En 1979 le président Carter avait "perdu l’Iran"rappelle Gérald Olivier.
Le monde entier pays encore le prix de son aveuglement. Dira-t-on demain d’Obama qu’il a "perdu l’Irak" ?
Révélations sur le politiquement correct, les partis pris et le refus de mettre en doute les grandiloquences auto-congratulatoires des autorités (avec preuves à l'appui) qui sévissent dans le journal de référence, Le Monde, et dans d'autres médias français…….Bilingual Documenting and Exposing of the Biased Character of French Media, Including its Newspaper of Reference, Le Monde
En 1979 le président Carter avait "perdu l’Iran"rappelle Gérald Olivier.
Le monde entier pays encore le prix de son aveuglement. Dira-t-on demain d’Obama qu’il a "perdu l’Irak" ?
Il faudra des années avant que l'Irak retrouve la voie de la stabilitéapprenons-nous dans un éditorial du Monde. Ah bon ?! "Retrouver" la stabilité — la stabilité d'antan ? Au moins, sous Saddam Hussein, l'Irak était stable, il n'était pas "en piètre état", on est content de le savoir… Ah non, l'éditorial écrit, plus loin, que
Personne ne regrettera Saddam Hussein, l'un des tyrans les plus sanguinaires du Proche-Orient.Il ne manquerait plus que ça ! Surtout quand on apprend que
L'homme que l'intervention américaine chasse du pouvoir en 2003 est responsable de la mort de centaines de milliers d'Irakiens, plongés par sa faute dans des années de guerres civiles et étrangères. On retrouve, ici et là, en Irak, des fosses communes de plusieurs dizaines de milliers de cadavres, des charniers laissés par les années de plomb de l'ère Saddam.Si l'éditorial écrit cela, évidemment, c'est pour poursuivre avec un "mais" :
Mais les Irakiens ne se sont pas libérés eux-mêmes de cette tyrannie. Les Etats-Unis ne les ont pas associés à leur intervention. Il n'y a pas de "brigades d'Irakiens libres" pour accompagner les troupes américaines quand elles entrent dans Bagdad en avril 2003.Oui ?! Et alors ?!
L'Irak a été privé d'une partie de son histoire.Ah oui ?! Rien que ça ?! Parce qu'il y a eu des légions, mettons, de Hollandais ou de Philippins qui ont accompagné la libération de la Hollande du joug allemand ou des Philippines du joug japonais en 1944-1945 ? Peut-être que ces populations étaient tout simplement contentes d'être débarrassé de leurs bourreaux, quels que soient les libérateurs. On a du mal à croire que les membres des familles des "centaines de milliers d'Irakiens" tués par Saddam aient mis beaucoup d'importance dans l'identité de ceux qui ont renversé la dictature de leur bourreau et pour des considérations intellectuelles comme quoi l'Irak aurait été "privé [?!] d'une partie de son histoire."
Folle aussi, cette prétention prométhéenne que l'Amérique pouvait exporter dans ses Humvee la démocratie jeffersonienne sur les bords du Tigre.C'est sûr qu'on n'a jamais su exporter la démocratie par les armes, comment croire une pareille sottise ?! (Soupir…) Oh si, c'est vrai, il y a bien eu une poignée d'exceptions, comme l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste, et le Japon impérial… Mais mis à part ces exceptions sans importance — sans la moindre importance, vous dis-je — c'est sûr qu'il est impossible d'exporter la démocratie par les armes…
Grosso modo, l'article de IBD démontre que de tous les accidents mortels sur les routes américaines causés par (ou impliquant) des conducteurs distraits (il y en a eu 3092 en 2010), les statistiques montrent que la vaste majorité n'étaient pas dus à l'usage du portable, mais à la consommation de nourriture et de boissons (pas forcément alcoolisées) en conduisant.First, regulating cellphone use is not a federal responsibility, even on federal roads. This is not an issue that Washington has the authority to address.
Second, there’s no compelling reason for it. The National Highway Traffic Safety Administration says that 3,092 traffic deaths last year involved distracted drivers. But using a cell phone is only one of many driver distractions. Eating and drinking while behind the wheel are two others, and they are far more dangerous than yapping on a phone.
In fact, a 2009 NHTSA study found that 80% of all car wrecks are caused by drivers eating or drinking — not cellphone use — with coffee-guzzling the top offender.
Then there’s this. According to federal data, traffic deaths have fallen from 2.1 per 100 million vehicle miles in 1990, when virtually no one had a cellphone, to 1.1 in 2009, when almost everyone does.
A l'origine, des journalistes en costume interviewaient les politiques en costume. Puis sont arrivées des journalistes en jupe... Retour sur un demi-siècle d'histoires de séduction entre presse et pouvoir.
Le poison est là : journalisme et politique s'en vont bras dessus bras dessous conquérir les palais de la République et dégringolent ensemble depuis des années dans l'estime populaire. Que s'est-il passé ?
…Le monde politique pourrait dire la même chose. Il est clos. En décalage horaire - des séances de nuit à l'Assemblée nationale, des voyages, des hôtels, des samedis, des dimanches au travail... Il est circulaire aussi. Le politique dévore la presse, les sons et les écrans. C'est son miroir du matin au soir, il s'y regarde, scrute ses points forts, ses points faibles, sa courbe de popularité, ce qu'il dit, ce qu'on dit de lui. Il ne se perd jamais de vue. Il parle "off" ou "on" au journaliste, son pouvoir dans son parti passe aussi par la place qu'il occupe, ou l'empreinte qu'il laisse dans les médias. Les puissants d'aujourd'hui, Sarkozy comme Hollande, furent de très bonnes sources quand ils étaient seconds couteaux. Parallèlement le journaliste sera qualifié de "bon" dès lors qu'il aura accès à l'homme politique, à ses confidences, à l'envers du décor. Il y a, en quelque sorte, une commu-nau-té d'intérêts entre les deux, un jeu d'attraction-répulsion autour d'une frontière ténue, qui peut tenir, de nombreuses et longues carrières le prouvent, ou pas... Ce monde clos produit croisements, regards, frôlements.
