tour) par l'Éducation Nationale (assurant ainsi — quelle joie ! — la continuité de l'antiaméricanisme (synonyme de l'auto-congratulation française éternelle) pendant génération après génération, ad eternam) ?

"Damn it, you're doing stupid things that could screw up my world!"
THE ANTI-AMERICANS (a hate/love relationship) examines the complicated mixture of envy, pride, admiration, and cultural misunderstanding that characterizes European views. It’s a situation that has led some commentators to say that “Americans are from Mars, Europeans are from Venus.”

This film examines the current status of European attitudes towards America in three very different places: France, the United Kingdom, and Poland. Freely mixing humor with provocative commentary, the program shows how Old World attitudes can be both nuanced and simplistic at the same time – sometimes contradictory, sometimes predictable, but always worthy of our interest.
It may be that people such as Pascal Bruckner, Boris Johnson, and Agnieszka Graff are included in the new documentary in which PBS purports to examine anti-Americanism in a neutral, objective light, but offhand, one is wont to ask if the directors and producers have not wondered about the negative (not to mention preposterous) "opinions" of French 11-year-olds regarding America(ns) and how these may have something to do with the adults in whose trust they are (in school as well as at home, where they live with parents who went through the same schooling system), coupled with no little amount of indoctrination

Dans ce monde dominé par le faux-semblant, la stabilité repose sur un tissu de contradictions subtilement schizophrènes

Bertrand Le Gendre has an article on Nicolas Sarkozy, but the best article on the election related to recent French history is Marc Weitzmann's (almost as good as Thierry Wolton's).
Ce décrochage entre les milieux dits "culturels" ou progressistes (les partisans de "l'ordre juste") et le langage, voire la réflexion historique, mériterait à lui seul une analyse serrée.

Pour essayer de comprendre à la fois cette violence à gauche, et le sentiment de forte cohérence et de nouveauté à droite, peut-être faut-il garder en mémoire les illusions historiques sur lesquelles ont reposé ces termes, droite et gauche, au cours de l'époque qui précède, c'est-à-dire durant la guerre froide.

… La particularité de la France dans ce contexte est d'être la seule à doubler ce travail d'un mythe politique qui la range, malgré la défaite de 1940 et la collaboration, du côté des vainqueurs. Ce mythe est légitimé par les deux partis issus de la Résistance, qui sont aussi les deux principales forces politiques du pays et vont le rester peu ou prou jusqu'à la fin de la guerre froide : d'un côté les gaullistes, de l'autre le Parti communiste.

Deux mouvements révolutionnaires, deux mouvements nationaux reprenant à leurs compte le centralisme d'un Etat fort - deux mouvements antilibéraux, aussi, dont la puissance d'attraction va permettre d'entretenir, malgré la décolonisation, l'illusion de puissance.

A l'intérieur, une droite apaisée accepte grâce à de Gaulle l'idée de République, tandis qu'une gauche communisante sait limiter ses élans révolutionnaires à la fonction publique. … dans ce monde dominé par le faux-semblant, la stabilité repose sur un tissu de contradictions subtilement schizophrènes où se réécrit l'hostilité, sinon la haine traditionnelle du pays vis-à-vis du libéralisme économique.

… La nouveauté de Nicolas Sarkozy n'est-elle pas précisément là ? Le gaullisme a su ramener la droite dans la République, sans pour autant la convertir au libéralisme, alors que le PC maintenait la gauche dans une tradition antilibérale que même François Mitterrand n'est pas parvenu à vaincre. Les douze années que nous a infligées Jacques Chirac sont sans doute l'agonie de cette histoire à droite - agonie dont le point d'orgue aura été l'élection de 2002 - tandis que le PS se prépare à vivre la sienne.

2007/05/14

Expo et dédicace Thibault de Chastenet (BD Jazz)

Suite à l'ouverture de l'expo de Thibault de Chastenet le jeudi 7 juin dans son atelier-galerie (28 rue La Bruyère, 75009 Paris), l'illustrateur/artiste-peintre dédicacera son dernier livre, Johnny Hodges, un album dans la collection BD Jazz avec 2 CDs, à partir de 18h30.

2007/05/08

Ce n'est pas tant la gauche qui a abandonné ses certitudes que la droite qui a réussi à se débarrasser du fardeau historique dont on l'a chargée

À bien y réfléchir, les électeurs de gauche qui déplorent la défaite de leur championne devraient plutôt s'en réjouir.
In the best French commentary I have read on the election, Thierry Wolton says that with Nicolas Sarkozy, the French have ended the demonisation of the French right started under World War II by the communists in alliance with …Charles de Gaulle's gaullists!
L'histoire, c'est connu, est écrite par les vainqueurs. Selon ce principe, la droite française dans son ensemble a été déclarée coupable de collaboration, de pétainisme, par la mémoire dominante de l'époque, modelée en la circonstance par les gaullistes et les communistes qui, pour des raisons différentes, ont cherché à faire porter la responsabilité de ce qui s'était passé sur cette seule famille politique. La raison en est simple, au sortir de la guerre, les gaullistes avaient besoin des communistes pour asseoir leur légitimité politique quand le PCF voulait incarner le parti de la résistance pour mieux faire oublier sa collaboration à l'ombre du pacte germano-soviétique des années 1939-1941.

L'entente tacite gaullo-communiste qui est née de cette convergence d'intérêt a donné le ton à l'histoire, imprégnant notre conscience collective jusqu'à faire intégrer à la droite, en son for intérieur, sa responsabilité passée quand son comportement général en ces années noires ne fut pas, au fond, plus coupable que celui de la gauche. Les communistes, puis les socialistes lorsqu'ils s'allièrent au PCF pour accéder au pouvoir, ont instrumentalisé cette mauvaise conscience de la droite. Fasciste, collabo, pétainiste furent pendant plus d'un demi-siècle les pires injures politiques que l'on pouvait proférer, disqualifiant ceux à qui elles s'adressaient. Pour ne pas prêter le flan à cet opprobre, la droite a longtemps mis sous le boisseau ses valeurs. L'itinéraire de Jacques Chirac, son comportement offrent de bons exemples de cette démarche. Et c'est ainsi que la droite finit par avoir peur même de son ombre.

… Avec un président qui s'affirme dans ses valeurs et qui devrait maintenant mener la politique pour laquelle il a été élu, le pays peut trouver l'aplomb qui lui a si longtemps manqué, quand le tempo de la vie démocratique était donné par une gauche sûre d'elle-même et dominatrice, au point d'avoir réussi à enfermer le camp adverse dans ses complexes. À l'occasion de cette élection, ce n'est pas tant la gauche qui a abandonné ses certitudes que la droite qui a réussi à se débarrasser du fardeau historique dont on l'a chargée.

