2004/10/27

Guy Millière explique pourquoi Bush sera réélu

Le problème avec Guy Millère, le grand problème avec Guy Millière, c'est qu'il dit tellement de choses bonnes et justes qu'on a envie de tout citer. Voilà, heureusement que paraît un bon petit livre qui résume éloquemment sa pensée : Pourquoi Bush sera réélu.

N'hésitez pas à vous le procurer après les élections, quel que soit le gagnant : son message est fait pour durer. Lisez seulement :

Comme pour bien enfoncer le clou rouillé dans la tête des téléspectateurs [français] … on dira qu'il y a une bonne Amérique : celle qui «résiste», celle qui comprend la diplomatie française et qui souffre à l'idée des dictateurs du tiers-monde violemment renversés, celle qui s'est réjouie lorsqu'elle a vu les images du 11 septembre. …

L'Europe, la France en particulier, n'a pas choisi d'abattre le mal. Elle n'a pas dit non plus qu'elle voulait le voir triompher. Elle a dit et proclamé, en cas d'épreuve particulièrement nette, qu'elle ne voulait pas agir et pas choisir. Elle a laissé entendre que peut-être même elle ne discernait plus la différence entre le bien et le mal…

Eu un moment où elle était face à l'épreuve, l'Amérique profonde a pris cela comme une trahison. C'est dans l'épreuve qu'on voit où sont les vrais amis…

L'Amérique profonde, cela doit être souligné, est moins blanche, moins européenne, plus métissée qu'elle ne l'était il y a quelques décennies. Elle a aussi, toujours plus, des racines hispaniques ou asiatiques. Elle est, en moyenne, plus jeune que l'Amérique des professeurs d'université et des villes. Elle est porteuse d'un sang neuf qui risque de manquer peu à peu à l'Europe. Elle est moins encline qu'elle ne l'était il y a quelques décennies à accepter des remonstrances européennes, françaises en particulier. Elle peut même y voir des marques malhabiles d'une condescendance malplacée…

Quand [les conservateurs et les néo-conservateurs ont dit] que les États-Unis d'Amérique étaient le seul pays qui ait les moyens de rétablir effectivement ce qui est juste et droit, les Américains ont regardé autour d'eux. Et ils ont constaté qu'une fois de plus, il n'y avait guère de candidats autres que leur pays pour affronter le danger ou même simplement pour oser le nommer. …

Le néo-conservatisme a, plus profondément, constitué un grand retour aux sources. Il n'implique, contrairement à ce qui se dit en Europe, aucun puritanisme moral, aucun œillère. Comme l'a noté David Frum, les néo-conservateurs ont « absorbé une quantité surprenante d'éléments culturels » issus des années 60 : le rock, le féminisme, l'éducation permissive des enfants. David Horowitz a écrit, lui, qu'au moment où il s'est approché des milieux conservateurs, il a été surpris par la tolérance de ses nouveaux amis vis-à-vis des fautes, des défaillances, des faillibilités de l'être humain. …

Procurez-vous son livre maintenant.

Il convient aussi de faire connaître la rubrique hebdomadaire que Guy Millière tient dans le journal Les 4 Vérités. (Guy Millière est décidément une grosse épine dans le pied, car chaque fois que je veux donner un exemplaire du journal à un ami ou à une connaissance, il s'avère que je tiens absolument à garder le numéro à cause de son article de la semaine.) En voici quatre exemples, sur l'Irak.

Les chiens aboient… :

Il y avait … déjà, des chiens qui aboyaient en 1944 et qui disaient que les États-Unis venaient envahir l’Europe et s’ingérer dans les affaires du grand Reich. Les péroraisons de Philippe Henriot ou des chefs de la Milice sur Radio Paris reposaient sur les mêmes constructions mentales que nombre d’articles de « Marianne » ou du « Nouvel Observateur » aujourd’hui. Les chiens qui aboyaient à l’époque furent aussi ceux qui parlèrent d’enlisement américain en Allemagne en 1946, déjà, et qui voyaient dans Auschwitz un simple détail de l’histoire. Les chiens d’aujourd’hui prêtent peu d’attention aux centaines de milliers de cadavres gisant dans les charniers de Saddam.