"Pour disqualifier toute critique de l'écologie, Stéphane Foucart forge le néologisme d'"écolophobie" calqué sur "islamophobie"", estime M. Bruckner dans sa réponse sur le blog du Médiateur ("Le Monde des lecteurs").Voilà ce qu'on lit dans la chronique du Médiateur du Monde par Pascal Galinier dans version papier du quotidien, par rapport à la croissance demésurée d'instances du mot phobie (l'homophobie ou l'islamophobie, "les deux champions toutes catégories en matière d'occurrences dans les archives du Monde (670 pour le premier, 358 pour le second)", germanophobie (41 fois dans Le Monde), anglophobie (32 occurrences), europhobie (42 occurrences)). "Online", Pascal Bruckner, auteur de Le fanatisme de l'Apocalypse, poursuit :
Quel aveu : l’écologie dans sa forme officielle serait donc une foi à laquelle il ne faut pas toucher sous peine de sacrilège ? Voilà que le doute, célébré jadis par Montaigne et Descartes comme la vertu de l’esprit, est assimilé à un blasphème. Le meilleur des combats - la protection de la nature - se trouve dévoyé en sectarisme scientiste. Stéphane Foucart, qui cache son militantisme sous le masque d’une pseudo-expertise, rend un bien mauvais service à la cause qu’il prétend défendre. Tout ce qui peut réveiller les partis verts de leur sommeil dogmatique, de leurs falsifications, de leur catéchisme culpabilisateur devrait être salué comme une purge nécessaire.Pascal Galinier continue :
D'autres, à la rédaction, pensent qu'utiliser un terme, fût-ce pour le dénoncer, c'est déjà lui donner une légitimité. Ainsi de l'homophobie ou de l'islamophobie, les deux champions toutes catégories en matière d'occurrences dans les archives du Monde (670 pour le premier, 358 pour le second). Un vrai sujet de débat.Votre serviteur a plongé dans lesdites archives (informatisées depuis 1987), pour y chercher les occurrences de ces fameux mots-phobies. La pêche est instructive. Germanophobie a été utilisé quarante et une fois dans Le Monde, dont une première en 1990, au moment de la réunification allemande. Anglophobie (32 occurrences) fut le mot-clé d'une chronique de 1990 sur la fin du long règne de Margaret Thatcher à Downing Street. Europhobie, enfin, terme encore peu usité (42 occurrences tout de même), apparaît pour la première fois dans notre journal en 1991, à l'occasion d'élections en Islande, premier pays européen à faire faillite après la crise de 2008. "Le journaliste est l'historien de l'instant", disait Albert Camus. L'instant serait donc à la phobie. Phobie douce, phobie dure...
"Prolophobie" n'est certes paru qu'à deux reprises dans Le Monde.
La question du XXe siècle fut : totalitarisme ou démocratie ? La question du jour est : démocratie ou corruption. Les Russes commencent à la poser. A nous de les entendre. Nul ne sait ce qu'il adviendra dans les mois qui viennent, pareille incertitude est déjà une victoire de la liberté. La Russie de Pouchkine n'est pas morte. Balaiera-t-elle la Russie de Poutine?
La leçon magistrale des manifestations démocratiques de samedi, les plus grandes depuis 1991 et peut-être depuis février 1917, s'impose : Poutine, après Kadhafi, Ben Ali, Moubarak ou Assad, titube.
… Le début de panique suscité par les révoltes du "printemps arabe" indique combien les potentats "eurasiatiques" sont moins assurés que nous de la pérennité de leur pouvoir. Sur le Net chinois, toute évocation du jasmin est biffée. Pourquoi ? Tunis n'est pas Pékin ni la petite Tunisie l'immensité chinoise ! Même désarroi à Moscou, où la moindre contestation – Poutine sur un ring sifflé par la foule – évoque l'apocalypse, entraînant illico un redoublement de censure.Malgré le blocage des réseaux sociaux, le brouillage de la blogosphère, les attaques de hackeurs sur les sites indépendants, malgré les télés univoques, malgré le bourrage insolent des urnes, la falsification des bordereaux de comptage électoraux, les intimidations tous azimuts, malgré l'ordre intimé aux gouverneurs d'obtenir coûte que coûte 65 % de votes "corrects", le parti officiel Russie unie se voit dégradé comme "parti des voleurs et des tricheurs".
Les Russes ne sauraient mieux signifier que leur Etat est sans foi (tricheurs) ni loi (voleurs). Ils le savent, ils le vivent. A qui faire croire que 99,48 % des Tchétchènes aient voté "librement" pour leurs assassins ? La corruption règne en maître, du plus haut au plus bas, et relègue la grande Russie au rang de la Somalie, derrière le Zimbabwe, sur l'échelle dressée par Transparency International. En 2011, l'argent de la corruption s'évalue à 300 milliards de dollars (30 milliards les années précédentes), les poches des galonnés sont insatiables. Dix ans de Poutine, dix ans de prédateurs serviles ont vérifié le diagnostic de Mikhaïl Khodorkovski, ancien oligarque, désormais prisonnier politique ad infinitum pour avoir découvert que le tsar était nu, incapable et pourri. Que dit-il? Que la corruption mondialisée est un danger pire que le nucléaire.
Les Etats-Unis d'Amérique tirent une grande richesse de l'accueil qu'ils font aux universitaires et chercheurs étrangers. Allez voir les laboratoires de recherche privés ou publics et vous y verrez toute la terre : Chinois, Japonais, Indiens, Africains, Sud-Américains et Européens. La circulaire de Claude Guéant du 31 mai, qui limite la possibilité pour les diplômés étrangers de rester travailler en France, montre que des considérations électoralistes vont à l'encontre de l'intérêt général. Ce n'est certes pas la première fois mais tout de même...Marc Eisinger,
Marseille
En matière d'amitié franco-américaine, difficile de faire plus ostensible que Nicolas Sarkozy et Barack Obama début novembre à Cannesécrit Corine Lesnes dans Le Monde.
Hors campagne électorale, mieux vaut, pour entretenir la flamme, se fier aux vrais francophiles, amoureux en toutes saisons du paysage, de la langue et du style de vie. De vrais amis qui estiment que la France, avec ses vieilles pierres, ses fromages, ses parfums, son esprit critique et ses mouvements sociaux — on irait presque jusqu'à dire ses 35 heures — est un morceau de patrimoine de l'humanité qu'il convient de préserver — et de subventionner.
… Chaque année, [Christian Draz] consacre de 15 000 à 20 000 dollars à la rénovation du patrimoine français. "Il ne s'agit pas seulement de subventionner les propriétaires de châteaux. C'est aussi l'occasion de mieux connaître les Français", dit-il. En 2010, son cercle de francophiles à Boston a offert 10 000 dollars au château de Haroué, en Lorraine, pour l'entretien de sa grille d'honneur, oeuvre de Jean Lamour. La France "reste un pays phare", rassure-t-il. Elle continue à représenter "le chic, le style, une certaine rigueur intellectuelle, une certaine ouverture d'esprit"...
