Just when you thought that World War II was fought by the greatest generation comes a book accusing the American army of racism, of harboring innumerable rapists, of bombing French cities with no just cause, and of being "guests [in France] who have overstayed their welcome", thus meaning the US presence "was not just an experience of liberation." (Oh, and while we're at it, Times Square's VJ-Day Kissing Sailor Turns Out to Be a "Sexual Aggressor".)
Nothing about the fact that these young men are going into combat, that soldiers everywhere are hungry for the company of women (whether in their own country or on a foreign base), the unfortunate but necessary options that must considered be to wage and to win battles, and what kind of country France would be in had the status quo (continued occupation by a different kind of army, the Nazi one) continued.
No matter. Of course, What Soldiers Do (Sex and the American GI in World War II France) is a World War II book that Le Monde must review, by all means, indeed that it must devote a full-page article to, and so it sends Washington correspondent Corine Lesnes to interview the author.
It turns out that Mary Louise Roberts started the book right after the beginning of the Gulf War and, thus, the slightly skeptical citizen (American or foreign) is forced to wonder whether it isn't really but the latet full-blown attack on America and on American history.
"Sex become a a manner of assuring American domination over a secondary power", says the University of Wisconsin professor. "I wish the United States would be less arrogant vis-à-vis France." And the French are correct not to be grateful to Uncle Sam.
Vous avez commencé ce livre juste après les tensions entre la France et les Etats-Unis sur l'intervention en Irak, en 2003. Pourquoi ?
Je voulais voir comment une telle friction avait pu se produire entre ces deux alliés. Du coup, je me suis intéressée à ce qui s'était passé à la fin de la seconde guerre mondiale, notamment après le débarquement. Et là, en consultant les archives, je me suis aperçue que tous les rapports de police montrent la même chose. Il y a eu des viols et des crimes partout où les GI étaient stationnés, à Reims, Cherbourg, Brest, Le Havre, Caen...
Vous montrez d'abord le contexte chargé dans lequel les soldats américains sont envoyés en Normandie.
Il suffit de consulter Stars and Stripes, le quotidien de l'armée. On y trouve tous les vieux stéréotypes. La France est présentée comme une sorte de bordel. Elle est complètement érotisée. Cette image date en fait de la première guerre mondiale. Quand les soldats sont revenus, ils ont raconté des histoires affriolantes. Après, l'armée américaine a "vendu" la guerre comme une occasion de se faire embrasser par des Françaises, et peut-être plus. Ce n'est pas propre à la France, bien sûr. Tous les théâtres de guerre étaient érotisés. C'était l'époque des photos de pin-up accrochées dans les dortoirs, de Rita Hayworth... Mais une image revient avec constance dans le journal de l'armée : les GI entourés par des Françaises. Embrassés par des Françaises. Sur l'une, on voit un groupe de femmes, visiblement réjouies. Et la légende dit : "Voilà ce pour quoi nous nous battons."
Dans le vocabulaire, Paris est une femme, elle est "belle", elle est "seule depuis quatre ans", nous allons lui "tenir compagnie"... Quand ils débarquent en France, les GI ont l'impression d'être des chevaliers qui viennent à la rescousse de la damoiselle en péril. Ils ont été préparés à l'idée qu'ils seraient gratifiés de certaines récompenses, que les Français avaient une dette à leur égard et que les Françaises s'en acquitteraient.
Il s'en est suivi un tsunami de libido masculine, qui va se traduire par des phénomènes de prostitution à grande échelle. Et il y aura une vague de viols en Normandie, en août et septembre 1944.
Quelle est l'ampleur de la prostitution ?
A la Libération, beaucoup de femmes étaient pauvres, particulièrement à Paris. Leurs maris étaient dans les camps allemands, elles avaient besoin d'argent. De plus, il y avait un sentiment de reconnaissance vis-à-vis des Américains. Mais ce sentiment a disparu après quelques mois, et, à l'été 1945, les GI ressemblaient davantage à des invités qui s'attardent trop longtemps. A ce moment-là, le système français des maisons closes a été complètement débordé. …
Vous y voyez une leçon politique ?
Je me suis intéressée au sexe comme une forme de pouvoir. L'armée américaine a envisagé la question de la prostitution et des viols comme une façon d'établir une forme de suprématie. Souvenez-vous, nous sommes en 1945, les Etats-Unis commencent à s'affirmer comme une puissance mondiale. C'est aussi un moment où la France, humiliée, s'aperçoit qu'elle a perdu son statut de superpuissance. Le sexe devient une manière d'assurer la domination américaine sur une puissance secondaire. L'image romantique du Débarquement permet de neutraliser les tensions sur la souveraineté nationale française et le refus, pendant des mois, de reconnaître le général de Gaulle comme le chef du gouvernement provisoire.
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