2004/07/02

Les Monty Python sur l'impérialisme américain

Puisque Dominique Dhombres encense Régis Debray pour avoir combattu "l'impérialisme américain" et pour l'avoir présenté comme l'équivalent moderne de l'empire romain, j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de faire la description détaillée de l'une des scènes de l'un de mes films préférés.

Chaque fois que quelqu'un dénonce l'impérialisme américain (ou de tout autre pays), j'ai envie de le lier à une chaise devant un magnétoscope et de l’obliger à visionner la scène en boucle. Dans cette scène, les membres de l'un des mouvements patriotiques les plus déterminés et intransigeants de la lutte nationale, le Front Populaire de Judée, sont réunis en réunion secrète — ils sont tous masqués, sauf les chefs — dans une sombre salle autour de leur leader, Reg.

Furieux à propos de l'occupant romain, celui-ci crache toute sa colère, son amertume, et son humiliation : "Ils nous ont saigné à blanc, ces fils de pute. Ils nous ont pris tout ce qu'on avait." Il continue de la sorte avant de terminer son discours par une magistrale question rhétorique remplie de mépris : "Et que nous ont-ils jamais donné en retour?!" Sur ce, il s'arrête et se croise les bras avec un air de suffisance. Il sait qu’il a fait l’un des meilleurs discours de sa carrière.

C'est alors qu'un terroriste masqué lève timidement le doigt : "L'aqueduc…"

"Pardon?" demande Reg, pris au dépourvu.

"L'aqueduc" répète le terroriste.

"Ah ouais, ouais, ils nous ont bien donné ça, ouais ouais, c'est vrai."

Un autre terroriste, aussi masqué que le premier, ajoute : "Et le système sanitaire."

Le second de Reg, Stan, intervient, plein d’énergie naïve : "Oh oui, le système sanitaire, Reg. Souviens-toi comment la ville était auparavant." Parmi les terroristes masqués montent des murmures approbateurs.

La réunion ne va pas du tout comme le veut Reg, qui est en train de perdre patience : "Bon d'accord, je veux bien vous accorder que l'aqueduc et le système sanitaire sont deux choses que les Romains ont effectivement fait pour nous…"

Il est interrompu par un autre terroriste : "Et les routes."

Reg, avec brusquerie : "Eh bien oui, évidemment les routes! Les routes quoi de plus naturel, n'est-ce pas? Mais à part le système sanitaire, l’aqueduc, et les routes…"

D'autres terroristes, qui n'ont décidément rien compris, y mettent de leurs voix : "L'irrigation" "La médecine" "L'éducation" "La santé" "Et le vin!" "Les bains publics" pendant que leurs compagnons acquiescent ("Ouais ouais", "Ah oui ça aussi").

Stan ajoute en toute innocence : "Et maintenant ce n’est plus dangereux de se promener la nuit, Reg."

Reg, qui les yeux resserrés a commencé à tapoter la table des doigts, est en train de s'énerver franchement. Finalement, d'une voix sèche, il coupe court à la discussion : "Bon, d'accord, d'accord! Mais à part le système sanitaire, la médecine, l'éducation, le vin, l'ordre public, l'irrigation, les routes, l'eau fraîche, et un système de santé public, que nous ont jamais donné les Romains en retour?!" Il se recroise les bras et s’enfonce dans son fauteuil. Ça suffit, que ses hommes se taisent maintenant!

…Un doigt timide se lève : "Ils nous ont apporté la paix…"

Reg (au bord de l’apoplexie) : "Ferme ta putain de gueule!!!"

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