Le collectionneur est l'un des 400 mécènes rassemblés autour de la French Heritage Society (FHS), une association qui se consacre à la préservation de l'architecture française. Depuis sa création en 1982, la FHS a distribué 9 millions de dollars (6,7 millions d'euros) pour la rénovation de quelque 500 châteaux, églises ou jardins français, de la Roche-Courbon, en Charente-Maritime, à Brissac, dans le Maine-et-Loire, ou Josselin, dans le Morbihan. En contrepartie, les bienfaiteurs sont accueillis sur place avec des traitements de faveur : un dîner aux chandelles offert par la princesse Minnie de Beauvau-Craon, à Haroué. Un gala à Vaux-le-Vicomte, préparé par le chef du Grand Véfour...
Les propriétaires de châteaux sont "prisonniers de leurs domaines", explique le comte Denis de Kergorlay, du château de Canisy, en Normandie. Ils sont constamment pris à la gorge par les réparations, les impôts. "Alors, quand le mythique libérateur américain arrive, se développe un sentiment chaleureux de compréhension mutuelle. Les Américains deviennent les bons apôtres du patrimoine français"...
La tornade financière qui secoue l'Union européenne (UE) n'a pas encore franchi l'Atlantique, mais déjà, son souffle agite la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2012écrit Philippe Bernard dans Le Monde, faisant echo à James Pethokoukis.
Elle offre aux adversaires du président sortant une occasion rêvée de marteler une idée qui leur est chère : Barack Obama, partisan de l'intervention de l'Etat, promoteur de l'assurance-maladie universelle est un adepte du modèle social européen, autrement dit, dépensier et fauteur de dette. Or ce modèle incarné par l'UE serait en faillite. Donc, prétendent-ils, le président Obama est un danger pour l'Amérique.
Simpliste, la réthorique "Obama = Europe = crise" pourrait se révéler efficace dans un pays habitué à se voir comme un modèle, mais où le taux de chômage dépasse désormais 9 %. "La réponse (d'Obama à la crise) consiste à emprunter de l'argent, ce dont nous n'avons pas les moyens, et à l'attribuer à des bureaucrates et à des politiciens à Washington. Exactement comme l'Europe (...). Au lieu d'encourager les entrepreneurs (...), il augmente leurs impôts (...) et accroît les pouvoirs des leaders syndicaux. (...) Les réponses européennes du président Obama ne sont pas la bonne solution aux défis de l'Amérique", a déclaré Mitt Romney, probable candidat républicain lorsqu'il a lancé sa campagne, en juin.
In what was considered a controversial article at the time, writer Paul Kearney argued that by overemphasizing speed limits, highway officials neglect more pressing problems, like drunk driving. Moreover, statistics showed that most of the recent accidents in Pennsylvania, Indiana, and New York involved vehicles driving slower than 50 miles per hour. More drivers died in New York after falling asleep at the wheel, hitting deer, or making various other "human errors." Conversely, highways with moderately high speed limits experienced less accidents. Kearney noted that New Jersey drivers were safer overall because they weren't so distracted by their fear of strict highway patrolmen, who had a reputation for cruising around in hope of busting people breaking the speed limit.
Le cinéma français semble peiner à aborder les sujets politiques. Partagez-vous ce diagnostic ?
Il faut s'entendre sur ce dont on parle. Si on considère comme " politique " tout film qui traite des problèmes de la cité au sens large, des conflits sociaux, des rapports de pouvoir, la filmographie française est abondante. Si, en revanche, on entend par politique un film qui raconte la conquête ou l'exercice du pouvoir, la filmographie est effectivement assez maigre.Regardez les films de fiction qui mettent en scène des présidents de la République. Non seulement je n'en ai que deux à l'esprit, mais ce sont, de surcroît, des films dont le sujet central n'est pas directement politique. Ainsi, Le Bon Plaisir (1983), de Francis Girod, est au fond une histoire d'enfant illégitime. Quant au Promeneur du Champ-de-Mars (2004), de Robert Guédiguian, c'est, à travers le personnage du vieux Mitterrand, bien davantage une variation sur le thème du " vieil homme et la mort " qu'un film sur les rouages de l'appareil d'Etat ; en outre, il a été réalisé après la mort de l'ancien président.
Le contraste est saisissant avec le cinéma américain. Depuis qu'Hollywood existe, les Américains considèrent à juste titre la vie politique comme un terreau cinématographique inépuisable, où les passions sont exacerbées, les affrontements d'une virulence incroyable et les enjeux dramatiques, où l'on se combat et s'élimine. Aux Etats-Unis, non seulement les films qui traitent de cette question sont innombrables, mais ils utilisent toute la palette et appartiennent à tous les genres. Vous avez des comédies satiriques complètement loufoques, comme Des hommes d'influence (1997), de Barry Levinson, mais aussi de grands " biopics ", comme le Nixon (1995) d'Oliver Stone, ou de vrais thrillers, comme Les Pleins Pouvoirs (1997), de Clint Eastwood.
Comment expliquez-vous cette différence entre la France et les Etats-Unis ?
Le mode de financement du cinéma français y est pour beaucoup. Sans les chaînes de télévision, il est impossible de faire du cinéma en France. Or les chaînes sont très soucieuses de ce qu'elles peuvent montrer à 20 h 30. Dès lors, faire un film de fiction politique est, dans notre pays, un vrai chemin de croix : a priori, les financiers et les patrons de chaîne pensent qu'un tel film ne peut pas atteindre un grand public.
Meurtri, l'homme se tourne alors vers l'une des carrières qui, aux Etats-Unis, nécessite le plus de moyens financiers : la politique. Par chance, il a accumulé, durant ses années Goldman et pour salaire de son retrait, une fortune estimée à 400 millions de dollars. claims to be a Democrat". De quoi se montrer persuasif auprès des instances de son parti — Jon Corzine s'affiche démocrate — et plus encore auprès des électeurs. En 2000, l'ex-patron de GS remporte l'un des deux sièges de sénateur du New Jersey. Il a dépensé 62 millions de dollars de sa fortune personnelle, ce qui en fait, à ce jour, la campagne la plus chère de l'histoire du Sénat. Le sénateur Corzine sera actif sur des projets de loi touchant aux aides aux étudiants et à l'extension de la couverture-santé et votera, en 2002, contre l'entrée en guerre des Etats-Unis en Irak. Mais l'activité de législateur n'est pas la tasse de thé de cet homme d'action. Avant même la fin de son mandat, il l'abandonne pour se lancer dans la course à la fonction de gouverneur du même Etat.
Depuis qu'elle a amorcé son ascension à la tête du parti d'extrême droite, Mme Le Pen a infléchi la position que défendait son père dans les années 70 et 80 qui, économiquement, avait une certaine proximité avec celle défendue aujourd'hui par les Tea Partiesexplique Jonathan Parienté dans Le Monde, où il précise que «l'idéologie de Marine Le Pen […] dénonce la "toute puissance" américaine.»