2007/05/05

Plantu a continué sa diabolisation de Sarko jusqu'aux derniers jours de la campagne



…tout en portant Ségolène Royal aux nues (et cela, tous les jours sur la une du Monde, tout naturellement)…

Update: Appealing to the Vote for a Woman crowd, Serguei weighs in (click on 2 above left) with a joyful Ségo looked upon tenderly by a motherly Marianne while a spiteful Sarko sweats with hatred… (Plantu's cartoon has to do with Afghanistan's Taliban putting off their ultimatum about the fate of their French hostage until the end of the voting.)

2007/05/04

"Il faut voter SR pour sauver le PS"

Hemming and hawing in a front page editorial, Le Monde's Jean-Marie Colombani ends up by coming out for Ségolène in order (see last two paragraphs) to …save the Socialist Party! (Since this would allow le PS to reinvent itself…)

Most Le Monde readers have already shown their partisanship, but as one of them says,
Je n'ai jamais rien lu d'aussi révolutionnaire. En appelant à l'élection de Royal pour permettre la réinvention (sic) du PS, JMC prend la France et les français pour le laboratoire de ses délires. Que le PS et ses fossiles se modernisent seuls sans leur présenter la France en offrande. Les jeux de la gente Rive Gauche n'amusent qu'eux même. Organisez vous une garden party à Versailles pour un évènement royal.
Or to quote U2, Folks, you can't make this shit up. It's a French Socialist mindset sputtering away on all cylinders.

2007/05/01

Le Scandale Bidon de la Banque Mondiale

Le Wall Street Journal révèle ce que le reste de la presse ne nous dit pas sur cette prétendue "affaire de népotisme" que le quotidien appelle "un scandale bidon" qui est en vérité un guet-apens contre Paul Wolfowitz.

1) Alors que des accusations de népotisme circulent depuis janvier 2006 (!), ce n'est bizarrement que plus de quinze mois plus tard, quand George W Bush doit rencontrer Barroso et Merkel pendant un sommet dont un des sujets est …la Banque Mondiale, que le (supposé) scandale éclate.

2) En fait, il s'avère que quand il est devenu président de la BM, Paul Wolfowitz a immédiatement averti le conseil de tous les détails de sa relation avec Shaha Riza et essayé de se récuser ; et que tout ce que PW a fait (ou pas fait) sur ce sujet depuis a été sur les conseils voire sur les ordres du comité d'éthiques.

3) Précisément : les mêmes membres du conseil d'administration qui attaquent "Wolfie" aujourd'hui l'avaient assuré au début de sa présidence de ne pas se faire du souci quant à l'affaire Shaha Riza, ce qui suggère que ces membres, hypocrites, avaient l'intention de monter un putsch depuis le début (et n'attendaient que le moment propice). Le WSJ explique que les vraies raisons de ces satrapes ne sont pas les principes immortels ; "leurs résultats sont cotés non par le nombre de gens qu'il aident à sortir de la pauvreté mais par la somme d'argent qu'ils distribuent. M. Wolfowitz a bouleversé ce statut quo en mettant le focus sur les résultats, et surtout sur la corruption qui mine le développement et gâche les aides internationales."

4) Enfin, selon le WSJ, "le véritable scandale de la Banque Mondiale est que les ennemis de M. Wolfowitz se fichent pas mal de l'Afrique. … Leur vraie priorité est de contrôler le portefeuille et les à-côtés de la banque." En effet, "Les pays européens donateurs veulent qu'il donne sa démission, tandis que les Africains qui sont les clients principaux de la BM veulent qu'il reste."

2007/04/30

Métaphore de l'Amérique de Deubeliou?

Brutalité et prolifération sont les maîtres mots de ce film dans lequel des menaces terrifiantes évoquent l'état du monde depuis la chute des tours.
Covering the third Spiderman movie, Isabelle Regnier discovers that the Peter Parker alter ego, the Venom character (created at least a decade before Dubya even became governor of Texas), is a metaphor for George W Bush's America…

Soupir…

(D'autres critiques de films immortellement lucides…)

2007/04/27

Sputtering with Indignation, Western Europeans Stand Up for Human Rights in Poland (after fiddling about for 50 years)

Poland never received as much opprobrium when it was a communist dictatorship and part of the Warsaw Pact. Nor was any Soviet-era dissident ever lauded as much or given as much space (front page, no less) as Bronislaw Geremek is now as he speaks out against the country's decommunization process. (But then, at the time, Poland was neither capitalist nor pro-American, the mothers of all sins.) From Le Monde editorials to French lawmakers decrying the country's Stalinist or Fascist methods, just about everybody knows what is democratic and what is proof of tolerance and what is best for Poland.

Update: Because of a reader's remarks putting the above facts into doubt, I am adding the following excerpts from previous posts: Update 1: Europeans (and France) were largely silent as recently as one week ago when Geremek (along with a dozen others, most of them former leaders in Europe) issued a declaration in favor of Ukrainian democracy.

Update 2: A Polish émigré weighs in:
…it does not strike you as odd that the people who rush to the side of "justice" were once very happy to forsake justice because we were not proving their social theories correct. It bothers you not at all that the people defending Geremek did not defend him twenty years ago. It bothers me very much, because seventy years ago, these same people "defended" us. I do not want this defense again.

Let me offer some quotes that to me are very telling:
"His moral authority, his commitment to Europe, his fight for freedom have made (Geremek) a figure symbolic of Europe and its values," Douste-Blazy said.
M. Douste-Blazy, Geremek's moral authority was established decades ago. You chose to ignore it until it served your purposes to attempt to harm Poland. I am not impressed.
French presidential candidate Segolene Royal urged Poland in the affair "to conform to the European Union's democratic values," which she described as "not negotiable."
Au contraire, Mdm. Royal, these values have always been very negotiable. When the Germans and Russians signed an agreement to bypass Poland with a gas pipepline through the Baltic, where were our French "friends?" Is M. Putin conforming to the EU's "democratic values?" When Poland was fighting to keep an agreement regarding representation in the EU from being arbitrarily changed by France and Germany, where were your "democratic values?" They are as ephemeral as the French "offensive" in 1939.

…If Poland is to survive in the EU in anything but a subservient role to the French-German axis (or should I say the Vichy-Nazi Axis), it cannot allow hostile neighbors to intervene in its attempts to shed the political turpitude which is a direct consequence of the cowardice those neighbors showed (and in the case of the Germans, far worse) when we could have most used courage.

…the attitudes of individuals must have made an impact on subsequent positions after the Cold War. I suggest that based on the feelings of those people with whom I spoke at that time, who would be contemporaries with those who now denounce Poland, this is not a new sentiment. It was disdain before, and it is disdain now. The rhetoric has adjusted to support current interests. Its hostility to Poland itself is unchanged.

