2004/05/01

Après un aveu "positif", retour rapide aux vieux clichés

Dans un éditorial dans le numéro spécial Figures du western de Positif (nº 509/510, juillet/août 2003), Michel Ciment écrit, non sans perspicacité, qu'une "alliance autoproclamée « camp de la paix » regroupe des pays comme la Chine et la Russie, auteurs de génocides au Tibet et en Tchétchénie, auprès desquels la guerre de Bush paraît bien bénigne."

On croit rêver : un Français qui reconnaîtrait que le prétendu conflit belliqueux/pacifistes n'est pas aussi stéréotypé qu'on pourrait le croire. Or, dans la phrase suivante, le co-rédacteur de la revue mensuelle de cinéma se rebiffe. "En prenant pour l'été le chemin de l'Ouest, Positif n'entend pas endosser une morale de pionnier qui contient son lot de mythes. Mais, comme la mort de Gregory Peck … vient nous le rappeler, il a existé une autre Amérique, généreuse et démocrate, dont il a été une incarnation par son engagement civique et ses rôles, dans la lignée des Cooper, Fonda et Stewart."

C'est effarant, on se croirait presque devant une preuve de lavage de cerveau : quoique l'on avance comme arguments, quels que soient les faits sur le terrain, on reviendra toujours — toujours, toujours, toujours — au même discours, donc : ceux parmi les Américains qui suivent (ou qui suivraient) dans la lignée des Européens "humanistes, généreux, et démocrates" illustrent le côté positif (sic) de l'Amérique. Et cela, alors que ces mêmes braves Européens (ceux que tous les Américains devraient imiter) se sont rangés, du propre aveu de l'un d'entre eux — celui même qui tient ce discours! —, du côté d'"auteurs de génocide".

Ceux parmi les Américains qui ne sont pas comme les Européens, ils incarnent le côté négatif de l'Amérique, la morale immorale des pionniers. Et cela, alors que — quoique l'on peut dire d'autre sur les prétendues intentions inavouables de ces cowboys machiavéliques — leur guerre bénigne (le mot n'est pas de moi) a mis fin au régime dictatorial de Saddam Hussein et à la torture et l'assassinat journaliers d'innombrables innocents (puisque c'est un mot que, si si, on aime beaucoup utiliser) dans les geôles de sa police stalinienne (quelques 400,000 en 30 ans).

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