Le Front national se bat désormais pour "bâtir un Etat fort et stratège" qu'il conspuait jadis.
… En 2007, le dernier programme présidentiel de l'ancien élu poujadiste trace une nouvelle voie. L'"étatisme" et le "syndicalisme archaïque" ne sont plus les seuls maux de l'économie. Il faut désormais y ajouter le "mondialisme ultra-libéral".Marine Le Pen a poussé plus loin cette logique. Réhabilitation de l’Etat fort qui doit orienter l’économie, souveraineté monétaire et retour au franc, protectionnisme, remplacement du clivage droite gauche par celui des nationaux contre les mondialistes, constituent désormais la base de son programme.
Dans les années 1980, Jean-Marie Le Pen avait eu une sympathie atlantiste qu'il a abandonnée au moment de la guerre en Irak. Marine Le Pen est très critique sur la politique étrangère des Etats-Unis. Elle prône la sortie de l'OTAN. Et, dans un entretien accordé récemment au quotidien russe Kommersant, elle expliquait préférer que la France se "tourne vers la Russie" tout en "tournant le dos aux Etats-Unis", ce que, estime-t-elle, la crise actuelle lui permet d'envisager.
D'anodins souvenirs de vacances deviennent, des années plus tard, des documents gênants pour des hommes politiquesexplique Michel Guerrin dans Le Monde.
Dernier exemple : l'amitié exposée entre Jean-François Copé, Brice Hortefeux et le marchand d'armes Ziad TakieddineCe sont des photos de vacances, en couleurs, prises avec un appareil argentique ou un jouet numérique. Une fois l'été achevé, on les colle dans un album, on les range sur l'ordinateur. Puis on les oublie et elles dorment des mois, des années. Jusqu'au jour où, telles des bombes à retardement, elles sortent de l'album pour devenir des documents savoureux, qui s'étalent dans la presse et sur Internet. Ce sont des photos boomerangs.
Il y en a beaucoup depuis que la technique numérique a transformé le citoyen planétaire en voyeur. Le dernier exemple est une série de photos de 2003 qui montre l'intimité entre Jean-François Copé, alors porte-parole du gouvernement, Brice Hortefeux, futur ministre de l'intérieur, et Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy, avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, impliqué dans des contrats d'armements et dont le nom, à tort ou à raison, est associé à l'affaire Karachi. Les trois personnalités, avec leurs épouses, posent en bermuda et polos aux couleurs estivales : bras dessus, bras dessous avec leur hôte, devant sa piscine, son yacht...
Les photos ont été récupérées sur l'ordinateur personnel de Ziad Takieddine par son ex-femme, l'Anglaise Nicola Johnson, qui les a données à la police. Depuis le 10 juillet, le site Mediapart les diffuse en exclusivité. " Nous mettons à disposition des médias une vingtaine d'images sur la soixantaine que nous possédons, explique François Bonnet, de Mediapart. Nous ne montrons que des personnalités publiques, nous avons écarté des photos d'ordre privé, qui n'ont pas un intérêt général. " Chaque média paie un droit de reproduction à Mediapart, suivant des tarifs " ordinaires ".
Les liens d'amitié de Jean-François Copé avec M. Takieddine étaient connus. Ils sont décrits dans le livre Le Contrat Karachi. L'affaire que Sarkozy voudrait oublier (Stock), que Fabrice Lhomme, aujourd'hui notre collaborateur, et Fabrice Arfi, de Mediapart, publient en 2010 sans provoquer à l'époque de réactions. Le patron de l'UMP évoquait cette amitié dans Copé, l'homme pressé (L'Archipel, 2010). De plus, hormis de rares publications, il faut attendre deux mois, et l'enquête du juge Renaud Van Ruymbeke, pour que les médias reprennent en masse les photos de Mediapart.
C'est la force des images que d'exploser en lectures multiples, émotionnelles, et de toucher bien plus que des mots ou des enquêtes. C'est aussi leur faiblesse que de suggérer des interprétations primaires, de juger, alors qu'on ne saura peut-être jamais le fin mot de l'affaire Karachi. Les dommages causés vont plus loin. Prenons le portrait de Jean-François Copé, le 13 août 2003, flottant seul dans la piscine de son ami Ziad Takieddine, au cap d'Antibes. Il fixe l'objectif, assume une prise de vue dans un décor paradisiaque. A ce jour, rien ne prouve que le patron de l'UMP soit impliqué dans l'affaire Karachi. Mais le document incite à faire l'amalgame, que l'anthropologue Olivier Beuvelet, sur le site Owni, résume d'une formule : " Etre mouillé jusqu'au cou. "
Plus largement, ce portrait aquatique est un symbole de la vie heureuse des nantis, à quelques mois d'une campagne présidentielle dont un des enjeux sera le fossé entre les riches et les pauvres. C'est aussi le portrait du bientôt ministre du budget invité chez un ami milliardaire qui est l'objet d'une enquête fiscale. On est également dans la continuité du document montrant Nicolas Sarkozy, fraîchement élu président, à côté de Vincent Bolloré sur le yacht de l'homme d'affaires. Ou de Dominique Strauss-Kahn à côté de la Porsche Panamera S d'un de ses conseillers. Autant d'images qui tranchent avec celles que les hommes politiques, de droite comme de gauche, prennent soin de laisser publier durant l'été, qui les montrent lors de vacances " simples ", à la mer ou à la montagne.
Une autre impression visuelle est tout autant désastreuse : des responsables politiques s'habillent et s'amusent comme tous les Français en vacances, mais sont les invités de personnes à part, jugées sulfureuses. C'est le cas d'une autre série estivale qui a pour protagoniste Dominique de Villepin, surpris par des paparazzi à Monaco, mi-août 2009, quelques jours avant d'affronter son procès Clearstream. Des photos sont publiées dans deux magazines people, où on le voit à côté d'un " ami ". L'ami en question est Alexandre Djouhri, un homme d'affaires aussi influent et sulfureux que Ziad Takieddine, qui évolue sur le même terrain des ventes d'armes. Les deux hommes ont un autre point commun : ils se haïssent. Sans le savoir, les photographes tiennent le rare portrait d'un homme de l'ombre. L'affaire sort sept mois plus tard dans Le Nouvel Observateur, qui fait réagir Alexandre Djouhri : " Merde, je suis dans le journal à côté du poète ! On a l'air de deux fiottes ! "
Jacques Chirac lui aussi est éclaboussé à la plage. Une photo qui le montre, en mai 1992, alors qu'il est maire de Paris et président du RPR, se prélassant sur une plage de l'île Maurice a pris un côté savoureux dix ans plus tard, alors qu'il est président de la République. Elle est publiée par Libération le 5 juillet 2001, et dans la foulée par Le Canard enchaîné, le 11 juillet. Car ce voyage a été pris en charge par l'Association internationale des maires francophones. La publication tardive de l'image intervient alors que des perquisitions effectuées dans une agence de voyages de Neuilly-sur-Seine ont permis de montrer que M. Chirac avait réglé en espèces pour lui, sa femme Bernadette, sa fille Claude et des proches une vingtaine de billets d'avion, entre 1993 et 1995, d'une valeur de 2,4 millions de francs (460 000 euros). Parmi les voyages, l'île Maurice fut une destination.