2007/04/24

Le décret en préparation exprime le fantasme « Big Brother »

Pointing out that "even George W Bush's America and its post-September 11 Patriot Act have never contemplated such rules" (now that, in France, shows how bad it is!), Philippe Jannet asks whether the French state is trying to kill the Internet in France and charges that a Big Brother bill is underway that would allow the authorities to stock all kinds of personal information, from pseudonyms and passwords to payment details and credit card numbers…

Le monde multipolaire se développe sans nous demander notre avis et sans correspondre à nos schémas

While Tony Blair says he has absolutely no plans of ever becoming president of the European Commission, Hubert Védrine tells Daniel Vernet that
Le fil conducteur de politique étrangère de la Ve République depuis que de Gaulle l'a reformulée vers 1966-1967, avec les inflexions liées à la personnalité de chaque président de la République et, dans quelques cas, à la personnalité des ministres, c'est l'idée d'une autonomie de décision. L'idée que la France a sa propre politique étrangère. C'est là-dessus qu'il y a consensus. Ce n'est pas évident pour les Américains et pour certains de nos partenaires. Cela suppose une autonomie de pensée.

… Depuis que nous sommes sortis de la guerre froide, il a fallu repenser la politique étrangère française. La France estime avoir le droit, dans certains cas, de contrer la politique américaine. D'avancer ses propres propositions sur l'avenir de l'Europe, sur l'organisation du monde, etc. Même si, sur chaque point d'application concret, sur les rapports entre réalisme, démocratie, et droits de l'homme, il y a des différences, voire des clivages, à l'intérieur de la gauche comme de la droite.
Sounding profoundly principled, Védrine states that he is thinks that France's anti-American consensus is "threatened" and that he is "opposed" to certain tendencies on the right ("and even sometimes on the left", how horrid) to go "in the other direction." The man who invented the term "hyperpower" while foreign minister (meaning that for whatever situation is being discussed, Uncle Sam is automatically in the wrong) evokes "the most insidious threat" as well as an "ingenious and dangerous vision", for which he has invented a term, Irrealpolitik.

Védrine goes on to say that
Dans le discours français, il est implicite que, parmi les pôles, il y a une Europe forte et, au sein de cette Europe forte, une France très influente. Or le monde multipolaire se développe sans nous demander notre avis et sans correspondre à nos schémas !

2007/04/05

En France, il n'y a pas de médias qui traitent l'information correctement sur les Etats-Unis

Il n'y a pas de médias pro-américains [en France,]
explique Nicolas Lecaussin à Carine Martinez de France-Etats-Unis.
Il ne faut pas oublier que nous sommes le seul pays à avoir publié une revue consacrée uniquement à l'anti-américanisme, Empire. Un autre exemple, je trouve une revue distribuée gratuitement dans le métro, qui s'appelle "Voyage Pratique", qui est censée donner des conseils sur le voyage, et j'y trouve un éditorial anti-américain à propos des passeports biométriques en accusant les Américains de ne pas vouloir nous donner des passeports pour aller là-bas alors que c'est la faute, tout le monde le sait, des syndicats de l'imprimerie nationale qui ont refusé de perdre le monopole pour la délivrance de ces passeports. Il n'y a pas de médias qui traitent l'information correctement sur les Etats-Unis. Il y a deux mois, j'ai vu dans le Figaro un article qui comparait Guantanamo à un goulag. C'est une insulte aux victimes du goulag, c'est comme si on l'avait comparé à Auschwitz, je pense que ce serait une insulte aux victimes d'Auschwitz. Le goulag était un camp de concentration et d'extermination, où des millions de personnes sont mortes exterminées, massacrées, mortes de faim, de froid au fond de la Sibérie. Quand on voit un article du Figaro faire cette comparaison, on peut se demander quel est le degré d'honnêteté de nos journalistes.

2006/10/24

En France, la plupart des journalistes ont intériorisé des règles qui se fixent et qui font que les choses dérangeantes, on n'en parle pas

On peut dire que plus un organe de presse ou un média est aux ordres de l'oligarchie dirigeante, plus il emploie d'euphémismes
écrit Eric Hazan dans Le Monde.
Je pense qu'il y a une intériorisation de la censure. Il n'y a pas de censure au sens habituel du terme. Mais la plupart des journalistes ont intériorisé des règles qui se fixent et qui font que les choses dérangeantes, on n'en parle pas ou en utilisant le langage que j'ai essayé de décrire dans mon livre, la LQR, qui aplatit, anesthésie, qui crée le consensus.

Courrier des Lecteurs

Pierre Derouche (citoyen français):
I am opposed to Turkey’s entering the European Union and I have much sympathy for the numerous Armenians [in France] who have become more French than the Duponts and the Durands. But what does the PS [Socialist Party] think it is doing in seeking to punish as criminals those who refuse to admit the existence of a genocide against the Armenians? Why not also punish those who deny the mass crimes of Stalin, Mao or Pol Pot (and they are numerous)? Why not also fine or send to prison those who have dared to claim that no plane crashed into the Pentagon in September 2001? When will our representatives begin treating us as adults? We are old enough to research subjects of this nature ourselves and to form our own opinions. It is in guaranteeing that the necessary documentary evidence is available – both for and against a given proposition – that we will make democracy work, not by threatening heretics.
Jean-Louis Caccomo (maître de conférences
en économie à l'université de Perpignan):
Il a belle allure, le déclin américain, périodiquement annoncé (souhaité ?) par nos intellectuels en lutte... La France devrait se mobiliser à l'ONU pour demander que soient appliqués des quotas dans l'attribution des prix Nobel reflétant plus justement la diversité culturelle dans le monde. Mais les astrophysiciens, chimistes, biologistes ou économistes du monde entier qui veulent travailler sérieusement (avec des moyens réels) et librement (en toute indépendance, car une science manipulée n'est plus une science), où trouvent-ils meilleur asile si ce n'est aux Etats-Unis ?
It is nfortunate that the letters amount to tokens. Noter, en effet, que les remarques de JLC sont qualifiées, par Robert Solé, d'"acides", alors que les lettres de lecteurs se plaignant de l'absence de Prix Nobels "afro-américains" ou se désolant d'un abus minime de la langue française sont présentées telles quelles, sans adjectifs dénigrants voire d'adjectifs descriptifs du tout. Le fait que les infos sur la cuvée 2006 au profit des Etats-Unis ait fait "bondir" "plusieurs lecteurs" et les ait fait réagir avec leurs litanies antiaméricaines habituelles n'est pas plus mis en doute ou qualifié d'"acide" — voire de "débile". (Les intellectuels et leur audience nationales savent décidément toujours quelles sont les grandes causes du moment et quels sont les grands problèmes contres lesquels militer !).

