C'est ce à quoi je pense quand je lis, ou quand j'entends, pour la énième fois, la liste des infamies supposées de George W Bush, et que je suis supposé comprendre en quoi le tout dernier exemple est censé prouver à quel point les Américains (ou leurs dirigeants) sont mesquins, simplistes, bornés, fourbes, et/ou avides de dollars ou de pouvoir.
Il est de bonne guerre, en France (et en Europe), de dresser l'inventaire des péchés dont ce désastre de Dobeuliou est, ou serait, coupable, et pour lequel les Américains devraient à tout prix voter contre lui le 2 novembre. Or, une examination minutieuse et objective des autres dirigeants de ce monde montre que le cow-boy texan est en effet le pire leader sur la planète, à l'exception… de tous les autres.
Prenons la question du mensonge. D'abord il convient de dire qu'accuser Bush d'être un menteur pour avoir invoqué les armes de destruction massive comme raison pour envahir l'Irak, cela équivaut à accuser Eisenhower ou Roosevelt (ou encore Churchill) d'avoir menti aux Rangers qui prirent d'assaut la Pointe du Hoc le 6 juin 1944, alors que les canons allemands à grosse portée qu'ils étaient censés neutraliser (des engins qu'on pourrait très facilement qualifier d'armes de destruction massive, justement) ne s'y trouvaient plus.
Mais si on insiste pour qualifier de telles erreurs des services de renseignement comme des mensonges, force est de reconnaître que, de mensonges dans l'arène international, il y en a beaucoup d'autres, et d'une nature autrement grave.
Avec, en premier lieu, ceux de Saddam Hussein, qui éclipsent tout ce qu'a pu dire président américain (et de loin). Se focaliser sur les mensonges de W, c'est oublier l'historique de mensonges, bien établie, du Raïs, qui fut une raison essentielle que Bush et Tony Blair ne voulurent pas croire en ses protestations d'innocence.
Il y a ensuite les membres du "camp de la paix", dont le mensonge principal reposait dans leur ardeur de fustiger l'administration Bush, ce qui leur faisait oublier, fort à propos, l'historique de Saddam que nous venons d'invoquer ainsi que le fait que leurs propres services de renseignements étaient arrivés aux mêmes conclusions que la CIA et la MI6.
Prenons, ensuite, John Kerry, qui a menti en expliquant que la présence d'une autre personne à la Maison Blanche allait rétablir la bonne harmonie avec les alliés d'Europe et inciter, sine qua non, les Français et les Allemands à changer de direction et à aller épauler les Américains en Irak.
Il y a ensuite le mensonge qui consiste à dire qu'avec un peu de bonne volonté, l'ONU (l'organisation dans laquelle une démocratie a été évincée du comité des droits humains — ce fut l'Oncle Sam, mais cela aurait tout aussi bien pu être toute autre démocratie libérale — tout en nommant des pays comme la Syrie et la Libye à leur tête) aurait aisément pu venir à bout du problème et désamorcer la poudrière du Moyen-Orient. (Le Soudan a, depuis, montré son efficacité.)
C'est un mensonge que de prétendre que le dictateur responsable d'un système qui a permis la torture et l'assassinat de plusieurs centaines de milliers de ses concitoyens puisse, grâce à quelques pourparlers internationaux, accepter soudainement de contrôler les sbires de son régime (ainsi que ses instincts psychopathes) et de partager le pouvoir.
C'est un mensonge que de prétendre que les membres du "camp de la paix" étaient des acteurs détachés qui n'avaient que des intentions louables, alors que plusieurs d'entre eux — les plus influents — faisaient des affaires phénoménales avec le psychopathe irakien et que, par le biais du programme pétrole contre nourriture (loué aux Cieux, celui-là aussi), ils étaient impliqués dans l'une des plus grandes arnaques de l'Histoire. (Une raison de plus, par ailleurs, de mettre en doute la suffisance de l'ONU.)
Je suis désolé de vous decevoir, mais franchement, à côté des exemples d'infamie cités ci-haut, les péchés de Dobeuliou (et de l'Amérique) me paraissent bien dérisoires. Quand on me dresse l'inventaire des péchés de Bush, donc, je pense à Sir Winston. C'est aussi lui qui a dit : "un fanatique est quelqu'un qui ne peut pas changer d'avis et qui ne veut pas changer de sujet."
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