Reste une affaire qui montre que l'effet boomerang est à spectre large. Le Nouvel Observateur a publié un portrait au scalpel, le 22 septembre, de Gilbert Collard, l'avocat marseillais qui est devenu le président du comité de soutien de Marine Le Pen. Ce dernier s'est " vengé " en dévoilant sur son blog deux photos de vacances dans les années 1970 : on voit ensemble Jean-Marie Le Pen et Laurent Joffrin, l'actuel patron du Nouvel Obs, alors âgé de 25 ans environ. Ce dernier s'en est expliqué, le 27 septembre, sur le site de son hebdomadaire : c'est son père, Jean-Pierre Mouchard, un proche de Le Pen, qui lui a fait rencontrer " deux ou trois fois " le leader du Front national, " dont une fois en vacances, quand il était un personnage plutôt marginal. J'étais jeune journaliste, tout m'intéressait ". Laurent Joffrin ajoute que tout cela était " connu de longue date ". Sans doute. Mais, là encore, une photo estivale - celle où le journaliste de gauche et le leader frontiste sont côte à côte et torse nu - bouleverse les faits.
What is at stake now is the challenge to the ultra-free market model existing in Chile since the coup of September 11, 1973 which remained in place after the return of democracy 20 years ago. Many sectors of the economy have been privatized. "There has been a huge concentration of power and wealth, in banking, commerce, media, and mining, observes the Santiago economist Andrés Solimano. This explains the current discontent."***…le centre de cette agglomération de 120 000 habitants [Punta Arenas, la ville la plus australe de la Patagonie chilienne] est traversé par une large banderole sur laquelle on lit : " Le charbon aujourd'hui, la misère demain. " Une trentaine de personnes, surtout des jeunes, la suivent en criant et frappant sur des couvercles de casserole : " Charbon, charbon, tu apportes la mort et la destruction ", " Nous avons du vent, nous avons du soleil, pourquoi utiliser du charbon ? " La scène se répète tous les vendredis depuis février. Angelica, une jeune fille qui travaille comme vendeuse dans un magasin, explique : " Je suis ici pour défendre ma terre. Les gens sont très mal informés sur ce projet. "
Le projet ? Une mine à ciel ouvert de 500 hectares, sur une grande île située à une cinquantaine de kilomètres de Punta Arenas. Le gouvernement chilien y a autorisé, en août, l'extraction future de 6 millions de tonnes de charbon par an, qui seraient exportées vers les mines du nord du Chili par un port à construire sur l'île Riesco.
… l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre entraînée par la combustion du charbon dans les centrales électriques. Les émissions du pays croissent déjà de 5 % par an depuis 1994 - un record en Amérique latine.
… à Santiago, le président du Sénat lui-même, Guido Girardi, ne mâche pas ses mots : " La pointe du continent est un des endroits les plus purs, les plus préservés du monde. Y exploiter des mines de charbon est une imbécillité ! Le Chili a d'énormes possibilités en énergies renouvelables, qu'il faut exploiter. "
… En fait, la lutte autour du projet de l'île Riesco est une expression supplémentaire de l'ébranlement de la société chilienne depuis le début de 2011. C'est de Punta Arenas, d'ailleurs, que le mouvement était parti : en janvier, des manifestations massives s'y sont produites contre l'augmentation du prix du gaz. Puis, en avril, 80 000 personnes ont manifesté à Santiago contre des projets de barrages en Patagonie, avant qu'en mai commence un mouvement des étudiants contre le prix très élevé de l'enseignement supérieur.
Ce qui est en jeu, maintenant, c'est la contestation du modèle ultralibéral mise en place depuis le coup d'Etat du 11 septembre 1973 et resté en place après le retour de la démocratie, voici vingt ans. De nombreux secteurs de l'économie ont été privatisés. " Il s'est produit une concentration énorme du pouvoir et des richesses, dans la banque, le commerce, les médias et les mines, observe, à Santiago, l'économiste Andrés Solimano. Cela explique le mécontentement actuel. "
En Libye, la fin tragique de Kadhafi et l'annonce par le Conseil national de transition (CNT), en guise d'épitaphe, du retour à la charia et à la polygamie, fait dire à Jean-Louis Maigrot (Dijon), que "le choléra Kadhafi a été remplacé par la peste musulmane".«En cette veille de Toussaint, le "printemps arabe" laisse comme un goût de cendres à nos lecteurs» admet le Médiateur du Monde.
Cas particulier, ce lecteur se revendique "islamophobe". D'autres n'en pensent pas moins... "L'Occident bonasse a-t-il encore aidé un clone de Khomeiny à prendre le pouvoir ?", soupire Jean-Claude Demari (Rueil-Malmaison). Lui veut croire que "l'opposition à l'islamisme obscurantiste n'est, heureusement, plus l'apanage de l'extrême droite ou de la droite dure. " Un vrai débat. Qui divise nos lecteurs comme bon nombre de personnes. Témoins les réactions suscitées en ligne par l'éditorial du Monde se demandant : "Et si, en Tunisie, la démocratie passait par l'islam ?" (27 octobre). "La naïveté bien-pensante des éditoriaux du Monde est renversante", commente un certain "Alain Neurohr". "Le Monde "idiot utile" de l'islamisme ?", raille "DR".
… le scepticisme prévaut. "Je rappelle que dans les années 1930, on prenait Hitler pour un rigolo pas dangereux : vous connaissez la suite !", dit Jacques Adit (Chambéry). "Gageons qu'une fois au pouvoir, le nouveau gouvernement de Tripoli sera qualifié par les dirigeants occidentaux de "modéré" afin de pouvoir entretenir avec lui, sans se damner, des relations commerciales fructueuses...", écrit Laure Fouré (Versailles). "Que personne en France ne s'avise de critiquer un voile islamique car c'est le niqab que la France vient de coller sur la figure de la Libye", éructe Wardia Salem (Montrouge), pro-kadhafiste radicale.Dans la ligne de mire de bon nombre de lecteurs, "le sémillant BHL" (Joëlle Goutal, Paris). "De la rose des sables arborée au col blanc du spin doctor Folamour de notre président, ne subsistent que les épines d'un régime islamique, prélude à un hiver arabe glacial !", lance, lyrique, Samy Mekhloufi (Lyon).