Noter que, dans les cas de ces autres lecteurs (mais Solé, lui, ne semble pas s'en apercevoir), la lettre "acide" de JLC sert en fait de réponse qui met les points sur les I et qui expose le fond du problème ("La France devrait se mobiliser à l'ONU pour demander que soient appliqués des quotas dans l'attribution des prix Nobel reflétant plus justement la diversité culturelle dans le monde" [ou aux States] est vraiment la seule bonne réponse à Françoise Guérard), et logiquement, donc, JLC aurait dû avoir le dernier mot…

2006/09/13

Dédicace Fnac Saint Lazare

Erik Svane et Dan Greenberg dédicaceront leur album à la Fnac Saint-Lazare aujourd'hui 13 septembre à partir de 17h.
Synopsis: À 32 ans, Léonardo est un des artistes les plus réputés d'Italie, menant une vie foisonnante, s'adonnant allégrement aussi bien à la peinture qu'à des inventions en tous genres.

Jusqu'au jour où le Vatican découvre avec enthousiasme les machines de guerre novatrices imaginées par le jeune Florentin. En effet, il se trouve qu'au Saint-Siège se prépare dans le plus grand secret une nouvelle Croisade — la première en 250 ans — dont on confie le commandement au charismatique Général Scharano.

Le Vatican décide aussitôt de se servir des fameux engins inventés par Léonardo afin de mettre à bien son expédition... Ce qui n'enchante pas vraiment l'inventeur au caractère irrévérencieux...
Lire un extrait

2006/09/08

D'un côté on leur reproche de jouer aux gendarmes du monde, de l'autre, de ne pas agir avec la responsabilité et la diligence de gendarmes du monde

…on a beau tourner le sujet dans tous les sens, le seul problème du monde, c'est les Etats-Unis. Les USA fournissent des armes à Israël, "déstabilisent" le Moyen-Orient en dérangeant les dictateurs qui y vendaient paisiblement leur pétrole, et parallèlement, restent froids et inactifs devant les "bonnes" catastrophes (comprendre, celles qui n'ont pas d'effet sur le prix de l'essence. Ceci dit sans matérialisme aucun, bien sûr.) Bref, ça ne va jamais. D'un côté on leur reproche de jouer aux gendarmes du monde, de l'autre, de ne pas agir avec la responsabilité et la diligence de gendarmes du monde. Un reportage édifiant sur la tragédie du Darfour expliquait les atermoiements des Etats-Unis sur ce dossier, donc leur responsabilité sur les centaines de milliers de morts de ce génocide. L'opposition de la Chine et de la Russie à l'ONU? Aucun reproche. L'inertie de la France, grande donneuse de leçon devant l'éternel sans avoir l'excuse d'être déjà engagée en Irak? Le reportage n'en parlera pas. Un seul pays est sur la sellette, toujours le même.
Stéphane s'attaque à McDonald's, aux quartiers pauvres de Los Angeles, à l'embargo (non un blocus) de Cuba, et à d'autres aspects de l'antiaméricanisme en France…
De toutes façons, face au moindre événement géopolitique, chacun trouvera toujours le moyen d'expliquer que les Etats-Unis sortent grands gagnants. N'importe quelle aventure n'est que l'occasion d'étendre l'American Way of Life ou de récolter des dollars. Leur richesse ne peut s'expliquer par autre chose que la malhonnêteté, l'exploitation et le pillage d'autres pays. Les multinationales tentaculaires font la loi dans le tiers-monde, avec la complicité de l'appareil d'Etat américain.

…Jamais il ne viendra à l'esprit que l'Amérique fonctionne parce qu'elle repose sur des règles différentes, et meilleures, et que son succès vient de là. Une telle perception est intolérable pour un socio-démocrate, dressé depuis l'enfance à penser qu'il n'existe pas de meilleure conception de l'Etat et de la société que la sienne.

Si quelqu'un fait mieux en faisant différemment, il y a forcément une arnaque quelque part. A défaut de la trouver, on l'inventera; et au passage, on décriera, critiquera, méprisera de façon hautaine tout ce que l'autre arrive à réussir.

…Plus que jamais, l'antiaméricanisme reste d'actualité en Europe, peu importe les démonstrations contradictoires qui peuvent lui être apportées. La réalité n'a aucune prise sur le phénomène, tout simplement parce qu'il est nécessaire à la survie du système.

2006/07/05

Les Européens ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe en Russie, en Chine, dans le monde arabe ou africain, en Israël, ou même aux Etats-Unis

Le Monde avait choisi le 4 juillet pour un chat avec l'homme qui avait inventé le terme "hyperpuissance" (et cela, comme nous le rappelle Steve, avant l'avènement de George W Bush à la présidence des États-Unis, c'est-à-dire durant la présidence de Bill Clinton qui, on nous le rappelle constamment, était censé représenter une Amérique (plutôt) sage et lucide) — rendant ainsi tout débat et toute discussion inutiles puisqu'avec cette expression, l'Oncle Sam se trouve automatiquement en position d'erreur dans toutes les instances le concernant). Cela dit, certaines parties du chat avec Hubert Védrine sont forts intéressants.
…ce serait une erreur de ramener cet affrontement [la guerre contre le terrorisme] entre quelques milliers de terroristes et, d'autre part, le monde occidental et la plupart des régimes arabo-musulmans modérés, à une affaire d'énergie. C'est évidemment secondaire dans la démarche d'Al-Qaida, et je ne crois pas que cela ait joué un rôle essentiel dans la guerre en Irak. Si les Etats-Unis avaient été préoccupés par cette seule question, ils auraient fait modifier le régime des sanctions de l'ONU contre Saddam Hussein, et ils auraient facilement obtenu de ce dernier un quasi-monopole de l'accès au pétrole irakien.
There are things that even France's former foreign minister can not deny. Among the things that Védrine has to admit is the fact of Europeans' self-obsession (and their concomittant inability — and unwillingness — to understand anything beyond their own borders):
Les Européens ont du mal à le comprendre, mais il est vrai qu'ils sont devenus tellement ingénus, ils croient tellement que ce sont leurs croyances actuelles qui sont normales, alors qu'ils ne sont que 500 millions sur 6,5 milliards d'habitants, qu'ils ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe en Russie, en Chine, dans le monde arabe ou africain, en Israël, ou même aux Etats-Unis.
Dans le chat modéré par Constance Baudry, Védrine termine en disant qu'
aujourd'hui, tout le langage de la politique étrangère a repris les formules qui étaient celles de la gauche naguère : paix, communauté internationale, coopération, multilatéralisme, prévention des conflits, etc [et qu'une] vision des années 1990 (communauté internationale, grands sommets de l'ONU, etc.) était une illusion d'optique. Il nous faut une politique plus réaliste et plus active.

