Les réflexions, absurdes — "c'est mieux comme ça" — ou abjectes — "on devrait euthanasier les dépressifs"
Chaque année, plus de 10 000 personnes mettent fin à leurs jours en France ; 2 000 ont moins de 34 ans, 600 moins de 24
écrit
Benoît Hopquin.
Dans cette catégorie d'âge, le suicide est la deuxième cause de mortalité, après les accidents de voiture. Le nombre de décès diminue légèrement depuis 1986.
L'amélioration des techniques d'urgence explique en partie cette baisse. "Nous intervenons plus vite et mieux" , affirme Jean-Yves Bassetti, médecin colonel des pompiers. Selon lui, les médicaments ont aussi une toxicité moindre, même utilisés à haute dose. Dans l'Aude, où il travaille, M. Bassetti assure qu'il ne se passe pas une journée sans qu'une équipe soit appelée pour de tels cas. Les tentatives de suicide grimpent en flèche, surtout chez les jeunes. Le chiffre officiel, 50 000 chez les moins de 24 ans, semble au-dessous de la réalité. Selon une étude épidémiologique conduite en Gironde en 2001, 7 % des élèves affirment avoir effectué une tentative qui, dans 9 cas sur 10, n'a fait l'objet d'aucun suivi. Le passage à l'acte est, en outre, de plus en plus précoce. En 2000, un enfant de moins de 10 ans s'est donné la mort.
… Elle dépeint "des parents abandonnés à eux-mêmes", plongés dans une immense solitude. Les amis qui s'éloignent, "parce qu'on ne peut passer son temps à remonter le moral" , ou qu'on éloigne, parce qu'on n'a plus rien en commun. Et puis les réflexions, absurdes "c'est mieux comme ça" ou abjectes "on devrait euthanasier les dépressifs." La mère de Solène exprime sa colère contre une société qui n'a pas totalement levé le tabou sur le suicide. On n'en est plus à refuser les obsèques religieuses aux morts outrageants. Mais les mentalités sont encore dans le déni. Ainsi ce professeur de Solène, prenant à témoin une autre élève, atteinte d'un cancer : "Elle, au moins, elle se bat." "Preuve qu'il y a toujours les maladies nobles et les maladies honteuses" , constate la mère.
… La majorité des suicides surviennent au domicile familial, renforçant la culpabilité qui torture les parents, et que la société les laisse assumer seuls. Les "histoires de famille" ne sont pourtant pas toujours à l'origine du geste fatal.
… On le lui reprochera. "Il paraît que ça ne se fait pas" de révéler publiquement le suicide d'un fils. Mme Ferrand dénonce à présent un système psychiatrique qui n'a pas su comprendre la douleur de son enfant. … "Les médicaments éteignaient la flamme au lieu de la rallumer." Elle dénonce l'isolement, l'"absence d'écoute", "le manque d'humilité des psys", leur volonté de la tenir à l'écart.
… Policiers et urgentistes ont souvent appris, par empirisme, à trouver les mots, et à interdire la scène aux familles. …
… En 1991, Mme Hannier a créé l'association Phare, avec un double objectif : accompagner les familles endeuillées et aider les adolescents en difficulté et leurs parents. La structure a un numéro d'appel, le 0810-810-987. Elle organise chaque mois des groupes de parole.
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