Kadhafi sera-t-il plus grand mort que vivant ? La diffusion, discutable, des images violentes de sa capture et de sa mort laisse nos lecteurs entre fascination et répulsion. Sur Internet, d'aucuns le comparent déjà à Che Guevara. "Mort en combattant", salue Georges Henry, de Lons-le-Saunier (Jura). "Un panache que beaucoup de chefs d'Etat renversés, à part Salvador Allende, ont été incapables d'avoir", souligne Christian Vezon.Sirio Caramelli (Montpellier), lui, est plutôt allé "revoir des photos de Mussolini pendu. Eh bien, n'en déplaise aux âmes nobles, un dictateur lynché ça ne me dérange pas, mais alors pas du tout !" "De bien belles images d'humiliation de dictateur, comme on aimerait en voir plus souvent", approuve "Aline Maginot" (Web) qui "espère que ces images seront vues à Damas chez les Assad"...
… "Brandir la menace de l'islamisme agressif relève du manichéisme le plus primaire, estime "Homme Curieux" (Albi). La Révolution française a aussi accouché de la Terreur..." "... Et celle de 1917 engendra en Russie le totalitarisme le plus criminel de l'histoire", ajoute Laure Fouré. "Il ne faut pas se faire d'illusion : la Tunisie verra son avenir à la turque. Les Occidentaux pensent que leur modèle politique est exportable dans le monde entier. La réalité est tout autre", tranche Schneider Richard (Stattmatten, Bas-Rhin).
Banlieue, islam : deux mots qui fâchent ? Deux mots qui, associés, déchaînent en tout cas les passions. Entre non-dit et trop-dit. Entre rage et courage. Entre « droit à la différence » et « droit à l'indifférence », comme dirait notre chroniqueuse Caroline Fourest.Dans sa chronique du Médiateur du Monde, Pascal Galinier évoque les réponses des lecteurs aux clichés de Clichy.
« Les articles qui concernent l'islam suscitent généralement beaucoup de réactions, et parfois des plus virulentes, relève Tristan Lescot, modérateur sur le site. La frontière, pour nous, est subtile à trouver, entre laisser respirer le débat et éviter qu'il se transforme en exutoire des pulsions racistes qui animent quelques lecteurs. Il y a ceux qui ont une distance critique vis-à-vis des propos du journaliste ou de l'analyste, ceux qui tentent d'expliquer le phénomène, ceux qui ont un avis définitif sur la question (les plus nombreux). » Sur l'article concerné, précise-t-il, « en tout et pour tout, il n'y a eu que treize réactions supprimées, ce qui, par rapport au nombre de validées [255 au dernier pointage], est un ratio très peu important ».À Pascal Galinier de continuer et de suggérer que bon nombre de Français (ou de lecteurs du Monde) sont racistes.
Reste que, comme toujours, nombre de commentaires sont anonymes. Ce qui ne les empêche pas d'être souvent pertinents. Le médiateur est tenté d'interpeller ces lecteurs non identifiés. Ce « Martial Langlois » qui nous dit : « Et si les cantines se désertaient surtout parce que les enfants se plaignent à leurs parents de la mauvaise qualité du service ? Le halal aurait bon dos alors et ne serait qu'une excuse pour justifier la détérioration du service des cantines scolaires... » Cette « Colette Bourguignon », pour qui « le fait musulman en France mérite d'être étudié en détail et sans aucun interdit ». Cet « Eugène » qui affirme que « l'Institut Montaigne, digne représentant de la majorité en place, continue à alimenter une islamophobie condescendante sous la couverture de scientifiques à la noix... ». Ce « Cheikh Radja », comparant Gilles Kepel à « une sorte de Tintin en banlieue »...Incendier de façon similaire les États-Unis ou les capitalistes, voilà un sujet qui n'emmènerait aucun Holà. Au contraire… Là, le plus de vitriol possible (et point besoin de couvert d'anonymat), le mieux c'est…
Détail insolite : toute personne citée dans un article, que ce soit en bien ou en mal, est en droit de demander un droit de réponse...Dans sa chronique du Médiateur du Monde, Pascal Galinier évoque le devoir de réponse (où l'on apprend que le médiateur va se doter d'un blog sur le site Lemonde.fr) :
Le Monde, on s'en doute, en reçoit des dizaines chaque année. Privilège d'un journal dit « de référence »...Concrètement, le demandeur a trois mois (après la publication ou la première mise en ligne de l'article incriminé) pour faire jouer son droit de réponse, et le journal a trois jours pour le publier s'il le juge recevable, sous peine d'une amende de 3 750 euros. « La réponse à l'article incriminé ne doit pas porter atteinte à l'honneur et à la considération du journaliste, mettre en cause des tiers, tenir des propos contraires à l'ordre public, rappelle l'avocate du Monde, Catherine Cohen-Richelet. Le texte du droit de réponse doit être pertinent, précis, répondre au contenu de l'article, ne pas servir de prétexte à une tribune libre dans le journal... »
En période électorale, la loi se fait plus contraignante. « Le délai de publication est alors ramené à un jour ; sous réserve que le droit de réponse soit parvenu au journal six heures au moins avant le début du tirage », souligne l'avocate. Autant dire que notre journal entre dans une période de turbulences - déjà bien commencée depuis que l'Etat traque les sources de nos journalistes par des moyens légalement discutables...
« Le droit de réponse, c'est la contrepartie de la liberté de la presse », résume sobrement Me Cohen-Richelet. Une belle... réponse à ceux qui pensent - y compris parmi les lecteurs du Monde - que la presse s'autorise tout et n'importe quoi, qu'elle abuse de sa liberté...
Au-delà de ce tant redouté droit de réponse légal, une autre revendication semble en train d'émerger. Elle émane du simple lecteur. Ceux qui nous écrivent paraissent en attente d'une sorte de « droit à la réponse ». Les plus anciens rappelleront ce que disait Hubert Beuve-Méry : « Toute lettre mérite réponse. » De fait, jusqu'en 1995, Le Monde s'imposait de répondre systématiquement dans ses pages à tout courrier publié, qu'il relève ou pas d'un droit de réponse légal. A tel point que cette pratique était devenue au fil des ans emblématique de l'arrogance reprochée au quotidien, qui s'arrogeait « toujours le dernier mot », disait-on alors. Elle fut donc supprimée.
Mais voilà. Aujourd'hui, avec Internet, « l'arrogance » n'est plus dans le fait de répondre... mais dans l'absence de réponse !