2006/07/04

Dans le doute, le silence est d'or

Le nom du New York Times
fait plus que jamais figure d'épouvantail dans le pays républicain profond.
Personne ne s'étonnera qu'avec des expressions comme "un ton carrément menacant", Corine Lesnes parvient à donner une vision a priori négative et des États-Unis en général et des conservateurs en particulier — sans parler de la liberté de la presse — dans son article du Monde sur la presse américaine. Or, la première phrase dément tout à fait la vision horrifique d'une Amérique zombie à genox devant Fox News.
Aux Etats-Unis, l'une des activités préférées des militants conservateurs est d'attaquer la presse "de gauche" — soit tous les médias, de leur point de vue, à l'exception de la chaîne de télévision Fox News.
Ce que confirme bien ce que nous avons écrit par le passé sur la chaîne et sa (manque relative de) popularité. Relire surtout l'article de Stéphane.
Des lecteurs ont été choqués que Le Monde reprenne [une scène de ménage du ministre des affaires étrangères], révélée par Le Canard enchaîné. Nicole Truffaut (Compiègne), par exemple, dénonce "un article de concierge, fait de ragots de bas étage, sur la vie privée du ministre".
Entretemps, nombre de lecteurs ont écrit au médiateur du Monde pour se plaindre du traitement de Philippe Douste-Blazy.
"Le ton perfide de cet article m'a profondément déplu. Je l'ai trouvé humainement blessant et intellectuellement peu convaincant."
Et à Robert Solé d'entonner un
Où s'arrête la légitime information des citoyens ? Où commence le voyeurisme ? Un événement privé ne mérite de figurer dans Le Monde que dans deux circonstances : s'il a une incidence sur la vie publique ou s'il est indispensable pour connaître la personnalité d'un dirigeant.

La règle ne s'applique pas mécaniquement. Chaque cas appelle une évaluation. Mais, dans le doute, le silence est d'or.
Très bien. Mais les indignations des uns et les mea culpa des autres ne sont nullement le genre d'attitude qui est souvent prôné lorsqu'il s'agissait de traiter du manque de connaissances internationales de Bush ou de son pretzel avalé de travers la gorge. Voilà un "événement privé" qui mérite de figurer dans Le Monde ; voilà qui n'est aucunement "des ragots de bas étage" (loin de là) , voilà qui est, au contraire "intellectuellement" trés "convaincant". Et pour cause : là, il s'agit des Ricains (ou de leurs leaders) qu'il convient de fustiger à tout moment!

2006/06/21

Fête de la Liberté dimanche prochain

Dimanche prochain, Erik Svane signera ses livres à la Fête de la Liberté, en compagnie de plus de 30 autres auteurs, y compris le dessinateur Dan Greenberg.





















Erik (entre Pierre et Marine) et Dan à Genève pour le 10ème anniversaire des éditions Paquet

2006/06/09

"Nous allons tester vos réflexes"


Marianne goes to see her doctor on Chat Borgne to find a remedy to what is ailing her, i.e., France…

2006/06/02

Séance de dédicaces

The authors of General Leonardo will be signing their graphic novel near Bastille on Saturday afernoon.

Erik Svane et Dan Greenberg dédicaceront leur nouvel album à la librarie BDNet (26 rue de Charonne, 75011 Paris) samedi 3 juin à partir de 15 h.


Lire le résumé et voir un extrait de l'album

2006/05/26

Ma BD est sortie

My graphic novel, General Leonardo, is in bookstores all over France.

Update: la signature ci-dessous est remise à une date ultérieure.

Erik Svane et Dan Greenberg dédicaceront leur nouvel album au Parc Leonardo da Vinci du Clos-Lucé (Amboise) en juin.

Lire le résumé et voir un extrait de l'album

2006/05/15

Général Leonardo, Tome I: Au service du Vatican

Erik Svane et Dan Greenberg dédicaceront leur nouvel album au Boulevard des Bulles (50 Boulevard Saint-Germain) le 20 mai à partir de 15h.
Synopsis: À 32 ans, Léonardo est un des artistes les plus réputés d'Italie, menant une vie foisonnante, s'adonnant allégrement aussi bien à la peinture qu'à des inventions en tous genres.

Jusqu'au jour où le Vatican découvre avec enthousiasme les machines de guerre novatrices imaginées par le jeune Florentin. En effet, il se trouve qu'au Saint-Siège se prépare dans le plus grand secret une nouvelle Croisade — la première en 250 ans — dont on confie le commandement au charismatique Général Scharano.

Le Vatican décide aussitôt de se servir des fameux engins inventés par Léonardo afin de mettre à bien son expédition... Ce qui n'enchante pas vraiment l'inventeur au caractère irrévérencieux...



2006/05/10

En librarie le 22 mai…

Italie, XVe siècle. A 32 ans, Leonardo est un artiste réputé, menant une vie foisonnante et s'adonnant aussi bien à la peinture qu'à des inventions en tout genre. Le Vatican découvre avec enthousiasme les machines de guerre novatrices imaginées par le jeune florentin. Il décide de se servir de ces fameux engins pour lancer une nouvelle croisade...

2006/04/11

Il apparaît que le journal Le Monde rémunère pour diffuser de fausses nouvelles des journalistes qui ne savent pas lire

Il apparaît que le journal Le Monde rémunère pour diffuser de fausses nouvelles des journalistes qui ne savent pas lire
conclut Jean-Gérard Lapacherie (merci à Lucien).
Le Monde vit d’aides et de subventions publiques. A quoi sert-il au peuple français de payer des impôts, si ces impôts doivent servir à financer la diffusion de fausses nouvelles ? Faut-il que Le Monde méprise ses lecteurs pour leur présenter comme "vraies" des nouvelles aussi manifestement fausses ?

2006/04/08

Pasqua Indicted in the Oil-for-Food Scandal? Hardly a Big Deal, N'est-ce pas?

While Corine Lesnes' two articles on Bush's so far informal troubles, regarding Plamegate as well as the war against terror (articles using harsh words and expressions filled with emotion and whose only domestic quotes come from opponents of the president, quotes which effectively end the article), take up two thirds of a page in the foreign affairs section on page 4; Gérard Davet's single straight-forward, matter-of-fact, ho-hum article on Pasqua's formal indictment in the oil-for-food scandal (Le Monde seems to have waited two or three days after the indictment before printing the piece) is relegated to a sixth of a page (it takes up a quarter page only if you count the Pessin cartoon) in the Politique & Société section on page 14.

A large bulk of the text is filled with quotes by the former interior minister, fellow defendents (and companies implicated, such as Total), and their lawyers (justifications, denials, accusations of witch-hunts, etc).

Okay, okay, so we've reported it. See? See how fair we are? Okay, enough already. Now that that's done — and over with (will you get over it, already?!) — let's get back to serious matters: castigating that horrendous Halliburton, castigating that awful Dubya (i.e., see the top Corine Lesnes article), and castigating that unforgiveable support that Bush has extended to countries such as Saudi Arabia and Pakistan.

"Les Français sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis et s'accrochent alors même que l'arbre est en train de pourrir"

When a law gets enacted by the president of the land, but he says it must not be applied, what is this called?
asks Meg Bortin.
"Abracadabrantesque" is a word the French are using to describe the odd situation facing the country now that President Jacques Chirac has signed his government's youth employment contract into law, while at the same time instructing employers not to use it to hire anyone.

