La France n'est pas une vieille femme mourante, mais une belle adolescente enfermée dans sa chambre, qui n'a plus confiance en elle, alors qu'elle regorge de capacités
Sur le plan des références intellectuelles, la droite doit, dans un
premier temps, se réconcilier avec la confiance dans l'individu
écrit
Mathieu Laine,
directeur d'Altermind et enseignant à Sciences Po, dans
Le Monde.
Le sarkozysme, qui est un ultra-constructivisme, a péché par
surinterventionnisme. En cela, il était certes incontestablement de
droite. Mais pas une droite moderne : la droite réactionnaire, héritière
de Louis de Bonald et de Joseph de Maistre, défiants à l'encontre de la
liberté et confiants dans "un roi tuteur" d'un peuple incapable de se
gouverner lui-même.
Et il était également incroyablement de gauche. De ce socialisme
ancien, obsédé par le mirage de la justice sociale, convaincu hélas que
la relance, dont on a fait des "plans", est forcément keynésienne et
passe par une demande nourrie de fonds publics. Le résultat est connu :
la bulle de la dette privée s'est transformée en bulle de la dette
publique, la fiscalité s'est accrue, l'effort et l'innovation ont, en
conséquence, été pénalisés, la croissance s'est éteinte, le chômage a
retrouvé ses courbes ascendantes, le poids de l'Etat a augmenté. Et
Nicolas Sarkozy, malgré et sans doute à cause d'un durcissement
nationaliste-protectionniste, de la promesse de faire lui aussi payer
des riches qu'il irait même chasser au-delà des frontières et celle de
nous protéger tous contre les malheurs de la vie, a échoué.
… La vraie modernité n'est pas dans l'agitation. Elle règne dans la
compréhension de l'action humaine, de cette capacité de chacun à
s'adapter, à répondre à des incitations pour améliorer son bien-être. Le
politique doit descendre de son piédestal, ne plus raisonner macro mais
micro, et cesser de vouloir changer l'homme, mais le respecter.
Comprendre, par exemple, avant de se précipiter dans la surenchère
fiscale pour combler des trous budgétaires, ce dont a besoin un
entrepreneur pour construire, créer des emplois et avoir envie de le
faire en France. Percevoir que de nouvelles solidarités s'orchestreront,
avec plus d'efficacité, le jour où l'on ne dépensera plus, comme
aujourd'hui, près de 600 milliards de dépenses sociales par an (ce qui
n'est tout simplement plus tenable). Cesser de vouloir tout régenter,
tout contrôler. Dire la vérité, mais retrouver aussi un discours
optimiste. La France n'est pas une vieille femme mourante, mais une
belle adolescente enfermée dans sa chambre, qui n'a plus confiance en
elle, a peur des autres comme d'elle-même, alors qu'elle regorge de
capacités. Mais on lui parle mal. On dicte à chacun ce qu'il doit faire,
ne pas faire, quand il faudrait lui refaire confiance, lui parler en
adulte libre et responsable.
1 comment:
That is true, but can a country which has long focused on "social cohesion" and top down allow the individuals to flourish - and some to fail too?
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