Nous constatons, nous, que si la situation en matière de permis ne s'est pas améliorée, elle s'est en revanche fortement dégradéeconstate Le Mag Auto.
La moyenne des candidats qui reçoivent chaque année la petite feuille rose reste bloquée à 56 % (avec 700 000 recalés) et l'embouteillage, voire même l'énorme bouchon qui se forme sur le pas de porte des auto-écoles commence à poser problème.
… constat dramatique, dans les salles d'examen du code de la route, on retrouve autant d'apprentis conducteurs que de conducteurs chevronnés venus ici réviser leurs gammes à cause de la répression aveugle décrétée, certes, dans la louable intention de faire baisser le nombre de victimes sur les routes mais également dans l'intention beaucoup moins avouée de renflouer les caisses de l'Etat.
…à quoi ont servi les affaires Clinton ou DSK ?demande Pascal Bruckner dans Le Monde.
A condamner l'érotisme pour mieux en parler, à se pourlécher des semaines, des mois durant de détails croquignolets, à évoquer la fellation, la semence, les organes génitaux avec une gourmandise faussement indignée.J'ai cité Pascal Bruckner de nombreuses fois dans mon livre, La Bannière Étalée — notamment lorsque, à l’époque de la guerre en Yougoslavie, il disait qu'il existe en Europe un groupe de critiques primaires, pour qui le pire crime d’un tyran comme Milosevic ne pourra jamais égaler le crime fondamental de l’Amérique : le simple fait d’exister.
De quoi s'agit-il en l'occurrence ? De redoubler la condamnation des plaisirs par la criminalisation de l'acte hétérosexuel : tout homme est un violeur en puissance, toute femme une victime potentielle. Le compliment est la première étape du harcèlement, la drague un viol anticipé, la galanterie un euphémisme pour dissimuler la volonté de prédation. La chair est corruptrice, le désir dangereux.Tout ce que Pascal Bruckner reproche aux États-Unis, c'est-à-dire aux Américains puribonds ("On se souvient peut-être de cette université de l'Ohio qui avait tenté au début des années 90, appuyée par la principale organisation féministe de l'époque, de promulguer une charte réglementant l'acte intime entre étudiants"), est en fait le fruit de décennies de théories de la gauche, avec leur soutien aux féministes extrêmistes.
Cette codification folle est le lot d'une société paniquée, dépourvue de toute culture amoureuse et qui veut imposer une police du désir à tous.Cela ("cette inquisition démocratique"), ce n'est pas le désir des Américains (surtout pas des conservateurs, dont le motto serait plutôt Don't Tread on Me ou Laissez-Moi Tranquille), mais des gauchistes de tous pays.
La vie privée disparaît, l'impératif de transparence conduit au triomphe de l'hypocrisie et à la surveillance de tous par chacun.Et tout ce que pour lequel se battent les Tea Partiers tant honnis, Pascal Bruckner, c'est contre la raison du tout-état, tant contre l'œil vigilant des autorités et des bureaucrates que contre "l'œil vigilant des avocats prêts à faire les poches" des honnêtes citoyens.
On appréciait un Pascal Bruckner " écrivain et essayiste ", on découvre un mauvais scénariste ressassant une haine de l'Amérique aux relents déplaisants.Pascal Bruckner s'empare de l'affaire Strauss-Kahn pour se lancer dans une analyse mi-sociologique, mi-psychanalytique très sommaire de ce qu'il croit être l'Amérique, en colportant des clichés surannés et grotesques (" Ne pas prendre l'ascenseur seul avec une étudiante " !).
Son imagination le conduit à affirmer : " Punir la France pour l'Irak, pour Roman Polanski, pour les lois sur le voile... tel est le sens ultime de l'affaire DSK. " C'est tout ? Où diantre M. Bruckner est-il allé chercher tout ça ? Pour un peu, on sent qu'il n'est pas loin de penser que Nafissatou Diallo est un agent de la CIA ! Il s'égare et semble se refuser à admettre la réalité de l'affaire Strauss-Kahn.
Le rapport du procureur Cyrus Vance énonce en résumé et très clairement : " Il y a eu une relation sexuelle précipitée, et probablement non consentie. " Dans la certitude de ne pas pouvoir réunir l'unanimité de douze jurés pour faire condamner DSK en raison du manque de crédibilité de Mme Diallo, le procureur Vance renonce au procès.
Juridiquement, l'abandon des poursuites à l'encontre de DSK ne signifie nullement — contrairement à ce que voudraient faire croire l'entourage, les avocats et thuriféraires habituels de DSK — que celui-ci est innocent. Il signifie plus prosaïquement que la justice renonce à découvrir une vérité qui ne restera connue que des deux protagonistes.
Dans la non-connaissance de LA vérité, l'attitude la plus digne à observer — avant de distribuer des anathèmes délirants — réside dans un silence prudent, en observant qu'en tout état de cause, c'est bien dans le seul comportement de DSK que se situe le point de départ de l'affaire.
Dominique Brun
Neuilly-sur-Seine
Dans la foulée de l'arrestation de M. Strauss-Kahn par la police new-yorkaise, Robert Badinter a dit que "la présomption d'innocence n'existe pas aux Etats-Unis"écrit Arthur Goldhammer dans Le Monde.
Ce propos, surtout venant d'un ancien garde des sceaux, a pu choquer plus d'un citoyen américain. Notre système de justice mérite-t-il cette condamnation sans appel d'un expert de cette envergure ?Notre police s'est fait fort de détenir un personnage de haut vol sur la parole non vérifiée d'une simple femme de chambre ; un juge, ayant pris conscience d'un soi-disant risque de fuite vers un pays sans traité d'extradition avec les Etats-Unis, a cru bon d'enfermer ce même dignitaire dans une prison notoire pour héberger les plus communs des malfrats de Harlem ou du Bronx ; et le procureur, pour flatter le peuple qui l'élit, a choisi de livrer à la meute médiatique le directeur du Fonds monétaire international, ancien ministre des finances de la France et présumé candidat à la prochaine présidentielle, menotté, non rasé, et visiblement abîmé.
Il faut reconnaître, cependant, que pour le citoyen lambda américain, tout cela, ou presque (beaucoup d'Américains n'aiment pas la "perp walk", ou l'exposition de l'accusé devant les caméras), est à mettre au crédit de la police et du procureur. On voudrait bien penser, jusqu'à preuve du contraire, que la justice américaine ne fait pas d'exception pour les grands de ce monde et que la parole accusatrice d'une femme de chambre dans un cas de viol vaut bien celle d'une dame du monde.