The law has been in effect since Sunday. On Monday, Labor Minister Jean- Louis Borloo caused more bemusement by sending a letter to 220 employer organizations repeating that they should not use the new law for hiring, and informing them that his ministry would not be printing any contracts of the type authorized by the law.

Never the sort to bow to authority, the satirical weekly Le Canard Enchaîné announced Wednesday on its front page that it had nonetheless hired a 25-year-old fellow under the new First Employment Contract, known here as the CPE.

"Nothing could be simpler," it said. "No form, no paperwork to fill in, it can be done in a split-second."

The newspaper also printed a catalog of words commentators have used to describe France's current predicament: "absurd," "incomprehensible," "surreal," "calamitous" and many more.

"Abracadabrantesque," which made the list, was used after Chirac addressed the nation on television Friday night to try to resolve the crisis, which has brought more than a million people into the streets. The head of the opposition Socialists' parliamentary group, Jean-Marc Ayrault, called Chirac's plan an "abracadabrantesque construction" concocted "in the singular aim of reconciling the diktat of his prime minister with the refusal of the French."

The Czechs and Slovaks don't seem to feel much sympathy for the "anachronistic" worries of the French or for "frigid", "sclerotic", and "lazy" France, write Martin Plichta and Anne Rodier, while Jean-Pierre Langellier interviews Chris Patten.
Le problème, c'est qu'ils résistent de plus en plus aux changements qui affectent, surtout, la qualité de vie de certains groupes bien protégés. Les étudiants défendent leur droit à un emploi à vie même si cela maintient au chômage beaucoup d'autres gens. C'est une manière excessivement conservatrice d'envisager la solidarité sociale.

La majorité des étudiants veulent être fonctionnaires. Il est admirable que les Français continuent d'être aussi fiers de servir leur Etat. Mais leur manque d'esprit d'aventure, cette volonté de faire la même chose toute leur vie, je trouve cela assez déprimant.…

On a dit aux Français pendant des années que leur modèle social était parfait. Il est donc difficile de changer de message, à moins d'expliquer clairement le but à atteindre. D'un autre côté, je ressens une certaine sympathie pour un premier ministre qui essaie d'améliorer ce modèle. Dans ce genre de situation, il y a toujours des gens qui disent, après coup, qu'ils s'y seraient mieux pris.

Oui, peut-être… M. de Villepin a au moins essayé. Le pire pour la France et pour ses nombreux jeunes chômeurs serait de renoncer purement et simplement aux réformes.

Pour moi l'essentiel, c'est d'expliquer de manière intellectuellement convaincante que la France ne peut opérer, avec son économie sophistiquée, derrière une sorte de ligne Maginot. L'Europe a besoin d'une France forte et confiante. Sans cela, on est condamné à une croissance chancelante, et on ne pourra résoudre les vrais problèmes démographiques qui nous assaillent.…

D'une personne à l'autre, les styles politiques diffèrent. Mais les syndicats ont-ils vraiment le rôle de faire descendre périodiquement les gens dans la rue pour empêcher les réformes? C'est économiquement inepte et politiquement égoïste.

Will the French ever learn? Don't bet on it. Acknowledging European scepticism, Alain Touraine uses a "but" to come down in favor of French sensibilities. As for the Czechoslovak story, by the use of their vocabulary, typically, the MSM reporters spin it in a favorable way for …the French (the few "solidaristic Czechs", those who are "understanding" and show "sensitivity", are mentioned by Plichta and Rodier, as opposed to the Slovak press which …"went wild").

2006/03/18

The 60th Anniversary Celebration of Le Monde

Comme je poste plus souvent sur No Pasarán ces jours-ci, j'ai inclus un Best Of des posts durant les premiers mois de ce site (vous verrez, peu de choses ont changé en deux ans).

Pour commencer, un survol général du journal Le Monde (in English):

Les Irakiens se plaignent des journalistes occidentaux

"Contrairement à ce que croient souvent les Européens, le fait d'être opposé à l'occupation américaine ne fait absolument pas monter la cote de popularité de l'Europe, ou de tel ou tel pays, en Irak", écrit l'envoyé spécial du Monde à Bagdad dans un article qui dément spectaculairement la thèse hexagonale, comme quoi George W Bush et l'armée US auraient fait déraper la meilleure solution, celle des partisans de la paix.

Au contraire. Justement, un Bagdadi racontait à un autre journaliste son peu d'estime pour les journalistes français. "Ils viennent ici nous parler en mal des États-Unis d'une façon stupide. Ils s'en fichent, des crimes de Saddam Hussein." Et ce n'est pas que les Français, note un peintre : "Tout ce que veulent les journalistes européens et arabes, c'est que nous fassions des commentaires antiaméricains." Pis, on entend beaucoup d'histoires concernant des envoyés spéciaux qui mettent en scène des "infos" afin de discréditer les U.S. "Ces journalistes sont venus ici avec tous leurs préjugés" grogne un autre Bagdadi. "Ils ne sont intéressés par rien qui puisse contredire leur point de vue antiaméricain."…

Lire la suite

"Presque tous … pensent que la France a défendu Saddam…"

Le 24 mars 2004, l'un des envoyés spéciaux du Monde en Irak s'est entretenu avec les lecteurs via un chat par internet. Morceaux choisis.
Raph : La reconstruction se passe-t-elle bien ? Le changement de pouvoir est-il aujourd'hui perceptible ?
Rémy Ourdan : Le changement de pouvoir est évidemment très perceptible. Passer d'une dictature stalinienne comme celle de Saddam Hussein à l'occupant américain génère des sentiments très mêlés dans la population. …

Xtof : Quel est le souhait principal des Irakiens à ce jour ? Voir les Américains partir ?
Rémy Ourdan : Leur souhait principal serait d'avoir un pays stabilisé et serein. Evidemment, beaucoup réclament publiquement le départ des troupes américaines, estimant qu'elles sont partiellement responsables du chaos. Mais beaucoup d'autres reconnaissent aussi, en privé, que ce départ pourrait laisser la place à un glissement vers la guerre civile. S'il fallait résumer l'opinion ambiguë des Irakiens, on pourrait dire qu'ils veulent voir la fin de l'occupation de leur pays, tout en continuant à réclamer une aide étrangère, car ils ne croient pas que les Irakiens seuls puissent réussir le pari d'une paix durable.