Dans l’Irak libéré de Saddam Hussein, la reconstruction continue à progresser sur tous les plans : sanitaire, scolaire, économique. … Les chiens qui aboient diront que [Iyad Allawi et Ghazi al-Yaouar, un président et un premier ministre suffisamment représentatifs pour être légitimes] n’ont pas l’onction du suffrage universel (les chiens qui aboient ont sans doute une solution magique pour organiser des élections impeccables dans les décombres d’un régime totalitaire, à moins qu’ils n’aient la nostalgie de la dictature). … Ils diront que l’Irak n’a pas retrouvé sa pleine souveraineté dès lors que les troupes de la coalition y sont encore, et ils balaieront d’un revers de main le fait que les nouveaux dirigeants de l’Irak demandent aux troupes de la coalition de rester (ils sont « vendus aux Américains » n’est-ce pas) et le fait que la sécurité n’ait pas été pleinement rétablie : il est vrai que pour les chiens qui aboient les membres d'Al-Qaida infiltrés en Irak, les islamistes chiites recrutés par l’Iran et le Hezbollah et les résidus de l’ancien régime sont des « résistants ». Ne leur demandez pas : « résistants » en faveur de quoi ? ils aboieraient plus fort mais ne vous diraient jamais que les résistants en question se battent pour le totalitarisme, qu’il soit chiite, sunnite ou baassiste, et contre la liberté.

C’est plus fort qu’eux, que voulez-vous, les chiens qui aboient aiment le totalitarisme et détestent la liberté. Ils ne s’indignent pas quand des « résistants » en Irak font exploser un autobus empli de petites filles en chemin pour l’école, mais ils poussent des cris aigus lorsqu’on voit des photos de « résistants » tout nus devant une femme. Ils ont l’indignation très sélective en Irak, comme ils ont l’indignation très sélective en Israël et en tant d’endroits du monde. Ils prétendent incarner les valeurs du 6 juin 1944, sans discerner qu’en 1944, leur façon de « penser » les aurait placés du côté des collabos. …

Un parti pris en faveur du pire :
Je ne peux m’empêcher de remarquer … que les journalistes qui ne cessent depuis des jours et des jours de diffuser exactement les mêmes photographies [de la prison d’Abu Ghraïb], comme pour être sûrs de susciter un réflexe de haine anti-américaine viscérale, se sont montrés remarquablement « discrets » dans leur utilisation du film vidéo d’Al Qaida [montrant l'assassinat de Nick Berg]. Je ne peux m’empêcher de noter aussi que si les commentaires accompagnant les photographies d’Abu Ghraïb ne reculaient devant aucun abus de langage, parlaient de tortures ignobles, de pratiques dignes du temps de Saddam, et n’hésitaient pas à salir l’armée américaine tout entière, les commentaires concernant le film vidéo d’Al Qaida ont été pour le moins « pudiques » : comme souvent en pareil cas, un assassinat est devenu une « exécution ». Il a été question de ne pas « ajouter d’horreur à l’horreur », et le silence s’est fait.

Je dois, dès lors, le dire : je vois là un parti pris, en faveur du pire et du plus ignoble. Grossir démesurément les bavures de quelques soldats américains n’est qu’un élément de plus dans la grande opération de propagande visant à faire croire au public français et à d’autres occidentaux que tout se passe effroyablement mal en Irak, que la situation était meilleure sous Saddam, que les Américains jouent le rôle exécrable du nazi nouveau style face auquel de braves irakiens seraient des « résistants ». Occulter la bestialité d’Al Qaida est aussi un élément de plus dans le pendant symétrique de l’opération de propagande anti-américaine : il ne faut surtout pas insister sur les détails qui peuvent fâcher. Le sort de Nick Berg doit surtout ne pas apparaître comme plus horrible que celui d’Irakiens humiliés, et ses assassins ne doivent pas apparaître comme plus abjects que les soldats américains d’Abu Ghraïb.