Mais à cette défense de la justice américaine au nom de l'égalité, on objectera sans doute que les Américains se trompent profondément en se croyant dotés d'un système égalitaire. En fait, dit-on, l'argent y peut tout, y compris faire libérer un coupable.
Pour des raisons évidentes, les défenseurs de M. Strauss-Kahn préfèrent taire cet argument, mais nombreux sont ceux qui le font à leur place. Ironie du sort ! En l'occurrence, la fortune et la célébrité de Dominique Strauss-Kahn ne jouent pas en sa faveur. Aurait-il été "n'importe quel quidam", il aurait sans doute bénéficié, qu'il le mérite ou non, d'un non-lieu rapide à la suite de la révélation des problèmes de crédibilité du témoin principal contre lui. Mais la perspective de dommages et intérêts importants ou, plus probablement, d'un accord faramineux entre la partie civile et l'accusé après un non-lieu dans le cas criminel, a permis à l'accusatrice de trouver une représentation légale (et, notons-le, médiatique) de premier ordre.Si l'argent est le mal primordial de la justice américaine, le remède, imparfait et partiel, se trouve donc dans ce même mal. Un vice en chasse un autre, même si, au lieu de justice, la présumée victime, à supposer qu'elle ait la baraka face aux avocats de la défense, aura à se contenter d'une compensation monétaire du tort qu'elle aurait subi.
D'aucuns diront qu'il y a deux autres vices criants du système américain, l'un d'ordre juridique, l'autre d'ordre politique. Le problème juridique, c'est que le système accusatoire est censé aiguiser la soif de victoire au lieu d'encourager la recherche de la vérité. A la différence du juge d'instruction, qui instruit, selon la phrase consacrée, "à charge et à décharge", le procureur ou l'avocat de la défense ne chercheraient qu'à gagner à tout prix.
A cette critique, l'affaire Dominique Strauss-Kahn apporte deux réponses: on a vu, d'abord, que c'était le procureur qui a développé et révélé à la défense plusieurs éléments à décharge de l'accusé. Le procureur y était obligé par la loi, d'ailleurs. La critique est donc caricaturale.
Mais au-delà de cette obligation de dévoiler ce qu'il sait, il reste vrai que le procureur new-yorkais est moins libre que le juge d'instruction quant à l'expression de son intuition, son intime conviction. Il se peut que M. Vance croie dans son for intérieur que Mme Diallo dit la vérité sur sa rencontre avec l'accusé, même si elle a menti sur d'autres aspects de sa vie.
Cependant, dans ce cas de figure, le système accusatoire rend la tâche du procureur très difficile, parce que l'avocat de la défense aurait beau jeu de démolir le témoin devant la cour d'assises.
En revanche, un juge d'instruction dans le système inquisitoire utilisé en France aurait toute liberté de construire un récit cohérent de la vie du témoin afin de faire le partage entre mensonge et vérité.On pourrait trouver la procédure française plus compréhensive, plus subtile et pénétrante psychologiquement, et donc plus juste, mais on a vu dans un certain nombre d'affaires (celle d'Outreau, par exemple) que la sympathie du juge pour la victime n'est pas forcément un guide plus fiable que la dramaturgie de la joute oratoire, même grossièrement exagérée, dans le système accusatoire.
Dans l'ordre politique, c'est l'élection du procureur qui pose problème. On a pu affirmer que la nécessité de flatter le peuple va à l'encontre de la justice. Contre M. Strauss-Kahn, M. Vance se serait donc acharné outre mesure pour se procurer le soutien des syndicats ou des pauvres concitoyens de l'accusatrice.
Sans doute le calcul électoral n'est-il pas sans influence sur les décisions du procureur, mais New York est une ville très compliquée, et qui fait platement la cour à un groupe d'électeurs et risque d'en aliéner d'autres. Vu les péripéties imprévisibles que comporte tout cas criminel, il est plus sûr de suivre la voie moins machiavélique qui est celle de la vérité, pour peu qu'on puisse la discerner.
La justice, enfin, est-elle pervertie par les médias ? On a bien remarqué en France qu'outre-Atlantique, une certaine presse de caniveau s'agite inlassablement autour des tribunaux new-yorkais. Sur cette presse-là, le mélange de sexe et de pouvoir exerce une irrésistible attraction. La curée médiatique n'est pas jolie à voir pour qui a le souci que la justice s'exerce sereinement, le temps de la justice n'étant pas celui des médias.
Arrivés dans le désordre, les éléments de l'enquête sont lâchés aux journalistes par les uns et les autres, sans qu'on sache toujours très bien d'où viennent les fuites ou dans quel intérêt. Mais je ne vois pas que ce soit là un défaut particulièrement américain. Les fuites des bureaux des "petits juges" français sont devenues depuis longtemps déjà presque une procédure officieuse de la justice. Certains iraient jusqu'à dire que de telles violations du secret de l'instruction servent de contrepoids à la mainmise de l'exécutif sur le parquet.
La presse titille, mais en même temps elle surveille, à sa façon, des deux côtés de l'Atlantique. Ses dérapages sont le prix à payer pour cette fonction, essentielle, de contrôle démocratique.
Que peut faire une politique étrangère d'une puissance moyenne comme la France dans un monde globalisé ?demande Gaïdz Minassian dans sa chronique du Monde sur La Politique étrangère de la France, de la fin de la guerre froide au printemps arabe.
La question taraude depuis une décennie Frédéric Charillon, directeur de l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem), qui, dans son nouvel ouvrage, conclut sa réflexion sur un dilemme.La mondialisation oblige la France à ne plus agir et penser comme avant, mais son héritage et son outil diplomatique lui interdisent de rompre avec des pratiques, un savoir-faire et des réseaux réputés pour leur performance.
La France reste donc le nez dans le "ni-ni" : ni rupture ni continuité avec l'héritage gaullien. Et la conclusion s'applique aussi au président Nicolas Sarkozy, qui, dès son arrivée à l'Elysée en 2007, a voulu replacer la France au coeur des affaires internationales et relever le défi d'une diplomatie jugée trop molle et distante des réels enjeux.
Comment réformer ce pouvoir régalien qu'est la politique étrangère, alors que la France est dans l'obligation de s'adapter au monde du XXIe siècle ?
…Ce livre reste cependant un modèle d'équilibre entre audace et prudence. Audace, il paraît alors que les archives diplomatiques sont classifiées. Prudence, il se termine sur des conclusions et non une certitude toute faite : trois voies attendent la France de demain : atlantisme, universalisme ou européanisme.Autrement dit, celui ou celle qui franchira l'épreuve du 6 mai 2012 devra choisir entre occidentalisme, singularité française dans le monde ou post-gaullisme encore et toujours.