Ben : Comment les irakiens perçoivent-ils les débats sur les armes de destruction massive (ADM) ou la légitimité de la guerre ?
Rémy Ourdan : Pour les Irakiens, le débat sur les armes de destruction massive est une affaire très mineure. Ils répètent souvent que le principal fut la chute de Saddam Hussein et qu'aujourd'hui le principal serait de retrouver la souveraineté et la paix. …

Richard75 : Il semble que les Irakiens (même lorsqu'ils sont anti-américains) aient un sentiment antifrançais virulent car ils pensent que la France a tenté de sauver Saddam. Pouvez-vous confirmer ou infirmer ?
Rémy Ourdan : Ce sentiment est très fort en Irak. Presque tous les chiites, presque tous les Kurdes et beaucoup de sunnites pensent que la France a défendu Saddam Hussein pour protéger une vieille amitié et de soi-disant intérêts économiques et pétroliers. Par ailleurs, beaucoup d'Irakiens sont fâchés contre la France à cause de son attitude après la guerre. …

Read Douglas's English translation

Le Bien et le Mal, version française

Sur la une du Monde du 24 mai 2003, Plantu a fait un dessin (d)étonnant. Il a rendu la bannière étoilée, mais à la place des rayures rouges, il a campé des… serpents (avec un jeu de mots sur "les couleurs"/les couleuvres). Tandis que la langue fourchue de l'un des serpents forme la lettre Y du slogan "I love NY", deux autres serpents rentrent, tête première, dans les bouches de Dominique de Villepin et de Kofi Annan, qui annonce "On a juchte fait quelques conchechions".

Alors qu'apprenons-nous dans ce dessin, que faut-il tirer de tout cela? (Et cela, rappelons-le, de la part de quelqu'un qui se compte parmi les êtres prééminents de cette foule fière qui se proclame au-dessus des religions et des haines dépassées, et qui aiment se moquer tant de la religiosité des Américains que de la propensité de Bush d'évoquer le Bien et le Mal.) Seulement que de Villepin et Annan avalent des couleuvres? Non. D'abord, que les USA (ou leurs dirigeants) sont associés avec le diable ou, si l'on préfère, tout ce qui est (qu'on l'entende de façon religieuse ou non) diabolique ; ensuite, que les gens qui ont sympatisé avec les victimes de Manhattan le 11 septembre ne comprennent pas qu'ils ne peuvent qu'être les victimes manipulées par des machinations diaboliques ; enfin, que quiconque ne s'oppose pas complètement aux États-Unis ou à leurs leaders (car on voit difficilement de Villepin comme une marionnette des Américains) — que ce soit des Français, des Africains, des Américains, des New Yorkais, ou autre — est un salaud, un lâche, un traître, une caniche, un lèche-c*l, ou une personne aveuglée ou manipulée. (Par contraste, est-il sous-entendu, tous ceux qui s'opposent aux Yankees sont des braves sans peur et sans reproche, des hommes, des vrais, des camarades à prendre dans les bras sans hésitation.)

Ohlala, que cette opinion est d'une subtilité absolument déconcertante! J'en ai la tête qui tourne… Ça doit être ce raffinement et ce cosmopolitisme que d'aucuns, en France, se vantent sans cesse de posséder (surtout par rapport à ces simplistes d'Américains).

Maintenant, venons-en à la cerise sur le gâteau. Le titre principal sur la une du quotidien de référence de ce jour (juste à côté du dessin de Plantu, donc) se trouve être Iraq : la France s'inquiète du ressentiment américain. Ah booonnn… on s'étonne qu'il puisse y avoir du ressentiment aux States? Allons donc! Ne dites pas ça! C'est sûr que c'est extrêmement étonnant quand tant les dessinateurs que les journalistes et les politiciens (et les citoyens!) en France comparent les Yankees (ou leurs leaders) à des forces maléfiques (dans le sens religieux ou non), et quand ils répètent sans cesse que l'Amérique et/ou leur société est le symbole de tout ce qui va mal (pour ne pas dire "tout ce qui est le Mal") dans le monde, et que de tous les dangers que recèle cette planète, ce sont les Américains qui en incarnent, et de loin, le pire. (Sans parler du fait de prôner qu'entre l'Amérique et les Taliban, qu'entre Bush et Ben Laden, ou qu'entre Blair et Bush et les deux fils de Saddam, c'est du pareil au même, si ce n'est que ce sont les Anglo-Saxons qui sont le plus à condamner.)

Le Monde admet que Bush n'a pas menti sur les ADM de Saddam…



et…

…s'empresse de dissimuler l'article à la page 32 !

Cinq experts internationaux balayent la théorie comme quoi George W Bush et Tony Blair auraient menti sur la menace des ADM irakiens, mais ce fait est soigneusement caché par le quotidien de référence.

Comment? En publiant cette information d'une valeur capitale sur sa page consacrée aux Médias, dans le cadre de sa revue de presse d'une publication sœur.

Et, comme on peut s'en douter, le titre ainsi que le sous-titre sont d'une discrétion extrême (La question de l'armement de l'Irak n'est pas tranchée : Dans la revue "Politique étrangère", cinq experts alimentent le débat sur l'existence des ADM).

Et quoi de plus normal, après tout? Le contenu de l'article du 2 avril 2004 réfute, contredit, et dément complètement la campagne que d'aucuns mènent pour endommager Bush et Tony Blair quant à leurs "mensonges" à propos des armes de destruction massive de Saddam Hussein comme étant l'une des raisons principales pour attaquer l'Irak du boucher de Bagdad. Dans la mesure où des mensonges doivent être évoqués, l'article délare non seulement que si "de grossiers mensonges" ont été proférés, ils l'ont été par "certains des plus hauts responsables irakiens" (répondant aux questions des inspecteurs de l'ONU) ; il suggère aussi que de continuer à évoquer les mensonges de Deubeliou est trompeur (pour ne pas dire mensonger)...

Lire la suite

Tout moyen est bon pour caricaturer le leadership américain

Plantu nous donne encore un de ses dessins avec cette subtilité, ce raffinement, et ce cosmopolitisme dont seuls les Français détiennent le secret.


Washington est en proie aux convulsions d'un scandale majeur. George W Bush s'est dit écœuré par les photos émanant de la prison de l'Irak. Le président a promis qu'une investigation serait lancée. Quant au Général Antonio Taguba, par qui le scandale est venu (à travers son rapport), il a conclu qu'aucun ordre direct avait été donné pour harceler ou torturer les détenus. Se référant aux gardiens d'Abou Ghrabi, il a précisé : "je pense qu'ils l'ont fait de leur propre gré."

Mais — qu'importe! Car… toute occasion est bonne, n'est-ce pas, pour dépeindre les Américains comme des racistes sadiques, des ultra-nationalistes, des sales hypocrites pour ne pas sauter dessus. Et qu'importe, alors, toutes les "indices" qui indiqueraient des conclusions contradictoires.

La lutte anti-Bush est importante, nous explique-t'on, vitale même, voire sacrée, il ne faut laisser aucune occasion pour lui rentrer dans les plumes, quel que soit le degré de validité de la raison en question. Lancez-lui le plus possible d'arguments sectaires "sur la gueule", Dieu reconnaîtra les siens.

