Un ancien premier ministre français est mort, nous apprend
Le Monde (Michel Rocard sur
Le Monde Watch).
Michel Rocard
avait le « parler-vrai », la dent dure et le jugement acéré. Nul doute
qu’il se serait gaussé de l’avalanche d’hommages qui lui ont été rendus,
au lendemain de sa mort le 2 juillet.
A gauche, bien sûr, François Hollande a salué ce socialiste capable de « concilier utopie et modernité », Manuel Valls a évoqué avec émotion ce « visionnaire » qui fut son « père en politique », Lionel Jospin cette « référence », Emmanuel Macron cet « exemple », Jean-Pierre Chevènement ce « militant sincère qui croyait à la force des idées », ou Jean-Luc Mélenchon cet « éclaireur » dont « la vie est une leçon ».
A droite, tout autant, où
Jacques Chirac et
Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou François Fillon ont dit leur respect pour l’homme d’Etat. A l’extrême droite même, puisque
Marine Le Pen a adressé ses condoléances aux proches de cet
« homme de conviction ». Sans
oublier Nicolas Hulot et Brigitte Bardot.
… L’homme de gauche Rocard mérite ces hommages, évidemment. … Pour son pragmatisme tenace, sa capacité
d’innovation autant que de conciliation, le premier ministre Rocard
(1988-1991) ne mérite pas moins l’éloge.
… La frustration de constater
que les qualités reconnues à Michel Rocard – une exigence de morale en
politique, un inlassable engagement pour ses idées, une inépuisable
ouverture d’esprit – paraissent si peu et si mal répandues aujourd’hui.
Le regret est de voir disparaître un homme, et une voix, qui incarnait une conception noble de l’action publique : celle qui fonde l’ambition et l’exercice du pouvoir sur la force et la justesse des idées, du savoir et de la culture.
Et non celle qui instrumentalise les idées au service de la seule
stratégie qui vaille, la conquête du pouvoir. C’est ce qui a fait sa
singularité et lui confère aujourd’hui une aura particulière. C’est
aussi, et il le reconnaissait lucidement, ce qui a fait sa faiblesse
pendant quarante ans.
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