Moi qui n’ai jamais pris le parti du pire et du plus ignoble, j’affirme que par leur parti pris, les journalistes français en leur quasi-totalité, et nombre de journalistes occidentaux avec eux, prolongent les souffrances du peuple irakien et provoquent des morts supplémentaires par centaines. J’affirme qu’en ne disant pas de quoi sont accusés les prisonniers d’Abu Ghraïb, en n’insistant pas sur ce qui sépare les terroristes des membres d’une armée régulière et en affublant d’ex-baasistes et des islamo-terroristes du titre de « résistants », ces mêmes journalistes se placent au côté des criminels et de ceux qui ont fait souffrir et font souffrir encore le peuple irakien.

J’affirme que ces journalistes ont une responsabilité grave dans l‘atroce mort de Nick Berg. J’affirme enfin qu’en ne diffusant pas le film vidéo réalisé par Al Qaida, ils rendent service à Al Qaida. Si les téléspectateurs français voyaient l’intégralité de ce film de six minutes …ils comprendraient que la guerre doit être menée et que, si on devait reprocher quelque chose à l’armée américaine, ce serait de mener la guerre avec trop de retenue. Ils comprendraient que si on doit humilier un prisonnier pour le faire parler et éviter d’autres égorgements et d’autres mutilations, l’humiliation est bien peu de chose. …

La vérité sur la situation en Irak :
La presse française nous avait habitués à biaiser l’information concernant la situation en Irak, mais je dois dire que ces derniers temps, elle s’est surpassée. Sachant que tous n’ont pas accès aux informations disponibles dans le reste du monde mais qui s’arrêtent mystérieusement aux frontières de ce pays, j’entends ici, une fois de plus, rectifier quelques-unes des contre-vérités et des inepties les plus flagrantes :

1. Non, les États-Unis et leurs alliés ne sont pas dans un « bourbier » en Irak : ce mot ne s’appliquait pas, il y a un an, il ne fait toujours pas sens. La situation reste globalement ce qu’elle était voici trois ou quatre semaines. 95 % du pays vit en paix, avec des conditions de travail, d’approvisionnement en nourriture, en médicaments, en eau et en électricité qui ne cessent de s’améliorer et avec, pour la première fois depuis longtemps, une libre parole et une presse libre. …

2. Oui, il y a eu l’attaque et le meurtre atroce de civils américains à Fallujah, nid de vipères baasistes non pacifié. Fallujah n’est pas tout le territoire sunnite … On est très loin d’un « embrasement généralisé ». …

3. Moqtada al-Sadr n’est en aucun cas représentatif des shiites irakiens.…

4. La vague d’enlèvements qui s’est opérée a eu toute l’allure du comportement frénétique et désespéré de gangsters en fin de partie. …

L’armée américaine et les troupes de la coalition ne pourront pour autant pas se retirer. Les régimes syriens et iraniens savent qu’ils ne pourront rester ce qu’ils sont aujourd’hui si l’Irak devient effectivement et pleinement ce qu’il est en train de devenir. L’Irak ne pourra devenir décent que si la décence fait tache d’huile dans la région. La population irakienne n’aura confiance dans le futur que si elle se sait à l’abri des risques de retour à la loi du plus criminel. …

Matraquage de masse et résistance :
Karl Popper, peu de temps avant de mourir avait publié un petit essai intitulé « La télévision, un danger pour la démocratie ». Peu de gens, à l’époque l’ont pris au sérieux. La France montre à quel point Karl Popper avait raison : la télévision est devenue le moyen majeur d’information de millions de gens. Elle place sur le même plan le discours de mon ex-concierge et celui d’un spécialiste, et est même prête à confier le poste de spécialiste à de vils propagandistes. Elle distribue des simulacres de connaissance dissoute dans l’opinion et un mélange savant d’abrutissement médiocre (« Qui sera la nouvelle star ? ») et de propagande pernicieuse (répétez vingt fois par jour que Bush est un abruti et que les États-Unis s’enlisent en Irak, ajoutez que l’armée israélienne est cruelle, et vous verrez des milliers de chiens de Pavlov répéter les phrases bien apprises).

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