Dans une affaire semblable, mais en Allemagne, David Kaspar répond ainsi (à l'accusation du Spiegel que "les valeurs morales [de la démocratie occidentale] apparaissent, et sont maintenant documentées, comme de la pure hypocrisie") : "Dans sa quête incessante pour fustiger l'administration Bush, l'hebdomadaire semble avoir complètement perdu tout contact avec la réalité … Le fait que l'Amérique mène une enquête sur la situation et la rectifie (comme se doit de le faire toute démocratie) est minimisé. Spiegel Online dépeint la situation comme si les Américains tuent et torturent en Irak sur les ordres directs du gouvernement, ce qui met la nation au même niveau que Saddam Hussein et Kim Jong Il."

"Mais alors il convient de se demander : Si le gouvernement approuve ces actions, pourquoi s'excuserait-il et pourquoi mènerait-il une enquête ? Comment un gouvernement dans lequel 'le Sénat a voté, lundi, à 92 contre 0, de condamner les abus des prisonniers irakiens dans la prison d'Abou Ghraib [et] de mener pour une enquête complète' pourrait-il encore approuver des actions pareilles? Comment un président qui a exprimé son 'dégoût profond et son incrédulité' devant ces photos pourrait-il encore approuver de telles actions?"

"La réponse : … C'est le scénario habituel: si on repète un mensonge assez haut et fort et assez souvent, les gens pourraient commencer à le croire. Surtout si ces gens ont déjà des tendances pour le Yankee-bashing."

Et voilà que nous arrive d'Irak l'histoire d'un Américain autrement plus maltraité que les prisonniers humiliés d'Irak, puisqu'on l'a… décapité. Mais — qu'importe! Les gens qui se sont rendus coupables de ce meurtre, "il faut les comprendre". Et on ne versera guère plus de temps (ou de larmes) sur cette histoire qu'il le faut.

Pour revenir à l'image de Bush en membre (en grand dragon?) du Ku Klux Klan : en ce qui concerne le racisme en Amérique, et dans l'Armée US, serait-il juste de le définir comme étant dirigé envers ceux qui ne seraient pas de la majorité WASP (White Anglo-Saxon Protestants) — ceux qui ne seraient pas des protestants anglo-saxons blancs?

Dans ce cas, certains seraient peut-être intéressés de savoir que le général qui a rédigé le rapport sur le scandale d'Abou Ghraib est… d'origine philippine. Pour ne prendre que l'histoire très récente, on notera qu'un ancien général-en-chef est noir (il est depuis devenu secrétaire d'état ; à une époque, c'était l'individu qui a recueilli le plus de points dans l'histoire des sondages de ceux que les Américains voulait choisir pour devenir leur président). Un autre est d'origine slave. D'autres généraux sont asiatique ou hispanique. Et évidemment, un des gros bonnets en Irak est d'origine… arabe.

Mais, évidemment, cela n'est pas quelque chose qui contribue au combat sacré contre George W Bush et la société horrifiante qu'il représente. Donc, on le notera très vite en passant (ou en disant "Ça ne veut rien dire") et on l'oublie avant de passer à l'attaque suivante sur l'Oncle Sam.

Read the English version



En lisant Libération, W confirme sur MiF :
"Le meurtre par décapitation de l'américain Nick Berg mérite un paragraphe sous la rubrique 'Faits du Jour' (qui contient 6 dépêches en tout) sur la page 6 dans l'édition d'aujourd'hui (par opposition à la vingtaine de pages, couvertes de photos agrandies, au sujet du bizutage de terroristes que nous voyons depuis quelques jours)."

Même les traducteurs sont activistes au Monde

Douglas envoie une autre missive au journal Le Monde. (Comme d'habitude, elle n'est pas publiée.)
Messieurs,

Je tiens à vous dire que j’ai tout particulièrement apprécié la façon subtile dont vous avez dénaturé le titre de l’essai de Michael Ignatieff sur la guerre en Irak, paru dans l’édition du 21 mars [2004]. Comme il traitait de l’année écoulée depuis le déclenchement de la guerre, les éditeurs du New York Times ont préféré “The Year of Living Dangerously”, rendant ainsi hommage au film de Peter Weir (1982). Pour vous, cela n’était évidemment pas assez dur et votre traductrice Florence Lévy-Paoloni a eu assez d’esprit (voire de toupet) pour inventer ce “Comment j'ai changé d'avis sur l'Irak". C’est très bien... sauf que c’est un peu malheureux étant donné que M. Ignatieff écrit lui-même que “personne ne peut honnêtement dire ... si [ces morts] seront rachetées par l'émergence d'un Irak libre ou rendues inutiles par un plongeon dans la guerre civile”.

M. Ignatieff s’oppose maintenant à la guerre? Votre embarras est compréhensible.

Au fait, “changer d’avis” est une traduction bien abusive de la phrase anglaise (“to have second thoughts”) qu’emploie M. Ignatieff. Mon dictionnaire anglais-français (Collins-Robert 1994) préfère “commencer à avoir des doutes,” ce qui est sûrement plus proche des intentions de cet auteur. Qu’est-ce qui a pu pousser Mme. Lévy-Paoloni à faire dire à M. Ignatieff quelque chose qu’il ne pense pas? C’est curieux: je vois que Mme. Lévy-Paoloni a également traduit les ¦uvres du journaliste anti-guerre britannique Robert Fisk, de l’inspecteur onusien renégat Scott Ritter (deux fois, même), de l’ancien ministre britannique des affaires étrangères Robin Cook (lequel a démissionné par opposition à la guerre), de l’écrivain anti-américain Gore Vidal, de Friedrich Engels et aussi de l’écrivain israélien Amos Oz (lorsque celui-ci s’est prononcé contre la guerre en Iraq).

Peut-être que Mme. Lévy-Paoloni est-elle donc une traductrice activiste? N’empêche... sa formule vous a permis de mettre l’essai de M. Ignatieff à profit idéologique... Je vous en félicite! Tout comme je vous félicite de ne pas avoir fourni un lien sur lemonde.fr à l’article de M. Rémy Ourdan sur les très dures opinions irakiennes sur la politique étrangère française. Il n’eut pas été bienséant de laisser ces internautes qui aiment tant “Comment j'ai changé d'avis sur l'Irak" voir que les Irakiens sont en réalité très peu reconnaissants envers les Français (sauf André Glucksmann et quelques autres, peut-être). Mais à mon avis, ce qui couronne votre effort, c’est votre édito du 19 mars qui se voulait un démenti sur les prétextes de cette guerre: cela est paru deux jours après la publication des résultats d’un sondage de l’opinion irakienne commandé par quatre agences médiatiques anglophones (dont le BBC) qui montrait à quel point le peuple irakien est aujourd’hui optimiste... malgré tout. Heureusement qu’on a pas parlé de ça dans Le Monde.

Il n’y a pas toutes les vérités qui sont bonnes à dire!

Bien à vous,

Read Douglas's description in English