Sur la une du Monde du 2 septembre 2003, un analyse est intitulé Etats-Unis, début d'autocritique. Même pas besoin de lire l'article pour savoir que nous sommes encore devant une opinion du genre "si la puissance américaine n'était pas aussi sûre d'elle-même, ou aussi bête, ou aussi têtue, ou aussi aveugle, voilà déjà longtemps que (à l'image d'êtres visionnaires tels que nous-mêmes) ses citoyens se seraient mis à se poser des questions". Parmi les conclusions qu'on en tire rien qu'en lisant le titre : Les peuples sont des entités quasi-monolitiques et plus ou moins homogènes (les Américains étant pour la plupart bien sympatiques, mais des incapables, et les Français démontrant, de leur côté, une capacité étonnante à raisonner et à s'auto-critiquer).
Confirmation faire après lecture de l'article, qui contient des expressions telles que "ce niveau de mobilisation [militaire] n'est pas critiquée dans l'opinion américaine". Ce serait seulement après un énorme choc, ce serait seulement après les attaques du 11 septembre, ce serait seulement dans des circonstances exceptionnelles, que ces zombies myopes et têtus que sont les Américains commencent, lentement (très lentement), à se ronger les méninges pour s'auto-critiquer.
Mais de quelle planète débarque Patrick Jarreau? Mais que croient les étrangers?! Que les journaux, et les médias, et la vie de tous les jours ne sont pas remplis de critiques émis par les Américains (ou de citoyens américains) à l'intention de George W Bush, Donald Rumsfeld, et leurs pareils?! Croient-ils vraiment que la Maison Blanche est épargnée par les blagues des comédiens dans les journaux et à la télévision nationale!? C'est hallucinant.
(Dans le même numéro du quotidien de référence, un article sur le Parti Populaire évoque "le soutien inconditionnel de l'Espagne aux Etats-Unis lors du conflit irakien" (souligné par moi). Que veut dire cet adjectif de Martine Silber? Qu'une fois la guerre commencée, le gouvernement de Madrid aurait dû passer son temps à enquiquiner le QG américain (comme le fit un certain allié de Churchill et Roosevelt durant la Seconde Guerre Mondiale)? Que José Maria Aznar était une caniche aveuglée par les Américains qui perdait tout sens des proportions (et des considérations électorales) quand Rumsfeld était dans la même pièce que lui? Que le premier ministre aurait envoyé l'entière flotte espagnole à Basrah si Dobeuliou le lui avait demandé? Non, tout ça serait ridicule ; en fait, l'utilisation d'adjectifs et d'expressions absolus comme celui-là n'est que l'une des manières pour toujours caricaturer tant l'Amérique que ses alliés, en mettant tant les uns que les autres constamment en porte à faux.)
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