Cécile Hennion : Ministre des affaires étrangères, quel bilan établissez-vous des relations entre l'Irak et la France ?
Depuis la chute du régime de Saddam [Hussein], la politique étrangère de la France a été sceptique, suspicieuse. Elle s'est exprimée davantage à l'encontre des Etats-Unis que par rapport à l'Irak. Et, jusqu'à ce jour, elle demeure peu active. En retour, nous avons dialogué avec la France avec précaution, mais aussi avec respect. Nous ne souhaitons pas de conflits, nous sommes plutôt en situation d'attente.La France aurait selon vous de l'influence sur ces groupes ?
Cela dit, les relations diplomatiques ont été rétablies. J'ai rencontré M. Barnier [ministre français des affaires étrangères] à plusieurs reprises. Je considère son attitude beaucoup plus constructive que celle de son prédécesseur. Ancien opposant irakien à Saddam, et spécialement en tant que Kurde, je peux témoigner des liens forts qui nous attachent à la France. Danièle Mitterrand et Bernard Kouchner, notamment lors du génocide kurde, ont élevé leur voix en notre faveur, à une époque où pourtant la France entretenait de très bonnes relations avec Saddam Hussein. Je suis donc optimiste. Lorsque l'Irak se sera doté d'un gouvernement légal, nos relations s'amélioreront encore.
Lorsque Jacques Chirac a demandé la participation de l'opposition [arabe sunnite] à la conférence de Charm el-Cheikh, cela a été très mal perçu. Il n'était pas question pour nous de recevoir des groupes qui font usage de la violence ou de la terreur. Nous reconnaissons l'existence de cette opposition et nous sommes prêts à dialoguer avec elle mais à Bagdad, à condition que ces groupes acceptent de désarmer et dans le cadre d'une rencontre où la société civile aurait également droit au chapitre. Si la France a de l'influence sur ces groupes, elle a le devoir de les pousser à participer à une telle rencontre.
Disons qu'elle a des relations...
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